Test Wrangler : Le jean qui respire le Far West

9 min

Test Wrangler : Le jean qui respire le Far West

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Publié le : 26 septembre 2013Mis à jour le : 27 août 2014

Un peu d’histoire

Tout commence au début du XXème siècle. Blue Bell, entreprise détentrice de Wrangler à cette époque, fabrique du workwear, c'est-à-dire des vêtements de travail, adaptés aux ouvriers des chemins de fer. Blue Bell décida ensuite de lancer une marque de denim spécialement dédiée aux cow-boys, d’où le nom de Wrangler : le terme désignant un garçon vacher.

Le but est simple : offrir aux cow-boys un jean robuste, agréable à porter, s’adaptant à la montée à cheval. D’ailleurs, si vous regardez bien sur le patch, le logo est représenté avec une corde : la même qu’utilisent les cow-boys pour faire un lasso. Précurseur du jean en 1904, Wrangler n'a depuis jamais perdu en notoriété et continue de proposer des modèles de qualité, même si on trouve du bon et du moins bon chez eux.

Un cow-boy, c’est quoi ?

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Aujourd’hui, un cow-boy est souvent représenté comme un dur à cuire qui ne fait qu’en découdre avec les Dalton ou les Indiens. Avant cela, un cow-boy, c'est un garçon vacher (traduction littérale), c'est-à-dire un homme qui s’occupe du bétail bovin : bref, un fermier !

Avant la ruée vers l'or, la quasi absence de chemins de fer a forcé les cow-boys à mener les bovins vers les grands espaces à cheval. Et si certains pensent que le vacher est solitaire, courageux, parfois nomade, c’est encore une image qui s’éloigne de la réalité.

La transhumance c’est quoi ?

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«Oh Jack, tu sens vachement bon»

Non, ce n’est pas une maladie. La transhumance est la migration d’un élevage de bovins (ou autre) de la plaine vers les montagnes pour qu’ils puissent se nourrir et gambader à l’air frais. Pour orchestrer cela, il faut au moins un cow-boy, parfois deux.

En dehors de cette période, le cow-boy ne travaille pas et vit donc dans la précarité (peut-être la raison pour laquelle Ennis et Jack ont fini par se faire des câlins).

C’est un métier difficile, dangereux et vu d'un mauvais oeil. Ces gens sont souvent marginalisés et il y a peu de volontaires pour exercer le métier. Contrairement aux idées reçues, la plupart des vachers ne sont pas à l’image du grand blanc barbu : ce sont souvent des hommes issus des dernières vagues d’esclavage qui acceptent de travailler pour les exploitants bétaillers.

À la fin du XIXème, le cow-boy devient peu à peu mystifié et glorifié. Tout commence quand le New-York Weekly raconte les histoires de Buffalo Bill, un homme courageux, libre et viril. Les Américains deviennent alors friands de ces petits contes et s’identifient à lui rapidement.

Suite à cette popularisation, le cow-boy devient une identité nationale que l’on veut mettre en scène, ce qui donne naissance au rodéo et aux démonstrations d’habilité à cheval (le round-up).

Le cow-boy que nous connaissons aujourd’hui est né, le Buffalo Grill également...

Et Wrangler dans tout ça ?

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Wrangler est issu de cette culture ouest-américaine (et de cette popularisation). Lorsque vous portez un Wrangler, vous vous sentez chanteur de country (peut-être un peu Chuck Norris aussi) ! La marque sponsorise les rodéos et devient alors la référence vestimentaire des cow-boys.

Wrangler met en avant 7 détails propres à la marque, censés représenter la cow-boy attitude et rendre les jeans plus solides et pratiques. Nous avons passé en revue et vérifié l'utilité de ces 7 détails. Marketing ou réalité ?

1er détail - Les rivets plats

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Les rivets plats sont destinés à ne pas abîmer les selles et autres équipements de Cow-boys. Aujourd’hui, bien entendu, le concept est resté pour ne pas endommager les motos et sièges des autos.

Je valide ce point. Moi qui m’adosse parfois contre les voitures, j’ai déjà eu cette mauvaise expérience de rayer une peinture avec des rivets à tétons. Faites le test sur la voiture de papa ou celle de votre patron, c’est infaillible (non, en fait, ne le faites pas !).

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 Avec un Wrangler, vous pouvez donc vous la péter comme Shia.

2ème détail - La 5ème poche

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 Ici, la 5ème poche du Wrangler est plus grande que sur un jean standard. 

Sur vos jeans, la 5ème poche présente sous la ceinture côté droit est appelée communément « la poche qui ne sert à rien ». Elle est, à la base, prévue pour glisser une montre à gousset. Aujourd’hui nous la portons au poignet, donc elle n’est logiquement plus nécessaire, ou presque...

En effet, elle détient les dimensions exactes d’un briquet de la marque Zippo. Si vous ne fumez pas, elle servira tout de même à ranger votre Zippo pour mettre le feu à des cadavres sortis de coffres de Cadillac. Plus sérieusement, à part cet objet, elle est bien trop petite pour contenir quoi que ce soit, à part quelques pièces de monnaie.

La 5ème poche du Wrangler est volontairement plus grande pour la rendre plus utile. Vérifions :

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Un trousseau de clés standard. 

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Corde en cuir When I Was 17.

Les clés se logent dans la poche en forçant un peu. La 5ème poche est très tendue, donc les clés sont plaquées sur le corps, ce qui n'est pas agréable du tout.

Elle n'est donc pas très efficace. On la réservera définitivement pour les pièces de monnaie ou de quoi découcher après une soirée arrosée (c'est important de sortir couvert ;))

3ème détail - Les coutures à rabat

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 On aperçoit bien le rabat au centre de l'image. 

Ces coutures se trouvent sur tous vos jeans, Wrangler n’a rien inventé. En revanche, la marque a amélioré cette technique. Les rabats des coutures arrières tombent vers les poches, contrairement aux jeans courants. Selon la marque, cela permet de maintenir le portefeuille en place. Entre nous, mon fidèle jean Uniqlo -dépourvu de rabat tombant vers les poches- fait tout aussi bien le job.

En ce qui concerne les rabats des cuisses, il sont cousus vers l’extérieur. Encore une fois pour améliorer le confort de la montée à cheval. Selon un ami rebelle et motard qui porte du Wrangler, il "aime la marque, mais ne voit pas de changement comparé à un jean doté d'une toile d'épaisseur moyenne".

4ème détail - Les 7 passants

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Deux passants supplémentaires sont cousus à l'arrière. 

L’argument de Wrangler « Si vous avez déjà porté des jeans avec cinq passants, vous savez que le jean glisse systématiquement de la taille. Quand on passe à six, c’est déjà un peu mieux. Mais enfilez une ceinture en cuir Wrangler à travers sept passants, et vous verrez, le jean est scellé à votre corps. »

C’est sûr qu’avec 7 passants, vous êtes mieux maintenu, surtout si vous faites du rodéo. Mais habitant en ville, tous mes jeans à 5 passants font également bien le job, même s'il est vrai que la ceinture passe au-dessus du jean lorsque je me penche. Avec les 7 passants, vous n'aurez pas à remonter votre jean. En ce qui concerne "la ceinture en cuir Wrangler", vous l'aurez compris, cela fonctionne avec n'importe quelle marque de ceinture.

Note de Florian : j'ai un jean Wrangler depuis quelques mois maintenant et j'ai la même impression que Luca.

5ème détail - Les surpiqûres des poches

Les surpiqûres en W des poches arrières constituent la marque de fabrique la plus visible chez Wrangler. La marque assure que cela renforce la poche et je le confirme, ce n'est pas un luxe si vous y glissez chaque jour votre portefeuille.

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Les deux derniers détails sont le patch en cuir et le logo avec le lasso en forme de W. Pas vraiment d’utilité, mais c’est grâce à eux que l’on reconnaît un Wrangler...

Test - Le semi-slim Spencer Broken Twill (85 euros)

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Une tenue simple et efficace, composée des essentiels du vestiaire masculin.

Le Broken Twill, c’est quoi ?

Lorsqu’on achète un Wrangler, ce terme revient souvent sur l’étiquette, accompagné de ces quelques mots : "Wrangler's signature broken twill provides a softer handfeel seams that don't twist, high resistance to tearing and unique surface design".

Traduction : "Le Broken Twill de Wrangler offre un tissage plus doux au toucher qui ne vrille pas, une haute résistance à la déchirure et un design unique".

Sur les jeans courants, les toiles sont le plus souvent droitières, c’est-à-dire que la diagonale de tissu monte de la gauche vers la droite. Cette technique s’appelle le « Right hand twill ». Pour une piqûre de rappel, consultez "comment est tissée la toile d'un jean".

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Jean BGR-01 right hand twill,
(vue de dessus, la diagonale va vers la droite, et vers la gauche vue de dessous).

On peut aussi croiser des jeans, comme chez Lee, avec une toile gauchère appelée left hand twill. Vous l’aurez compris, le principe est le même mais dans l'autre sens. Avantage, selon les marques qui l’utilisent : cela rendrait la toile plus solide et plus douce au toucher. Le délavage va être également différent sur cette toile. Dans les faits, pas de grosse différence.

Le broken twill est en fait le mix de ces deux techniques. La toile est parsemée de zigzags : on l'appelle aussi le tissage en chevron. L’avantage, selon Wrangler qui l’inventa en 1964, est d’éviter la torsion de la toile et de la rendre plus douce au toucher. Le principe est que le jean ne doit pas tourner autour de votre cuisse lors de vos déplacements quotidiens.

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Jean Wrangler Broken Twill.

Je vous l’avoue, je n’ai jamais senti une torsion sur mes jeans, donc je ne vais pas pouvoir vous dire que c’est efficace. Mon ami motard m’affirme que ses denims se tordent lorsqu’il chevauche sa monture et que cet effet est clairement atténué grâce au Broken Twill. Croyons-le donc sur parole !

Pour le reste, il est très confortable, la toile est plutôt souple mais reste solide. Sa coupe n’a rien à voir avec les débuts de Wrangler, il est plutôt élégant et s’adapte facilement à une tenue urbaine.

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Les poches basses : autre caractéristique de Wrangler.

Les poches basses donnent un look plus loose, je trouve ça dommage sur un jean aussi bien structuré, l'élégance est cassée.

Il y a par contre des petits détails sympathiques : les coutures en points de chaînette à la ceinture et aux poches arrières (qui témoignent de la solidité du jean pour les puristes) mais que l’on ne retrouve pas sur les ourlets.

Les poches arrières ne sont pas doublées.

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En ce qui concerne les coutures, elles restent correctes. On voit que ce n'est pas un jean haut de gamme mais pour son prix, il se défend très bien.

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Les coutures restent propres.
On aperçoit les points d'arrêt qui témoignent de la solidité du jean. 

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Une couture à rabat pour l'exterieur de la cuisse. 

Un jean de qualité se doit d'avoir une double couture. Mais ce n'est qu'un détail. La couture à rabat est tout de même propre.

Globalement, je suis très content de ce jean. Il ne se déforme pas, reste élégant, structuré malgré la légèreté de sa toile. Il se porte de préférence en été.

Une réussite pour Wrangler qui adapte ses jeans utilitaires à la ville.

Test - le jean Evan selvedge coupe droite (120 euros)

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Il ne me manque plus que ma pioche.

Ce jean reflète bien les racines de Wrangler : il est robuste, avec une coupe droite. Il n'est pas vraiment esthétique (même pas du tout) mais il respire le Far West.

Le modèle Ivan rappelle les jeans des années 50, et Wrangler a volontairement voulu transmettre ce côté ultra-vintage. Sur la photo ci-dessus, l'effet coupe droite / taille haute a été camouflé afin de donner plus de modernité au style. En réalité, il est très difficile à porter de nos jours.

Note de Geoffrey : Je m'avancerai moins que Luca sur la coupe du jean. C'est correctement portable mais il faut le voir comme une pièce forte. Typiquement, c'est le genre de jean droit qu'il faut porter retroussé avec un haut bien fitté en été, ou intégré dans un look purement workwear en hiver, de manière à en justifier l'aspect loose. Autre détail : oui, cela tasse la silhouette... donc à réserver pour les grands ! 

Que penser de ce jean ?

Je vous avoue que j'aurais préféré un selvedge doté de la même coupe que le Spencer. Ce jean est vraiment destiné aux puristes, amoureux du Far West.

La taille haute n'est plus d'actualité, on se rend bien compte que cette coupe est issue des 50's et n'a rien à faire en 2013. Regardez par vous-même :

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Votre buste n'existe plus lorsque vous portez ce type de jean. 

Note de Geoffrey : dans les faits, vous ferez passer le tee-shirt par dessus le jean 🙂

 En ce qui concerne la toile, elle est vraiment très belle, de bonne qualité.

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Le liseré vert, également représentatif de la marque.

Ce jean, contrairement au précédent, présente une double couture sur l'extérieur de la cuisse. La couleur du liseré dépend des fabricants. Le plus connu est le rouge (Levi's, Naked and Famous, etc.), vous pouvez trouver également du jaune, du bleu et enfin du vert pour Wrangler.

Vous pouvez également remarquer que ce n'est pas un broken twill mais un right hand twill.

Concernant les finitions, c'est impeccable. Les points d'arrêt sont bien marqués, la fermeture éclair est cousue solidement grâce à une double couture.

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 Sur la fermeture, rien à dire, c'est du solide. 

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La toile la plus claire est l'Evan selvedge, la seconde est le Spencer. 

Sur la photo ci-dessus, l'Evan selvedge est doté de doubles points d'arrêt sur les poches que vous pouvez voir sur le dessus et côté du rivet. Le Spencer, lui, n'en a qu'un. Il y a donc une différence de qualité entre les deux jeans (une différence de prix également).

Les petits bémols concernant la qualité de fabrication

Les boutonnières 

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Les renforts bavent un peu.
Mais ce n'est qu'un détail, un coup de ciseau et c'est réglé ! 

La doublure des poches arrières

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La doublure n'y est pas mais les coutures des rabats de renfort sont en points de chaînette.

Pour résumer, ce jean est un vrai selvedge de qualité, mais la coupe présente un parti pris très particulier, ce qui est dommage si c'est un jean facile que vous recherchez. Assurément, le look fermier vous suivra si vous portez ce jean. Je conseille donc cette pièce aux puristes qui veulent s'aventurer dans les heures de gloire du workwear.

Restez donc sur des pièces faciles à porter, pas la peine de jouer au cow-boy quand vous n'en êtes pas un. Wrangler propose également beaucoup de jeans délavés, déchirés, que je vous engage à éviter. Rappelez-vous : c'est votre rôle d'user votre jean brut, ce n'est pas celui d'une machine ou de produits chimiques. Comme le dirait Brandon de Naked And Famous : "Acheter un jean délavé, c'est comme si vous achetiez une voiture avec des rayures ou une pomme dans laquelle on a déjà mordu."

Cela dit, la gamme est très vaste chez Wrangler. Et vous trouverez également des coupes faciles dans de magnifiques toiles si vous faites un peu le tri. Tapez donc directement dans le milieu de gamme et haut de gamme chez eux. Si vous faites votre travail de sélection, vous ne le regretterez pas.

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Note de Geoffrey : Merci à Anne-Laure (Wrangler) pour son accueil, et nous avoir permis de tester les produits.

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