Fers, patins, ressemelages : comment garder ses chaussures plus longtemps ?

11 min

Fers, patins, ressemelages : comment garder ses chaussures plus longtemps ?

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Publié le : 8 novembre 2017Mis à jour le : 25 avril 2018

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Élément central de tout bon dressing, les chaussures de ville réclament un entretien rigoureux et quotidien. Mais les mauvaises pratiques persistent et il nous arrive souvent de recevoir des appels à l’aide au sujet de souliers mal en point ou carrément en fin de vie.

Pourtant, quelques précautions pour les protéger, ainsi que des gestes simples, peuvent nous permettre de les conserver plus longtemps. C'est ce que l'on va voir ensemble aujourd'hui.

Disclaimer : soyezBCBG est une start-up spécialisée dans la cordonnerie et le pressing à domicile à Paris. Après le nettoyage à sec d'un costume, ils se penchent avec nous sur les bonnes pratiques à adopter avec ses souliers. Pour ce faire, ils nous ont ouvert les portes d'un de leurs artisans-cordonnier. La parole est à eux !

Une brève histoire des souliers

Loin de nous l’idée de vous faire une rétrospective ultra-détaillée de l’histoire de la chaussure ! Mais si les chaussures actuelles sont sans doute les plus abouties en termes de confort, des designs plus complexes sont passés par là avant.

À gauche, l'Areni-1, plus vieille chaussure en cuir découverte à ce jour. À droite, une boot Alden. Comment sommes-nous passés de l'une à l'autre ?

  • VIIIe - IIIe millénaire avant J-C : les premières chaussures en cuir voient le jour en Europe et en Asie, sur le modèle de la chaussure Areni-1, découverte en Arménie en 2008.
  • IIIe – IIe millénaire avant J-C : dans l’Égypte ancienne, les sandales sont désormais fabriquées à partir de cuir, de paille tressée, avec des lanières de feuilles de palmier ou de papyrus. Elles sont unisexes et signes de distinction sociale : les plus pauvres marchent pieds nus tandis que les riches arborent des sandales parfois recouvertes d’or. Les esclaves, eux, n'ont littéralement pas le droit de se chausser (sympa...).

Sandales en or de Toutankhamon.

  • Ve siècle avant J-C : la Grèce Antique voit l’apparition de sandales intégralement composées de cuir : semelle et courroies en cuir permettant le maintien de la sandale au pied. Les fameuses spartiates que l’on arbore toujours aujourd’hui !
  • Ve siècle : l’Empire Romain s’étend sur une multitude de régions et inclut autant de climats. Dans les régions les plus chaudes, les sandales romaines ne présentent pas d’évolution majeures par rapports aux grecques, si ce n’est parfois une débauche de luxe ?Certains Patriciens portent des semelles en argent ou en or massif !. Dans les régions froides de l’empire, les citoyens sont chaussés de bottes ou de chaussures fermées. Pour se délasser, tout ce petit monde porte des pantoufles.
  • Sous l’empire chrétien, les vêtements évoluent avec les mœurs. La morale chrétienne impose de ne plus dévoiler son corps. Les chaussures ne font pas exception et doivent désormais couvrir les pieds ?À problème extrême, mesure extrême !.
  • Au Moyen-Âge : les artisans du royaume de France s’approvisionnent en cuir à l’étranger. Ils utilisent notamment du cuir de chèvre de Cordoue en Espagne. Les utilisateurs de ce cuir sont désormais appelés « cordouannier » ou « cordouennier » ?Aaaaaaah !<br/>. À partir du XIe siècle, le soulier se répand, mais il faut attendre le XVe siècle pour que la chaussure en cuir détrône celle en bois.
  • XVe siècle : on mesure son rang social à la taille de ses souliers ! Les « poulaines » font fureurs et rivalisent d’originalité et de longueur.

Pensez-y la prochaine fois que vous regarderez Les Visiteurs...

  • XVIe siècle : la botte sort des champs de bataille et s’invite désormais dans les salons. Les bottines laissent parfois entrevoir la cheville - grosse libération des mœurs ! - et les cuissardes montent souvent jusqu’à la taille.
  • XVIIe siècle : empruntés aux bottes des cavaliers, les talons équipent désormais les bottines et les chaussures de ville. Les souliers s’affinent et les boucles et rubans apparaissent.

On reconnaît les jolies gambettes de Louis XIV. Pour la petite histoire, il aimait les talons hauts, jusqu'à une douzaine de centimètres.

  • XXe siècle : dans la première moitié du siècle, les chaussures et souliers se démocratisent à l’ensemble des classes sociales, même si le sabot reste porté dans certaines régions, notamment agricoles.
  • Dans la seconde moitié du siècle, l’essor de l’industrie de la mode ne laisse pas de côté la chaussure qui devient une icône à part entière. La production en séries et la distribution de masse uniformisent les styles et les tendances.

Il est intéressant de noter que la généralisation du soulier sous sa forme moderne reste finalement assez récente, il y a un siècle à peine !

Appliquer le principe de précaution

Des millénaires d’évolution ont permis d’arriver à la diversité des modèles, formes et couleurs que nous connaissons aujourd’hui. Alors s’il vous plaît, ne ruinez pas tout ! Avant de pouvoir porter vos chaussures préférées en toute sécurité, il sera nécessaire de vous rendre chez votre cordonnier pour qu'il leur administre les « premiers soins ».

Passage en revue...

Les patins anti-dérapants

Quel intérêt à poser un patin ?

La pose de patins est LA première opération à faire réaliser sur toute nouvelle paire de chaussure avec semelle en cuir. Elle permet avant tout d'éviter de glisser : la semelle d’une chaussure neuve est lisse, donc dérape sur une surface mouillée.

La seconde raison est de protéger vos chaussures de l’humidité et des infiltrations d’eau, donc d'une usure prématurée de la semelle. ?Vous le verrez dans la suite de l’article, le ressemelage est une opération longue et onéreuse.  Le patin a donc un véritable impact sur la durée de vie de vos précieux souliers et sur la santé de votre compte en banque !

Etape 1 : le marteau !

Pour éviter la déformation anormale de la chaussure ?Le patin ne bougera pas alors que le cuir, lui, se détend., on attend préférablement de l'avoir faite à son pied avant de poser un patin. C'est généralement l'affaire de 5 à 10 ports.

Contrairement aux idées reçues, ce n'est donc pas pour que la colle adhère mieux. Votre cordonnier devra dans tous les cas « gratter » votre semelle avec des outils et abrasifs spécialisés, afin d’assurer un collage idéal du patin. On parlera ici de verrage.

Grâce à cette presse, on maximise l'adhérence du patin.

Comment choisir son patin ?

Deux options s’offrent ensuite à vous : le patin classique dit "Topy" ?En référence à la marque le produisant. et le patin naturel dit "crêpe". Le premier est un peu moins cher mais le patin naturel est en revanche plus souple et plus esthétique.

Il faudra remplacer vos patins quand ceux-ci seront usés. La durée de vie d’un patin évoluera en fonction de la fréquence de port de vos chaussures. Le mot d’ordre est la pré-cau-tion : n’attendez donc pas d’avoir « attaqué » la semelle pour agir.

Un dernier conseil avant de confier vos chaussures à votre cordonnier : demandez-lui de vous montrer un exemple de pose de patin qu’il aura réalisé. S’il ne s’est pas contenté de coller le patin mais qu’il a pris le temps d’amincir celui-ci à la jointure avec la semelle, c’est qu’il sait ce qu’il fait !

Vous voyez que le bas du patin a été affiné, il n'y a pas de démarcation d'épaisseur avec la semelle.

Les fers, quasi indissociables des patins

La plupart des cordonniers recommandent la pose de fers en même temps que celle des patins. Tout d’abord car il est beaucoup plus pratique de réaliser ces deux opérations conjointement, mais surtout pour le bien de vos souliers.

Les fers sont le premier rempart contre les frottements, coups et impacts en tout genre que subissent vos chaussures au quotidien.

Là encore, deux types de produits s’offrent à vous :

  • Les "fers haricots", qui sont fixés par-dessus le patin et qui ajoutent ainsi une légère surépaisseur à votre semelle. Une solution peu couteuse mais qui pourra gêner la démarche de certains.
  • Les fers encastrés qui - comme leur nom l’indique – sont encastrés et vissés dans la semelle, n’ajoutant donc pas d'épaisseur supplémentaire. Ils seront plus résistants et plus esthétiques. Un prix un peu plus élevé aussi, du fait du temps de travail pour votre cordonnier.

Chez soyezBCBG, pas de débat : les fers encastrés font l’unanimité ! Le cordonnier utilise au départ un marteau pour effectuer des "pré-trous" afin de faciliter la pose. Ensuite, celui-ci va utiliser un tournevis pour insérer les vis en laiton.

Les talons, à ne pas négliger !

Le terme « talon » est un terme générique, souvent mal utilisé car il peut désigner deux choses :

  • le bloc talon : on parle ici du talon dans sa globalité, composé de plusieurs couches dont la dernière est appelée « bonbout »,
  • le bonbout : il s’agit de la dernière strate du talon, en contact avec le sol, qui sert donc à protéger les autres couches.

C’est au bonbout que nous nous intéresserons tout d’abord. Si l’on voit de plus en plus se développer la pose systématique d’un bonbout en caoutchouc ou demi-caoutchouc sur les chaussures neuves, certaines d’entre elles sont encore vendues avec un bonbout en cuir.

Sur le même principe que pour le patin, il vous faudra faire appel à votre cordonnier afin qu’il remplace celui-ci par un bonbout en caoutchouc. Cela vous évitera les mêmes désagréments qu’avec une semelle neuve : glissades, humidité et agressions diverses.

La pose d’un bonbout est une opération rapide et peu onéreuse qui, si elle est renouvelée régulièrement, vous évitera de changer l’ensemble du bloc talon ?On y reviendra plus bas..

Si malgré nos conseils, vous avez un peu trop attendu et que la strate suivante de votre talon est déjà abimée, votre cordonnier peut encore vous sauver. Il lui suffira de poser une ou deux redresses afin d’obtenir une surface plane, indispensable à la pose d’un nouveau bonbout.

Le glissoir

Le glissoir est la pièce de cuir située à l’arrière de la chaussure, à l’intérieur. En contact avec votre talon, elle est donc soumise à des frottements continus. Qui dit frottements dit usure : du glissoir en premier lieu, puis de votre pied !

Pour éviter de devoir porter des doubles peaux, nous vous invitons à passer par la case cordonnier dès l’apparition d’une usure de votre glissoir. Votre artisan saura trouver un cuir d’une couleur similaire au cuir originel et vous le remplacera en quelques jours.

Vous verrez : enfiler des souliers avec un nouveau glissoir, c’est (presque) comme enfiler des souliers neufs. (Crédits : Blog Jacques et Déméter)

De l'art de bien entretenir des souliers

La manière dont vous portez vos chaussures, de même que le soin que vous leur apportez, a une énorme influence sur leur santé et leur durée de vie.

Nettoyer les souliers, nourrir le cuir, bonnes pratiques (embauchoirs, ports alternés, etc.)... On vous dit tout ici !

Zoom : l'importance du cirage

On ne le dira jamais assez : cirer vos souliers régulièrement allonge leur durée de vie. La fréquence entre deux cirages dépendra de votre fréquence d’utilisation mais nous recommandons habituellement de le faire au moins une fois par mois, sur des chaussures décrassées, nettoyées, nourries, protégées et lustrées.

On distingue deux types de produits :

  • la pâte de cirage, produit le plus "commun", qui "maquille" et nourrit,
  • la crème surfine qui, tout en nourrissant, permet de jouer davantage sur la couleur du cuir.

Attention, les crèmes incolores sont bien pratiques pour entretenir certaines couleurs claires ou zones patinées, mais elles tendant à modifier l'aspect des cuirs et à les blanchir petit à petit.

Par ailleurs, on choisit généralement une teinte "un cran plus sombre" que la couleur réelle du cuir, pour conserver un rendu homogène et éviter d'avoir des zones plus claires que d'autres.

On ne conserve jamais un cuir dans un aspect identique à l'original, surtout pour la couleur. Les cirages successifs ainsi que les ports et l'usure font évoluer la teinte... Et c'est justement ça qu'on appelle à l'origine "la patine" !

N'hésitez pas à tester différentes teintes, à les combiner, à les appliquer différemment sur différentes parties de la chaussure... Les cirages n'ont de toutes façon pas d'effet permanent à court et moyen terme. Si vous êtes frileux à l'idée de mettre les mains dans le cambouis, vous pouvez aussi les laisser entre les mains de votre cordonnier qui pourra se charger du cirage / glaçage.

Une seconde vie pour vos souliers

Les premiers signes de vieillesses apparaissent sur vos chaussures préférées ? Un accident malencontreux leur a fait subir de profondes cicatrices ? Il n’est peut-être pas trop tard ! Votre cordonnier a les moyens de panser les plaies les plus graves, voire de ressusciter des souliers en fin de vie.

Focus sur les interventions de la dernière chance les plus courantes.

Le grand nettoyage

Vos souliers subissent parfois des dommages apparemment irréversibles : tache de gras, de fruits rouges ?Si, si, ça peut arriver !, de graisse de moto, tache suite au frottement avec un jean brut, etc... Vous aurez beau frotter, nettoyer, cirer… rien n’y fera !

Tout n’est pas perdu, votre artisan cordonnier peut sauver vos chaussures en réalisant un nettoyage profond du cuir. A l’aide de produits adaptés à chaque type de tache, de technique et de beaucoup de patience, celui-ci pourra souvent venir à bous de la saleté la plus tenace.

Attention, l'opération est assez agressive avec le cuir. À réserver en dernier recours !

De 25 à 45 euros suivant la nature des taches, il faudra patienter quelques jours car les temps de repos sont assez long entre deux traitements. Un bon cordonnier vous rendra des chaussures qu’il aura cirées après leur nettoyage.

Changer de couleur avec la patine

Vos souliers ont bien vécu et les cirages successifs semblent moins efficaces qu’avant ? Vous vous êtes tout simplement lassés de leur couleur d’origine ? Au contraire, le temps a assombri leur teinte ? Vous pouvez demander à votre cordonnier de réaliser une nouvelle patine sur votre paire préférée.

On parle ici d’une patine artificielle qui consiste à donner une nouvelle teinte à votre paire de chaussures. Pour faire simple : votre cuir est décapé, teint et nuancé (voire dessiné) pour en transformer l’aspect. Même si le jeu en vaut la chandelle, l'opération fragilise le cuir. Il faut donc le faire en connaissance de cause.

Le champ des possibles est quasiment infini, mais gardez en tête qu’il est très compliqué et parfois impossible de passer d’une teinte sombre à une plus claire.

Réaliser une belle patine demande du savoir-faire et beaucoup d’expérience. C’est une opération réalisée entièrement à la main qui demande entre 7 et 10 jours de travail à votre artisan. Les prix débuteront aux alentours de 60€ pour une patine simple et pourront dépasser les 100€ si vous cherchez l’originalité

pli d'aisance JM Legazel

Si vous souhaitez en savoir plus sur la patine, c'est par ici !

Poser un nouveau bloc talon

Nous vous parlions du bloc talon en début d'article. Il se peut qu’avec l’âge, celui-ci commence à montrer des signes de faiblesse et se décroche progressivement de la semelle. Vous pouvez également ne pas avoir suivi nos précédents conseils et avoir oublié de changer les bonbouts de vos chaussures, qui se seront ainsi usés jusqu’au point de non-retour…

Quelle qu’en soit la raison, l’usure de vos blocs talons ne signifie pas la fin de vos précieux souliers. Votre artisan cordonnier pourra les remplacer par des blocs neufs qu’il saura tailler à la forme de votre semelle, et colorer selon la teinte de votre cuir.

Grâce au pinceau, le cordonnier harmonise la couleur du bloc talon avec celle du soulier. Le changement est une opération relativement simple à réaliser mais consommatrice de temps. Un bon cordonnier vous en demandera entre 55 et 75 euros et aura besoin de 2 à 4 jours de délai suivant la nature du talon.

Le fameux ressemelage

Ultime réparation qu’un cordonnier pourra réaliser pour redonner vie à des souliers fatigués, le ressemelage consiste – comme son nom l’indique – à remplacer entièrement les semelles usées par des semelles neuves.

Comment savoir si votre paire nécessite un ressemelage ? Voici quelques symptômes qui vous mettront la puce à l’oreille :

  • fil de montage rompu - souvent dû à l’absence ou à l’usure avancée de patins, voire à un graissage insuffisant du fil de montage,
  • semelle qui baille à l’avant – version exacerbée du symptôme précédent, qui peut également à apparaitre si vos fers sont usés ou aux abonnés absents,
  • trou dans la semelle – ici aussi, l’absence ou l’usure avancée de patins est en cause.

On comptera entre 110 et 160€ suivent le montage de vos chaussures. Ce tarif inclura le changement des bonbouts. Votre cordonnier pourra parfois vous proposer de ne changer que la demi-semelle, s’il estime que la partie sous le bloc talon peut encore tenir le coup. L’addition en sera allégée.

Le changement s'impose ! Sept à dix jours seront nécessaires pour un travail bien effectué.

Le mot de la fin...

L'histoire des souliers est presque aussi ancienne que celle de l'Homme. Pourtant, ce n'est que depuis le début du siècle dernier que la chaussure en cuir supplante définitivement celle en bois. Le prêt-à-porter, apparu une cinquantaine d'années plus tard, a contribué à uniformiser les styles et les tendances.

Lors de l'achat d'une nouvelle paire, quelques précautions permettent de la garder plus longtemps, de la pose du patin et des fers au bonbout du talon. Ensuite, ce sera à vous de jouer ! De petites habitudes et un entretien régulier maximiseront leur durée de vie.

Enfin, en cas de gros soucis, votre cordonnier n'est jamais bien loin. De bons souliers se réparent, alors demandez conseil à votre artisan avant de les remplacer !

Pour aller plus loin sur le sujet, n'hésitez pas à (re)lire nos articles sur l'entretien des souliers ainsi que notre interview d'artisans cordonniers.

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