Pourquoi je préfère Saint Laurent à Chanel au cinéma - Bobine

11 min
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Pourquoi je préfère Saint Laurent à Chanel au cinéma - Bobine

11 min
Publié le : 14 août 2022Mis à jour le : 16 août 2022

On ne présente plus Coco Chanel et Yves Saint Laurent. J’ai revu quatre films qui leur sont consacrés : si les maisons associées sont aujourd’hui des bastions indétrônables du luxe français, leurs créateurs d’origine n’en restent pas moins des figures que peu de cinéastes osent bousculer. Tous peut-être sauf un : Bertrand Bonello. Son « Saint Laurent » est le plus beau des quatre, et pas seulement pour son art du costume. Explications.

(Crédit photo de couverture : Gaspard Ulliel dans « Saint Laurent » de Bertrand Bonello, 2014 - Photo IMAGO / Zuma Wire)

1. LES MARQUES

De Chanel et Saint Laurent, je garde de mon côté les figures, le parcours, l’esprit visionnaire et l’idée de ce qu’étaient la mode et la haute couture avant de devenir un commerce comme un autre : quelque chose qui a à voir avec l’artisanat, la passion, les savoir-faire.

C’est un amour du tissu, des matières et du vêtement que l’on partage du reste chez BonneGueule, à notre échelle. Bref, Chanel et Saint Laurent ont laissé une trace absolument majeure dans l’histoire de la mode, l’érigeant ainsi au rang d’art pas du tout mineur.

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©Michael Hardy/Daily Express/Hulton Archive/Getty Images

Gabrielle Coco Chanel, Paris 1963. (Michael Hardy/Daily Express/Hulton Archive/Getty Images)

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©John Downing/Getty Images

Yves Saint Laurent, Paris 1982. (John Downing/Getty Images)

Ce n’est pas le moindre des exploits qu’auront accompli ces deux-là. Chanel et Saint Laurent ont totalement bouleversé le champ de leur domaine d’expression : la mode. Que retenir de ces deux créateurs et de ce que sont devenues leurs maisons aujourd’hui ? Passé l’admiration, il faut se rendre à l’évidence : on a changé de monde.

Chanel

Que penser de Gabrielle « Coco » Chanel et de son héritage ? On a posé la question à Jennifer Bryan, la costumière des séries « Breaking Bad » et « Better Call Saul » - petit spoiler, on reviendra prochainement plus en détail avec elle sur les costumes de ces séries.

« Coco Chanel est une de mes créatrices de mode préférées. Je m’identifie personnellement à elle, notamment parce qu’il s’agit d’une femme et qu’elle a dû traverser toutes sortes d’épreuves à une époque où les couturiers étaient principalement des hommes. Étant une femme de couleur, je m’identifie à ses combats. Ou du moins j’y vois des parallèles, dans le fait d’essayer d’être vue et écoutée, de faire entendre sa voix et d’être reconnue pour ses compétences.

Chanel est donc une couturière qui compte pour moi parce qu’elle a brisé ce plafond de verre pour devenir une sorte d’impératrice du style. Elle l’est encore et le sera toujours. Tous ceux qui ont suivi et porté la maison Chanel depuis sont parvenus à maintenir cet héritage. »

Plus critique, notre rédactrice Nawal a un rapport très personnel à Chanel, qui remonte au début de l’adolescence. Elle raconte :

« Gabrielle « Coco » Chanel a sans aucun doute révolutionné la mode et le vestiaire féminin. Elle est à l’origine des tailleurs pantalon pour femme, qui font encore à ce jour partie de notre dressing - et qui sont d’ailleurs très tendance en ce moment. C'est vraiment une marque française emblématique. J’en retiens notamment la petite veste Chanel en tweed avec les gros boutons, le gros logo, mais surtout les sacs matelassés qui sont aujourd'hui des pièces iconiques, et qui font rêver beaucoup de femmes.

Pour moi, ça a longtemps représenté un idéal mode à atteindre. Depuis que j'ai 11 ou 12 ans (depuis que j’ai commencé à lire des magazines de mode, en fait), j'ai toujours rêvé d'avoir un sac Chanel. C'était une obsession totalement inabordable mais pour laquelle j'ai économisé mes deniers pendant plus d'une dizaine d'années. J'ai fini par réussir à m'offrir un sac Chanel à mes 30 ans, que j'ai acheté vintage. C'est un modèle qui s'appelle Diana et qui n'existe plus.

Circa 1986-1988, la grande époque de Karl Lagerfeld - qui est d’ailleurs mon époque Chanel préférée. C'est le chic à la française : des pièces iconiques et une créatrice qui a fait bouger beaucoup de choses, libéré la femme par le vêtement, mais qui avait aussi beaucoup de défauts.

Je trouve qu’elle avait parfois des discours assez restrictifs et contraignants, de ceux qui mettent la femme dans des cases. Je n’oublie pas également son passé trouble.

Chanel n'est pas une marque abordable, et ses prix sont encore plus exorbitants depuis le Covid. Si j'avais l'argent, je serais peut-être davantage cliente, mais plus en vintage puisque je n'aime pas du tout les propositions de la directrice artistique d’aujourd'hui, Virginie Viard. Je trouve ça horrible (j'ai le souvenir d'un legging argenté très laid lors d'un récent défilé), et ça devient de plus en plus difficile de retrouver l'ADN de la maison dans les dernières collections.

La seule catégorie dans laquelle on retrouve encore vraiment la patte Chanel selon moi, ce sont les accessoires : les sacs, les broches, les boucles d'oreilles. Mais sinon, je trouve que c'est une catastrophe. Quand c'était Karl Lagerfeld, c'était magique et l'héritage Chanel était là. Avec Virginie Viard, je trouve que ce n’est plus du tout le cas.

Comme beaucoup de marques de haute couture françaises qui font du prêt à porter, ce dernier est pensé pour vendre. Il n'y a plus rien d’inventé, on ne fait que recycler des choses déjà vues ici et là. On n'a plus d'avant-gardisme de ce côté-là, et je trouve ça vraiment dommage. »

Saint Laurent

Le phénomène décrit par Nawal se retrouve-t-il chez Saint Laurent ? En 2013, la rédaction de BonneGueule s’était penchée sur la marque YSL. L’article est toujours en ligne ici :

Quant à Nawal, elle confirme la tendance contemporaine, non sans dévoiler sa passion pour les vestes du maître de la mode française :

« Saint Laurent, j'adore ! La période années 70-80 en particulier. Il a inventé beaucoup de choses et réalisé d'innombrables créations emblématiques de la mode française. La robe Mondrian en 1965 était incroyable, pour ne citer que celle-ci. C’est une robe inspirée des toiles de l'artiste, tellement jolie avec ses couleurs primaires.

D’une manière générale, Yves Saint Laurent a inventé beaucoup de choses pour la femme. Le smoking féminin par exemple. Aujourd'hui encore, la veste de smoking Saint Laurent est LA veste emblématique : si l’on veut une veste de smoking parfaite, il faut aller chez Saint Laurent... même si bien sûr, tout le monde n'a pas 2200 euros à mettre dans une veste de smoking (et certainement pas moi !). La veste saharienne chez lui est tout aussi incroyable.

Le Saint Laurent d'aujourd'hui se distingue par un univers très moderne, très rock, avec des silhouettes filiformes et androgynes.

Je ne suis pas du tout cliente actuelle de la marque. En revanche, j'ai beaucoup de pièces Yves Saint Laurent vintage, de la fin des années 60 aux années 80. Je collectionne en particulier les vestes : j'en ai six ou sept. J'ai aussi un bracelet des années 80. Tout est vintage, rien ne m'a coûté très cher. J'ai trouvé la moins chère des pièces à 4 euros et la plus chère à 120 euros. C'est très raisonnable pour des vêtements de cette qualité et de ce couturier.

Ce que j’aime chez Saint Laurent, ce sont les imprimés un peu fous, les épaules surdimensionnées, les tailles étriquées, les gros boutons qui ressemblent à des bijoux, etc. Mais comme Chanel, c'est inabordable en termes de prix et depuis Heidi Slimane, c'est aussi plus slim et étriqué.

C'est une marque qui cible un certain type de femmes : des femmes très minces. Or de mon côté, j'ai des hanches. Même si j'avais l'argent pour, je ne crois pas que je pourrais m'habiller chez Saint Laurent. Je ne rentre tout simplement pas dans leur cible.

Par ailleurs, le travail actuel d’Anthony Vaccarello ne me parle pas vraiment. C'est même assez pénible. On pourrait très honnêtement trouver la même chose chez Zara. Si on prend les vêtements sans les podiums, on pourrait presque confondre les deux marques. Tout cela rejoint un peu ce que je pense de Chanel : il n'y a plus rien de vraiment nouveau.

Ceci dit, ça reste tout de même de belles maisons. Elles sont connues à l'internationale, c’est un patrimoine français et dans l'esprit des gens, cela restera ainsi pour toujours. Je regrette juste le choix des directeurs artistiques, qui ont une vision que je trouve moins cohérente que par le passé.

Pour l’anecdote, quand j'avais 12-13 ans et que je voulais m'acheter LE sac Chanel, il coûtait 1500 euros. Je m'en souviens car j'avais calculé le temps qu'il me faudrait pour économiser la somme avec mon argent de poche. Au final, je n'ai pu me l'acheter qu'à 30 ans. Or ce sac aujourd’hui coûte 7500 euros. Je n'aurais jamais mis ce prix-là dans un sac, d'où mon choix de me tourner vers de la seconde main !

Aujourd'hui, on ne paie pas tant le savoir-faire et les matières premières que le logo posé sur une pièce. Selon moi, on perd la vraie valeur des choses via ce type de maisons de luxe. Dans les faits, le public se tournera malheureusement moins vers des marques avec un vrai patrimoine, des pièces qui vont coûter 900 ou 1200 euros mais qui les vaudront vraiment, que vers des marques de luxe comme Chanel ou Saint Laurent. On paie juste le nom et le logo, plus que la vraie valeur du vêtement, du sac ou de l'accessoire. »

2. LES FILMS

Le travail de Chanel et de Saint Laurent hante régulièrement le cinéma. Le second a par exemple largement contribué au style inimitable de Catherine Deneuve dans ses films. Il existe aussi un grand nombre d’ouvrages et de documentaires sur leur travail et leur parcours. Mais de mon côté, je me suis surtout intéressé ici à quatre films de cinéma, qui racontent chacun à leur manière un peu de l’histoire de ces deux monstres de la mode et de leur vision du vêtement.

1. « Coco avant Chanel » (Anne Fontaine, 2009)

Comme son nom l’indique, le film d’Anne Fontaine s’attache à raconter les jeunes années de Gabrielle « Coco » Chanel au début des années 1900. On y découvre entre autres les obsessions et les prémices de ce qui va forger la légende de la créatrice : la libération du corps féminin via le vêtement, le confort, la mode masculine, les couleurs noires ou blanches, etc.

Pour le reste, c’est une aventure plutôt romantique et relativement académique dans son traitement et sa mise en scène. C’est-à-dire que c’est avant tout, pour moi, un film à voir pour les petites astuces et anecdotes de styliste et de couturière qu’il imagine.

 « Coco avant Chanel » s’inspire de L’Irrégulière d’Edmonde Charles-Roux. La créatrice est ici interprétée par la comédienne Audrey Tautou, elle-même égérie de la marque pour son célèbre parfum n°5.

Dans le film, son personnage est en devenir mais tout Coco Chanel est déjà là. À ce titre, les tenues sont passionnantes à voir, en pleine révolution des coupes et des genres. Certaines fonctionneraient probablement encore aujourd’hui.

La cinéaste Anne Fontaine imagine, par de petits détails, comment Gabrielle Chanel coupe, arrange ou détourne le vêtement homme et femme dans son vestiaire quotidien. Ces petites séquences de travail ou de vie pratique figurent parmi les moments les plus captivants du film.

La maison Chanel a ouvert les portes de ses archives pour le film et les costumes. La costumière en chef, Catherine Leterrier, s’est ainsi plongée dans les archives photo de la créatrice et de son époque pour en recréer les tenues possibles que l’on voit à l’image.

On le sait, certains points diffèrent de la réalité. Chanel aurait par exemple été familiarisée avec la matière tweed par le Duc de Westminster et non par son protecteur Etienne Balsan, comme le suggère « Coco avant Chanel ». Il n’en reste pas moins que les costumes sont crédibles et particulièrement intéressants.

2. « Coco Chanel et Igor Stravinsky » (Jan Kounen, 2009)

En 2009, « Coco avant Chanel » n’est pas le seul film autour de la créatrice de mode : Le réalisateur Jan Kounen, habituellement peu porté sur la dentelle, présente ainsi sa propre histoire, « Coco Chanel et Igor Stravinsky », inspiré d’un livre de Chris Greenhalgh qui prêterait à Gabrielle Chanel une liaison avec le compositeur Stravinsky.

Au casting : Mads Mikkelsen et Anna Mouglalis, elle aussi fan et égérie de la maison Chanel. Son personnage est très différent de celui incarné par Audrey Tautou : plus glamour, plus dur et calculateur.

À la différence de « Coco avant Chanel », on voit beaucoup moins Anna Mouglalis au travail sur le vêtement. Ce qu’elle renvoie ici, c’est un caractère bien trempé, celui d’une femme d’affaires aussi assurée et redoutable que très sollicitée.

Pourtant, entre les deux films, il s’agit bien de la même personne. On peut même dire que le film de Jan Kounen commence là où se termine celui d’Anne Fontaine. Entre-temps, Gabrielle « Coco » Chanel est devenue une couturière de renom : la légende est en marche.

Si le film de Jan Kounen peut laisser insensible, il étonne en revanche par sa relative sobriété. Les costumes façonnés par Chattoune et Fab sont très beaux, à commencer par ceux d’Anna Mouglalis. D’une manière générale, l’esthétique du film est particulièrement stylisée.

Ce qu’on voit à l’écran, c’est une sorte de défilé de mode du quotidien et pas mal de tenues de soirées : style années 20, très chic mais dans le même temps presque distant. Pour certains, « Coco Chanel et Igor Stravinsky » sera sans doute plus proche du magazine de mode animé que du cinéma : il lui manque peut-être la folie, la passion, le truc qui déraille et l’histoire du vêtement en train de se faire.

À l'instar de « Coco avant Chanel », les costumes du film ont bénéficié de l'accès aux archives Chanel. Karl Lagerfeld a aussi donné quelques conseils et prêté quelques vêtements d'époque. Le résultat est le fruit d'un travail qu'on imagine colossal. Il existe peu d'archives photographiques de Coco Chanel des années 1910-1920. Tout est donc interprété, de la manière la plus réaliste possible. Le jeu avec les couleurs noires et blanches est particulièrement signifiant ici :

Catherine Stravinsky à Coco Chanel, dans « Coco Chanel et Igor Stravinsky » :

« Vous n'aimez pas la couleur, Mademoiselle Chanel ? »

« Tant que c'est du noir ! »

3. « Yves Saint Laurent » (Jalil Lespert, 2014)

En 2014, Jalil Lespert réalise un film sur le créateur Yves Saint Laurent, avec l’aval du compagnon de toujours du maître de la mode : Pierre Bergé. Au casting : Pierre Niney, Guillaume Gallienne ou Charlotte Le Bon.

Yves Saint Laurent, le film, situe son action quelque part entre la fin des années 50 et la fin des années 70, et tourne principalement autour de la relation entre Saint Laurent et Pierre Bergé. On y croise entre autres la fameuse robe Mondrian évoquée par Nawal plus haut. Jalil Lespert a en effet eu accès pour son film aux archives et aux collections du maître. Côté costumes, le résultat est splendide. Mais rien d'autre ne dépasse véritablement du film selon moi.

Pour la petite histoire, Jalil Lespert est également acteur. Il joue notamment dans « Le Promeneur du Champ de Mars » de Robert Guédiguian en 2004, déjà évoqué dans un Bobine consacré aux Présidents de la République au cinéma :

4. « Saint Laurent » (Bertrand Bonello, 2014)

Quelques mois plus tard, le cinéaste Bertrand Bonello ajoute sa pierre à l’édifice. Son « Saint Laurent » tourne autour de la période 1967-1976. Certains y ont vu un petit quelque chose de « Violence et passion » de Luchino Visconti. D'autres, comme Pierre Bergé lui-même, ne peuvent tout simplement pas voir le film en peinture.

C'est que Bertrand Bonello a pris ses libertés avec le véritable Saint Laurent. De l'aveu même du cinéaste, son film s'efforce avant tout « d'être au plus proche, pour essayer de ressentir ». Il n'explique pas, il ressent. « Saint Laurent », le film, n'est donc pas tant un biopic qu'une œuvre qui tente de capturer quelque chose : un personnage complexe, passé au fil des ans du jour à la nuit. Le casting est cinq étoiles : Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Louis Garrel, Léa Seydoux ou bien encore Helmut Berger.

Avec peu de moyens et un accès bloqué aux archives et costumes Saint Laurent, l'équipe du film et sa costumière Anaïs Romand en particulier ont dû faire preuve d'inventivité et de ténacité. « Qu'il s'agisse de vrais ou faux Saint Laurent, ce n'est pas le plus important. Ce qui compte c'est le talent du cinéaste. » Indiquera-t-elle face aux critiques émises sur le film.

Sur ce point, le film de Bertrand Bonello témoigne d'une véritable patte de cinéma. La présence de Gaspard Ulliel y fait beaucoup. Celle d'Helmut Berger aussi. Des décors aux costumes, le film de Bonello a définitivement son ambiance à lui et elle reste longuement en tête, à l'image d'un parfum obsédant.

3. POURQUOI SAINT LAURENT PLUS QUE CHANEL AU CINEMA ?

Dans « Coco Chanel et Igor Stravinsky », le compositeur lance à la couturière : « Vous n'êtes pas une artiste Coco, mais une femme qui vend des tissus. ». La réplique est à la fois dure et injuste. Car Chanel comme Saint Laurent ont érigé la mode au rang d'art. Nul ne sait si on verra à nouveau de véritables artistes de cette trempe dans la mode. Mais c'est précisément ce trait de leur personnalité qui les rend aussi uniques.

Est-ce à dire que c'est ce que j'attendais de ressentir de leurs personnages incarnés au cinéma ? Oui, entre autres. Les biopics aussi bien ficelés soient-ils ne m'intéressent que lorsqu'ils vont plus loin que le documentaire, qu'on y découvre un point de vue personnel.

Au cinéma, il n'y a pas de doute : c'est le « Saint Laurent » de Bertrand Bonello qui capture le mieux et par des moyens cinématographiques toute la complexité de l'être, de l'artiste et de son histoire. Cette profondeur sublime tout ce qui a trait aux costumes, aux décors et aux vêtements.

De fait, le « Saint Laurent » de Bertrand Bonello a quelque chose de fascinant que les trois autres biopics n'ont pas : il est incroyablement vivant, peut-être justement parce qu'il dépasse le simple cadre de la reconstitution et qu'il est raconté par quelqu'un qui n'a pas de lien personnel particulier avec la mode ou avec Saint Laurent.

Malgré ses qualités, le film « Yves Saint Laurent » de Jalil Lespert ne permet pas vraiment de prolonger la réflexion sur la création et le vêtement. Il en va de même pour les deux films consacrés à Coco Chanel, davantage centrés sur les romances que sur le travail de couture et la création de vêtement. Très beaux mais trop sages ?

Tous ces films servent évidemment la cause du vêtement et des costumes au cinéma. Chacun à leur manière, ils éclairent aussi le parcours de Gabrielle Chanel et d'Yves Saint Laurent. Pourtant, on en vient presque à rêver d'un film de Bertrand Bonello sur Coco Chanel.

En attendant, voilà le tour de force accompli par le cinéaste et son acteur Gaspard Ulliel : leur film m'aura donné plus qu'aucun autre envie de me replonger dans la carrière et les vêtements d'un couturier.

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