(Crédit photo de couverture : David Bowie sur le tournage du clip « I’m Afraid of Americans », New York 1997 - Photo Mitchell Gerber/Corbis/VCG via Getty Images)

Au début des années 70, le psychédélisme fait désormais partie des meubles. De fait, il n'est pas rare de voir des musiciens d'horizons très différents porter des vêtements à caractère psychédéliques. C'est par exemple le cas des New-Yorkais du Velvet Underground. Ils sont habituellement peu portés sur les solos planants mais vous les trouverez ci-dessous habillés tout en couleurs acidulées et motifs psyché :

De notre côté de l'Atlantique, on trouvera quelques autres aventuriers du son, plus ou moins assidus du style vestimentaire psychédélique. À commencer par Serge Gainsbourg et David Bowie. Les deux artistes ont exploré bien des formes musicales et la mode les célèbre encore aujourd'hui régulièrement. Que nous apprennent-ils du motif psychédélique ?

À travers le parcours de style de ces deux icônes, une évidence se fait jour : s'il est encore aujourd’hui associé à une expérience plus ou moins hallucinogène, le motif psychédélique n'est pas pour autant qu'une histoire de drogues et d'acid-rock. Chacun peut même se l'approprier à sa manière, en toute sobriété.

« DANGER » : SERGE GAINSBOURG, L'ÉLÉGANCE POP À LA FRANÇAISE

C'est une affaire entendue : Serge Gainsbourg a révolutionné la chanson en français. Du classique au reggae, du jazz à la pop, sa musique s'est aussi teintée de nombreuses couleurs musicales. Mais ce n'est pas à proprement parler un adepte du psychédélisme. Certains vous diront qu'il y a du Pink Floyd dans son chef-d'œuvre « Melody Nelson ». Pourquoi pas.

On peut en revanche trouver dans sa discographie une compilation intitulée « Les Années psychédéliques : 1966 - 1971 ». Le morceau « Danger » se trouve à l'origine sur la bande originale du film « Cannabis » de Pierre Koralnik en 1970. Toute une époque... Serge Gainsbourg a toujours su capter à lui quelque chose de son temps, en musique comme dans les vêtements. C'est d'ailleurs une source d'inspiration chez nous, et notamment chez Benoit :

En matière de style, le Gainsbourg des années 60-70 est assez fascinant à observer. C'est aussi une de ses périodes les plus créatives. Il travaille notamment avec Brigitte Bardot et vous trouverez du motif psychédélique dans le clip de la chanson « Bonnie & Clyde ». Chez Gainsbourg, cela prend la forme d'une cravate. Chez Bardot d'un haut et d'une couleur orange très acidulée :

Au hasard des archives photographiques, il n'est pas rare de trouver plus d'audaces et de curiosités dans ses tenues. Regardez par exemple ce très beau cliché du couple Gainsbourg / Birkin par Giancarlo Botti en 1967 :

Cette année-là est un des temps forts du psychédélisme. Ici, Jane Birkin arbore une robe bleue voire violette à motifs. Serge Gainsbourg porte quant à lui des mocassins et un pantalon sombre, une chemise plutôt rose et un blazer de couleur similaire, parsemé de motifs psychédéliques. Le rose ici est osé. Mais cette tenue fait irrésistiblement mouche.

Ces créations sont vraisemblablement l'œuvre de Jean Bouquin. Pour la petite histoire, ce couturier est propulsé tailleur des stars des sixties après la visite de Brigitte Bardot dans son atelier boutique de Saint Tropez en 1964. On trouve chez lui des influences hippie, bohème et beaucoup de motifs psyché inspirés du Moyen Orient.

Si l'on s'habille ici et là psychédélique en France, le genre musical se trouve surtout chez le groupe Gong, une étrange communauté hippie formée autour de Daevid Allen, un ancien membre du Soft Machine de Kevin Ayers et Robert Wyatt.

Pour d'autres inspirations stylistiques avec Gainsbourg :

« I'M AFRAID OF AMERICANS » : DAVID BOWIE, L'EXPLORATEUR DE LA MODE ET LE COSTUME PAISLEY

À l'instar de Serge Gainsbourg, David Bowie n'est pas particulièrement réputé pour sa contribution au psychédélisme. Mais il a lui aussi exploré bien des genres musicaux (la pop, l'ambient, la jungle, etc.) et porté tout au long de sa carrière des vêtements plus ou moins incroyables.

Dans les années 60, certains membres du groupe anglais The Small Faces le considèrent comme faisant partie de la famille : Bowie s'habille comme les Mods et porte entre autres des chemises Paisley. Plus tard, lorsqu'il commence à créer ses personnages comme Ziggy Stardust, le motif devient parfois l'élément le plus rassurant de ses tenues. Pour preuve, cette combinaison ultra-psychédélique portée avec plateforme boots :

Mais c'est à la fin des années 90, sur le tournage du clip « I'm Afraid of Americans » qu'on trouve peut-être sa tenue avec motifs Paisley la plus séduisante. La chanson en elle-même n'est pas particulièrement psychédélique, mais regardez plutôt le look :

Si on regarde la tenue entière, on découvre :un ensemble de costume veste et pantalon à motif Paisley rouge, bleu et jaune, un col roulé jaune et une paire de souliers marron. Ce n'est pas la tenue la plus simple à porter. Mais il faut reconnaître que les correspondances de couleurs sont bien trouvées :

Si jamais tout cela vous paraît coïncider avec une sorte d'excentricité très britannique, une autre piste ci-dessous, chez l'auteur de « Making Plans For Nigel ». Le leader d'XTC Andy Partridge présente une tenue plus habillée que véritablement psychédélique. C'est une certaine image du gentleman anglais :

Le choix des matières en particulier est intéressant : probable blazer en tweed gris marron et pantalon en velours. Pour accompagner cet ensemble de caractère, il place un gilet et une chemise à motif Paisley. Les lunettes rondes rappellent John Lennon et ce qui semble être un chapeau melon conclut cet hommage à peine caché au style britannique.

En 1984, Andy Partridge rend un clin d'œil plus appuyé au psychédélisme à travers un projet musical baptisé The Dukes Of Stratosphear. Le motif Paisley est une des composantes essentielles des tenues du groupe, et les pochettes de disques s'inscrivent dans la tradition du genre :

Pour nos conseils sur les motifs en général :