Une année de montagnes russes - bilan 2022 (partie 1)

16 min

Une année de montagnes russes - bilan 2022 (partie 1)

16 min
Publié le : 31 janvier 2023Mis à jour le : 31 janvier 2023
bonne gueule

Voici la première partie de l'article bilan annuel de Benoît, cofondateur de BonneGueule. Les trois prochaines parties seront publiées mercredi, jeudi et vendredi - les liens seront à retrouver en bas de cet article.

Disclaimer : l'article bilan 2022 dépassait les 10 000 mots et c'est pour cela que nous avons décidé de le morceler en 4 parties. Vous vous apprêtez à lire la première. La deuxième partie est disponible ici, la troisième ici, et la quatrième juste là.

Vous pouvez aussi retrouver juste ici un épisode de notre podcast Parlons Vêtements dans lequel Florian, Kilian, Julien et moi-même donnons notre vision de l'année 2022 chez BonneGueule.

Le plus grand des voyages commence toujours par un simple pas.

Lao-Tseu

Je tiens à dédier cet article à Alex Dana, qui a insisté encore et encore pour que j’écrive cet article bilan, et qui m’a incroyablement soutenu dans cette année 2022 riche en émotions. Alex m’a d’ailleurs confié que c’était ces articles qui lui avaient donné envie de continuer à entreprendre quand il traversait quelques tumultes. Merci à lui.

Enfin, le voici, le retour de l’article “bilan et projets”, une longue tradition chez BonneGueule (allez voir les éditions 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 et 2020), qui n’a malheureusement pas pu se faire en 2021 (et j’explique pourquoi plus loin).

J’écris donc cet article à cœur ouvert pour :

  • faire vivre les valeurs de transparence, de bienveillance et d’entraide de BonneGueule,
  • apporter du soutien et de l’espoir à d’autres entrepreneurs et à toute personne qui traverse des épreuves
  • vous raconter honnêtement ce qu’on a traversé et vous donner plus de contexte
  • rattraper le manque de transparence qu’on aurait dû avoir en 2022

Pour me réimerger dans ce que j’ai vécu, j’écoute même ma playlist Spotify “titres préférées de 2022”.

C’est à la fois un article bilan, mais aussi une odyssée personnelle que vous vous apprêtez à lire, celle de mon année la plus intense et exigeante depuis les débuts de BonneGueule.

Il s’agit presque plus d’un journal personnel que d’un article purement business, mais j’espère que cela va vous parler.

Alors que je pensais écrire cet article sur un week-end, j’en ai finalement passé plusieurs, et ce qui devait être au départ un simple article bilan s’est transformé de manière inattendue en un projet d’écriture beaucoup plus important.

Tellement important qu’on va le publier en 4 parties.

Lisez bien ces articles, car à plusieurs moments, je vous sollicite pour avoir votre avis en commentaire.

Mesdames, messieurs, bienvenue pour la première partie de 2022, une année charnière dans l’histoire de BonneGueule.

Mais avant de rentrer dans le détail, voyons en priorité deux sujets sur lesquels on m’a beaucoup interrogé cette année : le départ de Geoffrey… et l’absence d’article bilan 2021.

Le retrait de Geoffrey de ses fonctions opérationnelles

C’est clairement l’un des évènements les plus marquants de 2022. Geoffrey a officiellement quitté ses fonctions de directeur général en avril 2022 mais il reste toujours actionnaire (donc en partie propriétaire) de l’entreprise.

A ce sujet, on a enregistré un podcast où Geoffrey raconte à cœur (très) ouvert les raisons de son départ, liées à son burn out.

Le voici :

Là où j’ai fait une erreur, c’est que je voulais attendre le recrutement de son remplaçant pour l’annoncer, et Geoffrey aussi, histoire de montrer que même s’il partait, il y avait des perspectives !

Sauf que je n’avais pas prévu que ce recrutement prendrait autant de temps, il est toujours en cours, ça a traîné… Conjuguez cela à mes soucis personnels de cet été que vous allez découvrir, cela a encore retardé la communication.

“L’après Geoffrey”

Alors, comment je l’ai vécu ce départ ?

Je pense pouvoir dire que cela s’est bien passé. En tout cas, en 2022. C’était plus difficile en 2021, où j’ai dû garder ce “secret” pendant quelques mois, faire comme si de rien n’était, et continuer à avancer. Mais dès que nous l’avons annoncé à l’équipe, ce fut un soulagement.

Pour rappel, Geoffrey me l’avait annoncé fin mai 2021, dans les meilleures conditions possibles (cf le podcast), j’avais donc eu le temps de me préparer à son départ dès début 2022.

J’ai toujours dit que je préférais un ami heureux qu’un associé malheureux, mais ce fut quand même une page à tourner, après 10 ans à travailler ensemble.

Il est clair que certaines choses dans le périmètre de Geoffrey allaient désormais reposer sur moi, j’allais devenir celui qui allait devoir arbitrer en fin de chaîne, une perspective qui m’a rendu excessivement nerveux à certains moments.

Mais j’avais (et j’ai toujours) la croyance que cela allait me faire énormément grandir, en me forçant à embrasser entièrement toutes mes responsabilités (la fameuse responsabilité absolue de Jocko Willink) et dépasser mes appréhensions pour progresser.

BonneGueule en live avec Benoît et Geoffrey – 18 mars 2020

On m’a souvent demandé si j’étais désormais tout seul aux manettes. Eh bien non, pas vraiment, et heureusement ! J’ai la chance d’avoir une équipe solide avec moi et sur laquelle je m’appuie largement.

On m’a aussi posé la question “mais pourquoi tu ne prends pas la place de Geoffrey ?” et la réponse est simple : ce n’est pas mon envie. Et ce n’est pas là où je suis le meilleur.

Bien sûr qu’en tant que plus gros actionnaire et président de BonneGueule j’ai mon mot à dire sur toutes les décisions stratégiques, mais je n’ai pas envie de mettre les mains dans le cambouis, ou plutôt, pas dans ce cambouis là.

Plutôt que de créer et de penser un dossier de financement, je préfère penser à une ligne outdoor par exemple. Au fit d’une chemise. A la fourche d’un pantalon. Au col d’un polo. Ou à une collaboration de sac à dos ;)

Mon truc à moi, c’est le produit et les contenus, et j’ai compris à la dure que j’avais tout intérêt, pour moi et pour l’entreprise, à capitaliser dessus plutôt qu’à essayer de combler mes faiblesses dans d’autres domaines.

Et je suis convaincu que recruter un dirigeant plus expérimenté pour remplacer Geoffrey me permettra d’en apprendre encore plus sur la direction d’une entreprise et de son management. C’est indéniablement une personne qui me fera progresser et passer à un niveau supérieur.

L’article bilan 2021 qui n’a jamais été publié

Là s’il n’a pas été publié, c’est entièrement ma responsabilité et ma faute, et non celles des équipes.

J’ai commencé à rédiger un long brouillon de 2000 mots, mais j’avais hésité à le publier notamment vis à vis de la situation de Geoffrey, car je me voyais mal publier cet article sans parler du départ de Geoffrey, départ qu’il ne voulait pas annoncer avant avril 2022.

Puis, je voulais le publier une fois que le recrutement du successeur de Geoffrey avait été trouvé, afin d’apporter des perspectives à notre communauté. Un recrutement qui n’est toujours pas finalisé, ce qui a décalé encore et encore sa publication, pour arriver finalement à l’été 2022, où ça n’avait plus vraiment de sens de le publier.

J’espère rattraper le coup avec ce généreux article bilan 2022 !

2022 en bref

Commençons par parler chiffres.

Cette année, nous avons eu un chiffre d’affaires de 9,2 m€ HT. C’est une “année record” : l’an dernier, nous avions eu un CA de 8,8 m€, et décembre 2022 fut notre meilleur mois depuis la création de BonneGueule.

Et pourtant… Ce n’est pas assez, nous avions un objectif de 11-12 m€ début 2022.

Avec 9,2 m€ de CA, nous n’avons pas encore retrouvé la rentabilité que nous avions avant le Covid, et j’espère de tout cœur qu’on y arrivera en 2023.

En effet, avoir une entreprise qui consomme plus de valeur qu’elle en crée m’est moralement très inconfortable. Je veux retrouver une entreprise saine et financièrement solide, tout simplement.

Alors que s’est-il passé ? Et comment on va retrouver le chemin de la rentabilité ? C’est ce qu’on va voir.

Un changement de prix obligatoire

Vous imaginez bien qu’avec un tel contexte, notre marge a pris un sacré coup sur la tête.

C’était très clair au fur et à mesure des reportings financiers : il y avait une érosion indéniable, qu’on a dû, à contrecœur, regarder en face et ajuster nos prix en conséquence.

J’explique tout ici :

Et vraiment, un immense merci pour votre soutien, les commentaires de cet article m’ont tellement réchauffé le cœur !

Bonne gueule

Merci pour vos commentaires si bienveillants.

De nombreuses perturbations dans nos productions

Quelle année compliquée !

C’est ma frustration la plus amère : on a pensé à plein de belles pièces mais qui sont arrivées beaucoup trop en retard.

Le cas de notre outerwear est rageant : nous avions prévu plusieurs nouveautés et au final, certaines vont arriver en janvier/février 2023 au lieu de l’hiver 2022 !

Attention : cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de manteaux actuellement ! Bien au contraire, mais les nouveautés ne sont pas complètement toutes arrivées.

Il y a certaines pièces estivales qu’on a reçues avec deux mois de retard, voire plus…

Dès mars 2022, je n’en peux plus, et j’en fais un article : Pourquoi nous avons du retard sur certaines livraisons.

Ce qui nous a amenés cette année à anticiper encore plus : par exemple, les commandes pour l’hiver 2023 sont en train d’être toutes passées. Et à prévoir de grosses marges de sécurité pour les livraisons, car on est toujours sur des délais tissus qui restent inhabituels. Là aussi, je ne vais pas trop m’étendre, et j’espère en dire plus quand la situation sera résolue.

Julien, notre chef de collection vous en parle dans le podcast bilan 2022 et on vous prépare un podcast spécifique à ce sujet pour février !

Côté boutiques…

2022 fut une sacrée année du côté de nos boutiques !

Puisqu’après Nantes et Lille, nous avons ouvert Rennes (qui s’est révélée être une excellente surprise), Strasbourg et Toulouse.

Parfois je lis des commentaires disant que l’ouverture de nos boutiques plombe la marge de nos vêtements, ou nous obligent à mettre un prix élevé pour les financer.

C’est en fait tout le contraire : à part une seule boutique (et dont je suis très confiant pour la suite), toutes nos boutiques ont une marge contributive positive, c’est-à-dire qu’elles sont largement rentables et s’autofinancent.

Kilian, notre directeur retail, détaille longuement cette partie là dans notre podcast bilan, je ne vais donc pas m’étendre plus que nécessaire sur cet article déjà bien fleuve !

Les changements dans l’équipe

En 2022, il n’y a pas seulement Geoffrey qui est parti.

Parmi les têtes visibles sur le média, il y a :

  • Christophe (j’en parle plus loin),
  • Nicolo, qui a souhaité goûter au grand frisson du freelance, mais que vous croiserez peut-être dans les commentaires, car on lui a commandé une petite mission de community management en ce début d’année,
  • David, qui est chef de projet communication digitale et marketing chez… De Bonne Facture, avec un périmètre vaste, qui va de l’expérience client à la création du contenus, en passant par du community management

Et dans mon périmètre très proche, il y a aussi eu un départ marquant, c’est celui de Bertrand. Vous l’avez peu vu, car il n’était pas présent dans nos contenus, mais il a eu un rôle, ou plutôt des rôles, absolument indispensables pendant son passage chez BonneGueule.

Il était entré chez nous en tant que directeur financier, puis il est devenu directeur des opérations (COO en anglais, à ne pas confondre avec CEO), puis enfin directeur général provisoire pour pallier le départ de Geoffrey. Il s’était vite révélé indispensable dans l’organisation de part sa capacité d’analyse et ses compétences managériales.

Bertrand a donc quitté l’entreprise début décembre 2022 pour un très heureux évènement familial afin d’avoir du temps pour en profiter, et ce, pendant un long moment !

Je profite donc de ce paragraphe pour remercier toutes ces personnes et tout ce qu’elles ont apporté à BonneGueule, avec une empreinte indéniable.

Bizarrement, à de rares exceptions, j’ai toujours bien vécu les départs de nos collaborateurs. Très souvent, c’est pour faire une montée dans leurs responsabilités, et élargir leurs compétences, et je suis fier que BonneGueule ait pu être une étape bénéfique dans leur parcours de vie.

Quand je vois les anciens qui passent parfois une tête lors de pots de départ, des relations d’amitié qui se nouent bien au-delà de leur passage chez BonneGueule, je me dis qu’ils ont construit bien plus qu’une ligne sur Linkedin dans leur carrière chez nous, et j’espère de tout cœur que c’est le cas pour toutes ces personnes.

étiquette brollab antoine giovanni

L'amitié entre Antoine et Giovanni a donné naissance à une collaboration sur une pièce. Une "Brollab", même.

Un management de transition en cours chez BonneGueule

En attendant que je finalise le recrutement de la personne qui va remplacer Geoffrey, nous sommes accompagnés au quotidien par Joëlle Pellegrin, qui est ce qu’on appelle “une manager de transition”.

Son rôle est de gérer l’entreprise pendant cette période de transition. Cela paraît simple dit comme ça, mais cela regroupe des sujets très importants.

Plus concrètement, elle doit assurer :

  • le pilotage de l’équipe managériale, où elle anime notre feuille de route 2023 et arbitre sur bons nombre de sujets qui concernent tous nos pôles.
  • le suivi des chantiers juridiques, financiers et RH : ça peut autant concerner un tableau de flux de trésorerie qu’un budget 2023, ou la supervision d’avenants à des contrats de travail.
  • la supervision de chantiers stratégiques, qui vont de notre collection 2023, de la tenue de notre marge brute, ou de la relation avec nos prestataires techniques.

Étant désormais le plus gros actionnaire de BonneGueule, elle échange avec moi sur tous ces sujets afin qu’on soit pleinement alignés sur les décisions à prendre.

Vous le devinez, c’est un rôle qui nécessite de solides compétences managériales et une longue expérience de direction, et c’est là aussi un profil auquel j’apprends énormément.

Joëlle a en effet été dirigeante de quatre marques/groupes dans sa carrière, sans compter ses expériences en marketing ou en retail. C’est bien plus que je le ferai dans ma carrière, elle a donc accumulé des réflexes, une résilience, un œil et une expérience qu’elle partage avec moi au quotidien.

Le changement de notre site

Oui, 2022, vous l’avez remarqué, on a changé de site : fini le média et l’eshop séparés, on fusionne tout, on rapproche l’éditorial de la marque.

Je ne vais pas vous mentir, ce changement a provoqué une vive réaction chez vous, et Samuel, un lecteur, m’a même envoyé un mail de 61 pages pour nous dire tout ce qui n’allait pas dans le nouveau site, en soulevant un tas de points pertinents.

Un article beaucoup plus conséquent (2000 mots déjà écrits) est prévu sur ce point.

Les premières alertes de 2022…

On sortait de 2021 en ayant fait une année plutôt correcte en termes de chiffre d’affaires, et la reprise était bien avancée.

Et pourtant, dès le mois de janvier 2022, quelque chose marchait moins bien, les ventes étaient plus “molles”, on faisait un peu de croissance, mais il fallait la chercher au forceps, et on était en-dessous de nos objectifs (variant entre -20% et -30%).

Il y a eu plusieurs facteurs :

  • des retards dans les réassorts de nos permanents,
  • il y avait encore une ambiance Covid, avec un trafic réduit dans nos boutiques… et sur l’eshop,
  • et un contexte macroéconomique qui commençait à être inflationniste, une guerre en Ukraine qui commençait tout juste,

Mais BonneGueule n’était pas la seule marque à avoir été touchée par cette année 2022 laborieuse : c’était le cas pour nombre de marques, et même celles qui avaient prévu une très forte croissance ont dû lutter pour gagner seulement quelques points de croissance cette année.

Moralement, les choses ont commencé à se compliquer pour moi, alors que je pense être quelqu’un de plutôt stable au quotidien.

C’est là qu’on va ouvrir une petite parenthèse.

Je me souviens d’un épisode marquant : fin février 2022, je suis à Tours, au cinéma avec mes amis de lycée, et pendant le film, j’ai une tâche de ma to-do liste qui “poppe” dans ma tête.

Et puis une autre, encore une, et ainsi de suite. Sans que je puisse arrêter quoique ce soit, et je me suis senti submergé et impuissant par tout ce que j’avais à faire, c’était très désagréable.

Troublé, en sortant de cette séance, je décide d’opérer quelques changements dans mon quotidien.

Et j’ai accueilli l’une de mes plus grandes leçons de vie de 2022 : à mesure que l’adversité augmente, la qualité de l’hygiène de vie doit augmenter aussi.

benoit neige team building.jpg

Une photo prise lors de notre Team Building, début mars 2022.

C’est donc à la suite de cet évènement que j’ai fait quelques changements, désespérement simples mais qui ont été efficaces mis bout à bout :

  • je suis devenu encore plus régulier au sport,
  • j’ai diminué encore plus fortement ma consommation d’alcool pour ne boire plus qu’une poignée de verres par mois,
  • je me suis supplémenté en magnésium, en vitamine D, et j’ai veillé à manger moult légumes et fruits (et suffisamment de protéines, bien sûr !)
  • je me suis rarement couché après 23h,
  • j’ai fait attention à me ménager des soirées au calme chez moi, ce qui m’a amené à décliner pas mal d’invitations…

Ce fut un moment pénible et douloureux, mais qui m’a permis de me sensibiliser sur le sujet ô combien tabou de la santé mentale, notamment quand les choses se compliquent : doutes, stress, anxiétés, angoisses, et dépression, d’autant plus que j’avais dans mes connaissances des entrepreneurs dont la santé mentale avait été grandement fragilisée par leur entreprise.

C’est un sujet que je me suis promis de ne plus prendre à la légère, et c’est à ce moment là que je tombe sur le livre d’Alexandre Dana : “Entreprendre et (surtout) être heureux”. On avait une relation cordiale depuis quelques années, mais 2022 aura été l’année où on est devenu amis.

Face à ce contexte entrepreneurial lourd, j’avais un petit oasis créatif : avec le compagnon de ma petite sœur, Kilian Arzel, je me suis mis à travailler sur le remix d’un morceau qui me tient très à cœur : Titanium de David Guetta, dans une vibe épique et orchestrale. J'ai un amour inconditionnel pour ce morceau, où Guetta est au sommet de son art, mais ce n'est pas le sujet…

Ces sessions dans ce studio étaient de vraies bouffées d’oxygène pour moi, et ce petit remix allait jouer un rôle de plus en plus important en 2022…

photo studio benoit

Une photo prise lors d'une session en studio.

…qui se sont malheureusement concrétisées

Fin mars, devant une croissance bien moins élevée que prévue, il fallait se rendre à l’évidence :

  • on ne serait pas rentable en 2022,
  • notre marge diminuerait car les coûts des matières premières augmenteraient mais pas nos prix
  • de nombreux retards de production mettraient d’autant plus de chiffre d’affaires en forte incertitude

En dehors de ça, on a aussi eu des changements importants dans l’équipe à ce moment là :

  • le départ de Geoffrey, évidemment, avec le recrutement de son successeur qui prenait plus de temps que prévu (et qu’on n’a pas encore trouvé),
  • le départ de notre directeur des boutiques, compétent et apprécié de tous, parti pour des raisons familiales (c’est Kilian qui le remplace brillamment aujourd’hui),
  • le départ de notre responsable financière, car son compagnon a été muté à l’étranger,
  • des recrutements qui ont tardé à se concrétiser du côté du pôle produit,

Bref, on a eu une organisation interne qui a été pas mal secouée en 2022, et ça a créé pas mal de points de frustrations et de frictions qu’il a fallu régler un à un.

Même Bertrand, qui s’était pourtant illustré par sa “robustesse” face aux crises et problèmes du quotidien, commençait à fatiguer.

En effet, il a eu un périmètre qui s’est brusquement élargi avec le départ notre ancien directeur boutique, Laurent, (qui a dû partir à (très gros) contrecœur pour des raisons personnelles) et le chantier du nouveau site qui fusionnait notre eshop et notre média.

La situation était donc franchement préoccupante. Mais toujours côté équipe, il y a eu une bonne nouvelle en avril 2022…

Le retour de Florian, 10 ans après…

…en qualité de directeur marketing/CMO.

Quelques mots sur ce changement d’organisation : à la base nous avions une responsable branding et une directrice digitale mais cette organisation ne marchait pas super bien. Elle créait trop de frictions entre ces deux pôles.

Alors, avec Bertrand, on a imaginé à la place une équipe marketing plus resserrée et simplifiée, où le branding et la partie e-shop seraient sous un seul et même responsable : le directeur marketing et de fusionner les deux pôles en un seul.

Florian, c’était l’un de nos tous premiers salariés, qui était là avec Geoffrey et moi dès le premier jour en 2012. C’est lui notamment qui a imaginé et monté notre service client qui a si bonne réputation.

Il était parti ensuite voguer vers de nouvelles aventures. Et finalement, il a décidé de revenir chez nous, avec toute son expérience acquise.

En tant que co-fondateur, c’est très rassurant pour moi d’avoir quelqu’un comme Florian à un poste aussi clé que la direction du marketing, car il connaît parfaitement les valeurs de BonneGueule et il en est un précieux gardien. Il saura pleinement les instiller à son équipe.

Restez connectés pour la suite

Voilà pour la partie très business de cet article, et vous pouvez vous arrêter ici si la “big picture” vous suffit.

Maintenant, on va entrer dans des sujets plus… personnels. Car ce que je veux donner avant tout, c’est un message d’espoir et, pourquoi pas, lever un tabou sur les doutes internes que peut traverser un entrepreneur.

Suite au prochain épisode !

Toujours ce problème de croissance…

Mais le vrai problème, c’est que même si on restait péniblement en croissance, notre masse salariale restait trop élevée par rapport à notre chiffre d’affaires.

On organise donc une réunion avec nos actionnaires pour leur expliquer la situation et trouver des solutions.

Je m’en souviens très bien, car on a pris des décisions lourdes de conséquences, dont certaines m’effrayaient franchement.

On voit également que la portion de personnes qui passent de notre média à l’e-shop est infime, et que si on arrivait ne serait-ce qu’à doubler ce chiffre, le gain de chiffre d’affaires serait bien significatif.

C’est ce qui m’a amené à prendre la décision qui a été la plus controversée de 2022 : revoir notre stratégie éditoriale et la recentrer sur notre marque.

Je suis sorti de cette intense réunion lessivé, et je me souviens d’avoir fait la seule chose qui pouvait me faire du bien dans ce genre de moment : mettre mes écouteurs, écouter mon remix de Titanium, enfiler une paire de baskets, un base layer en Polartec Power Grid et courir 10km au bord de la Seine face au soleil couchant.

(Et je me souviens m’être dit : “tiens, il faut que je pense à écrire ce moment dans l’article bilan”.)

Je savais que les prochains mois allaient être éreintants, mais pas forcément pour les raisons que j’avais imaginées…

benoit sommet randonnée

L'un des rares sommets que j'ai pu faire au printemps 2022 pour me détendre.

Faire face : le changement de stratégie éditoriale

Après le départ de Geoffrey, notre changement de prix, traitons d’un autre éléphant dans la pièce : le changement de stratégie éditoriale.

Il y avait deux constats à la base de ce changement :

  • ce problème de trafic et de croissance
  • et le fait que nombre de nos lecteurs ne savaient pas qu’on avait une marque de vêtement, d’autres ne comprenaient pas pourquoi il n’y avait pas les marques que nous citions dans nos colonnes dans nos boutiques,

Cette dernière réflexion m’était nourrie par une scène que j’avais vécue de nombreuses fois : spontanément, des personnes venaient me dire qu’elles adoraient BonneGueule (en soirée, en journée, dans la rue, dans des évènements pros, etc) mais quand je leur demandais si elles connaissaient l’existence de notre marque, la réponse était négative. Ça me rendait fou.

Et je pouvais le comprendre, car à l’époque, nous avions deux sites séparés : notre e-shop et notre média.

Je sais que pour les plus fidèles d’entre-vous, ce constat peut paraître dingue, surtout au vu des articles de présentation de nos vêtements régulièrement publiés, mais c’était une réalité.

Côté chiffres, je le redis, mais la proportion de trafic media vers l’e-shop était bien trop petite par rapport à notre trafic global, c’est pour cette raison que cela faisait depuis quelques années que Geoffrey songeait à fusionner les deux.

Mais ce n’était pas suffisant.

Je voulais un édito plus aligné avec notre marque, plus recentré, car je trouvais que sur nos vêtements, il y avait un formidable terrain d’expression qu’on n’explorait pas assez.

Et cela supposait de faire un changement majeur dans l’histoire de BonneGueule : mettre le pôle éditorial, qui était directement sous ma responsabilité, dans le pôle marketing.

Donc un pôle éditorial sous la responsabilité d’un “brand content manager” plutôt qu’un pur rédacteur-en-chef. Brand Content Manager qui est lui-même sous la responsabilité de Florian, notre directeur marketing.

Florian connaît parfaitement les valeurs BonneGueule (et les défend tout le temps) donc je pense que l’édito sera dans de bonnes mains.

Mais prendre cette décision en cachait une autre, qui m’a beaucoup angoissée la première fois que je l’ai regardée en face : si le pôle éditorial était sous la responsabilité d’un brand content manager, lui-même sous la responsabilité de Florian, et si je voulais un éditorial plus en raccord avec nos vêtements, la fonction de rédacteur-en-chef devenait donc caduque, et je devais donc envisager de me séparer de Christophe, avec qui j’avais d’excellentes relations de travail.

Honnêtement, ce fut l’une des décisions les plus douloureuses à prendre dans ma petite carrière d’entrepreneur. Car cela était un changement majeur dans le BonneGueule d’avant.

Une décision qui allait tourner dans ma tête quasiment tous les jours, de avril 2022 à octobre 2022 et je redoutais ce moment où j’allais devoir me décider pour de bon. Parce qu’à la fin, c’était à moi de décider et d’en porter la responsabilité.

Et le jour où j’ai dû l’annoncer à Christophe figure aisément dans mon top 3 des journées les plus difficiles de 2022.

Une décision qui continue parfois à revenir me hanter, cela serait mentir d’affirmer le contraire.

J’envie les entrepreneurs qui arrivent à prendre des décisions lourdes de conséquences sans ne jamais douter, sans jamais se dire “est-ce que j’ai vraiment pris la bonne décision ?”, sans se poser de questions.

Moi, ce n’est pas mon cas.

D’ailleurs, Christophe, qui a une très solide expérience managériale et dans le milieu des médias, songe à se reconvertir dans le coaching ou le “talent management”, n’hésitez pas à le contacter si cela peut vous intéresser !

Enfin, il y a une dernière raison pour laquelle je crois fort en ce changement d’organisation : je pense que j’ai été un mauvais N+1 concernant le pôle éditorial. Oui, vraiment.

Je pense que j’aurais dû imprimer une vision plus forte, plus claire, moins indécise et être plus présent aux côtés de Christophe.

Est-ce que ça veut dire que je ne veux plus toucher aux contenus ? Non, bien sûr que non ! Et j’en parle un peu plus tard dans l’article.

Et justement, abordons maintenant une question qui intéresse bon nombre d’entre-vous : quels contenus créer après un tel changement ? C’est ce que nous allons voir.

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