Les pépites de la rédaction #05 – Jordan

7 min

Les pépites de la rédaction #05 – Jordan

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Publié le : 3 février 2019Mis à jour le : 9 mai 2019

Après les superbes sélections de BenoîtDavidNicolò et Michel, voici venue l'heure de vous montrer quelques pépites de ma besace.

Une pépite, c'est bien sûr la pièce qui provoque le grand frisson, comme dirait Benoît. Celle dont on n'a pas besoin mais qui vous rappelle pourquoi vous aimez tant les fringues. La bouche bée, devant l'écran comme un chien d'arrêt devant le gibier. Vous avez tapé vos cordonnées bancaires sans vous en rendre compte. La sonnette retentit. C'est le livreur.

Mais la pépite, cela peut aussi être la pièce qui manque à votre garde-robe. Plus pragmatique mais puissant aussi. La pièce qui répond à une fonction précise, dans la coupe qui convient, la couleur et la matière adéquates, avec le joli twist.

Et parfois même, c'est les deux. Et là, c'est magnifique. Mais ça n'arrive pas souvent.

Alors voyons ces pépites. Je vous laisse deviner à quelle(s) catégorie(s) elles appartiennent.

Ce henley de chez Hemen Biarritz

Pourquoi Hemen Biarritz ?

Pour pas mal de raisons.

"Hemen" signifie "ici" en langue basque. C'est dire l'attachement de ses trois co-fondateurs à Biarritz et à sa région, où ils vivent et créent. Deux d'entre eux s'occupent à temps plein de la marque : Marie Guyot et Emmanuel Mouazan ; le dernier associé étant Vincent Lasserre, expert en pièces vintage.

Et j'ai eu la chance de rencontrer Marie et de comprendre la philosophie de la marque.

Ainsi, j'ai découvert son attachement à la slow fashion ?Que l'on oppose à la <em>fast fashion</em>. La <em>slow fashion</em> désigne les entreprises de mode qui privilégient les circuits courts, l'éthique, le consommer moins mais mieux. qu'elle synthétise dans cette phrase : "faire du beau avec du propre en proposant des produits de qualité fabriqués pour durer."

Et ça, chez BonneGueule, on apprécie particulièrement !

Hemen, c'est une marque qui valorise la proximité :

  • Celle avec client : c'est Marie qui se cache derrière le service client de la boutique en ligne.
  • Et celle avec les fournisseurs et fabricants : le Portugal étant proche du Pays-Basque, c'était le lieu parfait pour faire produire leur collection. Le tricotage de la matière, la confection du vêtement, tout est fait là-bas. Et puis, quand c'est proche, on peut s'y rendre plus facilement, cela facilite les relations professionnelles.

Pour finir, la marque n'emploie que des cotons bio certifiés GOTS et dispose du label OEKO TEX.

Hemen fait les choses bien.

Pourquoi ce henley ?

henley col trois boutons

Zoom sur le col.

C'est d'abord un henley que je cherchais. J'étais déjà convaincu qu'une telle pièce ferait du bien à ma garde-robe mais ce n'était pas une priorité. Seulement, quand j'ai écrit l'article sur comment choisir et porter le henley, l'impatience d'un coup est devenue trop grande. Il m'en fallait un.

Je porte beaucoup de t-shirts en été. Mais blancs et plutôt sous des chemises légères, elles-mêmes rentrées dans le pantalon et ouvertes jusqu'au nombril ou bien le t-shirt sous un gilet workwear ou une veste. Comme la base d'une tenue plus élaborée, donc.

Donc, pour l'hiver, il me fallait la même chose en plus chaud. Alors oui, j'ai bien des chemises qui font l'affaire, mais certains jours on se sent plus l'âme d'un rebelle du far west.

Je n'avais pas besoin d'une texture particulièrement expressive. Je voulais quelque chose de simple, de bien coupé, sans excès de matière, mais confortable, avec un peu de personnalité. C'est exactement ce que j'ai trouvé dans ce henley (notamment avec ce liseré rouge qui fait penser au selvedge, rapprochant encore la pièce de son univers workwear).

Pour la couleur, un écru paraît plus naturel, plus authentique, vintage qu'un blanc immaculé qui va mieux pour une chemise formelle habillée, je trouve. Et puis, cette couleur cassée permet de faire un pont plus doux avec des teintes olive et marron par exemple.

Bref, une pièce addictive.

henley veste workwear motif gilet

Un puits de lumière bienvenu. Un esprit workwear. Le premier bouton ouvert pour ne pas faire trop engoncé.

Ce pantalon habillé de chez Scavini

Pourquoi Scavini ?

Un pantalon adapté à sa morphologie, c'est difficile à trouver. J'ai d'ailleurs récemment consacré deux articles à propos de pantalon : un premier sur la bonne longueur à adopter, un second sur le positionnement de celui-ci sur votre taille.

Scavini est un tailleur renommé dans le bespoke et la demi-mesure. Il a choisi d'employer son savoir faire dans le développement d'une gamme de pantalons. Ça pique la curiosité quand même, non ? Parce que là, c'est bien de prêt-à-porter dont on parle, mais avec l'habileté d'un tailleur, pour toucher une toute nouvelle clientèle.

L'intérêt principal de cette gamme de pantalons, c'est la diversité des coupes proposées. Quentin Dupont-Rougier, qui m'a accueilli, m'a raconté comment certains de ses clients étaient devenus des inconditionnels de telle ou telle coupe, quand d'autres pouvaient toutes les porter sans distinction.

Pour répondre de façon pragmatique à la question "Pourquoi cette marque ?", je dirais simplement : parce que je suis exigeant sur la coupe de mes pantalons et que Scavini en propose des différentes de ce qu'on peut trouver dans le prêt-à-porter, bien travaillées et des produits bien finis. J'étais donc sûr de trouver ce que je cherchais.

Pourquoi ce pantalon ?

C'est la coupe S3 que j'ai choisie, la plus "pittiesque" il faut bien le dire : pinces, un peu d'ampleur de jambes et taille haute. C'est la taille haute surtout que je recherchais, parce que j'ai les jambes un peu courtes et qu'il faut les rallonger pour donner à mes silhouettes un peu de hauteur. La ceinture de ce pantalon arrive quelque part pas loin du nombril et c'est ce qu'il me fallait.

Toujours dans un souci d'élancement de la silhouette, je l'ai fait couper court.

coupe devant côté derbys noirs pinces

Voilà. Pour apprécier la coupe.

Un pantalon gris ardoise est utile dans un vestiaire. Il va avec tous les bleus même les plus sombres, avec le noir de certaines de mes chaussures, avec d'autres gris (des clairs ou bien des foncés), avec des marron aussi, tous les marron, les camel surtout !, et les beige aussi, les blancs cassés, les... Mais je m'arrête ici car ce gris va avec tout. Mais vraiment tout.

Pensez à une couleur... Allez-y... C'est bien ce que je pensais... il va avec.

chevrons gris flanelle

Zoom sur la matière. Vous le voyez cet aspect inégal dans un gris ardoise élégant. C'est le genre de motif discret, facile à porter, qui me botte.

Les pinces donnent le charme que j'aime, le côté un brin désuet qui, si vous le portez avec une simple chemise, un pull col rond ou tout ce qui est simple, donne invariablement un petit quelque chose en plus, du charme oui, c'est bien ça.

La main ensuite m'a séduit par sa douceur, c'est aussi bête que ça. Se vêtir d'un pantalon doux le matin, c'est quand même plus agréable pour des raisons évidentes : se sentir aimé d'abord, et puis parce qu'il faut prendre soin de ses jambes. Comme on dit : "qui veut voyager loin ménage sa monture".

Et puis, en plus de la douceur, il y a ce chevron lumineux beau comme un parquet parisien, apportant du relief à toute tenue.

À propos des finitions, la ceinture sous les mains est robuste, pas de passants, mais des ajusteurs sur les hanches et puis, des boutons à l'intérieur de la ceinture pour ceux qui veulent mettre des bretelles.

Ce gilet de chez ( L'Egoïste )

Pourquoi ( L'Egoïste ) ?

Je suis allé voir Jean-Bernardin Giacinti, dans sa boutique de Saint Germain, rive gauche à Paris. De la rue, alors que je m'avance, j'aperçois la vitrine intrigante. Jean m'accueille avec simplicité et chaleur. J'ai déjà l'œil qui frise et traîne sur tous les vêtements qui s'étalent sur les murs, les meubles en bois, les étagères. Partout. Ça me fait penser à une friperie sans l'odeur de vieux, un cabinet de curiosité. C'est en tout cas un espace dans lequel on se sent bien et tout de suite.

Nous discutons. Jean me raconte son parcours personnel : d'abord photographe de mode puis gérant de sa boutique multi-marque. Et puis un jour, il rencontre Stéphane Gaffino, découvre là ( L'Egoïste ) et naturellement s'engage avec lui. Jean est un passionné, il vient de faire la rencontre d'un autre passionné, un doux-dingue de la sape qu'il ne veut pas perdre de vue : les vêtements de la marque parlent trop à Jean pour laisser filer cette opportunité.

Il dédie donc son magasin à la marque.

Jean m'explique que ( L'Egoïste ) trouve ses racines à Biarritz, que le créateur a fait ses armes chez Façonnable et s'en est émancipé pour pouvoir s'accomplir personnellement et professionnellement dans un projet indépendant qui lui ressemble.

voiture course rouge côte deux hommes

Photographie issue du compte Instagram de la marque.

Les influences de Stéphane sont l'americana, le vintage, le militaire, le workwear, le vestiaire loubard de l'Angleterre avec ses tweeds lourds et ses flanelles, mais aussi la mer, la côte, la houle et le soleil.

Quand j'ai connu ( L'Egoïste ), il n'y avait que très peu de pièces mais elles étaient déjà remarquables (je me rappelle un gilet et veste assortis dans un coton camouflage). Aujourd'hui, c'est un vestiaire complet, atypique et beau, et Stéphane ne compte pas s'arrêter là.

Avec Jean, on parle d'Instagram, de développement de marque et des temps qui changent. Il me dit que, concernant ( L'Egoïste ), ils ne forcent le destin. Ils se préoccupent de concevoir de beaux produits, dans de belles matières, dans le genre de ceux qu'ils voudraient porter, et dont parlent ceux qui sont, comme eux, sincères dans leur attachement à la marque et au produit.

J'ai été sensible à la franche camaraderie qui se dégage des lookbooks de la marque, je le sais à la manière dont Jean me parle de ces shooting, moments où il peut à nouveau sortir son appareil photo.

Une marque à surveiller de près.

Pourquoi ce gilet ?

gilet patchwork gris flanelle

Photos prises dans la boutique de Jean.

Plus je parcourais l'e-shop de la marque, plus je me disais : "c'est sûr, ils font fabriquer en Asie !".

Perdu. C'est au Portugal et en Italie que la marque fabrique. Ce qui me fait dire, au vu des constructions, finitions et tissus utilisés ?Il y a même un gilet fait d'un patchwork de toiles de tentes de l'armée américaine chinées par le créateur. que la marque ne marge pas beaucoup et que les prix sont justes toute l'année. ?D'ailleurs, ils ne font pas de soldes, sauf pour liquider certaines références anciennes et se dégager du stock disponible.

Le gilet est emblématique de l'esprit de la marque. Il n'est pas si commun que ça sur le marché. À tort car c'est une pièce ludique et pratique pour qui veut lui laisser une chance. ( L'Egoïste ) a tant de modèles de gilets différents, c'est la caverne d'Ali Baba pour ceux qui aiment en porter. Jean m'a d'ailleurs mis en garde : "Attention, c'est hautement addictif !"

Celui que j'ai choisi est composé de flanelle. C'est un patchwork de nuances de gris qui m'a séduit par l'asymétrie maîtrisée qu'il propose. On a l'impression d'un gilet qu'on a rapiécé au fil du temps avec des flanelles différentes. D'ailleurs, Jean m'a montré un gilet qu'un client avait voulu customiser avec un tissu typique d'Inde (rapporté de voyage). Et cette envie de ce client me paraît légitime et naturelle : on a envie de s'approprier ces vêtements, c'est vrai. Sans concession.

gilet patchwork gris flanelle

Un zoom pas désagréable.

gilet patchwork gris flanelle

L'intérieur propret.

gilet patchwork gris flanelle

Et le dos en coton. Donc qui ne brille pas. Avec sa martingale.

J'espère que vous avez apprécié ces trois pépites. Dimanche prochain, ce sera au tour de Christophe, notre rédacteur en chef, de sélectionner ses pépites et de vous les livrer sur le plateau d'argent de son écriture acérée.

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