Nos boots « Made in England with Love, by Barker »

25 min

Nos boots « Made in England with Love, by Barker »

25 min
Publié le : 13 décembre 2018Mis à jour le : 21 avril 2020

Il y a quelques mois, Benoît (toujours assis à ma gauche au bureau) se tourne vers moi et me dit :

- "Nicolò, ça te dirait de faire un tour en Angleterre ?

- Hein ? Euh oui, carrément ! Mais pourquoi ? On part quand ?

- C'est pour nos nouvelles boots... Tu connais bien la chaussure, et tu parles parfaitement anglais, alors j'ai le plaisir de t'annoncer que tu viens avec Julien et moi à la visite et au shooting chez Barker, notre fabricant !"

Evidemment, vous vous doutez bien que j'ai bondi de joie sur mon fauteuil...

Franchement, on vous annonce que vous allez visiter l'atelier anglais où on fabrique ça, vous réagissez comment ?

Eh bien je vais vous raconter ce voyage très émouvant dans 2 secondes, mais avant...

Petit lexique de la chaussure en 2 minutes chrono

Oui, il va y avoir (un peu) de technique, alors voici un rapide rappel des termes importants à connaître :

La tige

Quand vous voyez une chaussure dans votre main, vous voyez une semelle… et le "dessus". Tout ce "dessus", ces pièces de cuir cousues ensembles qui enveloppent votre pied, c'est la tige. C'est la partie supérieure en cuir, en gros.

Première de montage

Tout bêtement la première "semelle" sur laquelle toute la base de la chaussure sera montée. Elle est découpée dans un morceau de cuir très épais et robuste. C'est sur elle qu'on mettra le mur. Et vous ne pouvez pas la voir sur une chaussure car elle est couverte par une "semelle intérieure", ou "semelle de confort".

Des premières de montage, bien rangées et étiquetées. D'ailleurs chacune d'elle doit être découpée grâce à une "forme" en acier... Qu'il faut faire construire spécifiquement pour chaque forme de chaussure réalisée par l'usine.

Le mur

Là, c'est assez technique : c'est une partie qui est fixée sur la première de montage, et qui en fait tout le tour. On dirait... un petit muret, justement, comme autour d'un jardin. C'est en gros l'articulation de toute la chaussure, l'endroit où repose la structure du montage. Car dans ce mur, on va coudre la tige et la trépointe ensemble, à l'aide d'une couture dite " couture trépointe".

Le mur, en train d'être fixé sur la première de montage !

Une trépointe

Sur les chaussures cousues Goodyear, c'est la bande de cuir extérieure qui fait le tour de la chaussure, le long du mur. Elle est fixée au mur et à la tige. Et avec une autre couture séparée (dite "couture petits-points"), on fixe ensuite  la "semelle extérieure", ou "semelle d'usure" dessus.

Une trépointe en train d'être assemblée sur la chaussure.

Le cambrion

C'est une petite languette qui peut être en métal, en plastique ou, plus haut de gamme, en bois et/ou cuir. On la place au niveau de la voûte plantaire pour la soutenir. Juste entre la première de montage, et la semelle extérieure. Donc vous ne pouvez pas le voir en tant que client.

Cuir/fleur corrigée et cuir pleine fleur

Ça c'est facile : si un cuir comporte des griffures, des cicatrices ou des rides après le tannage, l'artisan va le poncer et lui appliquer d'autres traitements pour masquer tout ça. C'est donc un cuir rectifié ou corrigé.

Mais si le cuir est d'excellente qualité, il est laissé en l'état : c'est donc un cuir "pleine fleur".

La "fleur", c'est la couche superficielle de la peau, qui a été conservée. Un cuir pleine fleur est généralement reconnu comme de bien meilleure qualité, vu que les imperfections ne sont pas masquées... Mais cela impose de choisir les meilleures peaux.

Un grade de cuir

Chez les tanneurs, vous avez en général plusieurs qualités de cuir disponibles (en général deux ou trois), avec plus ou moins de défauts. On appelle ça un grade de cuir, tout simplement.

Ce n'est pas tout d'avoir une belle peau de départ : encore faut-il la découper correctement. Comme vous pouvez le voir, même les très belles peaux ne sont pas exemptes de défauts, et c'est là que le coupeur intervient.

Carnet de voyage : ma première visite d'un atelier de chaussures

Pour cette paire de boots, j'aimerais vous raconter les choses différemment que ce que je fais d'habitude.

Lors de ce voyage, j'ai appris et compris tellement de choses, que ce serait bête de ne pas prendre le temps de les partager avec vous. J'ai enfin pu mettre des images "vues en vrai" sur des choses que je connaissais "en théorie" depuis des années.

Bien-sûr, je vais vous donner tous les détails sur le produit en lui-même. Bien-sûr, on parlera du cuir, de qualité et de technique...

Mais avant ça, je voudrais prendre le temps de vous raconter comment j'ai vécu cette visite. Car ça a été un évènement vraiment marquant pour moi.

Et je pense même pouvoir dire que ça a définitivement changé mon rapport à la chaussure. Pour ceux qui ne veulent que les faits, et rien que les faits, je ne vous interdis pas d'aller regarder directement plus bas dans l'article.

Mais comme dit toujours Benoît... "Le coeur doit parler".

Pour nous accueillir, Barker a pris la peine de hisser le drapeau Français à côté de l'Union Jack ! A gauche, Julien notre chef produit, (un peu timide quand il faut montrer son visage), et à droite Benoît et moi. Avec les têtes fatiguées de ceux qui se sont levés à l'aube pour prendre l'avion...

Un savoir-faire quasi-artisanal

La première chose qui m'a marqué, c'est de voir le travail manuel des gens. Ce n'est qu'une fois dans l'atelier qu'on en prend conscience : "ce que je porte aux pieds, c'est vraiment, entièrement fait par des humains."

Je le savais avant de le voir, mais comme pour beaucoup de choses, on n'en mesure pas le poids avant de le voir de ses propres yeux.

Car le nombre d'opérations nécessaires pour arriver à une chaussure cousue Goodyear finie dépasse les 200.

C'est un nombre qu'on entend souvent dans le marketing des marques faisant de la botterie à l'ancienne, mais il faut le voir pour en saisir l'enjeu. Il m'aura fallu pas moins de 5 heures de visite pour voir toutes les étapes et écouter toutes les explications.

Pouvoir mettre des visages sur les gens qui fabriquent des chaussures, dont vous savez que vous allez les porter bientôt... C'est un sentiment difficile à expliquer, mais ça change des choses à mes yeux. Ici, ce monsieur rabote la semelle et la trépointe après leur assemblage.

Je tiens cependant à couper court à toute ambiguïté dès maintenant, et ouvrir la parenthèse suivante...

Casser le mythe du "fait-main" dans la chaussure

J'ai dit "quasi-artisanal" plus haut. Pourquoi juste "quasi" ?

Car aussi belles et soignées que soient vos chaussures, et quel que soit le niveau de savoir-faire nécessaire... si l'on est rigoureux, il faut bien parler de "chaussure industrielle". Simplement parce qu'elles sont réalisées sur une chaîne de production, à l'aide de machines qui assistent la main de l'homme.

Alors que des chaussures "artisanales" sont techniquement des chaussures uniquement réalisées avec les outils d'antan, sans aucune aide mécanique ni électrique pour le montage. Pas de machine. Par contre, une chaussure entièrement faite main de A à Z, ça coûte plusieurs milliers d'euros, et ça n'existe presque plus. Et pour des chaussures dont seul le montage est fait-main, on est très rarement sous les 1000€ quand c'est fait en Italie où en Angleterre.

D'ailleurs, ce n'est même pas du "cousu Goodyear", dans le cas d'un fait main, mais un "cousu trépointe", fait avec du cuir, un fil, une main, et des outils. E basta ! comme on dit chez moi. ?Le cousu trépointe (dont à la main) existe sur des productions industrielles, en prêt-à-chausser, mais le nombre de marques qui le pratiquent est rarissime, et le prix s'en ressent très fortement : on est dans la tranche des 700-800€ avec quelques cas ponctuels sous les 600€.

La machine Goodyear est en réalité une invention de 1869 qui avait pour but d'imiter, autant que possible, la qualité du cousu d'un bottier, tout en permettant d'industrialiser la production de chaussures.

Ça reste une opération très complexe car cela demande un ouvrier qualifié, et beaucoup de temps. Surtout par rapport à un simple soulier collé (ou même un cousu Blake). Mais cela reste incomparable à un cousu main.

Voilà, ça c'est une chaussure "faite à la main", pari Yohei Fukuda, maître bottier. (crédits : keyyes.com)

D'ailleurs je suis fatigué de voir le nombre de marques qui parlent de "fait main" sur la chaussure, car c'est un véritable abus de langage. Je dirais même que c'est de la poudre aux yeux pour les clients.

Car des chaussures (tout comme les vêtements d'ailleurs) ne peuvent pas être montées autrement "qu'avec des mains". Or, si l'on prend la peine d'utiliser les mots "artisanal" ou "à la main", c'est normalement qu'on parle de chaussures réalisées traditionnellement, et sans machines.

Ce qui n'est évidemment pas le cas pour 99,99 % des marques. Sans quoi le Français moyen devrait mettre plusieurs mois de salaire pour ne pas se balader pied nu... En fait même les grands noms à plus de 1000€ la paire ne sont pour la plupart pas "des chaussures faites main".

Certains jouent donc sur les mots... Mais nous, on sait que vous préférez quand les choses sont expliquées clairement.

Cela dit, même si cette construction n'est pas tout à fait "artisanale", la dextérité de l'ouvrier est d'une importance capitale, car la machine ne fait pas tout, loin de là.

Même la confection d'un vêtement haut de gamme semble "simple" par rapport à la fabrication d'une bonne chaussure Goodyear.

Un autre élément qui m'a fait prendre conscience du rôle de l'ouvrier et de son expérience : c'est l'énorme enjeu de la sélection et du découpage des cuirs.

La tige en cours d'assemblage... Chaque morceau de cuir qui la compose doit être sélectionné pour éviter autant que possible les petites griffures, veines ou rides qui surviennent sur le cuir.

C'est facile d'être super exigeant quand vous voyez une paire finie sur un étalage, et de chipoter au moindre pli, à la moindre griffure...

Mais quand vous voyez à quoi ressemble une peau complète après tannage, avant qu'elle soit découpée, on change vite de point de vue. C'est vraiment la peau d'un animal, pas un polymère imprimé en 3D !

Toutes ces petites veines, rides, griffures, et tout le travail de ces gens, scrutant minutieusement afin de tirer le meilleur de chaque peau, pour que vous ayez justement le moins de défauts possible...

Encore une chose que je "savais" déjà très bien, mais qui vue en vrai, m'a laissé une forte impression. En rentrant chez moi, j'ai aperçu les légères imperfections du cuir de certaines de mes souliers, que j'avais jusque là vu comme des raisons d'être déçu.

Sauf que maintenant, je m'estime plutôt heureux d'avoir des souliers si proches d'être parfaits.

Voici la tige de nos boots, avant d'être mise en forme et montée. A cette étape, le cuir est encore à l'état "brut" et non fini. Notez le très bel aspect de cette peau, presque exempte d'imperfections...

Steve, un homme qui a dédié sa vie à la chaussure de qualité

Vous savez, en général je suis du genre méfiant sur la communication. J'ai un petit côté sceptique que je ne cache pas.

Alors, quand j'ai vu qu'on allait écrire "Made in England, with Love by Barker" sur nos chaussures, j'ai regardé Benoît, et j'ai dit :

Mouais, d'accord, mais c'est un peu bisounours. Tu ne trouves pas...?

Eh bien, j'allais me prendre une sacrée claque...

Laissez-moi vous présenter quelqu'un.

Voilà Steve, le responsable de la production ! Toujours passionné dans ses explications.

Steve est responsable de la production. C'est à dire qu'il maîtrise toutes les opérations nécessaires à la réalisation d'une paire dans l'usine Barker.

Aujourd'hui, il supervise et contrôle chaque étape, et s'assurer qu'on obtienne en fin de chaîne un produit au top.

Il a été notre guide pendant toute la journée, il nous a expliqué chaque opération durant la visite d'atelier.

Parfois, au milieu du bruit assourdissant des machines, et toujours avec cet humour bien à lui, un air faussement renfrogné, et une aptitude à tourner tout en dérision avec talent.

Un véritable puits de savoir

Comme je suis un grand curieux, je lui ai posé toutes mes questions à chaque opportunité. Et évidemment, j'ai tout fait pour lui prouver que, moi aussi, jeune rédacteur de mode et passionné de vêtement et de soulier, je savais de quoi il parlait.

Au fil de la journée, j'ai remarqué que plus nous échangions, plus Steve semblait ravi de passer du temps à parler de chaussures avec nous.

Et vers la fin de notre visite, Christophe, notre rédac' chef, est venu me voir à l'improviste et m'a dit :

- "Nicolò, on doit interviewer Steve, et on doit partir pour l'aéroport dans 15 minutes. J'allais le faire, mais finalement ton niveau d'anglais est meilleur, et tu connais bien mieux la chaussure. Alors on s'est dits avec Jason que ça devrait être toi qui mène l'interview. Tu peux gérer ça ?"

- Ah.. Ah bon ? Moi ? Bon, d'accord alors... Vous êtes sûrs ? Bon, okay, je vais le faire."

Je ne m'étais jamais prêté à l'exercice, et j'avais la pression, mais je me suis lancé. Et c'est là que j'ai vécu l'expérience la plus marquante.

"BonneGueule, Made in England with Love, by Barker". Je ne me doutais pas à quel point ce qui était écrit sur cette semelle était vrai.

Une interview touchante

Pendant 20 minutes, en face à face, j'ai parlé à un homme qui, dès sa jeunesse, a dédié sa vie à maîtriser toutes les opérations pour faire une vraie chaussure de qualité.

Et mon objectif était qu'il nous livre, face à la caméra, tout son savoir, de la façon la plus naturelle possible.

J'ai senti par moments qu'il était vraiment ému. Et ça, je ne m'y attendais pas. J'ai eu le plaisir de voir les yeux d'un homme s'animer parce qu'on s'intéressait au savoir-faire auquel il s'était consacré toute sa vie.

Même si je ne vous cache pas que ça n'a pas été facile de l'interviewer : il était parfois un peu stressé lui aussi. Alors j'ai simplement essayé de discuter avec lui, comme deux passionnés sur un forum, qui parlent de chaussures ensemble.

Et quel plaisir de le voir de plus en plus assuré au fil du dialogue...

(Au passage, je regrette de ne pas avoir été là le jour où Phil, le chef d'atelier  a été interviewé. Les deux interviews se sont déroulées avec un jour d'écart, pour des raisons de disponibilités.)

Après l'interview, tandis que nous remontions dans le showroom de Barker, il m'a dit :

Hey jeune homme, rappelle moi ton prénom ? Nicolò ? Ecoute, je trouve que tu es vraiment un super type.

Toi, tu n'es pas comme tous ces gars dans les magazines qui n'y connaissent rien et racontent n'importe quoi à longueur de journée ! Et pareil pour les autres gars de chez BonneGueule !

C'est vraiment exceptionnel que tout ça vous intéresse à ce point. Mais où est-ce que tu as appris toutes ces choses sur la chaussure ? Tu as fait une formation ? Tu ne veux pas venir travailler chez nous ? Tu sais on a besoin de jeunes comme toi.

Aujourd'hui, ils veulent tous travailler derrière un ordinateur, parce que leurs profs leur ont dit "faites pas un travail manuel".

Mais moi, je trouve ça génial, je fais quelque chose de mes mains, j'aime travailler à l'usine. Il faut que tu leurs fasse passer le message. Vous avez une mission, vous savez.

Il faut que vous fassiez comprendre au gens ce que c'est. La chaussure cousue, c'est un objet magnifique, c'est un savoir-faire exceptionnel !

Et pourtant, il est en train de mourir. C'est un drame !

Tu sais, on est dans le Northamptonshire, une région où on fait des chaussures depuis des siècles, et on ne trouve presque plus de jeunes pour venir fabriquer avec nous. Ce serait tellement dommage que tout le monde oublie ça.

Woah. C'étaient de sacrés mots qu'il m'avait dit là. Je ne vous cache pas que je n'étais pas prêt à ça.

Vraiment, je ne savais plus ou me mettre. J'estimais être simplement là pour exercer ma curiosité habituelle, et avoir des anecdotes à vous raconter sur nos chaussures... Et puis finalement, me voilà investi "d'une mission"...?

Dans ce cas... Mission acceptée Steve ! Je m'engage donc à expliquer aux lecteurs le plus clairement possible comment ces chaussures ont été créées, et à faire honneur à votre travail.

Barker Shoes : plus d'un siècle d'expérience

Il faut d'abord vous présenter Barker.

Situé dans le Northamptonshire, berceau historique de la chaussure anglaise, c'est un fabricant qui dispose de sa propre marque, mais surtout de son propre atelier.

C'est pour cela qu'on ne parle pas d'une "collaboration" comme pour nos précédentes chaussures, mais bel et bien d'une paire "en propre" : Benoît a designé ces chaussures, et Barker leur a donné vie.

Un savoir-faire qui sait s'adapter à plusieurs gammes

Ils sous-traitent pour de nombreuses marques, qui vont de l'entrée de gamme jusqu'au haut de gamme, puisque leur outil de production leur permet de s'adapter à différentes exigences.

Et évidemment, nous disposons de leur meilleur grade de confection.

D'ailleurs, peut-être que certains d'entre vous connaissent déjà Barker. Et il faut admette que l'image de marque n'est pas forcément très sexy : lorsque vous tombez sur le site de Barker, on y voit beaucoup de modèles mal photographiés, aux formes pas toujours réussies... Et tous ne sont pas forcément de leur plus haut grade de qualité.

Mais on a été très surpris de voir que leur qualité, quand on parle de leur ligne "Handcrafted", n'a pas à rougir face à celle de grandes marques anglaises (je vous expliquerai plus tard pourquoi).

Arthur "Grand-Père" Barker, fondateur de Barker Shoes.

L'idée de Benoît : faire "LA" paire de boots

Quand on pense nos pièces, on imagine chacune d'entre elles dans un contexte, un usage. On se demande ce que cette pièce doit représenter pour vous au moment de l'acheter, à qui elle se destine, pourquoi... Sans quoi, on peut vite se perdre, et oublier l'essentiel : créer des pièces qui répondent à votre besoin. 

L'idée de Benoît derrière cette paire de boots était somme toute simple :

Je veux qu'on fasse une paire de boots qui soit LA paire de boots. Celle qui dure très longtemps, et qu'un mec peut porter avec tout.

Il faut qu'elle soit belle, durable, intemporelle dans son style, et que tu aies envie de l'enfiler le matin sans te poser de questions.

Ni quelque chose de trop rustique comme une paire de combat boots à l'américaine, ni quelque chose de trop habillé comme souvent avec les souliers.

Et je veux que nos clients qui n'ont jamais eu de souliers haut de gamme puissent se dire que là, ils ont acheté leur première paire de "vrais" beaux souliers.

Barker a fabriqué les patrons. Ça ressemble à ça. Enfin, ici... C'est le patronage de notre brogue. Euh, pardon, pas la nôtre hein, une autre. Quoi, j'ai dit qu'on allait faire une br...? Non oubliez, j'ai rien dit.

Et pour le coup, je pense qu'on a visé juste. Parce que depuis presque quatre ans que je suis chez BonneGueule, je vous vois réclamer, en commentaires, des marques de boots qui touchent ce délicat équilibre entre la paire "baroudeur" et quelque chose de plus élégant.

Voilà comment on s'y est pris...

Un veau pleine fleur français de la Tannerie d'Annonay

La chaussure, ça commence par le cuir.

Et on est fiers d'avoir choisi le notre chez une tannerie au prestige mondial. Et une tannerie française, qui plus est.

Cette tannerie dont l'existence remonte au 19ème siècle fournit beaucoup de grandes marques, y compris dans le luxe.

Ses cuirs sont d'ailleurs si appréciés par les Maisons de luxe... que l'entreprise a été rachetée par Hermès en 2013. Heureusement, cela n'empêche pas des marques comme nous de se fournir chez eux aussi...

Voici le "brunissage" du cuir : à l'aide d'un enduit et de la chaleur créée par la friction de cette brosse, l'ouvrier fait ressortir le caractère du cuir, dont l'aspect à la sortie de la tannerie est encore très "mat" et plat. Hé oui, tout ne se joue pas dans la tannerie au niveau du cuir. Le fabricant a aussi son expertise à apporter.

Il y a quelques points sur lesquels j'aimerais attirer votre attention concernant la qualité.

Un cuir authentique

Chez Annonay, aucune fleur n'est rectifiée ou corrigée et ils ne fournissent que du cuir pleine fleur. C'est-à-dire que l'extérieur n'a subi aucun ponçage ou vernissage destiné à camoufler d'éventuels défauts.

Les beaux cuirs que vous voyez sont beaux parce qu'ils ont été travaillés et sélectionnés avec exigence. Et si d'ordinaire je suis prudent avec ce genre de propos, je crois qu'on peut dire sans trop de risques que c'est une des meilleures tanneries au monde.

Ensuite, nous disposons d'un choix de première qualité chez Annonay, le "grade A".

Donc, nous nous fournissons non seulement chez une tannerie d'excellence, mais en plus, sur les trois grades de qualité proposés, nous avons le meilleur.

L'aspect du cuir une fois bruni et crémé. Le bout dur est rendu légèrement plus foncé pour donner du caractère à la chaussure.

Attention, je ne vous dis pas pour autant que nous avons "le meilleur cuir du monde" J'aimerais pouvoir dire que c'est le cas, mais il existe évidemment toujours mieux : par exemple, un chausseur de grande mesure va être si exigeant dans la découpe des peaux qu'il ne gardera que les morceaux les plus parfaits.

Et je ne doute pas que, même si nous disposons du "grade A" d'Annonay, certaines marques ou entreprises puissent négocier en exclusivité des choix de peaux encore plus exigeants. ? Comme Hermès, forcément, qui disposerait apparemment d'un grade 'AAA' inaccessible aux autres marques... Mais sur des chaussures à 900€, dans un simple cousu Blake tout à fait 'normal'.

Cependant, je suis content (et même très fier) de pouvoir affirmer, qu'en tant que marque jeune dans la chaussure, on lance notre première paire sur d'aussi belles peaux, à un prix compétitif.

Un cuir lisse pour durer

Concernant ce cuir lisse, la référence que nous avons choisie a la particularité de bien se patiner dans le temps. Son aspect bruni se renforcera au fil des ports et des crémages.

Plus vous porterez ces boots et les entretiendrez, et plus elles auront de caractère.

Le cuir est ensuite crémé à la main, pour encore plus de profondeur dans sa nuance.

Et sachez qu'en fin de chaîne, les chaussures sont crémées et cirées à la main.

Un style impérissable

Maintenant qu'on est assurés d'avoir un cuir au top, il faut penser au style de la chaussure.

La durabilité d'une pièce, c'est bien, mais quand il s'agit d'une chaussure qui dure de longues années... Encore faut-il un style qui donne envie de la porter pendant tout ce temps ! Du bon classique travaillé comme il faut.

Ce genre de design est vraiment à la chaussure masculine ce que le jean brut est aux pantalons pour homme ! Avec les sneakers blanches, ce sera peut-être ce que vous aurez de plus polyvalent dans votre dressing (bon, pas quand il fait 35°C évidemment...)

Portées avec un chino ou un jean ? Les deux capitaine

Par contre, le chien n'est pas fourni avec les boots.

Avec un pantalon de costume ?

Vous pouvez le faire, le contraste de style n'en sera que plus intéressant, et vous rehausserez le côté élégant de ces chaussures.

D'ailleurs, Gianni Agnelli, grand maître de l'élégance à l'italienne et ancien patron de Fiat, était connu pour avoir souvent porté ce genre de boots avec un costume en flanelle...

Jouez-là comme "l'Avvocato" Gianni Agnelli, et cassez les codes.

Avec un trench ou une parka ?

À vous le style militaire ! Vous allez souligner le côté baroudeur de la paire.

Oui, vous avez le droit de les salir modérément, c'est aussi fait pour ça. Soyez juste gentil avec elles et entretenez les après. Sur cette photo, elles vont en avoir besoin ! Attention, ce n'était pas le proto final, et elles étaient trop grandes pour les pieds du mannequin.

Et la liste pourrait être encore longue... Vous voulez les mettre avec un blazer ? Même constat que le costume. Et avec un perfecto ? Le côté très masculin n'en serait que renforcé.

Bref, le secret de cette compatibilité étendue, c'est cette forme qui vous donne l'impression d'être paré pour l'aventure, mais sans vous faire passer pour un randonneur.

Parlons de cette forme et de son équilibre, justement...

Une forme développée de manière obsessionnelle

On ne s'est pas contentés de prendre une forme de base chez Barker et d'y appliquer notre cuir. On a pris le parti développer notre propre forme.

La qualité des montages de Barker est indéniable, mais il n'y avait par contre pas grand chose qui nous plaisait dans leur parc de formes, un peu old school.

Et ça nous a certes coûté assez cher, mais ça nous permet d'avoir notre propre interprétation du beau soulier.

Quand on développe un forme de zéro, l'atelier doit passer par le développement d'un patron complet. Comme dit Steve, ça commence avec du simple papier, et ça finit avec une paire de chaussures qui durera des années.

Je vais vous montrer le second prototype, le troisième, et la version finale. Avant cela, il existait un prototype réalisé sur la forme Barker de base (qu'on a complètement revue du coup), mais ce n'était pas le bon cuir, pas la bonne semelle, pas les bons lacets... En fait il n'avait presque rien à voir avec la version finale. ?Et puis pour être honnête, Benoît m'avait chargé de le tester, et je l'ai 'testé' un peu trop fort à la campagne, au coin du feu notamment. Du coup il n'est plus vraiment en état d'être montré;...

Second proto

Le second proto était dans un cuir Horween Chromexcel. On avait beaucoup d'attentes envers ce cuir mythique, utilisé par les grandes marques de workboots américaines, mais...

D'une part, du fait des frais d'importation US, il était un poil plus cher que notre excellent cuir français. Et d'autre part, il vieillit d'une façon très prononcée comme le montrent les photos. Et nous craignions que ça ne corresponde pas à vos attentes.

Note de Benoit à propos du Chromexcel

J'adore ce cuir, voilà c'est dit. Par contre, il est coûteux.

Certes, c'est un cuir légendaire dans le workwear, mais ça nous aurait obligé à sortir une chaussure dans les 500-600 € (à la louche).

De plus, son vieillissement fait qu'il change beaucoup d'aspect, il se fonce beaucoup, les plis se marquent, etc. Personnellement, j'adore, mais certains clients auraient pu être surpris que l'aspect final soit si différent des premiers ports.

Je n'exclus absolument de travailler ce cuir un jour, mais pour une première paire de chaussures, on a voulu un cuir de qualité plus "simple" à comprendre, et moins imprévisible.

A gauche, la version finale, au milieu le troisième proto, et à droite, le deuxième en Chromexcel.
Notez le changement de type de speedhook, ainsi que l'évolution de la forme, surtout sur le bout.

Troisième proto

Sur le troisième proto, on se rapproche déjà beaucoup de ce que l'on souhaitait. La  forme a été améliorée, mais le "nez" de la chaussure est encore un poil grossier : il fait "aplati" tout en étant bombé sur le bout. Ce n'est pas encore ce qu'on veut...

On est déjà sur un cuir de chez Annonay (qui vieillit d'une façon beaucoup plus "compréhensible", disons), mais il n'a pas encore le finissage que nous lui avons donné à la fin. La boot est encore trop haute selon nous.

Toujours dans le même ordre. Depuis cet angle là, vous remarquerez plus facilement la différence de forme et de cuir. Tout à droite, c'est le proto unique en Chromexcel.

Version finale

Et enfin, sur version finale (appelée aussi "pré-prod"), on est arrivés à ce qu'on voulait : le bout est arrondi sans être pataud, et relevé juste comme il faut. La nuance du cuir a la profondeur qu'il faut. Les nouveaux speedhooks arrondis sont plus harmonieux avec le design de la boot.

A la fin on obtient une forme assez arrondie, robuste, qui dégage quelque chose d'assez consistant dans ses lignes, sans être trop "massive".

J'ai vu Benoît et Julien passer des heures à chipoter sur la courbure, la largeur ou l'arrondi de ce bout. Le résultat vaut le coup cependant...

Une fabrication durable, Made in England

Montage Goodyear "stormwelt" solide

Un bon cousu Goodyear c'est ressemelable plusieurs fois, et ça vous donne une chaussure solide qui peut tenir de longues années si elle est traitée soigneusement.

Le secret, c'est que le montage est réalisé en deux parties : on prend d'abord une première semelle, dite "première de montage", en cuir épais et robuste, sur laquelle on colle "un mur".

Il sera le support de la couture dite "trépointe", qui consolide la tige avec la première de montage.

Un ouvrier de Barker réalise la couture petit-point sur nos semelles Dainite.

Et ce n'est qu'ensuite que l'on rajoute la semelle d'usure, celle sur laquelle vous marchez, à l'aide de la couture dite "petits-points".

L'avantage, c'est que le jour où la semelle d'usure est usée (et croyez moi, avec une semelle Dainite, ça va prendre un certain temps...), votre cordonnier n'a qu'à défaire la couture petits-points pour remplacer cette semelle extérieure, sans toucher au reste.

L'intégrité de la chaussure n'est donc pas compromise, contrairement à un cousu Blake sur lequel il faut tout défaire.

Et en bonus, notre Goodyear est un "stormwelt", c'est à dire que la trépointe en cuir (elle fait le tour de la chaussure, et, encore une fois, supporte la semelle extérieure) comporte une "lèvre" supplémentaire qui vient améliorer la protection contre l'eau. Ce n'est pas imperméable contrairement à ce que racontent certaines marques, mais la pluie s'infiltrera moins facilement dans le montage de vos chaussures. Et ça, c'est bien pour leur durée de vie.

Un garnissage en pâte de liège

Il contribue à créer un amorti lorsque vous marchez. Au fil des ports, cette pâte se formera à l'empreinte de votre pied, et c'est en partie pour ça que les chaussures finiront par devenir aussi confortables quand elle se seront vraiment faites à vos pieds.

D'ailleurs, ça vous fait une bonne raison de ne pas racheter des souliers en seconde main : une fois que la chaussure s'est faite au pied du porteur précédent, impossible de faire marche arrière...

Le fameux garnissage en pâte de liège... Hé oui, c'est pour ça que les chaussures en cuir deviennent confortable.

Un cambrion en bois et cuir

C'est le choix le plus commun chez les chausseurs haut de gamme, pour son compromis entre résistance et flexibilité. ?Souvent plastique ou en taule en entrée de gamme, cette petite pièce qui soutient la voute plantaire est pourtant centrale. Elle est parfois réalisée en métal lorsqu'on souhaite obtenir une cambrure plus prononcée.

Un talon en (vrai) cuir

Et non en salpa, qui est du cuir reconstitué, ou en carton ! Ça peut vous paraître anodin, mais il durera plus longtemps, et c'est typiquement le genre de détails sur lesquels beaucoup de marques réalisent des économies.

Semelle intérieure et doublure en cuir de veau

C'est la moindre des choses sur une chaussure milieu ou haut de gamme, mais c'est bien de le préciser.

Une doublure dans un joli veau souple et confortable.

Une semelle Dainite anti-obsolescence

Elle durera bien plus longtemps qu'une semelle cuir dotée d'un patin. Et puis, pas besoin de passer chez le cordonnier faire poser un patin et un fer, vous pouvez porter vos boots directement après l'achat.

Ce fabricant a plus de 100 ans d'expérience lui aussi, puisqu'ils ont conçu cette semelle en 1884.

Les picots de la semelle Dainite sont discrets lors que la chaussure est portée, et vous évitent la glissade quand il pleut !

Peu après son invention, elle a conquis le public anglais pour sa durabilité et son adhésion qui évite les glissades sous la pluie ?D'ailleurs sachez que si elle glisse encore un peu quand elle est neuve, elle gagnera en adhésion dès que le sol aura légèrement poncé sa surface lisse, et son aspect est malgré tout compatible avec une chaussure habillée.

Et concrètement, qu'est-ce qu'il existe de mieux ?

Attention, ce passage est destiné aux plus pointus et curieux d'entre vous.

Lecteurs pressés s'abstenir !

Le monde de la chaussure est un monde particulier, car ses amateurs ont un niveau d'exigence sur la qualité qui pourrait faire pâlir le plus tatillon des passionnés de denim, ou même de tailoring.
Alors forcément, quand on a développé notre produit, le premier truc qu'on s'est demandés c'est :

"Mais est-ce qu'il n'existe pas un truc mieux, quelque part ailleurs chez une marque de puristes ? Et notre chaussure, elle à quoi de moins rapport aux très grandes maisons de renommée mondiale ?"

Eh bien sachez qu'après de longues recherches, analyses de démontages de différentes marques, Benoît et moi sommes arrivés à la conclusion suivante : pas grand chose. 

Et je peux vous dire que ça nous a surpris parce qu'on était plutôt partis pour se dire qu'il était inutile de se comparer à ces noms, tant ce serait "plus haut de gamme"...

Sauf qu'en réalité, nos recherches nous ont montré que, sur une chaussure Goodyear très bien réalisée, à partir d'un certain niveau, il y a très peu d'améliorations possibles sur le montage, à part si vous empruntez certains procédés à la botterie artisanale.

Mais alors là, on touche au monde de la chaussure de grande mesure... Valant plusieurs milliers d'euros la paire.

Il existe certes des chausseurs qui font un entre-deux, mais c'est avec un prix qui sera lui aussi "entre les deux"… et une distribution souvent très laborieuse, même à l'échelle mondiale, et même à l'ère d'internet.

Malgré tout, je tiens vraiment à ce que vous réalisiez à quel point nous sommes bien positionnés, notamment par rapport aux grandes marques de la belle chaussure.

Alors plutôt que de simplement vous lister ce qu'on a sans que vous ayez de point de comparaison pour comprendre, je vais faire les choses dans l'autre sens, je trouve ça plus honnête.

Notre trépointe en cours de montage ! C'est la partie en cuir qui fait le tour de la chaussure. Vous pouvez voir qu'elle est soutenue par un mur en toile, solidement collé à la première de montage.

Voici donc ce qu'on aurait pu faire de plus : 

Le sujet sensible du cambrion

Le cambrion pourrait-être entièrement fait dans un cuir très épais plutôt qu'en bois, qu'on aurait en plus rigidifié au préalable.

Cependant le processus serait trop long et coûteux par rapport à la valeur ajoutée, c'est-à-dire un maintien légèrement plus confortable pour les pieds les plus sensibles et une durabilité accrue à très, très long terme.

Aucune marque en prêt-à-chausser industriel ne fait, à ma connaissance, de cambrion entièrement en cuir, pas même les plus haut de gamme. Si vous voulez du cambrion en cuir, il faut vous orienter vers la chaussure "faite-main", avec les prix qui vont avec.

Le mur rapporté qui déchaîne les passions

Ah, ce fameux mur qui a été sujet de discussions intenses avec Steve !

Le "mur rapporté" (donc collé) en toile pourrait être un mur "gravé" en cuir.

C'est-à-dire que plutôt que de coller ce support pour le montage, on pourrait graver, directement dans la première de montage, une lèvre de cuir qui soutiendrait la chaussure.

C'est une caractéristique de très haute qualité, mais la différence ne se fera sentir que pour ceux qui mettent vraiment leurs chaussures à rude épreuve.

Si vous êtes du genre à :

  • marcher directement sur le cuir jusqu'à avoir besoin d'un ressemelage, et à tarder à aller chez le cordonnier...
  • à ne pas laisser sécher des chaussures trempées entre deux ports, et à enchaîner sans cesses les jours où vous les mettez de façon à ce que la transpiration ronge la première de montage...

Alors là, oui, à très long terme, il y aura peut-être une différence de solidité, à l'échelle d'une vie.

Mais j'ai l'impression que le mur rapporté en cuir est devenu une démonstration d'un savoir-faire artisanal plutôt qu'un véritable enjeu concernant la durabilité de la chaussure.

Voici à quoi ressemble un "mur gravé" chez Hiro Yanagimachi, sur une paire en bespoke. C'est magnifique et d'une qualité incomparable. Et ça coûte aussi plusieurs milliers d'euros. (Crédits : Shoegazing)

Et puis presque aucune marque ne fait de mur gravé ! 

C'est ce qui m'a surpris le plus. Ni John Lobb (autour de 1200€), ni Crockett & Jones sur sa gamme principale (autour de 500€), ni Edward Green (autour de 1200€). Ce sont pourtant les marques les plus réputées pour leur qualité, des noms quasi-légendaires.

Selon des démontages que j'ai pu voir sur des forums référents de la chaussure, même J.M. Weston (autour de 800€), le chausseur français le plus connu, recourt aujourd'hui au mur rapporté sur certains modèles.

J'ai aussi entendu dire qu'ils ont parfois une sorte d'entre-deux, où une lèvre gravée dans le cuir (mais pas un vrai mur complet) vient soutenir le mur en toile, mais je ne sais même pas si c'est encore d'actualité aujourd'hui.

Il semblerait que l'industrie ait, depuis fort longtemps, délaissé cette technique très chronophage, pour s'orienter vers le mur rapporté. Les plus puristes diront que cela influe sur le nombre de ressemelages possibles mais encore une fois... C'est à l'échelle d'une vie.

Une tige et des clous

La tige, avant montage, pourrait être maintenue par de nombreux petits clous plutôt que d'être directement agrafée à la première de montage.

En dehors de l'esthétique intérieure du montage et du côté traditionnel de l'opération, je ne vois pas quel bénéfice cela apporte (et notamment parce que la couture trépointe vient de toute façon, solidifier le tout).

A part peut-être si vous devez refaire complètement le montage de votre chaussure un jour, au point de devoir séparer la tige de votre première de montage...

Je n'ai pas trouvé suffisamment d'informations sur ces clous (appelés parfois "semences"), mais j'ai l'impression que les marques qui y recourent le font dans des tranches de prix bien supérieures.

La matière des contreforts

Le bout dur et les contreforts sont obtenus via un thermocollant rigide, plutôt  qu'en cuir.

Et il semblerait que ce soit pareil que pour le mur en cuir gravé : c'est un procédé artisanal de botterie. La réalisation de contreforts et bouts durs en cuir requiert rester plusieurs jours sur une forme après avoir été humidifiés ("mis en humeur").

Le bottier procède ensuite à la "mise en forme" du cuir en le laissant sécher pendant plusieurs jours sur une forme... Ce qui n'est pas idéal quand on doit produire des milliers de paires dans une usine et que chaque minute passée sur la chaîne fait grimper peu à peu le prix. La mise en forme via thermocollant (et humidification préalable, aussi) permet un gain de temps duquel résultent des prix plus abordables.

Le liège en plaque

Le liège aurait pu être découpé dans une plaque de liège, à la main, afin de prendre la forme de l'intérieur de la chaussure plutôt qu'être un agglomérat. Là aussi, une amélioration mineure sur la durée de vie et le confort... Au prix d'une longue et coûteuse opération manuelle, puisque chaque plaque doit être découpée précisément pour remplir l'espace à l'intérieur du mur. Encore une opération plutôt destinée à la botterie.

Même paire ici, avec un remplissage en liège découpé à la main. Et il y a les petits "clous" qui maintiennent la tige.

En bref, après avoir longuement comparé nos boots avec le reste du marché... Je suis extrêmement confiant sur le fait qu'il aurait été impossible pour nous de faire mieux en restant sur cette gamme de prix (vous verrez samedi) et une fabrication anglaise. On s'est vraiment donnés à fond pour cette première paire de boots BonneGueule, je vous le promets !

Les détails "Bonus-Benoît"

Parce que vous le connaissez, lui et son envie de rajouter des trucs en plus, par amour du détail...

Une membrane qui garde les pieds au sec

Ah là là... Sacré Benoît et son aversion pour la pluie !

Depuis le début du développement de cette boot, il a insisté pour qu'on puisse avoir une "extra feature" si chère à son coeur : une membrane située entre le cuir de la tige et la doublure intérieure, qui soit respirante mais ne laisse pas passer l'eau, couvrant donc toute la chaussure.

D'une part, ça aide à garder vos pieds au sec en cas d'averse prolongée. Et d'une autre, ça permet aussi à l'eau de moins pénétrer le cuir, ce qui rendra le séchage plus rapide après coup.

Attention cependant... Ce ne sont PAS des chaussures "waterproof". "Waterproof" signifie que l'eau ne peut pas passer du tout au travers.

Or, contrairement à ce que certaines marques (soit peu honnêtes, soit mal informées) font parfois croire, des chaussures cousues, en cuir, dans des montages classiques, ne peuvent pas être réellement waterproof.

Note de Benoit : c'est comme si vous aviez un vêtement en tissu imperméable, mais sans coutures soudées. Ici, c'est pareil : le cuir est imperméabilisé, mais les coutures ne le sont pas. 

Combinée à la membrane cachée à l'intérieur du cuir, la petite lèvre de ce cousu stormwelt devrait garder vos pieds bien au sec.

Il existe cependant deux ou trois éléments qui peuvent permettre à l'eau de passer moins facilement, comme cette membrane, le cousu stormwelt, ou encore le cousu norvégien, qui a lui la réputation d'être quasi-imperméable.

(Et à vrai dire, on m'a laissé comprendre lors de la visite de l'atelier qu'à moins que celui-ci soit réalisé à la main, le cousu-norvégien "fait-machine" d'aujourd'hui n'était pas du tout étanche)

Bref, l'eau peut toujours s'infiltrer par les coutures de la tige et du montage, vous n'êtes donc pas dispensé de les laisser sécher dans des embauchoirs.

Comme le disait Steve quand je lui ai demandé si le montage stormwelt ou norvégien était réellement "si waterproof que ça"...

"If you really want waterproof boots mate, then you just get a pair of wellies, right ?" ?Si tu veux vraiment des chaussures waterproof, mon ami, tu n'as qu'à t'acheter une paire de bottes en caoutchouc, non ?

Des lacets à bout métallique

C'est joli, discret et c'est une façon pour Benoît d'exprimer son amour pour les vêtements plus "outdoor".

Et comme vous pouvez le voir, on a aussi mis des speedhooks à la forme arrondie, pour lacer et défaire vos chaussures plus rapidement.

Vraiment indispensable sur ce genre de boots, au risque d'y passer longtemps à chaque fois que vous voulez les enfiler ou les retirer...

Et pour finir...

Je dirais que selon moi, on a vraiment rempli l'objectif qu'avait fixé Benoît. Si je n'avais le droit de porter qu'une seule paire de boots toute l'année, je choisirais probablement celle-là.

Elle est durable tant dans son style que sa construction, d'une grande qualité, et polyvalente dans son usage.

Geoffrey, lui aurait dit "En gros, c'est la "Mother Of All Boots, non ?"

Et d'ailleurs, je vous laisse, il faut que j'aille chercher ma paire.

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