« Le Lion » : caban, chemise à carreaux et blouson en cuir suédé – Bobine

(Crédit photo de couverture : Philippe Katerine et Dany Boon, pour la présentation du film « Le Lion » au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez, 2020 - Photo Arnold Jerocki/Getty Images)

LE PITCH : DUO IMPROBABLE ET AFFAIRES D'ESPIONNAGE

Tout commence comme un film d'espionnage, piloté tambour battant par un Daniel Craig revisité à la française. Si l'Aston Martin s'est soudain transformée en Peugeot 504, le costume trois pièces est bien là, et plutôt ajusté, comme dans les films les plus récents de la saga James Bond. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

« Le Lion » est un nom de code et le personnage de Dany Boon un possible agent secret relégué en hôpital psychiatrique. Il est suivi par un médecin fantasque interprété par le chanteur et comédien Philippe Katerine.

Ils forment ensemble un duo improbable dont la mission va dans un premier temps consister à retrouver une jeune femme kidnappée : c'est la fiancée du psychiatre Katerine. À partir de là, tout s'enchaîne pour les deux compères. À un rythme effréné.

Le film de Ludovic Colbeau-Justin est un pastiche des films d'espionnage. On pense bien sûr à James Bond. On pense aussi au duo formé par Pierre Richard et Gérard Depardieu en 1981 dans « La Chèvre » de Francis Veber. Faire se rencontrer la star de « Bienvenue chez les Ch'tis » et l'inventeur du Mignonisme, il fallait y penser.

Il faut bien avouer que le film n'est ni un chef-d'œuvre de la comédie, ni même un franc succès commercial. Alors pourquoi nous pencher sur cette aventure en particulier ? Eh bien figurez-vous qu'à travers le prisme du vêtement, on découvre une histoire dans l'histoire et qu'elle mérite bien d'être racontée.   

CE QU'IL FAUT VOIR CÔTÉ STYLE…

C'est une des choses les plus amusantes à regarder dans « Le Lion » : le film est truffé de petites histoires plus ou moins anodines et explicites avec le vêtement. La plus notable, c'est la fausse boutique Prada créée pour les besoins du film dans le centre-ville de Pontoise, à la grande surprise des habitants. Mais ce n'est pas la seule.

De fait, l'un des premiers mouvements de Dany Boon une fois échappé de l'hôpital, c'est de retrouver son style. « Désolé, mais moi je ne m'habille pas chez Lidl ! » lance-t-il ainsi à son compagnon d'aventure. Détail étonnant : le fameux distributeur se lançait quelques mois après la sortie du film dans le vêtement, notamment avec des sneakers à 12,99 euros dont on parlait justement ici.

Si « Le Lion » est un pastiche, il invite aussi à redécouvrir à travers les tenues de ses personnages quelques légendes du style au cinéma.

Les costumes sont signés Laetitia Bouix, une habituée du cinéma et des costumes de Dany Boon, ci-dessus en photo aux côtés de Philippe Katerine. Parmi les marques mises à contribution dans « Le Lion », on peut signaler des marques plus ou moins luxe comme Azzaro, le tailleur parisien Society Room et des marques plus familières comme The Kooples ou Balibaris.

Sur le papier, rien qui ne corresponde véritablement à notre vision du style chez BonneGueule. Mais l'essentiel est ailleurs. Voici donc trois bonnes raisons de (re)voir « Le Lion » pour le vêtement :

1. DES OMBRES VESTIMENTAIRES, DU DUDE LEBOWSKI À JAMES BOND

Si vous avez l'habitude de regarder des films, il n'est pas impossible que certaines tenues du « Lion » vous rappellent d'autres personnages de cinéma, à commencer par le James Bond incarné par Daniel Craig. Benoît a étudié le style du personnage de long en large dans une vidéo spéciale et noté une propension à porter le costume de manière plus ajustée que de raisonnable.

C'est un choix volontaire chez Daniel Craig et une inspiration à peine cachée pour le personnage de Dany Boon. Vous pourrez donc vous amuser à noter les similitudes et les différences de style. Autre clin d'œil vestimentaire, peut-être pas volontaire : la tenue d'« interné » de Dany Boon.

Imaginez plutôt :un tee-shirt blanc à col V, une chemise à carreaux en probable flanelle, des baskets blanches et un jogging à cordon fluide. C'est possiblement un pyjama et c'est difficile de faire plus décontracté.

Autre surprise de taille : Dany Boon porte ici les cheveux longs, de manière nonchalante pour ne pas dire négligée. Cette décontraction stylistique peut éventuellement faire penser au Dude incarné par Jeff Bridges dans le film des frères Coen « The Big Lebowski » en 1998. Quant à la chemise à carreaux de Dany Boon, elle nous rappelle évidemment un sujet de style traité dans Panache :

2. UN ÉPISODE DE PANACHE REVU PAR DANY BOON

Et si on confiait les rênes de notre série Panache à Dany Boon ? Oubliez le fameux sketch du K-Way®, la vision du style de son personnage est ici très claire : « La discrétion, c'est pour les losers ! Il faut du panache, de la flamboyance ! ».

L'une de ses premières actions une fois libéré de sa chambre capitonnée, c'est donc d'emprunter la carte bancaire de son compère Philippe Katerine et d'entrer dans une boutique... Prada.

Il en ressort quelques minutes plus tard avec un nouveau look, les cheveux courts et une tenue complète : un blouson en cuir suédé camel, une chemise blanche, un pantalon ajusté gris, une ceinture et des boots habillées marron. Total : 2174 euros.

Si le montant vous paraît bien étrange, c'est qu'il y a peut-être un léger oubli sur la facture : un blouson en cuir chez Prada peut facilement coûter 3000 euros, et le montant annoncé par Dany Boon inclut vraisemblablement aussi un porte-cartes en cuir d'autruche fait main. C'est cadeau ! Mais est-ce vraiment raisonnable ?

Pas sûr que Jordan soit convaincu. En revanche, on devine chez cet étrange personnage d'agent secret une appétence particulière pour les marques et le luxe. Pour en savoir plus sur notre rapport aux marques, vous pouvez jeter un œil ici :

3. UNE INVITATION À REDÉCOUVRIR LE CABAN

On connaissait déjà la passion de Philippe Katerine pour les pulls Fair Isle. On découvre à travers « Le Lion » qu'il porte tout aussi bien le caban. Ici, c'est un modèle bleu marine à col moutonné qui vient très probablement de la marque Balibaris.

Parmi toutes les propositions de manteaux existantes sur le marché, le caban reste une valeur sûre de style, à la fois robuste et polyvalente. Chez BonneGueule, nous en avons même une version revisitée.

S'il est traditionnellement de couleur noire ou marine, on peut en trouver dans d'autres couleurs, comme par exemple chez S.E.H. Kelly : modèle superbe, toujours ici sur ma liste d'envies. Mais si jamais cette pièce ne vous inspire pas, vous trouverez bien d'autres inspirations de manteaux dans notre guide ici :

… POUR EN ÉLABORER DES TENUES INSPIRANTES

POUR MARCHER SUR LES PAS DE ROBERT REDFORD ET DE JACK NICHOLSON

On pourrait s'arrêter sur le blouson en cuir suédé de Dany Boon, mais à la vérité, David s'est déjà amusé à imaginer un certain nombre de tenues avec ce vêtement. Si vous avez loupé cet épisode, c'est ici :

On peut en revanche s'arrêter sur l'autre pièce du vestiaire masculin caractéristique du film : le caban. Au cinéma, il faut bien avouer que c'est une véritable histoire en soi : regardez par exemple Robert Redford dans « Les Trois jours du Condor » de Sidney Pollack ou Jack Nicholson dans « La Dernière corvée » de Hal Ashby, tous les deux en 1975.

Dans « Le Lion », Philippe Katerine ajoute modestement sa contribution, à travers une tenue très portée sur le bleu. Vous ne trouverez pas plus facile à exécuter : Une paire de bottines, un jean, une chemise grise ou bleu ciel et un caban bleu marine. Simple, efficace, et possiblement compatible avec la pratique du vélo. C'est LE repère de style du « Lion » : un film à voir autrement, en pensant comme ici au style et au vêtement.