Nos 30 pulls à col roulé préférés au cinéma – Bobine

35 min
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Nos 30 pulls à col roulé préférés au cinéma – Bobine

35 min
Publié le : 27 décembre 2020Mis à jour le : 21 septembre 2022

Sommaire

1. Le plus cinéphile : Antonio Banderas dans « Douleur et Gloire »2. Le plus fumeux : Benoit Poelvoorde dans « Au Poste ! » 3. Le plus moderne : Daniel Craig dans « Spectre »4. Le plus moche : Jérémie Renier dans « Potiche »5. Le plus méconnu (et inspirant) : : Emmanuel Mouret dans « Changement d'adresse »6. Le plus symbolique : Kim Young-min dans « Printemps, été, automne, hiver... et printemps »7. Le plus nostalgique : Bill Murray dans « La Famille Tenenbaum »8. Le plus esthète : Leslie Cheung dans « Happy Together »9. Le plus truculent : Steve Buscemi dans « Fargo »10. Le plus original : Dominique Pinon dans « Delicatessen »11. Le plus surprenant : Michael Keaton dans « Batman »12. Le plus professoral : Patrick McGoohan dans « Scanners » 13. Le plus flippant : Jack Nicholson dans « Shining »14. Le plus populaire : Patrick Dewaere dans « Série Noire » 15. Le plus gentleman farmer : Philippe Noiret dans « Un taxi mauve »16. Le plus mélodramatique : Al Pacino dans « Bobby Deerfield »17. Le plus victime de la mode : Billy Dee Williams dans « Mahogany »18. Le plus haute-couture : Helmut Berger dans « Une Anglaise romantique »19. Le plus photogénique : Franco Nero dans « Un citoyen se rebelle »20. Le plus rétro-futuriste : Woody Allen dans « Woody et les robots »21. Le plus gourmand: Michel Piccoli dans « La Grande bouffe »22. Le plus commenté : Marlon Brando dans « Le Dernier tango à Paris »23. Le plus éclectique : Roy Scheider dans « French Connection »24. Le plus funky : Richard Roundtree dans « Shaft »25. Le plus tête en l'air : Jean-Pierre Léaud dans « Domicile Conjugal »26. Le plus amoureux : Jean-Pau Belmondo dans « La Sirène du Mississipi »27. Le plus iconique : Steve McQueen dans « Bullitt »28. Le plus folk : Terence Stamp dans « Pas de larmes pour Joy »29. Le plus insulaire : Michel Piccoli dans « Les Créatures »30. Le plus nouvelle vague : Jean-Paul Belmondo dans « Une Femme est une femme »

Le pull à col roulé est un classique du vestiaire masculin. Il est simple, il est pratique et il fait toujours des merveilles dans une tenue d'automne/hiver. Au cinéma, il accompagne les acteurs depuis des décennies. Petit tour d'horizon de nos trente pulls à col roulés préférés.

(Crédit photo de couverture : Antonio Banderas dans « Douleur et Gloire », 2019 - photo Pathé Distribution)

Cet article riche de 30 pulls à col roulé aperçus au cinéma a été initialement publié en fin d'année 2020, à la manière d'un « calendrier de l'Avent » : un film était alors présenté chaque jour de décembre. C'est donc une sélection gourmande, pour vous inspirer de belles tenues automne/hiver. Pour découvrir les pulls à col roulé BonneGueule, c'est ici.

1. Le plus cinéphile : Antonio Banderas dans « Douleur et Gloire » (Pedro Almodóvar, 2019)

Cette sélection de cols roulés au cinéma pouvait-elle commencer autrement qu'avec un habitué des podiums ? Autrement que par un feu d’artifice ou un grand film sur la vie, le style et le cinéma : ça tombe bien, « Douleur et Gloire » est justement de ceux-là.

C'est un film bilan qui raconte une vie d'homme et de cinéaste amateur de culture(s) et de beaux vêtements. Certains y ont vu un petit frère du « Huit & Demi » de Federico Fellini, louant la mise en scène et le jeu de miroirs. De notre côté, on s'arrêtera ici sur un point en apparence moins existentiel : le style.

En apparence seulement, car les liens entre le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar et la mode sont nombreux, puissants et parfois plus qu'évidents. Jetez par exemple un œil sur sa collaboration avec le créateur Jean-Paul Gaultier sur des films comme « Kika » ou « La Piel que habito ».

Dans « Douleur et Gloire », Almodóvar confie les rênes de son dressing et de son histoire au fidèle Antonio Banderas. Vous y découvrirez beaucoup de couleurs vives, que ce soit dans les costumes, les blousons, les espadrilles, les polos et autres chemisettes. On y trouve aussi des tee-shirts, preuve que l'on peut encore faire coloré, simple et stylé.

En termes de dressing aussi, « Douleur et Gloire » peut apparaître comme un film bilan. Il y a de l'habillé et du décontracté, quelque chose d'un style qui n'a plus rien à prouver.

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© Pathé Distribution

Antonio Banderas dans « Douleur et Gloire » (Pedro Almodóvar, 2019).

C'est parfois osé, souvent très bien vu et il y a même un ou deux pulls à col roulé : un rouge, un marron, deux couleurs qu'Antonio Banderas associe ici avec un blouson vert, un jean ou un pantalon marine. Au-delà de la richesse picturale des décors et du vêtement, « Douleur et Gloire » raconte enfin le retour à la vie.

2. Le plus fumeux : Benoit Poelvoorde dans « Au Poste ! » (Quentin Dupieux, 2018)

Au commencement, il y a un parterre de musiciens et un chef d'orchestre en slip rouge. La scène se passe en extérieur et on pense soudainement, pourquoi pas, à un autre slip rouge célèbre. Le ton est ainsi donné d'entrée.

« Au Poste ! » est une comédie noire et volontiers absurde de Quentin Dupieux, cinéaste singulier et par ailleurs musicien sous le nom de Mr Oizo. C'est un film court, plein d'astuce et de clins d'œil au cinéma. L'image est patinée, les blousons en cuir lisse ou suédé sont camel, et d'une manière générale, la couleur ici rappelle fortement les seventies.

« Au Poste ! » raconte a priori une nuit de garde à vue. A priori, car le film est un véritable jeu de pistes. « C'est pour ça ». Le commissaire n'est autre que Benoît Poelvoorde, ici en grande forme. Quant à Grégoire Ludig, son suspect du soir, disons que c'est un homme qui a le don de se mettre dans des situations loufoques.

Il est possible que vous remarquiez ici comme un petit air de famille. Certes, l'affiche du film a quelque chose de Jean-Paul Belmondo dans l'esprit mais c'est surtout la tenue de Benoît Poelvoorde qui interpelle : pull à col roulé, holster d'épaule, pantalon classique et couleur un peu taupe. Et cette paire de chaussures, ne serait-ce pas une paire de Sanders Hi Top ? Vous l’aurez deviné : le style de Benoît Poelvoorde s'inspire ici directement de celui de son illustre aîné Steve McQueen dans « Bullitt ».

Si le physique n'est pas le même, la tenue fonctionne à l'identique. Seule différence notable, et de taille : c'est à ma connaissance le premier col roulé qui fume de l'Histoire. Ce n'est pas la seule bizarrerie à découvrir dans ce film au verbe tout ce qu'il y a de malicieux.

3. Le plus moderne : Daniel Craig dans « Spectre » (Sam Mendes, 2015)

Ces dernières années, le pull à col roulé est revenu plus fortement sur le devant de la scène, grâce entre autres à des sagas de films d'action comme « John Wick », « Avengers » ou « Mission Impossible ». Ils s'appellent Keanu Reeves, Samuel L. Jackson ou Tom Cruise. Tous portent le col roulé à un moment ou un autre de leurs aventures. Mais il est un autre héros à qui le col roulé doit beaucoup : qui d'autre que James Bond aurait ainsi pu contribuer à moderniser au cinéma ce pull si prisé dans les années 70 ?

Depuis 2006, Daniel Craig tient la boutique James Bond. On la disait moribonde, finie, incapable de recoller à l'actualité ou de produire à nouveau des films de qualité. En une petite poignée d'épisodes, Daniel Craig aura remis le personnage sur toutes les lèvres, et en particulier celles des amateurs de mode.

Saluons donc le stylisme bien vu des derniers films : polos Sunspel, boots Crockett & Jones, costumes Tom Ford et... col roulé N.Peal comme c'est le cas dans « Spectre », nouvelle incursion du réalisateur Sam Mendes dans l'univers Bond après le passionnant « Skyfall ».

Alors que le renseignement britannique est en pleine restructuration et que les agents 00 sont en passe d'être mis au placard, James Bond se lance à la poursuite de l'organisation terroriste Spectre. Comme d'habitude, vous en prendrez plein les yeux et vous l'aurez saisi : le col roulé est ici un pull d'action, judicieusement intégré dans une tenue par ailleurs très hivernale. Blouson et pantalon Tom Ford, boots Danner, le tout en noir et bleu.

On n'aurait pas dit non à un peu plus de couleurs, mais avouons que la tenue est à la fois sobre, fonctionnelle et stylée. De quoi s'interroger sur le futur : et si James Bond se mettait bientôt au techwear ?

4. Le plus moche : Jérémie Renier dans « Potiche » (François Ozon, 2010)

Une question vous taraude peut-être l’esprit en période de fêtes de fin d’année : le col roulé peut-il se prêter à la tradition du pull moche de Noël ? Tout étant possible dans la mode, la réponse est évidemment oui. Ainsi le col roulé rouge et à motifs de Jérémie Renier dans « Potiche » fera-t-il assurément merveille auprès du sapin et ce jusqu’aux vœux du nouvel an.

L’histoire se déroule à la fin des années 70. Catherine Deneuve y interprète le rôle d’une femme soumise à son mari, un horrible personnage qui dirige d’une main de fer la famille et l’entreprise familiale de parapluies. Fort heureusement, elle va vite reprendre le pouvoir, inspirer et changer le cours d’autres vies.

« Potiche » est un genre de « Dallas » à la française. Question style, vous retrouverez tout ce qui faisait le charme (ou pas) des années 70 en France : du velours, des sous-pulls, des motifs et des couleurs pour celles et ceux qui n’ont pas froid aux yeux. C’est une parodie pleine de malice, qui glisse des taquets au monde du travail, aux hommes, aux politiques et à la société en général.

Ici le cinéaste François Ozon ne manque pas d’audace : montrer Catherine Deneuve en survet’ et en sneakers, il fallait… oser. Quant à Jérémie Renier, parfait dans le rôle du fils épris de modernité et de Kandinsky, il raconte à lui tout seul un peu de la jeunesse de l’époque, coincée entre la France de Giscard et les icônes anglo-saxonnes : boots marron, blue jeans, blouson en cuir suédé.

En dessous, notre col roulé rouge du jour : si c’est le plus « moche » de notre sélection, l’adjectif est ici à prendre avec une certaine tendresse. Dans tous les cas, rassurez-vous : Jérémie Renier a des cols roulés plus sobres dans son vestiaire et les porte même parfois comme Patrick Dewaere. En attendant, vous reprendrez bien un peu de Jean Ferrat ?

5. Le plus méconnu (et inspirant) : Emmanuel Mouret dans « Changement d'adresse » (Emmanuel Mouret, 2006)

Les ciné-clubs ont toujours du bon. Redécouvert grâce aux Mardis de Louis, « Changement d'adresse » ravira autant les amateurs d'humour subtil et de comique de situation que ceux d'Eric Rohmer. Cet antidote aux poids lourds de la comédie française est aussi l'une des inspirations premières de cette sélection de cols roulés.

Mais revenons dans un premier temps sur l'histoire : Emmanuel Mouret joue ici le rôle d'un corniste un rien timide et maladroit qui entame une colocation avec le personnage interprété par Frédérique Bel. Elle aime un homme invisible. Il aime une jeune femme mutique. Un chassé-croisé amoureux se met pas à pas en place. L'histoire se déroule à Paris, et vous y croiserez entre autres Dany Brillant dans une de ses rares apparitions au cinéma.

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© Imdb

Emmanuel Mouret et Frédérique Bel dans « Changement d'adresse », 2006.

La tenue du film ? Des bottines noires, un costume kaki et en velours qu'on pourra par exemple trouver chez Drake's, un col roulé violet bien épais. Il a un col généreux et du caractère. Il donne par ailleurs envie de s'emmitoufler dedans. Vous remarquerez que le violet s'accorde le kaki : c'est une information qui vous servira peut-être, si d'aventure vous souhaitiez vous essayer aux couleurs plus fortes.

Pour les femmes, on peut noter les robes en maille, à cols roulés et à manches type chauve-souris de Frédérique Bel. Et pour le reste du vestiaire d'Emmanuel Mouret : du blanc et du noir plutôt formel, mais aussi des pulls beiges.

6. Le plus symbolique : Kim Young-min dans « Printemps, été, automne, hiver... et printemps » (Kim Ki-duk, 2003)

Le cinéaste sud-coréen Kim Ki-duk nous a quittés en 2020. « Printemps, été, automne, hiver... et printemps » est sans doute son film le plus connu. C’est un pas de côté au regard de la frénésie des temps modernes. C’est aussi une belle histoire de saisons qui passent, une initiation aux choses de la vie et de la spiritualité.

On y suit la vie quotidienne d’un moine bouddhiste et de son jeune disciple. Ils vivent ainsi chichement sur un temple flottant, perdu au milieu de la nature. Il y a un lac, des montagnes, des animaux, beaucoup de symboles et finalement assez peu de personnages ou de vêtements.

Et si le style n’était soudain plus essentiel ? Imaginez alors une vie partagée entre la pêche et la méditation, avec pour tout dressing une paire de sandales et un vieux kimono. Vous pouvez dès lors oublier les marques, les e-shops, même les nouveautés BonneGueule, les questions existentielles sur les manches raglans ou les chaussures noires. Serait-ce un cauchemar ou une libération ?

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© Sony Pictures/Courtesy Everett Collection

Kim Young-min et son pull à col roulé dans « Printemps, été, automne, hiver... et printemps », 2003.

L’histoire ne dit pas si le jeune disciple de « Printemps, été, automne, hiver... et printemps » s’est enfui autrement que par amour. Souhaitait-il aussi retrouver le chemin du style ? Lorsqu’il réapparaît des années plus tard auprès de son maître, il est habillé de la tête aux pieds et c’est tout un symbole, à mi-chemin entre le workwear et le casual-chic : une paire de chaussures avec des semelles qui pourraient être Vibram, un pantalon cargo, un col roulé, une chemise à carreaux.

Bien avant le « consommer mieux mais moins », Kim Ki-duk inventait l’espace d’un instant le « s’habiller moins mais bien » : ce n’est pas la seule merveille de son cinéma.

7. Le plus nostalgique : Bill Murray dans « La Famille Tenenbaum » (Wes Anderson, 2001)

En voilà un qui a l’habitude de soigner la musique, le décor et les costumes : le cinéaste américain Wes Anderson a le sens du détail et il affectionne entre autres choses le style preppy. Dans son générique de fin, « La Famille Tenenbaum » remercie la marque Brook Brothers. C’est une déclaration.

Entre-temps, vous découvrirez un film au casting 5 étoiles et une histoire de famille pas comme les autres où chacun tente à sa manière de recoller les morceaux du passé. C’est drôle et mélancolique à la fois. On y redécouvre les Beatles et les StonesNick DrakeNico et le Velvet UndergoundOn y trouve aussi pas mal de nostalgie, de vêtements et de styles intéressants.

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© Collection Christophel Touchstone Pictures / American Empirical Pictures

Bill Murray dans « La Famille Tenenbaum » , 2001.

Si le personnage de Bill Murray est ici secondaire, difficile en revanche de ne pas tomber sous le charme de sa tenue de velours : des chaussures type Wallabees comme chez Padmore & Barnes, un pantalon de velours beige, un col roulé violet et un blazer en velours dont la couleur nous ramène inévitablement ici.

Bill Murray serait-il lui aussi un maître de la couleur ? Si la réponse est plutôt à chercher du côté de Wes Anderson que de Bill Murray lui-même, vous trouverez en tout cas ici un bon exemple de ce que l’on peut faire avec du violet. Il s’agit a priori d’une tenue d’un autre âge, mais avouez qu’elle trouverait sans mal sa place de nos jours.

Les sabliers sont-ils faits pour être retournés ? Si la question vous interpelle, vous pouvez vous replonger dans les épisodes de Sapristi sur les cycles de la mode et le style intemporel. En attendant, il y a dans « La Famille Tenenbaum » de quoi rassasier tous les amoureux du style et du cinéma.

8. Le plus esthète : Leslie Cheung dans « Happy Together » (Wong Kar-Wai, 1997)

On a déjà pu évoquer le cinéma de Wong Kar-Wai dans Bobine à travers un autre film mais avec le même acteur. Pour un focus sur Tony Leung, il faudra cependant patienter encore un peu car ici, c'est une nouvelle fois Leslie Cheung qui tire la couverture à lui. Sans surprise, c'est plus ou moins le même adjectif qui vient en tête à la vue d'« Happy Together » : du beau travail d'esthète, qu'il s'agisse de l'image, du style ou même de la bande-son.

Ici par exemple, il y a une chambre avec des couleurs obsédantes, un amour fou, de beaux acteurs (Tony Leung, Leslie Cheung) et la musique d'Astor Piazolla pour faire tanguer l'ensemble. De Hong Kong à Buenos Aires, c'est l'histoire d'un éternel recommencement entre deux personnages qui s'attirent et se repoussent.

Parmi les grandes trouvailles stylistiques du film : de belles chemises à carreaux qui s'éloignent du style workwear, un cardigan bien duveteux ou un pantalon blanc et large qui pourrait pourquoi pas faire écho au Gaucho de Scott Frazer Collection.

Il y a bien évidemment des débardeurs blancs, et peut-être un plus surprenant pour un film tourné dans ces latitudes : un col roulé. C'est Leslie Cheung qui le porte épais et vraisemblablement chaud à l'arrière d'un taxi. Pour le reste de sa tenue, du classique et un soupçon d'originalité : des boots, un jean noir comme ça et un blazer en probable laine et à carreaux. C'est une des tenues les plus séduisantes du film.

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© Kino International / Everett Collection

Tony Leung et Leslie Cheung dans '« Happy Together », 1997.

S'il faudra attendre « In the Mood for Love » pour retrouver une élégance plus sartoriale chez Wong Kar-Wai, '« Happy Together » confirme au besoin que l'air argentin réussit plutôt bien au cinéma?Souvenez-vous par exemple de '« Tetro » de Francis Ford Coppola.

9. Le plus truculent : Steve Buscemi dans « Fargo » (Joel & Ethan Coen, 1996)

Pour celles et ceux qui n’auraient jamais franchi les portes du cinéma de Joel et Ethan Coen, deux premières entrées possibles : « The Big Lebowski » ou « Fargo ». Ces deux films condensent à merveille l’art un brin loufoque des frères Coen. Si vous aimez les chemisettes, on peut ajouter « Arizona Junior ». Et s’il ne fallait en choisir qu’un ? Pourquoi pas « Fargo », pour son atmosphère, ses grands espaces blancs et… les cols roulés de Steve Buscemi.

Le film raconte l’histoire d’un kidnapping qui part en sucette. Jerry Lundegaard a besoin d’argent. Son beau-père est riche mais radin. Il engage donc deux types un peu bizarres pour enlever sa femme et tenter de soutirer quelques billets à son beau-père. Pour le bon sens, on repassera. Pour le décor, imaginez un hiver franchement rugueux à Brainerd, une petite ville du Minnesota qui vit à son rythme, ici plutôt lent, comme nombre de ses personnages.

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© Gramercy Pictures/Getty Images

Steve Buscemi et Peter Stormare dans « Fargo », 1996.

Si l’on ne dévoilera pas la suite de l’histoire?Noire, caustique mais particulièrement savoureuse, on peut en revanche s’arrêter sur le style de Steve Buscemi : des boots, un manteau moumoute et peau lainée, un col roulé presque rouge et un pantalon dans la même veine, une bonne ceinture marron séparant judicieusement les deux. Ajoutez une moustache et un caractère de pipelette et vous obtiendrez un personnage pour le moins nerveux et truculent au doux nom de Carl Showalter.

Ce n'est certes pas le personnage le plus stylé de notre sélection, mais avouons que tenter un genre de camaïeu dans pareilles conditions ne manque pas de panache.

10. Le plus original : Dominique Pinon dans « Delicatessen » (Marc Caro & Jean-Pierre Jeunet, 1991)

Si au début des années 90, le col roulé n'est pas encore tout à fait de retour au cinéma, le style visuel des futurs films à grand succès de Jean-Pierre Jeunet est lui déjà là.

Tandis que le nain de jardin d'Amélie Poulain attend patiemment son heure, « Delicatessen » ouvre les portes d'un univers à la fois très personnel et très stylisé. On y trouve du caractère, de l'humour noir et du rire jaune, de la nostalgie et du burlesque, du Prévert et de nombreux clins d'œil au cinéma.

Dès lors rien d'étonnant à ce que le col roulé le plus original et décalé de notre sélection soit celui de Dominique Pinon ici.

L'histoire se déroule dans un immeuble peuplé de personnages étranges : il y a des fabricants de boîtes à meuh, un éleveur de grenouilles, un boucher autoritaire plutôt flippant et bien d'autres visages aussi singuliers qu’étrangement familiers.

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© Eric Caro / Photo12

Dominique Pinon dans « Delicatessen », 1991.

Dans ce décor à mi-chemin entre l'univers postapocalyptique et le Paris de carte postale, le nouveau concierge de l'immeuble est un ancien clown interprété par Dominique Pinon.

De là réside peut-être toute son originalité stylistique : il porte des chaussures sinon pointues du moins allongées, un costume marron texturé, des bretelles et un col roulé unique en son genre avec du rouge, du jaune, des motifs et un col un brin fatigué.

Ce n'est pas son unique col roulé. Il en possède en effet un autre mais à moins de vous initier au tricot, il y a peu de chances de le revoir ailleurs que dans « Delicatessen » : il est rouge, avec des éléphants et ferait assurément un beau pull de Noël. Dans la valise de notre attachant personnage se trouvent également des chaussettes de couleur, un blazer vert et une marinière.

11. Le plus surprenant : Michael Keaton dans « Batman » (Tim Burton, 1989)

Batman est-il un adepte de la ceinture Cobra ? Le costume violet est-il uniquement accessible au Joker ? Et quel peut bien être le lien entre l'ancien patron d'Apple Steve Jobs et le taciturne Bruce Wayne ? Les réponses à ces questions sont à (re)découvrir dans le ténébreux « Batman » de Tim Burton.

L'histoire, vous la connaissez : « Batman » est un justicier masqué, il aime le noir, les gadgets, les chauves-souris et la chasse aux criminels dangereux. Le décor s'appelle Gotham City, c'est une ville fictive en partie inspirée du Chicago des années 30 et le style vestimentaire est à l'avenant : pardessus, costumes et chapeaux en feutre.

Le casting est parfait, le film délicieusement rétro. Aux avants postes, Michael Keaton, Kim Basinger et Jack Nicholson assurent le spectacle rythmé par la musique de Prince et de Danny Elfman. Dans les coulisses, Tim Burton rend hommage à l'expressionnisme allemand et glisse quelques-unes de ses petites obsessions. Avouons qu'elles sont un peu différentes de celles que vous croisez habituellement ici.

Le Joker interprété par Jack Nicholson résume la question du style en une petite phrase amusée à l'adresse de Batman : « Nice outfit ! ». Et effectivement, Michael Keaton ne brille ici que par les costumes de sa vraie personnalité : si Batman a le monopole du cool, les tenues de Bruce Wayne sont autrement plus tristounettes.

Une seule exception à cette succession de costumes gris et de smokings noirs : une tenue secrète, décontractée et pour tout dire un peu surprenante, qui se révèle à un moment clé de l'histoire. Lunettes, Col roulé noir, jean bleach comme ici et probables baskets. Cela ne vous rappelle pas quelqu'un ?

12. Le plus professoral : Patrick McGoohan dans « Scanners » (David Cronenberg, 1981)

Si l'âge d'or du col roulé au cinéma est désormais derrière nous, rien n'est perdu : il reviendra bientôt, en force et à la faveur du film d'action et de super-héros. En attendant, il fait de la résistance ici et là dans les années 80.

En témoigne « Scanners », œuvre ô combien charnière dans le cinéma de corps et d'esprit de David Cronenberg. Ce film de genre fantastique date de 1981. Il est ressorti en salles il y a peu et il vieillit bien : on y découvre une société de type Big Pharma, des personnages munis d'étranges pouvoirs télépathiques et un Michael Ironside plus inquiétant que jamais en veste en cuir et col roulé.

C'est l'un des meilleurs rôles de Patrick McGoohan au cinéma, mais vous connaissez peut-être mieux l'acteur pour ses séries TV : « Le Prisonnier », série culte des années 60 et toujours d'actualité, ou bien encore « Columbo »?Patrick McGoohan aura souvent donné du fil à retordre à notre lieutenant et à son imperméable flapi.

Dans « Scanners », il tient le rôle du Docteur Paul Ruth : un savant un peu fou dont le style vous rappellera peut-être votre ancien prof de sciences ou de philo : ambiance automne/hiver, barbe blanchie, col roulé et pantalon sombres, mocassins noirs, blazer anthracite avec de fines rayures. C'est sobre, classique, élégant. Ajoutons les lunettes et vous obtiendrez une sorte de caricature du professeur d'âge mûr.

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© CANADIAN FILM DEVELOPMENT / Ronald Grant Archive / Mary Evans

Patrick McGoohan dans « Scanners », 1981.

Le trait de style est ici à chercher dans le blazer et ses rayures, seule "excentricité" notable d'une tenue volontairement dénuée de couleurs. La barbe, la coupe de cheveux, les lunettes rondes font le reste, nous rappelant par la même occasion comme tout est lié : le corps, l'esprit, les vêtements. En toile de fond, une belle invitation à réfléchir sur la normalité et la différence.

13. Le plus flippant : Jack Nicholson dans « Shining » (Stanley Kubrick, 1980)

Ce film de Stanley Kubrick ne vous est probablement pas inconnu. Il est inspiré d’un roman de Stephen King et dans son genre, c’est un classique. C’est aussi une source d’inspirations multiples pour le cinéma, la mode ou même la musique?Pour preuve : le travail de The Caretaker, un hommage à peine voilé aux séquences de bal fantôme de « Shining ». 40 ans plus tard, rien ne semble altérer sa force, pas même le passage du temps.

Ici, Jack Nicholson s'installe avec sa femme et son fils dans un grand hôtel perdu au milieu des montagnes. Il vient d'y décrocher un job de gardien, et toute la famille s'apprête à passer l'hiver isolé du reste du monde. Le fiston a d'étranges pouvoirs, et l'hôtel en question n'est vraiment pas un endroit comme les autres.

Vous vous souvenez probablement de la tenue phare du personnage interprété par Jack Nicholson. C’est un modèle workwear : blue jeans Lee, chemise en flanelle à carreaux, veste en velours Margaret Howell et workboots aux pieds. Pour la petite histoire, ce sont des boots type Timberland, mais d’autres paires plus qualitatives comme celles-ci peuvent également convenir si ce look vous inspire. En revanche, ne cherchez pas la hache qui accompagne la tenue pour couper du bois : elle a été vendue à un prix exorbitant.

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© Warner Brothers/Getty Images

Jack Nicholson dans « Shining », 1980.

Si le style workwear de Jack Nicholson dans « Shining » a marqué les esprits, on se souvient un peu moins qu’il porte aussi le costume, des mocassins et une cravate verte pour son entretien d’embauche. Ce détail n’est pas anodin : la présence du vert a quelque chose ici de maléfique.

Dans « Shining » comme dans le « Vertigo » d’Alfred Hitchcock, la couleur joue en effet un rôle essentiel. Ce n’est donc pas un hasard si cela se traduit jusque dans les vêtements. En témoigne l’épais col roulé que porte notre inquiétant personnage.

C’est un pull qui a tout d’un ogre, et le regard qui va avec est certainement l’instant le plus flippant de « Shining ». Bien plus qu’une affaire de mode, le col roulé est ici un vêtement clé de l'histoire. Vous avez dit "redrum" ? Bienvenue dans les années 80 de Stanley Kubrick.

14. Le plus populaire : Patrick Dewaere dans « Série Noire » (Alain Corneau, 1979)

Moins immédiatement élégant, plus populaire mais tout aussi charismatique : Patrick Dewaere est ici aux côtés de Bernard Blier et de la toute jeune Marie Trintignant. Il tient avec « Série Noire » l’un des rôles les plus importants de sa carrière.

Son personnage s’appelle Franck Poupart. Rien ne va vraiment dans sa vie : son job, sa femme, son compte en banque. C’est un de ces losers magnifiques chers à Leonard Cohen et si le jeu de Patrick Dewaere est extraordinaire, son style ne manquera probablement pas de vous interroger.

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© Collection Christophel Etienne George

Marie Trintignant et Patrick Dewaere dans « Série Noire », 1979.

Peut-on vraiment marier un col roulé avec un pull en col V et un blazer ? Ici le pull est clair et le col pas tout à fait roulé sous un col V marine. Il ajoute à son costume un trench beige de type Burberry et des chaussures marron. Si la tenue fonctionne, c’est que les couleurs sont bien choisies et ordonnées et c’est une chose que vous rappelleront les maîtres de la couleur étudiés par Jordan.

Mais si le film d’Alain Corneau présente quelques autres combinaisons stylistiques intéressantes, il montre surtout ce qui pourrait bien être le pire cauchemar de tout amateur de vêtements : rentrer chez soi après une dure journée de labeur et trouver avec effroi toutes les pièces de son vestiaire lacérées et/ou peinturlurées.

C’est précisément ce qui arrive à Patrick Dewaere dans « Série Noire ». Face à pareil spectacle, on lui offrirait bien volontiers notre costume Tweegi pour se refaire une santé. Le film est noir, d’accord. Mais rassurez-vous : le col roulé illumine l’histoire jusqu’à la dernière bobine.

15. Le plus gentleman-farmer : Philippe Noiret dans « Un taxi mauve » (Yves Boisset, 1977)

Cela ne vous aura pas échappé : les cols roulés clairs ont la cote dans cette sélection, et pour cause, on apprécie particulièrement les tons beiges, blanc ou écru chez BonneGueule, que ce soit pour les hauts ou pour les bas comme ici.

Dans Un taxi Mauve, Philippe Noiret y va lui aussi de son pull à col roulé clair et arbore une tenue de gentleman-farmer qui pourrait tout à fait illustrer le propos de mon collègue David dans son Courrier des Lecteurs : un chapeau en tweed, une veste kaki de type Barbour, un col roulé beige, un pantalon marron solide (un velours côtelé, par exemple) et une paire de boots tout terrain.

C’est un style qui s’adapte à toutes les situations. Promenades à la campagne, virée au pub du coin, dîner entre amis ou soirée tranquille au coin du feu : dans ce film oublié d’Yves Boisset, vous ne trouverez guère que Fred Astaire pour rivaliser avec l’élégance de Philippe Noiret. C’est un des derniers rôles de la star américaine, et rien que pour ça, le film vaut encore un peu la chandelle.

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© Alain Dejean/Sygma via Getty Images

Charlotte Rampling et Philippe Noiret dans « Un Taxi mauve », 1977.

Pour le décor : les terres d’Irlande et leur folklore?La lande mystérieuse, le vacarme rassurant du pub, la musique des Chieftains, les pintes de Beamish. Pour le reste : une galerie de personnages venus terrer leurs secrets, un film un brin suranné et en toile de fond une atmosphère qui n’aurait pas déplu au Bruno Cremer de la série Maigret. Ce n'est pas un polar, mais il y a tout de même quelques énigmes à résoudre.

Vous trouverez aussi des pulls torsadés, du Mac, du shearling et quelques bizarreries stylistiques dont on ne sait quoi penser.

À l’image du film qu’elle partage quelques années auparavant avec Sean Connery, Charlotte Rampling est une nouvelle fois troublante et glaciale. Elle est habillée par Bruce Oldfield, porte des bijoux Cartier et aussi des cols roulés clairs : c’est dire si cette pièce se joue des frontières du genre.

16. Le plus mélodramatique : Al Pacino dans « Bobby Deerfield » (Sidney Pollack, 1977)

Une fois n’est pas coutume, vous ne trouverez pas de Robert Redford dans ce film de Sidney Pollack?L’acteur a tourné pas moins de sept films avec le réalisateur, dont « Jeremiah Johnson » et « Les Trois Jours du Condor ». . Vous y croiserez en revanche Al Pacino sur le territoire européen et sur une tout autre voie que celle du milieu : « Bobby Deerfield » est majoritairement un film d’amour, partagé entre le mélodrame et la Formule 1.

Parmi ce qui nous intéresse : un col roulé camel et partout ailleurs de l’orange, du beige et du marron. Si l’on excepte la reproduction de Matisse qui se glisse un temps à l’écran, ce sont là les trois couleurs à retenir de « Bobby Deerfield ».

Ce n’est pas anodin. C’est même une piste pour vos prochaines tenues, à plus forte raison si vous possédez déjà un blouson de cuir cognac ou bien encore notre blouson en cuir de cerf. Sinon, ne vous inquiétez pas : ça viendra !

Car si « Bobby Deerfield » vaut pour la rencontre d’Al Pacino avec sa future compagne Marthe Keller, il se révèle également inspirant ici et là par le prisme du vêtement.

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© Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images

Al Pacino et Marthe Keller, « Bobby Deerfield », 1977.

C’est un film qui donne envie de faire le tour des friperies à la recherche d’un cuir, de dénicher un col roulé camel comme celui-ci, d’essayer le costume marron, la chemise orange, les combinaisons de pompistes voire les survêtements de running Adidas des années 70.

Pour tout cela, on peut bien dire merci à Al Pacino, bel exemple de style à suivre pour tous. Sous la barre du mètre 70, Al Pacino rappelle ici comme dans ses autres films que les canons de la mode (taille, poids, etc.) sont bien évidemment à dépasser.

17. Le plus victime de la mode : Billy Dee Williams dans « Mahogany » (Berry Gordy, 1975)

Ce sera peut-être une surprise pour celles et ceux d’entre vous qui connaissent Diana Ross comme chanteuse : dans ce film produit par la Motown, elle est également actrice et styliste et le moins qu’on puisse dire c’est que ses créations ne manquent ni de couleur ni de vitalité.

Sont également présents au casting : Anthony Perkins et Billy Dee Williams, le futur Lando Calrissian de « La Guerre des Etoiles ».

Si « Mahogany » est un film sur la mode et ses coulisses, c’est aussi l’occasion de voir d’autres idées d’associations avec le col roulé. Les premières tenues de Billy Dee Williams confirment. On peut faire plus cool encore : blouson shearling, col roulé rose, jean bleu clair, boots marron.

Voilà pour la première rencontre, et ce que nous apprend Billy Dee Wiiliams ici, c’est que le col roulé au cinéma n’est pas condamné aux tenues habillées.

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© IMAGO / Everett Collection

Diana Ross et Billy Dee Williams dans « Mahogany », 1975.

Dans « Mahogany », Billy Dee Williams dispose d’une très impressionnante collection de pulls. Ils sont de toutes les textures et de toutes les couleurs : rose donc, mais aussi rouge, blanc, violet, marine, marron… S’il les accorde le plus souvent avec des blousons de cuir, il tente à plusieurs reprises le col roulé blanc et le blazer gris et sans surprise, c’est très réussi.

Diana Ross elle-même ne s’y trompe pas, lorsqu’il s’agit par exemple d’emmener Billy Dee Williams faire les magasins. Si elle s’efforce de lui ouvrir les yeux sur les matières, le style et la qualité, devinez donc la pièce qu’elle garde bien précieusement de sa garde-robe ?

18. Le plus haute-couture : Helmut Berger dans « Une Anglaise romantique » (Joseph Losey, 1975)

On peut dire merci au cinéaste Joseph Losey : il a entre autres remis Alain Delon sur le chemin du style et du cinéma avec « Monsieur Klein », et fait se rencontrer les deux amateurs de vêtements que sont Michael Caine et Helmut Berger dans « Une Anglaise romantique ». Les deux hommes tournent autour de la même femme. Il est question de désir, de jalousie, d'écriture et de petits trafics.

Ne vous laissez pas endormir par le titre : c’est un film passionnant et coté style, vous en aurez également pour votre argent. Si Michael Caine ne se départit jamais d’une élégance toute britannique faisant la part belle aux mailles, Helmut Berger présente ici une belle collection de tenues Yves Saint Laurent. Pour la petite histoire, l’acteur autrichien incarnera des années plus tard le créateur français dans « Saint Laurent » de Bertrand Bonello.

Dans la garde-robe de vrai faux poète qu’il interprète ici : des costumes et smokings, des trenchs et des pardessus, quelques chemises, de jolies écharpes et bien sûr des pulls à cols roulés.

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© L'œil sur l'écran

Helmut Berger dans « Une Anglaise romantique », 1975.

Si vous avez déjà croisé Helmut Berger chez Luchino Visconti, vous savez déjà qu’il peut illuminer un film à lui tout seul. C’est le cas ici aussi, et vous apprendrez dès les premières minutes à porter un beau col roulé gris chiné sous une chemise, un pull à col V sans manches et un blazer. Les coupes, les volumes, les couleurs, tout est choisi avec goût.

Vous retrouverez tout au long du film bien d’autres cols roulés, que ce soit chez Helmut Berger ou chez Michael Caine, qui affectionne de son côté le marine et le marron, mais aussi les cardigans au point qu’on le verrait bien dans celui-ci.

Bien plus qu’un pull, le col roulé peut en tout cas donner libre cours à toutes vos envies de layering. C’est une des leçons de style d’un film moins mineur qu’annoncé.

19. Le plus photogénique : Franco Nero dans « Un citoyen se rebelle » (Enzo Castellari, 1974)

S’il ne fallait retenir que deux choses d’« Un citoyen se rebelle », ce serait probablement ce petit bout de musique et cette image incroyable de Franco Nero ci-dessous.

Si le nom de cet acteur italien ne vous dit rien, notez juste que sa carrière s’est surtout développée autour du film de genre : des westerns pour la plupart, mais aussi des films historiques, policiers voire fantastiques. Plus récemment, vous aurez peut-être pu le voir dans « Django Unchained » de Quentin Tarentino ou « The Lost City Of Z » de James Gray. En 1974, il tourne avec Enzo G. Castelleri cet étrange polar issu de la vague poliziottesco?Sous genre très présent dans le cinéma italien des années 70, souvent des histoires de vengeance avec une morale ambiguë voire carrément suspecte et toujours à mi-chemin entre le policier, le gore et le nanar.

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© Mondadori via Getty Images

Franco Nero, sur le tournage de « Un citoyen se rebelle », 1974.

Son personnage est victime d'une agression. La police est impuissante ou corrompue. Il décide alors de mener l'enquête et de traquer les criminels lui-même. Ce n’est pas un chef-d’œuvre mais une curiosité, notamment pour sa grande variété de costumes à l’italienne. Franco Nero serait par exemple parfait dans notre costume Vini.

Si l’on en croit notre photo départ, tout laisse à penser que nous tenons là une icône de la mode des plus masculines. Franco Nero y affiche un style fou : blouson court inspiré du perfecto, col roulé, visage en tout point fascinant qu’on verrait bien chez Martin Scorsese.

Sauf que le personnage principal d’« Un citoyen se rebelle » s’avère bien différent de l’image qu’il renvoie : c’est ici un homme agaçant et volontiers enfant, qui passe son temps à se plaindre et à se prendre des raclées.

Il a en revanche un dressing des plus intéressants : beaucoup de costumes à motifs, des chemises bleu ciel, une jolie safari jacket et des mailles pour le moins originales. Si vous n’avez encore jamais vu de pull cols roulés à motifs ou à carreaux, vous en trouverez quelques-uns ici. Sinon, restez scotché sur la photo.

20. Le plus rétro-futuriste : Woody Allen dans « Woody et les robots » (Woody Allen, 1973)

Si vous avez la sensation que Woody Allen réalise encore et toujours le même film et qu’on y parle qu’assez peu de style, il y a fort à parier que celui-ci ne vous fera pas changer d’avis.

Certes, à l’image de ses premiers films, c’est ici le burlesque qui prime. Mais vous y trouverez la même typographie signature au générique, le même esprit New Orleans dans la musique, les mêmes personnages drôles et gentiment névrosés au casting. Cette manière de faire du cinéma convoque aussi bien les Marx Brothers qu’Ingmar Bergman, et c’est ce qui en fait le charme depuis plus de 50 ans.

Si l'on pense rarement aux vêtements dans un film de Woody Allen, en voilà toujours un qui donne à voir ce que pourrait être le dressing de demain en plaçant son histoire dans un futur improbable : Woody Allen se réveille en 2173, après 200 ans d'un très long sommeil causé par une erreur médicale.

Impossible de savoir si la mode ou même la Terre seront toujours d’actualité. Ce qui est certain en revanche, c’est que le présent de « Woody et les robots » a tout l’air d’un cauchemar : une société de contrôle, des vêtements uniformes et sans saveur comme dans le « THX 1138 » de George Lucas, des tailleurs robots et du sur-mesure informatisé. Si cela ne vous effraie pas encore : imaginez un ensemble costume, chemise et cravate tout en blanc pour le passage obligé à confesse !

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© FilmPublicityArchive/United Archives via Getty Images

Woody Allen dans « Woody et les robots », 1973.

Si les belles matières et le caractère ont disparu des vêtements du futur, il est cependant une pièce qui fait encore de la résistance : le pull à col roulé. Il est ici décliné en noir ou en gris sur les épaules de Woody Allen et de Diane Keaton. Si la société du film était plus libre et la couleur davantage autorisée, on pourrait se risquer à glisser une touche de bordeaux, pour aller avec le noir omniprésent des souliers et des pantalons.

Le couple est en tout cas parfait, les cols roulés plus intemporels que jamais mais les plus attentifs d’entre vous remarqueront cependant un grand absent : en 1973, personne n’imaginait en effet que la mode du futur s’écrirait avec un masque sur le visage.

21. Le plus gourmand: Michel Piccoli dans « La Grande bouffe » (Marco Ferreri, 1973)

Marcello Mastroianni, Philippe Noiret, Ugo Tognazzi, Michel Piccoli : belle brochette d’acteurs pour ce qui restera comme l’œuvre emblématique de Marco Ferreri. À sa sortie, c'est un énorme scandale mais le cinéaste italien est un habitué des embrouilles avec la censure.

50 ans plus tard, disons simplement que « La Grande bouffe » n’a rien perdu de sa force. Si son sujet tourne autour de la vie, la mort, le sexe et la cuisine, impossible de passer sous silence le style vestimentaire de ses personnages, celui de Michel Piccoli en particulier.

Le premier à le remarquer n’est autre que Marcello Mastroianni, comme émerveillé à la vue de son ami tandis qu’il caresse la mécanique d’une Bugatti de collection. « Il est beau ton pull ! ». Sans surprise : il s’agit d’un col roulé et il a la particularité d’être rose, associé à un pantalon beige/marron, des bottines en cuir, un tablier et des gants de caoutchouc orange. Une couleur de pull comme ça, je la verrais bien de nos jours chez From Future.

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© Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images

Michel Piccoli dans « La Grande bouffe », 1973.

C’est le col roulé le plus WTF de cette sélection, et pour cause : c'est dans cette tenue que Michel Piccoli déclamera du Hamlet, une tête de veau à la main. « En dehors de la bouffe tout est épiphénomène » nous dira l’acteur. Si « La Grande bouffe » ne parle qu'assez peu chiffon, ses personnages n'oublient en revanche jamais de bien s'habiller.

De fait, Michel Piccoli ose presque tout ici : la veste en velours, le blazer croisé, le blazer en maille, les boots, les chemises à poignets mousquetaires, les cravates, les pulls, les babouches, la djellaba et même le tutu ! Et force est de constater que tout lui va. Si BonneGueule avait été là en 1973, nul doute qu'il se serait essayé à la noragi ou à la veste style kimono : en matière de style, le Michel Piccoli de « La Grande bouffe » est un homme curieux et particulièrement gourmand !

Ses camarades ne sont pas en reste : parmi les quelques pièces marquantes du film, citons le joli cardigan de Philippe Noiret qui n'aurait pas dépareillé dans notre sélection ou bien encore la veste en maille écrue de Marcello Mastroianni.

C’est à ce dernier que l’on doit la petite anecdote mode du film, lors d’un échange savoureux avec Michel Piccoli : « tu sais que Bugatti se faisait faire des chaussures spéciales, comme un gant avec le pouce indépendant ? » « Pour conduire ? » « Non, dans la vie ! C’était un artiste ». Côté style, ces deux-là n’ont assurément rien à lui envier.

22. Le plus commenté : Marlon Brando dans « Le Dernier tango à Paris » (Bernardo Bertolucci, 1972)

Musique obsédante, couleurs crépusculaires. Encore tout auréolé du succès du « Parrain » de Francis Ford Coppola, Marlon Brando s’engouffre l’année suivante dans un des films les plus commentés de Bernardo Bertolucci.

« Le Dernier tango à Paris » est né d’un fantasme et il s’ouvre sur la peinture de Francis Bacon. Voilà pour les premiers indices d’un film qui s’imagine un temps revenir à l’origine du monde et transforme l’icône du « Tramway Nommé Désir » en véritable épave.

Tout est possible : deux hommes peuvent aimer la même femme et avoir la même robe de chambre, une femme peut être fétichiste des chaussures à l’écran et se révéler costumière en coulisses?Gitt Magrini, entre autres à l’œuvre sur quelques-uns des plus beaux films de Michelangelo Antonioni.

Dès les premières minutes, on découvre un homme imposant mais totalement hagard. Il a 48 ans, le pas lent, l’air défait, les cheveux grisonnants. Il a tout de l’animal blessé. Hanté par la mort, Marlon Brando va ici s’accrocher comme une sangsue à tout ce qu’il y a de vie et de lumière dans cette histoire : Maria Schneider.

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© Mondadori Portfolio by Getty Images

Marlon Brando dans « Le Dernier tango à Paris », 1972.

S’il a quelque chose de résolument pathétique, cet homme-là a encore du style et du charisme. De lui, vous ne retiendrez cependant que son air assombri et le haut de ses tenues : un manteau camel qui rappelle immanquablement notre Isaacun blazer marron, un t-shirt blanc, un pull à col V porté à même la peau voire un pull à col roulé rouge, gris ou beige selon l’humeur.

Le bas est résolument classique : pantalons gris, marron, en laine ou en velours qui sait, et des chaussures marron.

C’est une source d’inspiration possible pour tous ceux qui s’interrogent sur le style passé 40 ans. En filigrane, on peut y voir une nouvelle preuve de ce que le col roulé peut avoir de miraculeux : quelle autre pièce du vestiaire masculin pourrait ainsi transformer un ours en gentleman ?

23. Le plus éclectique : Roy Scheider dans « French Connection » (William Friedkin, 1971)

On s’arrêtera peut-être un jour sur le style de Roy Scheider dans « Les Dents de la Mer » de Steven Spielberg. En attendant, place au film qui l’a révélé au grand public : « French Connection » de William Friedkin, une plongée saisissante dans le quotidien de la police et de la lutte contre le trafic de drogues. S’il y a de très nombreuses choses purement cinématographiques à retenir?La conduite de la course-poursuite, l’aspect documentaire ou les thématiques fétiches du cinéaste, le vêtement n’est pas en reste.

À noter en premier lieu : le chapeau pork pie de Gene Hackman, un véritable gimmick voire une référence dès qu'il s'agit d'illustrer ce type de chapeau au cinéma. On pourrait aussi évoquer l’élégance de Fernando Rey, un des acteurs clés du cinéma de Luis Buñuel. Mais le plus intéressant est peut-être à chercher dans le style versatile de Roy Scheider. Rien ne semble lui faire peur.

Il apparaît ainsi dans un registre workwear dès les premiers mouvements du film : grosse chemise en laine à carreaux noire et grise, jeans bleu clair et boots marron. À quelques variations près, c'est le même genre de tenue que celle de Kevin Costner dans « Un Monde Parfait ».

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© 20th Century-Fox/Getty Images

Gene Hackman et Roy Scheider dans « French Connection », 1971.

On le retrouve plus loin sous inspiration rock’n’roll, et ma foi ça ne lui va pas mal non plus : perfecto et jeans noirs, chemise bleue, t-shirt blanc. Classique mais efficace, même si comme vous le savez, le noir fait toujours débat au sein de la rédaction.

Roy Scheider n'oublie cependant pas de composer quelques tenues plus habillées : un pantalon, un beau blazer à motifs vichy et un col roulé bleu marine ou blanc. C'est élégant, et ça lui va bien.

Avec ce dressing éclectique et plutôt réussi, on en oublierait presque l'essentiel : à l'instar du « Domicile Conjugal » de François Truffaut, « French Connection » est un des films les plus cols roulés de notre sélection. Ils sont partout, tout le temps, et ce dès le premier personnage. Autant dire que vous risquez fort d'en vouloir un à la sortie.

24. Le plus funky : Richard Roundtree dans « Shaft » (Gordon Parks, 1971)

« Right on ! » Autre continent, autre univers. Le décor est semblable à celui que vous pouvez découvrir dans l’excellente série américaine « The Deuce »  : le New-York des années 70. La musique est signée Isaac Hayes et vous la connaissez forcément : elle est plus connue que le film lui-même.

Si le nom du réalisateur Gordon Parks ne vous dit rien, notez simplement qu'il a surtout œuvré dans le domaine de la photographie, principalement du photoreportage mais aussi, et c'est intéressant pour nous, de la photographie de mode.

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© Michael Ochs Archives/Getty Images

Richard Roundtree (au centre) dans « Shaft », 1971.

« Shaft » s'ouvre sur un matin d'hiver. C'est un éloge aux cireurs de chaussures d'antan, au cuir et au col roulé. C'est aussi le film le plus emblématique du genre blaxploitation. Ce style, un cinéaste comme Quentin Tarantino en est particulièrement friand et pour la communauté noire du début des années 70, c'est surtout une manière d'exister enfin autrement au cinéma.

Au centre, l’impressionnant Richard Roundtree. C’est le film de sa carrière et il tient ici le rôle d’un détective roublard et solitaire qui apprécie particulièrement le cuir : regardez plutôt sa collection de vestes marron et de blousons noirs typiques des seventies.

Dans son dressing, vous trouverez également des pantalons, des blazers et des boots marron. Mais « Shaft » ne serait pas « Shaft » sans ses cols roulés épais. En matière de style, c’est même la pièce maîtresse du film, qu’elle soit beige ou noire et sachez que notre détective partage au moins deux choses avec Antoine Doinel : son métier et le col roulé orange.

Plus costaud et funky que Richard Roundtree, ça n’existe pas. Mais si jamais vous avez encore des doutes quant au rendu du col roulé sur ce type de gabarit, « Shaft » devrait en toute logique vous rassurer.

25. Le plus tête en l'air : Jean-Pierre Léaud dans « Domicile Conjugal » (François Truffaut, 1970)

Dans les années 70, le col roulé est omniprésent dans la vie comme au cinéma. Il fait partie intégrante du style de l’époque, et dans certains cas il peut même aller jusqu’à habiller la plupart des personnages d’un film, tous âges et genres confondus.

Pour preuve, l’inusable « Domicile Conjugal » de François Truffaut. Dans cet avant-dernier épisode des aventures d’Antoine Doinel, Jean-Pierre Léaud retrouve une nouvelle fois le personnage qui l’a révélé au cinéma.

Si François Truffaut s’attarde ici sur les jambes des femmes et la vie quotidienne d’une cour d’immeuble, il donne aussi à voir de la couleur et des vêtements.

Jean-Pierre Léaud est un habitué du col roulé. Il en porte dès 1959 dans « Les 400 Coups » du même Truffaut, ou bien encore dans « Le Départ » de Jerzy Skolimowski.

Dans la garde-robe du tête en l'air Antoine Doinel, on trouve donc des cols roulés et ils sont de toutes les couleurs : du noir, du bleu et surtout de l’orange, qu’il porte ici avec un blouson de cuir léger noir, un pantalon de velours marron/kaki et des chaussures marron. C’est la première tenue avec pull du film et vous en découvrirez bien d’autres par la suite. Si l'orange vous intimide, tentez dans un premier temps la couleur moutarde.

Outre le style et le pull orange de son personnage, ce qui frappe dans « Domicile Conjugal », c’est la présence du col roulé un peu partout : hommes, femmes et même enfants, à l’image du petit Christophe qui fait ici une entrée remarquée dans l’univers de la mode avec son blouson shearling et son col roulé blanc.

C’est impressionnant, mais cela ne doit pas vous faire complexer plus que ça : il n’y a pas d’âge pour s’intéresser au style et pour bien commencer, rien ne vaut le cinéma et des conseils avisés.

26. Le plus amoureux : Jean-Pau Belmondo dans « La Sirène du Mississipi » (François Truffaut, 1969)

De l’aventure, de la passion et quelques extraits de quotidien. « J’ai trouvé des chaussettes, celles que tu aimes, toutes simples, en fil d’Ecosse ». Quand Catherine Deneuve annonce sa trouvaille à Jean-Paul Belmondo, le couple s’apprête à repartir en cavale. Pour la vie pépère, on repassera. Pour le grand frisson en revanche, nous voilà au bon endroit.

« La Sirène du Mississipi » est une adaptation de roman noir. C’est aussi un grand film d’amour. Entre les deux, François Truffaut n’oublie jamais tout à fait ses maîtres?Ici Jean Renoir et Alfred Hitchcock. et glisse dans ce film une bonne part de ses obsessions : les femmes, les livres, le cinéma et aussi quelque chose d’un peu plus obscur et inavouable que l’on retrouve ici et là dans sa filmographie.

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© REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho via Getty Images

Jean-Paul Bellmondo et Catherine Deneuve dans « La Sirène du Mississipi », 1969.

« La Sirène du Mississipi » raconte des personnages hautement romanesques. De la Réunion à Paris, d’Antibes au massif de la Chartreuse, ils voyagent autant que ceux de Jean Echenoz. Sans être le sujet principal, le vêtement y joue un grand rôle.

Car à franchir ainsi les frontières et les climats, c’est autant de valises qui se dévoilent, à l'image de notre série Checklist. Il y en a donc pour toutes les saisons et mieux vaut vous prévenir tout de suite : vous allez tomber amoureux des tenues Yves Saint Laurent de Catherine Deneuve. Attendez-vous aussi à succomber au costume beige, au pantalon blanc, à reconsidérer les tenues de mariage ou le blazer trois boutons.

Autre pièce notable, autant pour le style que pour ce qu’elle symbolise : le col roulé, ici porté à même la peau par nos deux personnages principaux, comme pour illustrer la réunion du masculin et du féminin. Ils sont beaux, on les imagine doux et bien chauds, à l’image du généreux col roulé crème que porte Jean-Paul Belmondo dans la dernière partie. Le col roulé est un des nombreux atouts de « La Sirène du Mississipi », assurément l’un des plus beaux rôles de Belmondo au cinéma.

27. Le plus iconique : Steve McQueen dans « Bullitt » (Peter Yates, 1968)

Ce n’est un secret pour personne : Steve McQueen figure parmi les acteurs les plus sollicités par la presse et les marques de mode. Jetez par exemple un œil sur votre fil Instagram : quarante ans après sa mort, l’acteur américain n’en finit pas d’inspirer l’univers du vêtement et si l’on parle désormais beaucoup moins de ses films que de ses tenues, vous trouverez dans « Bullitt » de quoi réconcilier habilement la mode et le cinéma.

Il joue ici le rôle d'un lieutenant de police en prise avec le crime, la politique et la corruption : c'est un polar et ça se déroule dans les rues de San Francisco.

C’est un film d’esthète, et ce qui marque encore aujourd’hui c’est sa mise en scène, son rapport particulier au temps et à la musique, ici inoubliable et composée par Lalo Schifrin. Si « Bullitt » a été copié des dizaines de fois au cinéma, il en va de même pour le style de son personnage principal : qui n’a jamais rêvé de ce cardigan col châle marron, de ce Mac beige ou de cette paire de chaussures repopularisée par Sanders ?.

Certains d’entre vous ont peut-être déjà franchi le pas, ne serait-ce qu’en piochant ici et là sur l’e-shop de BonneGueule. Question style, « Bullitt » est un festival et c’est valable pour à peu près tout, même pour le pyjama qui aurait pu figurer haut la main dans notre premier Bobine.

Mais revenons à ce qui nous intéresse ici : le col roulé marine de Steve McQueen, qui l'accompagne tout au long d'une des scènes les plus mythiques du film. C'est une poursuite en voiture dans les rues de San Fransisco, elle dure plus de dix minutes et il est possible que vous vous surpreniez par la suite à aimer les voitures, les Ford Mustang en particulier.

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© Alan Band/Keystone/Getty Images

Steve McQueen sur le tournage de « Bullitt », avec sa femme Neile.

La légende raconte qu'il s'agirait d'un col roulé en cachemire et Steve McQueen le porte ici comme personne, avec un blazer en tweed marron, un pantalon de flanelle grise et une paire de desert boots Original Playboys de chez Hutton. Si jamais vous aviez besoin d'un modèle, il est à chercher dans « Bullitt ».

28. Le plus folk : Terence Stamp dans « Pas de larmes pour Joy » (Ken Loach, 1967)

Si vous n’avez jamais entendu parler de Terence Stamp, je vous envie presque. L’acteur est aussi discret que charismatique et si sa carrière est pour le moins éclectique, vous trouverez dans sa filmographie quelques films importants : le « Théorème » de Pier Paolo Pasolini ou les pépites méconnues que sont « Billy Budd » de Peter Ustinov et surtout « L’Obsédé » de William Wyler?Deux films qui parleront assurément aux fans esthètes du groupe The Smiths.

Comme Alain Delon, Terence Stamp a tourné avec Monica Vitti (icône du style) et durant les années 60, ses apparitions au cinéma sont plutôt inspirantes coté vêtements. Pour preuve ce premier film de Ken Loach, portrait de femme à la croisée du documentaire et du film télé.

À la question « quelles sont les choses que j’aime le plus ? », l’héroïne de « Pas de larmes pour Joy » n’y va pas par quatre chemins : « les fringues ! Et l’argent ! ». Certes, les personnages de Ken Loach ne roulent pas sur l’or. Mais le couple formé par Carol White et Terence Stamp sait manier les couleurs et composer ses tenues avec un certain style, ici fortement marqué par son époque : les sixties.

Prenons Terence Stamp par exemple : caban marine, pantalon clair, col roulé, boots suédées marron. Il porte en dessous des chemises bleues, grises ou vertes et des tee-shirts blancs.

Si l’on retient ici le couple, sa parenthèse enchantée et la musique folk de Donovan, l’autre star du film est assurément le col roulé de Terence Stamp. On pourrait aujourd’hui le trouver chez une marque comme Inverallan : des torsades, du beige et du moelleux à souhait, soit l’équivalent en maille du fameux « quelques grammes de finesse dans un monde de brutes ».

Ça tombe bien : Terence Stamp est l’un des rares hommes tendres du film, et lorsqu’il prend sa guitare folk pour pousser la chansonnette, c’est tout bonnement irrésistible.

29. Le plus insulaire : Michel Piccoli dans « Les Créatures » (Agnès Varda, 1966)

« C’était l’hiver et rien ne semblait vivant ». Voilà peut-être une phrase qui vous restera longuement en tête et que vous découvrirez dans Les Créatures : un film on ne peut plus étrange, fantastique et insulaire qui va vous donner de furieuses envies de caban et de col roulé.

Si l’histoire retient « Les Créatures » comme l’un des plus grands échecs commerciaux d’Agnès Varda, c’est aussi et surtout une véritable curiosité dans l’œuvre de la cinéaste. Il y a du noir et blanc, quelques touches de rouge et aussi Eva Dahlbeck, une actrice bien connue des amateurs d’Ingmar Bergman.

Bonne gueule

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Catherine Deneuve et Michel Piccoli dans « Les Créatures », 1966.

Au premier plan, Michel Piccoli joue le rôle d’un écrivain qui aime les mailles et les longues promenades. À ses côtés : sa femme, interprétée par Catherine Deneuve, muette et confinée depuis l’accident de voiture qui survient dès les premières minutes et dont Michel Piccoli gardera lui aussi une cicatrice. Ils vivent ainsi à l’écart du monde, retranchés dans un fort de l’île de Noirmoutier. Le climat en cette saison est à l’avenant : du vent, du froid et la mer droit devant.

Si le film développe toute une galerie de personnages bizarres et une partie d’échecs qui adresse une sorte de clin d’œil à celle du « Septième Sceau » d’Ingmar Bergman, c’est aussi l’occasion de découvrir d’autres possibles pour le col roulé au cinéma.

Imaginez plutôt, pour les balades : un caban marine que l'on peut réinvestir comme ceci, un bon col roulé blanc comme en fait aujourd'hui Berg & Bergun pantalon en velours ou en moleskine comme iciune paire de souliers solides, en somme quelque chose d’à la fois rustique et d’un peu marin.

Pour la maison, même base, avec pour le supplément de chaleur un cardigan grosse maille comme on en fait presque plus. À l’image du film, la combinaison maille sur maille est un peu étrange et pourtant la magie opère : assis devant sa machine à écrire, bien chaudement emmitouflé dans ses vêtements d’hiver, l’écrivain Piccoli peut s’atteler tranquille à son histoire.

30. Le plus nouvelle vague : Jean-Paul Belmondo dans « Une Femme est une femme » (Jean-Luc Godard, 1961)

Paris, à l’aube des années 60. Ouvrons le bal avec un portrait de femme et une illustration parfaite de ce que les cycles de la mode nous apprennent de notre époque. Parmi les grands amoureux d’Anna Karina au cinéma figure Jean-Paul Belmondo.

Bien avant d’enchaîner les cascades, les blousons de cuir et les succès populaires, l’as des as du film français tourne plusieurs pages d’histoire avec Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Melville ou François Truffaut. Pour Belmondo comme pour Godard, les années 60 resteront comme une période d’une très grande intensité artistique. En témoigne « Une Femme est une femme ».

C’est un film imparfait, comme en perpétuel chantier, avec en son centre un triangle d’or formé par Anna Karina, Jean-Claude Brialy et Jean-Paul Belmondo. Anna Karina partage ici sa vie entre le music-hall et Jean-Claude Brialy et elle veut un enfant dans les 24 heures. Voilà pour le compte à rebours de cette histoire d'amour(s) à redécouvrir. Si le fond sociologique paraît aujourd’hui un rien daté, la forme est toujours aussi libre, moderne, pleine d’idées et de chouettes vêtements colorés.

On peut le voir de toutes les façons?Sans le son, sans les images, la tête dans le guidon et toujours y trouver ce qu’il faut d’esprit, de couleur et d’inspiration. C’est d’ailleurs l'une des forces du cinéaste Godard. Si vous n’y connaissez rien à l’histoire du cinéma, de la musique, de la peinture ou de la littérature, vous trouverez dans ses films une multitude de pistes à suivre. C’est aussi vrai pour la mode, et pas seulement pour Anna Karina dont les tenues sont ici inspirantes.

Lorsqu’il tourne cette comédie musicale revisitée, Jean-Paul Belmondo n’a pas 30 ans. Nous sommes en 1961 et le style de son personnage pourrait sans peine s’inscrire au tableau de 2020 : des derbys, un manteau gris et de large revers, un pantalon habillé, un blazer marron et… un col roulé gris clair. Les coupes ont un peu changé, mais c’est une tenue très actuelle, simple et judicieusement taillée pour l’automne grâce entre autres à sa palette de couleurs.

Le col roulé joue ici pleinement son rôle : de la chaleur, de la sobriété, un soupçon d’habillé juste ce qu'il faut qui contraste avec le style plus formel et coloré de Jean-Claude Brialy. C'est un premier exemple réussi d'association col roulé + blazer. Vous allez en découvrir bien d'autres.

Quant à la phrase du film, elle revient haut la main à Anna Karina, lorsque Brialy lui fait injustement remarquer que sa robe écossaise ne lui va pas du tout : « Tant mieux, j’ai envie de plaire à personne ! ». À méditer.

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