BonneGueule x Borali : notre toute première noragi

19 min

BonneGueule x Borali : notre toute première noragi

19 min
Publié le : 26 mai 2020Mis à jour le : 19 janvier 2021
BonneGueule x Borali : notre toute première noragi

Quel programme pour le lancement de cette semaine ?

Attention, cela va être une semaine dense, avec beaucoup de tissus japonais d'exception et des cuirs tannés pour encaisser les années qui passent !

(notez également la présence de deux lives Instagram cette semaine ! )

  • mardi 26 mai : article de présentation de notre noragi en collaboration avec Borali (celui que vous êtes en train de lire en ce moment même)
  • mercredi 27 mai : je serai en live Instagram de 18h à 19h avec Boras pour vous parler de cette collaboration
  • jeudi 28 mai : présentation du henley (enfin !), de notre nouvelle chemise en chambray et du pantalon cargo. Et évidemment, ce ne sont que des matières japonaises avec beaucoup de personnalité
  • vendredi 29 mai à 12h : ça sera #PassionCuir puisqu'on va enfin présenter nos derbies dans un cuir bien costaud et notre ceinture avec un cuir au tannage végétal
  • vendredi 29 mai à 18h : je serai encore en live Insta pour répondre à toutes vos questions sur toutes les pièces de ce lancement

⚠️Rendez-vous en fin d'article pour connaître la disponibilité de chaque pièce de ce lancement dans nos boutiques.⚠️

C'est parti pour la noragi avec Borali !

(notez cette fabuleuse rime)

Ah ça on peut dire que c'était une collaboration qui était attendue !

Cet article comporte deux vidéos, voici la première qui présente le cadre de notre collaboration :

Et la deuxième, elle a été tournée pour vous rapporter un moment-clé de l'histoire de cette noragi : la visite de l'atelier japonais.

Je vous laisse descendre jusqu'au paragraphe concerné 🙂

"Oui c'est très joli, mais je n'ai jamais porté cette pièce…"

Je sais, je sais, la noragi, on en a peu parlé sur le média, mais avec cet article, j'ai vraiment envie que vous vous  rendiez compte de la place (et de la polyvalence) qu'elle a dans un vestiaire casual.

Vous allez voir, ce n'est pas vraiment une pièce "difficile", c'est même tout le contraire.

A noter : cet article a été écrit à quatre mains, les miennes et celles de Boras !

Oui, cette noragi est portée avec notre jean bleach.

Cette noragi est dans un tissu exceptionnel, et une pièce à l'histoire riche, mais c'est aussi une histoire humaine ! Voyons donc comment elle a commencé.

La rencontre Benoît x Boras - par Benoît

Commençons par une anecdote… 

Boras et moi avons fait nos études :

  • à Tours…
  • les mêmes années…
  • dans le même bâtiment…
  • et sans jamais se croiser !

Pour ma part, je me souviens vaguement avoir aperçu une paire de ce qui ressemblait à des Lanvin en 2006 en faisant la queue au self, je pense que c’était vraisemblablement Boras. 

Il était en DUT GEA et moi en DUT Techniques de Commercialisation, avec un seul étage qui nous séparait. 

Si on nous avait dit qu’on se croiserait quasiment 15 ans plus tard autour de notre passion du vêtement…

Presque 15 ans après avoir étudié en même temps dans le même bâtiment, qui aurait cru que Boras se retrouverait à arpenter les rues de Tokyo en portant des vêtements BonneGueule et une noragi en collaboration ? Noragi BonneGueule x Borali, henley, cargo et chaussures BonneGueule.

Pendant toutes ces années, on s’entrecroise sur les forums, puis en 2014 Boras lance son blog, où il prend le temps d’installer un univers singulier, surtout en France.

J’apprécie beaucoup son oeil en ce qui concerne les couleurs, où son univers s’articule autour de tons pastels, sable, olive, et autres coloris qui rappellent la nature.

Comme moi, il apprécie tous les savoir-faire japonais qui créent de belles matières avec du grain et de l’irrégularité, pour se patiner dans le temps.

Forcément, c’est un grand fan de Visvim, cette marque japonaise ultra niche spécialisée dans les teintures naturelles et autres méthodes artisanales. En France, c’est sûrement la personne qui a écrit le plus de contenu au sujet de cette marque.

Cette ambiance qui mélange du street, de l’ametora, et du japonais me plaît bien.

Il y a environ trois ans, on se rencontre de visu et le courant passe très bien, on fait pas mal de soirées, et je découvre un Boras hyper sensible, qui comprend bien tous mes délires liés au techwear ou à la bijouterie japonaise d’inspiration amérindienne (c’est même lui qui me ramènera mon pendentif First Arrow's du Japon).

Puis, il y a deux ans, Boras décide de lancer sa marque, à son rythme, avec son ami Julien.

Chose amusante, c’est via BonneGueule que Boras va rencontrer Julien. En effet, Julien lisait déjà BonneGueule en 2012 et c’est sur notre forum qu’ils feront connaissance.

Julien et Boras, devant le logo de Borali.

Pourquoi cette collaboration ? - par Benoît

“Cela s’est fait naturellement.”

Je sais que c’est une expression un peu trop convenue, mais elle décrit parfaitement l’état d’esprit derrière cette collaboration.

L’un n’a pas eu à convaincre l’autre, et je ne sais plus vraiment qui a proposé l’idée à qui. Boras et Julien étaient tous deux partants.

Une collaboration qui s'est faite très naturellement, tout comme ce shooting ! Jean bleach et tee-shirt BonneGueule.

Notre goût du sourcing de tissus japonais et notre expérience dans la confection allaient faire des étincelles avec la vision de la noragi de Borali.

Je me suis aussi beaucoup reconnu dans l’histoire de Boras qui lance son blog, puis quelques années plus tard, qui rencontre son associé Julien et décident de créer leur marque.

Cette collaboration, c’est aussi un moyen pour nous de soutenir un beau projet entrepreneurial.

Cela fait maintenant deux ans que Boras et Julien travaillent dessus à côté de leurs professions respectives, en vendant notamment pour financer les premiers prototypes, et nous sommes très honorés de voir que leur toute première noragi — la raison d’être de Borali — c’est avec BonneGueule qu’ils ont décidé de la lancer.

Une photo chargée de symboles : notre noragi, un pendentif en argent First Arrow's ramené du Japon (le même que le mien) et un des colliers confectionnés par Boras et Julien pour financer les débuts de Borali. Tee-shirt BonneGueule.

La marque Borali - par Boras

Il n’y aurait pas eu de Borali sans noragi.

Racontée comme cela, la genèse peut interloquer.

Je vais reprendre de zéro, mais promis, je fais vite.

Mon visage te dit peut-être quelque chose. Voilà quelques années que je travaille sur quelques sorties de la Japan line de BonneGueule. Je suis Boris, plus « connu » sous le sobriquet de Boras.

Après une petite dizaine d’années à développer ma passion pour le vêtement sur les forums de mode masculine, j’ai eu envie de partager à un plus grand nombre ce que j’avais appris. C’est comme cela qu’est né mon blog borasification.com.

Benoît l’a évoqué un peu plus tôt, j’y défends une vision du style où se mêlent coupes larges, jean size-up, labels japonais et héritage, dans une vibe street.

Ce que j’appelle le style street heritage. 

Véritablement amoureux de noragi, je passais mon temps à en parler, sur mon blog et le forum de BonneGueule. Pièce peu accessible encore, Julien, lecteur du blog et membre du forum BonneGueule, s’est mis en tête de faire la sienne. 

Sans formation, en autodidacte !

Le résultat m’a sidéré. Je lui ai proposé de se rencontrer pour qu’il me montre tout cela en vrai. 

Julien, le fidèle partenaire de Boras pour l'aventure Borali !

Une de ces rencontres qui vous changent une vie.

D’un côté, Julien, minutieux et perfectionniste, geek de technique. De l’autre, moi-même, créatif et visuel, accroc de stylisme.

Borali venait de naître.

La noragi, pièce unique créée pour le lancement de Borali.

Depuis, notre label se développe doucement. Nous dessinons et modélisons tout, à l’ancienne, avant de chercher des ateliers en France et au Japon. Nous avons développé une collection d’accessoires en tissus upcyclés et nous travaillons sur le lancement de nos premières pièces.

Et cela ne pouvait être autre autre chose qu’une noragi.

La noragi de cette collab a une saveur particulière pour nous. Benoît a été le premier à nous pousser à bosser sur ce produit ensemble, c’est une belle histoire.

Pourquoi la noragi ? - par Benoît

Cela fait des années que Boras milite pour la démocratisation de cette pièce. Et cela fait des années qu’il se plaint de la difficulté d'en trouver en France.

Pour avoir un bel historique de cette pièce, et plus largement du vêtement japonais historique, Boras a publié un sacré dossier.

Ce tissu, sur un design aux lignes simples, a décidément un charme fou. Tee-shirt BonneGueule.

Moi-même, c’était une pièce qui m’intriguait, à mi-chemin entre le workwear et l’esthétique japonaise, deux univers qui me plaisent beaucoup.

C’est une pièce humble, simple, authentique, confortable, au design fonctionnel et épuré — des attributs qui me parlent beaucoup — il ne m’en fallait pas plus.

Ma première rencontre avec une noragi - par Boras

La passion pour le vêtement et la mode peut s’exprimer de bien des façons. Pour ma part, je vois la mode masculine comme un grand terrain de jeu. Toujours curieux de découvrir de nouvelles pièces, une nouvelle vision créative.

Pourtant, certaines vous marqueront plus que d’autres.

Notre rencontre a été un pur hasard, en feuilletant le lookbook d’un label japonais bien connu durant l’été 2012.

La première noragi (une Visvim) qui a mis une claque à Boras. Il mettra plusieurs années à la trouver en seconde main. Déjà, on remarque son goût pour les noragis avec une couleur à dominante indigo.

J’ai tout de suite accroché à son design qui raconte tout de suite une histoire (je vais passer pour fou, mais certains vêtements parlent !).

Confortable et polyvalente, elle fait une tenue à elle seule.

Voyez comment une noragi habille "instantanément" une tenue composée d'un simple tee-shirt blanc et d'un jean bleach. Tee-shirt et jean bleach BonneGueule.

Créer une noragi ne peut se réduire à reproduire une pièce vintage. Autrefois vêtement du paysan japonais, ni la forme ni les volumes ne sont adaptés à un vestiaire contemporain.

Et à l’inverse, il ne faut pas en faire une simple chemise avec un col « kimono ».

Alors pendant plus d’un an, nous avons enchainé les prototypes. Julien cousait chacun d’eux. On testait puis ajustait notre patron maison.

Jusqu’à avoir l’équilibre de formes et de volumes que tu as devant les yeux.

Une pièce d’inspiration japonaise qui s’inscrit dans notre réalité. Une épaule basse pour le confort, une longueur de bras au plus juste et un tombé droit.

Une épaule basse, un détail très important pour Boras, et qui participe à cette "vibe" détente entourant cette pièce. Tee-shirt BonneGueule.

Tu le verras dans quelques paragraphes, nous l’avons pensée pour qu’elle s’intègrent à merveille à tes tenues.

Restait à trouver une matière pour notre collab’.

Quand Benoît m’a dit ce qu’il avait en tête, je voyais de ce dont il s’agissait, mais je me suis dit « je crois qu’il ne se rend pas compte, c’est inaccessible ».

Et pourtant … !

Un tissu qui vient d'une autre époque…

Le choix du tissu : le grand frisson du Japon - par Benoît

Attention, là c’est du lourd !

Le tissu de cette noragi devait répondre à une question épineuse : quelle étoffe choisir pour avoir une pièce simple à porter, sans délires de couleurs bizarres, tout en gardant de la personnalité ?

Pour cela, il fallait trouver un fournisseur japonais totalement sous les radars français.

Nous avons trouvé un vieil atelier japonais, de plus de 100 ans, tellement old school dans ses méthodes que Boras pensait que c’était un musée (voir ci-dessous).

Vous voyez ce mélange d'irrégularités, de grains, et de nuances ? C'est un savoir-faire typiquement japonais.

Pour faire simple, on est sur un procédé de production habituel : les cotons arrivent en fibre, en balle, ils sont donc filés. Jusqu'ici, tout va bien.

Puis vient une étape-clé pour ce genre de tissu à la main très vintage : la teinture.

Boras va vous raconter l'émotion qu'il a eue en voyant la production, mais laissez-moi d'abord vous expliquer comment ça se passe.

D’après les photos de Boras et l’explication de l’interprète, c’est une étape à mi-chemin entre du 100% manuel (hand dyeing) et du 100% mécanisé comme chez les grands fournisseurs japonais de toile de denim.

Un écheveau en train d'être plongé dans un premier bain d'indigo !

En fait, les écheveaux sont placés sur des crochets à la main puis plongés dans les cuves d’indigo. C’est la technique du “rope dyeing”, cette technique qui a donné bien du fil à retordre aux Japonais quand ils ont commencé à vouloir créer une toile denim 100% made in Japan dans les années 80. 

Tout l’enjeu consiste à teindre l’extérieur du fil, mais pas le coeur, afin d’avoir un très beau potentiel de délavage.

Voilà comment l'écheveau ressort après son premier bain. Il va ensuite être de nouveau replongé et ainsi de suite…

Dans une usine japonais classique, c’est une étape qui est complètement mécanisée (et qui demande de lourdes installations). Ici, le fait qu’une partie du processus soit fait à la main ajoute encore tout un tas de nuances et d’irrégularités dans la couleur : c’est juste magnifique ! 

(Boras va revenir sur ce point, ne vous inquiétez pas)

Au niveau de l’indigo, c’est un mélange naturel et synthétique, pour avoir un bon mix entre patine, résistance de la couleur dans le temps et… un prix qui ne soit pas stratosphérique.

La couleur est à mi-chemin entre le noir et le violet très foncé, car l'indigo ne s'est pas encore oxydé. Il va donc falloir le faire sécher pour activer le processus.

Après la teinture, le fait de sécher les fils au soleil joue un rôle important dans le rendu final. En effet, en fonction des nuages, si c’est un ciel dégagé ou pas, la quantité de lumière reçue ne sera pas tout à fait la même, ce qui va générer de belles nuances de couleurs.

Du bambou, de l'air libre, et hop, on fait tout sécher.

Les fils sont ensuite tissés sur des machines des années 50 qui, vous l’aurez deviné, vont beaucoup plus lentement que les autres métiers à tisser. 

Etant donné cette vitesse réduite, il y a moins de tension et plus d’irrégularité, ce qui crée ce feeling de “tissage à la main” que j’aime tant.

La légende veut également que cette manière de tisser crée de minuscules poches d’air entre les fibres de coton, conférant à ce tissu des propriétés d’isolation thermique (plus frais en été, et plus chaud en hiver) plus élevées qu’un tissu de coton classique…

C’est également un tissu qui devient de plus en plus confortable à l’usage, le temps qu’il se patine.

Un tissu qui va magnifiquement bien se délaver dans le temps, avec un tombé se rapprochant d'un tissage à la main, grâce aux vieilles machines.

Mais créer un beau tissu 100% coton comme ça, ce n'est pas une simple affaire de procédés et de machines.

Et dans le cadre de cette collaboration, étant donné que Boras visitait le Japon pour la première fois, j'ai eu envie qu'il raconte ce qu'il a vu, vécu et ressenti en arrivant là bas.

Voici donc son récit…

Le voyage au Japon, le voyage d'une vie - par Boras

Cette matière, on a voulu en apprendre plus et la voir de plus près. Quand l’équipe m’a dit « Boras, tu serais dispo en octobre pour aller au Japon ».

Ni une ni deux « on part quel jour ? ».

Grâce à nos deux Julien ?Note de Benoît : Boras parle de 'son' Julien partenaire de Borali, et de 'notre' Julien chef de collection chez BonneGueule., on a réussi à avoir un proto de notre noragi prêt la veille du départ.

Une course effrénée entre négociation avec l’atelier portugais et retouche dans la nuit. 2h du matin tout est plié, je peux fermer les yeux quelques heures avant de retrouver l’équipe BonneGueule à l’aéroport.

Je passe 11h de vol sans vraiment dormir, je peaufine les looks que l’on va shooter et forcément, mon esprit bouillonne. Manga, jeux vidéos et mode, j’ai toujours eu le Japon en toile de fond de ma vie, sans jamais y aller.

J’ai hâte.

Atterrissage à 7h du matin heure locale.

J’ai beau vivre à Paris, je ne suis jamais aussi heureux que loin d’une grande ville. J’appréhende Tokyo au fond. Lorsque l’on a attendu longtemps quelque chose, on peut vite le fantasmer.

Ce voyage a eu lieu en novembre 2019, on en a profité pour prendre quelques photos avec les tous premiers protos… Henley et cargo BonneGueule.

Une claque, pour la première fois, dès les premiers pas, j’ai eu comme l’impression de me sentir au bon endroit. Il plane une quiétude que je n’ai retrouvée dans aucune autre mégalopole.

J’ai conscience de n’avoir vu qu’un petit morceau de la ville, avec mes yeux de touriste (enfin, on a bossé dur pour te ramener toutes ses images haha), mais ce savoir-vivre ensemble fait un bien fou.

La ville fourmille, mais on ne se sent pas étouffé. Le monde moderne côtoie l’ancien, et malgré tout ce béton, il n’y a pas un moment où de la verdure n’est pas en vue. C’est quelque chose qui m’a marqué. Malgré une forte urbanisation, la ville reste verte.

Il y a toujours des petites touches de verdure dans les rues.

En y repensant, ce que j’aime dans l’approche du vêtement japonais, je le retrouvais dans Tokyo.

Et en déambulant dans Harajuku et les quartiers autour, tu en prends plein les yeux. Pas forcément en s’arrêtant sur les personnes, hommes et femmes, aux looks super pointus.

Non, c’est le style général qui saisit. Même en enlevant le décor, on sait que l’on n’est plus en France.

Si l’on écarte les travailleurs en costume noir et les enfants en uniforme, c’est un flow de tenues toutes différentes. Les silhouettes sont plus amples, relax et les dégaines vraiment variées.

Impossible de ne pas faire de shopping à Tokyo…

Forcément, moi qui aime les volumes, je me sens à la maison.

Il se dégage une certaine liberté stylistique qui me fait plaisir. Le sentiment que l’on peut faire ce que l’on veut et juste « kiffer ».

Cerise sur le gâteau, il y en a pour tous les goûts et styles.

Au final, cela se retrouve dans les marques japonaises, très hétérogènes et des savoir-faire préservés au Japon malgré un goût pour l'innovation. Les shops sont une belle vitrine de cette façon de voir la mode.

De quoi rendre impatient de visiter ce mystérieux atelier.

La visite du petit atelier japonais - par Boras

En te parlant de cette matière singulière, Benoit t’en a déjà pas mal dit.

Ma mission va être de t’embarquer avec moi.

En prenant le Shinkansen ?Les TGV japonais., je ne pensais pas que 3h plus tard, je me retrouverais un siècle en arrière. Un voyage spatio-temporel, ni plus ni moins.

C'est parti pour la visite !

Nous avons fini le trajet en voiture pour rejoindre cette petite ville dans la campagne japonaise. Les maisons ont toutes ces toitures traditionnelles, le bois est omniprésent et la verdure encore plus ancrée dans le décor. Des rivières découpent le village, une ancienne place forte du textile japonais.

Je suis accueilli par Nobuhiro, le maître des lieux et sa maman Masako. Ils ne parlent pas anglais, pas même un mot. Ajoute à cela une relative timidité et j’ai comme le sentiment que peu d’Occidentaux ont dû leur rendre visite.

Nobuhiro et Boras !

Il nous invite à visiter un premier lieu, une vieille bâtisse.

Il y fait vraiment sombre, des filets de lumière naturelle se mélangent à ceux de vieux néons. Le temps semble s’être arrêté.

Il y a ici et là des cartons poussiéreux, des rouleaux de tissus oubliés et autres balles de coton. L’odeur me rappelle une ancienne imprimerie abandonnée où j’allais jouer gamin. D’anciennes fileuses trônent au milieu de cela.

Nobuhiro explique qu’il va nous faire une démonstration.

Je suis enjoué, on va pouvoir découvrir de visu comment cela se passait un siècle en arrière. Après tout, cela reste une visite de « client » et il faut faire le show.

Je découvre les premières étapes qui consistent à laver le coton brut qui arrive en balle. Plusieurs étapes et différentes températures d’eau sont nécessaires pour détendre le fil. Je peux toucher la matière au fur et à mesure.

De là, on se dirige vers une vieille machine qui me semblait HS. Un bouton pressé et la voilà qui reprend vie, tissant comment une sorte de toile d’araignée.

Un beau fil de coton prêt à être teint !

C’est un spectacle superbe : doucement, le coton brut est séparé et filé pour devenir un fil régulier. La machine sort des cordages à son rythme. Il y avait le temps avant, visiblement.

De là, on avance à une partie qui va forcément te parler : teindre ce fil. Et je pense que tu te doutes que l’on va parler d’indigo. Une technique toute particulière que l’on appelle le rope dying. Le tout à l’ancienne sans machine automatisée.

Cette machine sert à fabriquer les fils de coton.

Il s’agit de teindre le fil en corde en le trempant dans des bains d’indigo. Le temps et le nombre de bains va varier selon la teinte souhaitée. La particularité est que le fil ne va pas se teinter en profondeur et va donc être sujet à des variations de couleur plus nuancées avec le temps.

Voilà l'installation qui sert à tremper de multiples fois les fils d'indigo.

A ce stade, j’en ai plein les yeux, l’indigo a déjà des reflets de folie, alors qu’il n’a pas encore pris l’air. Parce que oui, à son contact, il va s’oxyder et prendre la couleur qu’on lui connait.

Mais c’est justement l’étape qui nous attend, Nobuhiro nous invite à le suivre dehors.

Ici, deux écheveaux qui sont à deux stades de teinture différents.

Et là, la visite façon musée interactif prend une toute autre ampleur.

Je suis devant des cordes teintées à l’indigo par centaines, étendues sur des dizaines de longues branches de bambou.

Quelle surprise de voir de l'indigo sécher à l'air libre ! C'est une étape qui est désormais industrialisée dans la plupart des usines japonaises de teinture.

Je réalise que depuis le début, il me présente son quotidien et comment fonctionne son atelier. Et que ce n'était pas un musée.

J’ai le cœur qui palpite. À ce moment précis, je réalise que je vis un truc unique, mais surtout que nous allons vous ramener quelque chose de vraiment dingue.

Dès cette étape, on commence à distinguer les nombreuses nuances d'indigo…

Comme si je sortais de ma bulle, d’un coup, j’entends un bruit mécanique lent et régulier, il émane d’un second bâtiment où je suis invité à entrer.

Je me retrouve dans un espace plus lumineux où 4 ou 5 métiers à tisser des années 50 jouent leurs partitions. Au milieu, un seul homme qui passe d’une machine à l’autre, le geste sûr et précis.

Plus loin, une femme qui pourrait être ma grand-mère. Un sourire timide et elle retourne placer les cordes en indigo sur une roue qui les transforment en pelotes prêtes à être tissées.

En me baladant, je tombe sur un rouleau en cours de fabrication, c’est notre matière, avec un fil de trame marron. Je peux voir devant mes yeux la navette tisser minute après minute cette matière.

Sur la gauche, c'est le tissu "brut" qui sort du métier à tisser. Puis c'est tout le savoir-faire de l'atelier à l'étape du "finissage" qui va révéler toutes les nuances d'indigo, comme on l'aperçoit sur la manche à droite.

Là, tout ce que t’as expliqué Benoît plus haut prend forme et tu comprends pourquoi, nous sommes complètement emballés par ce que l’on a entre les mains.

En discutant un peu plus après la visite, j’apprends que c’est une affaire familiale qui a 120 ans et qu’ils ne sont que trois pour la maintenir. La pudeur de Nobuhiro laisse place à l’émotion quand il me montre des photos de famille et de l’atelier avant.

Il explique que c’est de plus en plus difficile de maintenir en vie ce savoir-faire. Les deux ouvriers sont là depuis 40 et 50 ans, qu’ils n’ont pas envie d’arrêter, car « c’est toute leur vie ».

Et qu’il n’y a pas grand monde qui se bouscule pour prendre la relève.

C’est aussi pour cela qu’il faut plusieurs mois pour faire un rouleau de ces matières. Et sans faire dans le sensationnel, je prends conscience qu’en ramenant cette matière en France, nous faisons plus que concevoir un vêtement haut de gamme.

Ce sont ces vieux métiers à tisser qui donnent tout ce charme à notre tissu.

Un  thé, une étoffe en cadeau puis vient l’heure de partir.

Je m’écroule dans le train, heureux de cette aventure et désormais convaincu qu’avec BonneGueule, on vient de faire vous rapporter quelque chose d’unique.

Comment porter notre noragi ? - par Benoît

Pour le coup, la bonne question serait plutôt “avec quoi ne pas la porter ?

Avec le prototype, je me suis vite aperçu que dès que vous avez un vestiaire un tant soit peu décontracté, les capacités sont très vastes.

Pour faire simple, considérez son usage comme celui d’une surchemise (au-dessus d’un tee-shirt ou d’une chemise), voire d’un petit outerwear léger (par exemple au-dessus d’un sweat).

Un petit henley, la noragi, et il n'en faut pas beaucoup plus ! Henley BonneGueule.

Côté pantalon, que ça soit du chino, du jean, du cargo, faites-vous plaisir !

Et côté souliers, des sneakers, des work boots, ou toute autre chaussure qui n’appartiennent pas à du 100% formel (quoique Boras a posté une tenue avec des loafers), se mélangeront très bien avec une noragi !

Les suggestions de Boras

Quand on s’est posé pour discuter de comment nous allions écrire cet article et te partager cette aventure, Benoît m’a demandé de montrer que la noragi était une pièce accessible à tous.

Comme tu as pu le lire, entre-temps, il s’est amusé un peu avec le prototype et je suis persuadé qu’il en parlerait tout aussi bien que moi maintenant.

Noragi pourrait être synonyme de polyvalence !

Tu n’as pas besoin d’avoir ou vouloir un style japonisant pour la porter avec panache (je t’emprunte le gimmick Jordan).

Oublions le mot japonais et remplaçons-le par « veste de travail sans col » ou « cardigan sans bouton ». Tu verras que cela démystifie cette pièce en quelques secondes.

Visualise des tenues où tu aurais pu porter une veste en jean ou un cardigan et fais l’exercice de mettre notre noragi à la place.

Alors ?

Ça fonctionne, tu vois.

Avec cette collab’, nous voulions te proposer une pièce forte en apparence, mais facile à s’approprier La coupe a été pensée pour se fondre aussi bien à un vestiaire slim fit que plus loose. Et cette matière, au-delà de son exclusivité , est purement BonneGueule sur le papier.

Je prends le pari qu'une fois que tu l’auras essayée, tu en feras ta veste des prochains de mois !

Les tenues de Boras… commentées par Boras

Note de Benoit : c'est un shooting sur deux endroits : à Tokyo et dans le Perche, chez les parents de Boras.

Tenue #1 : promenade à Tokyo

Nous parlions de polyvalence, voici un exemple. Une tenue avec une chemise oxford et un pantalon en velours où un cardigan en laine navy aurait toute sa place. Et bien notre noragi vient tenir ce rôle et apporter une autre saveur à la tenue :

Tenue #2 : promenade dans un champ du Perche

Typiquement une tenue que je prends plaisir à porter quand il fait beau. La noragi est la pièce qui donne du caractère à la tenue, basique, mais aux tons clairs et subtils.

Le jean bleach est porté une taille au-dessus, mais cela fonctionnerait aussi bien moins loose ou sur une coupe semi-slim. C'est un exemple de style simple que la noragi sublime.

 

Tenue #3 : le trait d'union entre Tokyo et le Perche

Nous avons travaillé cette noragi pour qu’elle s'intègre aux sorties du mois. Une tenue plus workwear, mais avec un certain raffinement dans les matières.

Les nuances d’indigo sont un combo gagnant avec la couleur olive délavée du cargo. Les chaussures apportent du poids visuellement à la silhouette et une touche de couleur bien venue.

Henley, cargo et chaussures BonneGueule.

Note de Benoit : c'est la même tenue que notre shooting à Tokyo ! Et comme j'aime bien cette ambiance, je vous en remets une couche :

Henley, cargo et chaussures BonneGueule.

Tenue #4 : après-midi à la campagne

La noragi et une chemise, c’est une association gagnante. Ici le col officier se marie bien avec l’encolure particulière de la noragi. Le fatigue pant camel apporte du contraste, en couleur comme en style. La coupe tapered vient dynamiser la silhouette. 

Chemise et fatigue pant BonneGueule. Lunettes Salt Optics.

Ne pas être intimidé : “une noragi c’est comme un cardigan”

La noragi est ton amie ! C’est vraiment ce que je voudrais que tu retiennes de cette collaboration, et comme tu peux le voir, ce fut une très belle aventure pour nous.

Bravo donc à :

  • Boras pour être allé au bout du monde vérifier la qualité du tissu, et pour sa vision de la noragi
  • Julien de Borali pour son expertise technique au niveau du fit
  • notre Julien chef de collection qui s'est vaillamment battu contre les délais et les innombrables embûches liées à la production,
  • Charlotte, l'assistante de Julien, qui a dû supporter Julien et moi en plein stress

Bref, c’est une collaboration dont je suis incroyablement fier, tant elle coche toutes les cases qui sont chères à BonneGueule : matière qui a une histoire, valeurs humaines, complémentarité de nos univers de marques. 

La passion de Boras et Julien sur la noragi conjuguée à notre expérience du sourcing japonais ont donné naissance à une pièce historique (oui oui, n’ayons pas peur des mots) dans l’histoire des collaborations BonneGueule.

Gros disclaimer : du fait du patronage particulier de cette pièce, ça n'a aucun sens de comparer ses mesures à une chemise ou un blouson.

Notamment parce que c'est une pièce très ouverte au niveau de la poitrine, il est donc impossible de donner une mesure classique aisselle à aisselle.

Idem pour la longueur de la manche, qui est un peu faussée à cause de l'épaule légèrement tombante.

Je répète donc : comparer les mesures de cette noragi à une surchemise n'est pas pertinent.

Au niveau sizing, faites-nous confiance, prenez votre taille habituelle, il n'y a pas de mauvaise surprise de ce côté là.

Mais comme vous y tenez quand même, voici les mesures :

 

Europe US
44 XS
46 S
48 M
50 L
52 XL
54 XXL
Conseil n°1 : Retrouvez tous nos conseils de taille en bas de page dans la rubrique "Choix de la taille & entretien".
Conseil n°2 : Mesurez à plat un vêtement (avec un mètre ruban) et comparez les mesures avec notre tableau.

Mesure
(en cm)
a.
Epaule
b.
Poitrine
c.
Longueur de manche
d.
Hauteur milieu dos
44 19 19,8 53,5 70,4
46 19,5 20,8 54 70,8
48 20 21,8 54,5 71,2
50 20,5 22,8 55 72,2
52 21 23,8 55,5 73,2
54 21,5 24,8 56 74,2

 

 

Le mot de la fin par Boras

Avec Borali, nos voulions proposer des pièces peu communes en France, sans aucune concession produit. BonneGueule n’a pas hésité une seule seconde.

Cette collaboration est ambitieuse, parier sur la noragi d’un jeune label et se démener pour ramener une matière aussi confidentielle, il fallait oser. Difficile de trouver les mots tant je  trépigne d’impatience de vous voir avec. 

Cette collab' est un concentré de ce pourquoi je m’investis dans le vêtement : de la passion, de l’authenticité, de la curiosité et l’envie de faire les choses bien. Ah et forcément, merci Benoît. Je le dis devant tes lecteurs : ta bienveillance n’est pas une légende et je suis super fier d’avoir lancé une pièce ensemble (tu connais ma pudeur haha).

Comment se procurer notre noragi BonneGueule x Borali ?

Rendez-vous ce samedi 30 mai dès 11h sur notre e-shop.

À très vite de l'autre côté,

Benoît

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