Histoires extraordinaires et hommes de style : le hypebeaster (EPISODE 2)

14 min

Histoires extraordinaires et hommes de style : le hypebeaster (EPISODE 2)

14 min
Publié le : 25 juillet 2018Mis à jour le : 29 novembre 2018
Rien ne va plus sur BonneGueule.

Christophe, le rédacteur en chef, m'a laissé carte blanche pour l'été. Et ça va faire mal.

Très mal.

À cette occasion, je vous ai préparé une série de portraits pas comme les autres : ce sont les histoires extraordinaires (et intimes !) d'hommes de style dont les lubies sartoriales frisent souvent la folie la plus pure. Vous avez pu lire le premier épisode consacré au denimhead, eh bien voici le seconde !

Les illustrations exquises nous sont réalisées par l'excellent Alexis Bruchon.

Bonne lecture.

PS : Ceci n'est pas une satire sociale.

        Une voix monstrueuse m'aboie dessus dans le noir :

        - On hésite entre appeler les flics et te faire vraiment mal.

        C'est quoi le mieux ? À choisir, je dirais plutôt les flics. Ça dépend : est-ce qu’on a le Wi-Fi en prison ? Franchement les sévices corporels me tentent moyennement. Sauf si on me certifie qu'un coquard et une lèvre fendue rapportent gros sur Instagram. Pour un millier de followers en plus, je le fais. Même pour moins en fait.

        Voilà la scène : je suis ligoté à un siège, les mains liées dans le dos, les pieds collés au sol. Devant moi, je ne vois rien, si ce n’est un globe de lumière blanche qui me fixe comme un œil.

        C’est vraiment pas des manières. Est-ce que c’est légal de séquestrer quelqu’un d’épileptique ? Y’a des chances que non.

        C’est le moment ou jamais que mon corps révèle enfin ses pouvoirs surnaturels qu’il me cachait jusqu’à présent. Allez, je ne serais même pas déçu si mon pouvoir, c’était simplement de vomir de l’acide ou je sais pas quoi.

        Je me concentre. La veine du front qui grossit. Toujours aussi ligoté. La réalité est tellement moins cool que dans les films. Ou dans Fortnite. J’ai jamais saigné du nez dans la vraie vie alors comment je pourrais vomir de l’acide.

        Silence dans le noir autour. Rien à faire : je me sens comme un chien galeux pris dans les phares d’une bagnole. J’attends la sentence. J’entends qu’on bouge, qu’on chuchote. Je ne sais pas qui ils sont mais j’ai une idée assez précise de la raison pour laquelle je suis là.

        Je vous raconte ?

        Retour en arrière, à quelques jours de cette atteinte à ma liberté de mouvement.

        Dans la vie, je suis lycéen. C’est-à-dire que je passe mes journées sur une chaise à faire semblant d’écouter des types fragiles pas assez bon pour s’illustrer eux-mêmes dans les disciplines qu’ils enseignent. Ma vie de lycéen, c’est comme un shoot permanent de Valium. Cellule sans issue. La jeunesse comme enfer intime, à regarder la pendule en français, en physique, en mathématiques. #boring

        Mais quand sonne la cloche de 16h, c’est une autre histoire.

        En un rien de temps, j’ai passé la porte et la voix du prof, quand il me dit un truc désobligeant, n’est déjà qu’un lointain souvenir. Nan mais, ils ne se rendent pas compte : comme si l’algèbre allait m’aider dans la vie. Non moi, j’ai décidé de prendre les choses en main.

        J’ai pas besoin des maths. Je sais compter. Et c’est en euros que je le fais le mieux. Ça commence à mille. Après c’est deux milles. Trois milles. Quatre milles. Ça me fait penser : y’a vraiment des gens qui se servent des billets de cinq ou c’est une sorte de blague ?

        Les lourdes portes battantes du lycée s’ouvrent. Je me jette pieds joints sur mon skate et, en trébuchant, manque tout juste de foutre en l’air ma réputation. Personne n’a vu, c’est déjà ça. Parce que ça me ferait mal de leur avouer que j’ai à peu près autant d’habileté à monter sur ce machin qu’à résoudre une équation à double inconnues. Ne croyez pas ceux qui disent qu’ils m’ont vu au half pipe derrière le bahut. Ils se servent de ma légende pour écrire la leur.

        J’habite avec maman un pavillon honnête à Warwick, pas loin de Birmingham. Je dis “avec maman” parce que le sport favori de mon père, c’est les absences prolongées. Et je sais très bien ce qu’il fait pendant ses déplacements. Même maman, au fond, elle le sait, je suis sûr. C’est pour ça que c’est à ce point le bordel dans sa tête.

        Je claque la porte et je monte dans ma chambre. Et pour la première fois de la journée, ma respiration se fait plus lente. Le bruit de la rue est moins fort. Mon temple. Mon sanctuaire. Mon monde.

        Ma chambre est minuscule mais elle me suffit. C’est le seul endroit sur Terre où je me sens vraiment bien. Mes trésors trônent sur des portants et une étagère faisant tout le tour de ma chambre au trois-quarts du mur supporte toutes mes boîtes à sneakers. Tout est là.

        Je regarde l’heure. Aujourd’hui, c’est le grand jour.

        Et rien que d’y penser, j’en tremble. Ce soir, je vais faire quelque chose que je n’ai jamais fait de ma vie : je vais voler un objet à un ami.

        Je ne vous demande pas de comprendre. Peu de gens le peuvent. Mais, au moins, je peux vous expliquer pourquoi. La vérité, c’est que je suis un hypebeaster. Et peut-être même le plus grand hypebeaster du lycée.

Alexis Bruchon Hypebeast Supreme B

        Je suis une sorte de collectionneur, si vous voulez. Je collectionne les sneakers, les accessoires, les fringues pour les revendre ensuite sur Grailed ou Ebay ou des groupes Facebook comme The Basement ou SupTalk. Vous vous faites combien d’argent en un mois ? Je parie que je fais plus. Ça fait quoi de se faire battre au grand jeu du capitalisme par un gosse de 15 ans ? MDR

        Ce matin, j’ai reçu une notification : j’ai vendu un t-shirt à un type pour le prix d’un billet de Londres à n’importe-quelle-destination-d’Asie. Ça vous fait quoi ?

        Bien sûr que je fais ça pour l’argent ! Parce que je veux pas rester toute ma vie à Warwick même si maman est cool. Mais je fais ça aussi juste pour vous impressionner. Ça ne vous impressionne pas ? Oh, je m’en tape parce que y’a tout un tas de gars bien plus cools que vous sur Instragram que ça impressionne vraiment. Visez un peu le nombre de likes.

        J’ai 49,5k followers.

        J’en veux plus.

        Putain, j’en mérite plus. C’est mon destin.

        Je peux passer des heures à rechercher le hashtag qui tabasse vraiment. Vous croyez que je fais quoi en cours ?

        Les tenues que mes followers préfèrent, c’est celles qui matchent : le jogpant camouflage avec la doudoune assortie par exemple. #BasementApproved. J’ai fait la queue pendant un jour et demi pour cet ensemble. Ah non, j’avais oublié : j’ai payé un gosse pour qu’il fasse la queue pendant un jour et demi devant chez Supreme à ma place. Les meilleurs 20£ jamais dépensés de toute ma vie.

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        Sinon, j’ai un bot qui me permet d’acheter toutes les nouvelles sorties avant vous. Chaque jeudi à midi pile. Pour 130£ par mois. “Qu’est-ce que c’est qu’un bot ?” Ouah, mais dans quel monde vous vivez ? Basiquement, c’est un robot informatique qui achète à votre place. Il est plus rapide que n’importe qui.

        Ouais, je le conçois, c’est un peu fou. Mais Supreme, c’est au-dessus.

        L’état naturel de ma tête, c’est quand elle est recouverte d’une casquette Supreme. C’est pas possible autrement. Je me sentirais trop ridicule. Ce serait comme si on m’obligeait à porter des chaussures en cuir, comment on appelle ça déjà ? Ah ouais des oxfords. LOL. Jamais de la vie. Plutôt porter du Rick Owens.

        À l’école on est obligés de porter un uniforme, mais vous voyez, je l’ai un peu customisé. La cravate, je la porte courte. J’ai mis un pin’s Supreme au revers de ma veste, collab’ Nike x Off White aux pieds. Vous ne voulez pas savoir le prix. Sac-à-dos noir imprimé “supreme” partout dessus. Les profs me disent rien. Ils me suivent sur Instagram.

        Parfois j’ai du mal à savoir ce qui est cool de ce qui ne l’est plus. J’ai le tee-shirt avec William Burroughs dessus qui tient une arme. C’est qui ce type ? Il dit “Smash the control images. Smash the control machine.” Aucune idée de ce que ça veut dire, mais si Jebbia trouve ça cool, alors moi aussi.

        Vous ne savez pas qui est Jebbia ? MDR. Y’a Google pour ça, la honte. Sérieusement, comment faisaient les gens avant internet ? Ils devaient se parler et tout ?

        Je suis tombé sur une photo de papa quand il était jeune. LMAO c’était y’a 500 ans au moins. Ces mecs portaient du coton et des tissus naturels. Tellement ridicule. J’ai entendu dire aussi qu’ils n’avaient pas d’iPhone. Waouh. Déjà que je sais même pas comment on faisait quand les écouteurs avaient des fils. HAHAHA, un autre monde quoi.

        Jebbia a apporté tellement de bien dans ma vie, je ne lui tournerai jamais le dos. Jamais. Parce que je fais partie du club maintenant. Je suis le club maintenant. Je porte un t-shirt Supreme, sur lequel un type porte un t-shirt Supreme sur lequel un type porte un t-shirt Supreme. Inception.

        Je vous fais la visite : sur les étagères de ma chambre y’a Supreme ; Gucci ; Stone Island ; Obey ; CDG ; Raf Simons ; Gosha ; Palace ; Nike ; Bape ; Louis Vuitton ; Vêtements. Damn Demna. DM moi si vous voulez quelque chose.

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        J’entends maman m’appeler pour dîner.

        Maman est debout à me regarder manger. Elle dit qu’elle n’a pas faim. Quand je lève les yeux, je la vois balancer la tête en arrière d’un coup. Elle se shoote à une drogue quelconque. À l’effet que ça lui fait, je dirais Xanax. Le Xanax, ça veut dire qu’elle veut parler. Elle tourne la tête et j’aperçois les cicatrices rouges de son dernier lifting.

        Soudain, quand je plante ma fourchette dans le steak, elle prend la chaise en face de moi, s’y assied et fixe pendant cinq secondes les fringues que je porte : j’ai un ensemble Supreme “Obama” anorak et sweatpants. De la bombe. Elle sort une cigarette de la poche poitrine de sa chemise, l’allume et dit :

        - Faut qu’on parle Leo.

        Elle me dit ça comme si on était en couple. Flippant. Je crois que mon père lui manque pour de vrai. Là, elle jette sur la table une liasse de billets en cylindre qui roule jusqu’à toucher mon assiette. Je la reconnais immédiatement cette liasse : c’est celle que je planque dans ma boîte à chaussures. Elle me dit :

        - Voilà ce que j’ai trouvé dans ta chambre. Tu m’expliques ?

        Qu’est-ce que je dois dire ? Je dois lui expliquer que je revends des fringues exclusives trois-quatre-cinq fois leur prix sur Internet et à des potes du lycée, fringues que je vole ou que j’achète avec tout l’argent que me donne mon père en cachette pour me faire taire concernant ses conquêtes ?

        Des déplacements professionnels. C'est ça.

        Elle ne pourrait pas supporter. Elle peut pas comprendre que Supreme m’a sauvé la vie. Supreme et Bape et Gosha et les autres. Là, où elle a échoué à me protéger. Je peux vous le dire, j’ai plutôt un physique à me faire tabasser à la récréation de 10h. C’est sur les gars comme moi que s’entraînent les gros gars pour aller ensuite affronter des gars plus gros encore.

        Ma vie a été sauvée le 5 avril 2016, quand je suis venu au collège avec une salopette blanche Supreme, bucket hat assorti et Vans old skool noires. Je ne sais plus très bien comment ça s’est passé. Comme si quelqu’un m’avait dit de porter cet ensemble. Au lycée, des gens que je connaissais pas me tapaient simplement sur l'épaule et me disaient : “cool” ou “dément”. Le plus beau jour de ma vie.

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        C’est à ce moment-là que Millie a commencé à me parler. Millie, elle est plus belle qu’une collaboration entre Supreme et Vuitton. Mais je la garde, elle n’est pas à vendre.

        Maman ne pourra pas comprendre. C’est pas possible. Elle pourra pas comprendre que c’est toute ma vie. Que je rêve de ça. Que la veille avant de m’endormir, je pense à la tenue que je mettrai le lendemain. Que j’ai déjà séché un cours pour revenir à la maison et choisir une tenue différente parce que je n’étais pas satisfait de la première. Que je me suis fait 10,000£ le mois dernier juste en revendant des sneakers et des vêtements alors qu’elle gagne à peine le SMIC.

        - C’est rien, je lui dis.

        - “C’est rien” ? dit-elle en écho.

        Je dois lui dire que papa m’a loué un petit entrepôt en ville dans lequel je stocke tous les pièces que je ne porte pas, encore sous blister, qui attendent qu’un nouveau mec riche se découvre un passion pour Supreme ?

        Elle croit que la liasse provient de la vente de drogue, alors elle me fait son speech de mère, défoncée au Xanax. C’est quand même comique, mais j’ai pas le droit de rire. Encore une leçon à écouter, alors que c’est plutôt moi qui devrais en donner aux adultes. Mais de toute façon, j’écoute, qu’est-ce que je peux faire de plus ? Mon steak ne va pas se finir tout seul et faut que je prenne des forces pour ce soir.

        Voilà le topo.

        J’ai le blouson en collaboration avec Public Enemy de 2006. J’ai le rouge. J’ai même le noir. Assez faciles à trouver. Deux trois DM. C’était fait.

        Mais il me faut absolument le dernier : le jaune. Et le jaune, il est introuvable. Personne ne l’a, j’ai fait tous les recoins d’internet, même les plus glauques. Personne ne l’a, sauf Victor. Mon ami.

        Le blouson est dans sa chambre en ce moment même, je l’entends la nuit qui m’appelle. Un trésor pareil, ça se mérite. Victor n’a même pas 10k followers sur Insta. LMAO. Quelqu’un l’a même entendu dire qu’il préférait Palace à Supreme. Est-ce que vous vous rendez compte ? Non mais quel con.

        Comme la famille de Victor et lui-même sont dans leur maison secondaire quelque part vers Bristol, je me pointe, je sais où ils cachent les clés de secours, je rentre, je monte à l’étage, je sais exactement où se trouve le blouson, il me l’a montré et je me tire en vitesse. Y’a pas de chien, pas d’alarme. Facile. Qu’est-ce qu’il peut m’arriver ?

        Ma tenue pour ce soir : mes Yeezy Boost 350 Pirate Black, mon hoodie Bape black camo, jean H&M stretch noir pour la liberté de mouvement, mon masque de visage en neoprène.

        Quelques heures de Fortnite et minuit sonne. Maman doit être évanouie devant la télé.

        Et alors que je m’extrais de la fenêtre et plonge dans le clair de lune, je m’arrête sur le toit pour un petit selfie de bon fonctionnement. En regardant la photo, je me dis que c’est un jour de fête et que je ne peux pas m’habiller comme ça : c’est le jour où je vais compléter ma collection de blousons Supreme x Public Enemy, alors je rentre et me change pour quelque chose de plus festif.

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        Le trajet jusqu’à chez Victor se passe sans encombres. Et la nuit m’enveloppe chaudement. Des chats passent et sont les seuls à me voir. La clé est là où elle est toujours. La porte s’ouvre sans grincer. Pas d’alarme, pas de chien. Comme j’avais dit. Une vingtaine de marches. Des tapis douillets sous les semelles souples de mes sneakers. La chambre de Victor. J’ouvre son armoire et sous blister le blouson est là.

        Sauf que j’ai à peine le temps de l’effleurer que quelqu’un de très fort m’encercle de ses bras et qu’un autre fait passer par-dessus ma tête un sac aussi grand qu’un gouffre.

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        Et c’est la scène que vous connaissez :

        Tout d’un coup, une première voix colossale, truquée mécaniquement pour qu’elle soit monstrueuse genre Kylo Ren, déchire le silence de ses cris de bête :

        - Voleur ! Voleur ! Voleur ! Voleur !

        - Bah, j’ai rien volé. C’est plutôt vous qui m’avez volé, je dis.

        Silence. Je suis fier, j’ai toujours eu de la répartie dans les moments désespérés. J’entends des chuchotements dans le noir derrière le globe de lumière, comme si des gens se mettaient d’accord. Puis, toujours la première voix :

        - Voleur ! Voleur ! Vol..

        Bim ! J’entends distinctement qu’on donne comme un coup de coude en plein dans les côtes.

        Un deuxième Kylo Ren me menace :

        - Cette nuit s’arrêtent tes méfaits. Cette nuit, tu vas payer pour tes actes. Cette nuit, nous allons te donner le châtiment que tu mérites. Cette nuit, tu as rendez-vous avec la mort !

        Et puis il part en rires diaboliques à la Thriller de Michael Jackson. Sauf qu’à ce moment précis le transformateur de voix foire et qu’il rit comme une fillette.

        Une troisième voix de monstre, bien grave, intervient :

        - Je savais que c’était une mauvaise idée ce transformateur de voix.

        - C’était pas une mauvaise idée !, dit la voix suraiguë. Ça marchait très bien tout à l’heure. En plus, je me suis emmerdé à les trouver et vous ne m’avez toujours pas remboursé d’ailleurs ! Vous attendez toujours le dernier moment, c’est fou ça !

        Je me marre intérieurement.

        La voix grave qui veut arrondir les angles :

        - Ok. Sur le papier, on est tous d’accord que c’était une bonne idée le transformateur de voix. Comme ça on est anonymes et ça fait peur. Ok. Mais t’entends bien que ça foire quand même ! On perd complètement l’effet ! Et puis y’a autre chose qui m’ennuie : c’était pas dans le plan de le tuer, hein. Moi, je suis pas venu pour ça. Oulah, non. Si j’avais su je...

        - Calme-toi, dit la fillette. C’est de l’intimidation. De la torture. Je voulais le briser psychologiquement.

        - Haaaaaan, ok. Je comprends. Mais du coup, par exemple, je veux pas être présomptueux et tout, mais à mon avis, t’aurais peut-être dû me le dire à voix basse ça, Martin. Ça va plus marcher maintenant.

        Silence.

        - Ce qui ne marche plus, c’est que maintenant il sait qui je suis, grâce à toi, con de Victor !

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        Soudain la lumière s’allume sur mes trois amis : Victor, Martin et mon pote à la force herculéenne Chris. On est dans ce qui semble être la cave de la maison de Victor. Elle est pleine de bouteilles de vin qui viennent du monde entier. En fait, il est comme moi le père de Victor, il collectionne. Je suis sûr qu’il a bien dû en voler quelques-unes. C’est un hypebeaster dans son genre.

        La mère de Victor, robe de soirée, cheveux en arrière, les yeux mi-clos, la main faite pour recevoir une coupe de champagne, descend les marches avec lenteur, elle regarde la scène sans y croire. J’ai toujours été son préféré :

        - Mais qu'est-ce que vous faites ici dans le noir ? Oh ! Léo ! Mais pourquoi vous l’avez attaché ?

        Je les vois cacher leurs transformateurs de voix achetés sur Amazon.

        - C’était juste un jeu maman, entre Léo et nous, dit Victor.

        - Détachez-le tout de suite, le pauvre.

        - Merci Madame, je dis. Même si je commençais à trouver ça vraiment drôle.

Regards noirs des trois monstres.

        - Viens avec moi Léo, je vais te ramener chez toi. Et vous restez-là, on discutera à mon retour.

        On monte les escaliers et ils restent en bas à me voir m’échapper le nez propre. Quand on est dans le hall d’entrée elle et moi, je lui fais les yeux en cœur et je lui dis :

        - Madame, Victor m’avait dit que je pouvais lui emprunter un truc dans sa chambre, vous me permettez d’aller le récupérer ?

        Et c’est ainsi que j’ai terminé ma collection de blousons Supreme x Public Enemy. Le seul problème, c’est que je ne peux pas les porter tous en même temps.

        J’ai plus d’amis, mais mon post Instagram avec les trois blousons alignés m’a rapporté plus de 15k followers. Je suis le premier à avoir rassemblé les trois blousons. Qui a besoin d’amis quand on fait partie du club Supreme ?

        En revanche, va encore falloir qu’on déménage.

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