Test : De la culture du coton au tissu : la filature Albini et les chemises Office Artist

7 min

Test : De la culture du coton au tissu : la filature Albini et les chemises Office Artist

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Publié le : 21 décembre 2014Mis à jour le : 30 décembre 2015

Nous avons eu la chance de pousser les portes d’un des plus célèbres fabricants de tissus au monde, accompagnés d’Olivier Cothenet, fondateur de la marque Office Artist.

Avant tout, qui est Olivier Cothenet ?

Olivier Cothonet et Silvio Albini

Olivier Cothenet à gauche et Silvio Albini à droite, dans les archives Thomas Masson.

Olivlier Cothenet a créé la marque de chemises Office Artist, que je vous invite à découvrir. Il désirait créer une marque de chemise pour les jeunes actifs qui aiment aller travailler dans de beaux vêtements (il veut simplement offrir aux travailleurs, des chemises formelles efficaces, avec un beau style, confectionnées dans de beaux tissus).

J'ai trouvé très intéressant de partager ce court séjour en Italie avec un entrepreneur qui fait de ce produit (le tissu) son coeur de métier (en plus de ça, il fait de super vannes).

Un test de la marque se trouve dans la deuxième partie de cet article.

Le tissu Albini... à Albino

Métier à tisser Albini

Assemblage de la chaîne et la trame sur un métier à tisser dans l'usine historique d'Albini.

Après la visite de la filature Cerruti à Biella, il était important pour nous de vous faire découvrir le monde de la chemise et surtout : qu’est-ce qu’un bon tissu ? Comment le produit-on ? À quoi ça sert d’acheter un beau tissu ?

Avant de répondre à ces questions, un peu d’histoire s’impose. Albini est une maison familiale (comme beaucoup d’entreprises italienne) fondée en 1876 à Albino, à quelques kilomètres de Bergame.

raparts Bergame

Bergame qui est une ville médiévale fortifiée. Amenez-y votre douce, elle appréciera.

Depuis sa création, le siège social reste le même, équipé, années après années, des meilleures technologies.

À l’époque, la famille Albini s’est installée à Bergame pour 2 principales raisons :

  • Le savoir-faire,
  •  L’abondance d’eau de qualité (importante pour produire un beau tissu).
Centre historique Albini

Les bâtiments modernes mêlés aux anciens au siège social d'Albini.

Aujourd’hui Silvio Albini (5ème génération de la famille fondatrice) dirige le groupe avec ses frères : Fabio, Andrea et Stefano. On ressent bien cette mentalité industrielle italienne soudée à la famille. Albini est au textile italien, ce que Barilla est à l’agro-alimentaire, Fiat à l’automobile et Beretta aux… armes à feu. La 5ème génération est véritablement tournée vers la création car tous les 6 mois, Albini renouvelle ses collections (couleurs, design, produits, finitions…).

Leur but est de ne jamais cesser de se développer pour pouvoir répondre à une demande toujours plus exigeante et rester dans la course face aux marchés émergeants. Selon Silvio Albini : « C’est à nous de créer la qualité. Nous ne devons pas nous laisser guider par les marchés chinois, turcs, indiens ».

Le groupe se déploie également beaucoup à l’étranger, avec des agents présents dans plus de 60 pays. Les demandes des clients sont clairement différentes selon les pays et les cultures (Silvio Albini nous en parlera dans son interview).

D’où provient le coton de Albini ?

Champ de coton égyptien Albini

Champ de coton égyptien appartenant à Albini.

Selon Albini, un sourcing classique de coton n’est pas suffisant pour fabriquer une chemise de qualité. Le tissu final dépend trop de la qualité initiale du coton. Ils ont donc choisi une solution radicale mais efficace : contrôler la production de A à Z.

Cela fait d’Albini un groupe totalement intégré, de la pousse du coton à la commercialisation du tissu.

Le groupe produit 3 sortes de coton (deux égyptiens et le caribéen) et du lin (normand). Toutes les récoltes sont faites à la main, dans des sacs en coton pour ne pas polluer les fibres ou risquer de les déchirer.

Le coton, c’est comme le vin, selon son traitement ou le cadre dans lequel il se développe, il donnera une fibre différente. Alors pourquoi Albini détient 3 exploitations de cotons différents ? Peut-être que cela va éclairer votre lanterne :

  • Le coton Giza 45 : Le Giza 45 est cultivé à l’est du Nil. Il ne représente que 0,4 % de la production mondiale de coton. Cette région jouit d’un climat idéal pour la pousse du coton (des journées chaudes et des nuits fraiches). Les fibres de coton récoltées sont très fines : 2,80 microns. Malgré la finesse de la fibre, il reste extrêmement résistant. Ce coton composera les meilleurs tissus du groupe.
  • Le coton Giza 87 : Comme le 45, il est cultivé le long du Nil. Sa particularité est sa douceur qui dure, qui duuuure. Le groupe Albini promet une dégradation quasi inexistante lavage après lavage. En gros, si vous désirez une chemise toute douce qui ne bouge pas, il vous faut du Giza 87. Il est reconnu pour sa brillance naturelle également.
  • Le coton Sea Island (Caraïbes) : Il représente 0,0004 % de la production mondiale de coton. Sa caractéristique principale est sa longueur de fibre de 39 mm (ce qui est énorme). Il est également très doux et résistant.

Chaque coton a sa spécificité et répond a un besoin très précis.

Les marques d’Albini

Albini, c’est aujourd’hui 4 marques bien distinctes, qui répondent à 4 marchés très différents :

  • Albini : Spécialisé dans le tissu sophistiqué, raffiné, qui joue sur les textures pour un style simple et efficace.
  • Thomas Mason : Vous avez surement déjà entendu cette marque qui est une référence chez les tailleurs. C’est la plus vieille maison qu’Albini détient aujourd’hui (1796). Maison anglaise pour un style anglais, les tissus proposés par Thomas Mason sont donc élégants mais aussi plus extravagants. On retrouve des couleurs fortes et des rayures par exemple.
  • Albiate : Maison milanaise acquise en 2000 par la famille Albini et qui répond aux demandes d’un style plus casual. On retrouve donc du denim, du jacquard, et des tissus pour des vêtements de sports comme des polos.
  • David & John Anderson : Voici le haut de la pyramide. Si vous désirez acquérir le tissu le plus prestigieux au monde, c’est ici qu’il faut s’arrêter. En effet, pour cette maison, seuls les meilleurs cotons sont sélectionnés (note de Benoit : j'ai eu l'occasion de toucher des tissus David & John Anderson, ce sont effectivement les plus beaux tissu en coton que j'ai pu voir : le soyeux de la matière est surréaliste).

Le titrage du coton

Pour bien comprendre ce qu’est un tissu de haute qualité, je vais vous expliquer rapidement à quoi correspond le numéro de fil ou titrage du fil : 120, 120/2, 140/2…

Le premier nombre est le nombre d'écheveaux de 840 yards (768,1 m) contenus dans une livre anglaise (453,6 g) de coton. Pour info, un écheveau est un assemblage de fil torsadé :

écheveau coton

Ceci est un écheveau !

Prenons un tissu Thomas Mason 140/2 :

140 x 768,1m = 107 534m de fil dans 453,6 g. Dans cette logique, plus le titre monte, plus le tissu sera fin. Le /2 correspond au « double retord » ce qui signifie que 2 fils sont twistés pour n’en constituer qu’un (un peu comme votre lessive 2 en 1). Cela permet au fil d’être plus solide et régulier.

Pour vous donner un exemple concret, D&J Anderson propose un tissu appelé le Diamond Jubilee en 330/4 (ce qui nous fait 330 x 768,1m = 253 473m, multipliés par 4 fils torsadés ensemble). C’est le tissu le plus prestigieux du groupe Albini. C’est un tissu qui se froisse aussi très vite, mais cela ne fait pas peur aux puristes.

The Diamonds D&J Anderson

Pour résumer :

  •  4 marques (Albini, Thomas Masson, J&D Anderson, Albiate).
  •  20 000 types de tissus produits.
  • 8 usines (chacune spécialisée dans la chaine de production).
  • 1 300 employés (dont 700 en Italie).
  • 14 millions de mètres de tissus produits chaque année.

Assez parlé, je vous propose maintenant de faire un tour dans l'usine historique située à Albino, pour bien comprendre les étapes de production d'un tissu.

Pour terminer, nous avons eu la chance de rencontrer Silvio Albini, président du groupe. Il nous raconte comment Albini a su faire face à la crise et résister aux marchés émergents. Il nous donne également son avis sur les achats des hommes, qui s'attardent du plus en plus sur la qualité (vous vous reconnaissez ?).

Si vous souhaitez plus d'informations, vous pouvez aller sur albinigroup.com.

Voyons maintenant comment Olivier Cothenet de Office Artist utilise ces tissus-là...

Test de la chemise CDG d'Office Artist

La gamme de chemises d'Office Artist est simple et efficace, ce sont avant tout des chemises habillées à porter avec des vestes, des costumes ou des cravates, même si le lookbook de la marque montre qu'il est possible de placer ces chemises dans des tenues beaucoup plus audacieuses. L'avantage d'une offre si claire, c'est qu'il est impossible de se tromper, car les couleurs sont très faciles à porter, ce sont de bons exemples de basiques à avoir si vous portez très souvent des chemises.

Je me suis donc orienté vers une chemise à fines rayures bleues qui, avec la chemise blanche et la chemise bleue pâle, est un inconditionnel d'une garde-robe élégante.

Première impression : tout est propre et bien fait. Quant à la coupe, rien à redire, c'est ajusté sans être excessif. À ce propos, le guide des tailles de la marque est très bien fait, vous ne devriez avoir aucune difficulté à choisir votre taille. Moi qui possède des bras assez longs, je suis ravi de voir qu'elles ne sont pas trop courtes sur moi.

chemise cdg office artist

Cette photo extraite de l'eshop de la marque donne un aperçu très exact sur la coupe des chemises : ajustée sans jamais mouler le buste.

Le col est assez classique. Avec une hauteur de 6 cm, il est dans l'air du temps, ni trop petit, ni trop grand. Si on le compare au col de Hast, il est un poil plus formel car moins évasé, mais là on entre dans des débats de puristes...

chemise et col châle

On voit ici que le col tient très bien sans cravate, il n'y a rien à redire. Sur cette photo, je porte une veste Confident.

chemise office artist et cravate

Le col de la chemise avec une cravate. Vous voyez qu'on reste sur un dessin du col simple et élégant. La cravate est une Howard's, superbe marque créée par un passionné (article à venir bientôt).

Au niveau des finitions, on reste sur des choses classiques. Pas d'hirondelles de renfort, mais les nouvelles chemises ont les boutons cousus en zampa di gallina et les coutures sont parfaitement exécutées.

boutons office artist

Les boutons sont cousus en croix. Bien qu'ils soient en plastique, il ne font absolument pas cheap. Les coutures des boutonnières sont également bien nettes.

double couture chemise office artist

Pas de couture anglaise ici, mais la double couture est très bien faite, car le tissu ne gondole quasiment pas entre les deux coutures.

À qui s'adresse Office Artist ?

À l'instar de Hast, l'offre est limpide et efficace. Le gros point fort d'Office Artist est très clairement l'utilisation de tissus du groupe Albini, qu'on ne trouve habituellement que sur des chemises plus chères. Si vous êtes un gros consommateur de chemises, c'est une alternative très intéressante à un prix accessible.

Important : la marque a ouvert sa boutique depuis peu, au 3 rue Coëtlogon à Paris, n'hésitez pas à y faire un tour. Olivier est un homme jovial mais surtout, de très bon conseil et qui connaît parfaitement ses produits.

boutique office artist

Allez-y si vous aimez les chemises et les machines à écrire qui marchent encore (oui, il y en a vraiment une).

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