Ma traversée du Vercors (1/3) : la préparation de la randonnée

6 min

Ma traversée du Vercors (1/3) : la préparation de la randonnée

6 min
Publié le : 7 juillet 2023Mis à jour le : 7 juillet 2023
vignette article traversée du vercors partie 1

J'ai décidé de vous emmener avec moi lors d'une randonnée de quatre jours dans le Vercors. Au programme ? Mes digressions sur l'outerwear, mes introspections et surtout, les tranches de vie d'une équipe de six amis soudés. Cette épopée sera découpée en trois chapitres. Première partie ? Les préparatifs du voyage.

Cinq années après mon voyage en Mongolie à moto (retrouvez la partie 1 et la partie 2), me voici à nouveau avec un récit outdoor, celui de ma traversée du Vercors fin mars 2023 (donc avec encore un peu de neige).

Pourquoi un tel article ?

  • vous donner envie de passer plus de temps dans la nature et à vivre des aventures outdoor
  • vous montrer mon cheminement de pensées pour la préparation, le gear, les imprévus, etc, afin que vous puissiez faire pareil… ou pas
  • vous proposer un contenu que j’aurai aimé lire ailleurs
  • avoir des retours de randonneurs plus expérimentés (c’est comme ça que j’apprends)

C’est le genre d’aventure que j’adore partager avec mes amis, car je trouve que cela crée des souvenirs forts pour la vie entière.

Et puis vivre des aventures en groupe, surmonter des obstacles, faire face, cela crée un lien très fort, comme nulle part ailleurs. David Manise en parle dans son livre Démocraties en danger :

extrait david manise démocraties en danger

Maintenant que l’intention est posée, il est temps de réfléchir à la bonne équipe !

La bonne équipe pour la bonne aventure

Pour cette randonnée, nous avions donc une dream team composée de :

Je parle du casting car c’est important d’avoir un groupe relativement homogène dans sa condition physique, avec un minimum de goût pour la nature et la randonnée, et qui prend la question du gear et de la sécurité au sérieux, surtout dans un environnement froid et humide.

benoit équipe article randonnée dans le vercors

Pourquoi le Vercors ?

On a choisi cette destination pour plusieurs raisons :

  • Alex m’en avait parlé en me disant que c’était très sympa
  • il est facile de s’y rendre en transport en commun
  • un GR y passe, le GR 91, ce qui veut dire que le chemin est bien balisé et pratiqué, avec des étapes claires
  • c’est une région bien documentée, avec de nombreux récits de sa traversée, sur YouTube et les forums
  • et enfin, c’est une randonnée à faire sur 4-5 jours, ce qui collait bien à nos agendas

Cette durée de 4-5 jours était importante, car je voulais expérimenter ce que décrit très bien Michael Easter, un auteur que j’aime bien, dans cet article. Il explique que 3 jours passés dans la nature ont un effet similaire à une retraite de méditation, “sauf que parler est permis, et que l’expérience est gratuite et sans gourou à payer”. Et puis comme disait Nietzsche :

citation nietzche

Extrait du livre “10 bonnes raisons d’aller marcher”. Une excellente lecture avant une randonnée !

Mon processus de préparation de cette randonnée

Comme je l’ai dit, je n’avais jamais organisé de randonnée sur 4 jours, c’était donc une première pour moi. J’ai commencé le plus simplement du monde : par une bonne vieille recherche sur Google.

Je vois que c’est une région traversée par le GR91, je me renseigne donc sur sa longueur.

Sachant qu’on peut faire environ 20 km par jour, et qu’on prévoit 4 jours de pleine marche, il faudrait que je trouve une randonnée d’environ 80 km. Eh bien ça tombe bien, il y en a une de 81 km qui traverse le plateau du Vercors ! Ce sont en fait 4 étapes du GR91, donc c’est pile poil ce qu’on recherche !

Je regarde ensuite le tracé sous une application dédiée à l’outdoor : Fatmap. Cela me permet de voir en 3D la géographie du terrain, les différents sentiers possibles, l’inclinaison des pentes, etc.

carte itinéraire randonnée vercors

Voilà ce qui nous attend !

Mais “la carte n’est pas le territoire”…

C’est un modèle mental bien connu dans le développement personnel, et il est très juste aussi en randonnée ! Je regarde aussi le tracé du parcours avec le fond de carte IGN inclus dans Fatmap pour repérer les points d’eau et leurs noms. Parfois il y a un sentier ou un point d’eau sur un fond de carte, mais pas sur un autre…

Je croise ces infos avec la section Vercors de Refuges.info pour faire ressortir facilement les refuges et les points d’eau, et je lis les commentaires à leur sujet. Je vois que le plateau du Vercors est jalonné de refuges non gardés, c’est-à-dire que ce sont des petites cabanes où la porte est toujours ouverte avec le strict minimum : un poêle, une table, et c’est tout. Pas de lit, pas de matelas, et encore moins de douches, de toilettes ou de draps.

On doit prendre quoiqu’il arrive nos sacs de couchage, et sachant que les températures peuvent être négatives la nuit, j’insiste pour que tout le monde prenne un sac de couchage 0°c confort (à ne pas confondre avec la température “confort limite” ou la température de confort chez les américains, qui peut varier).

A partir de là, je sais donc comment gérer notre ravitaillement et nos abris. J’ai aussi une idée de la distance entre les étapes, le dénivelé positif (le “D+”), tout en ayant en tête que je suis capable de faire 20km et 1000 mètres de dénivelé positif par jour pendant quelques jours.

Cela dit, je sais que le Vercors est touristique et qu’il est possible que les refuges soient pleins le soir (spoiler #1 : ça nous est arrivé). Nous décidons donc de prendre des tentes avec nous en back up en cas de refuge bondé.

Bref, notre randonnée se dessine peu à peu !

Important : même dans de grandes immensités vierges de présence humaine, on ne peut pas faire n’importe quoi, surtout dans une réserve naturelle. Ce sont des espaces avec une réglementation, du bivouac autorisé (ou non), des précautions particulières à prendre, etc. La lecture des 21 pages du livret d’accueil de la réserve naturelle des hauts-plateaux du Vercors est, à ce titre, indispensable et obligatoire.

J’irai même plus loin : si vous avez la flemme de consacrer 20 minutes à la lecture d’un document expliquant les enjeux environnementaux d’un endroit où vous souhaitez randonner pendant plusieurs heures/jours, vous n’avez rien à faire sur un sentier de Grande Randonnée.

À ce stade, je commence à créer un document sous Notion qui me permet de tout centraliser.?Ce document Notion s'est métamorphosé en article, vous êtes d'ailleurs en train de le lire présentement !

Vous y trouverez :

  • mes choix de gear
  • mes réflexions sur le tracé
  • les détails de la logistique

Si vous voulez un exemple encore plus détaillé d’une randonnée dans le Vercors, je vous conseille cet article de Randonner Malin.

L’eau dans le Vercors : attention !

C’était ma crainte numéro 1.

En effet, l’eau est réputée rare dans le Vercors, et ajoutez à cela une période de sécheresse, un bulletin d’information des sources pas mis à jour en raison de la pause hivernale, et pas de cours d’eau sur le plateau : j’avais toutes les raisons de m’inquiéter.

Seul espoir : on était pile dans la période où la neige avait pas mal fondu, ce qui avait pu alimenter les sources. J’écris “avait pu” parce qu’il était impossible d’avoir de l’information avant de se rendre sur place… Dans le pire des cas, je m’étais dit qu’il aurait toujours été possible de faire fondre de la neige.

camping vallée du vercors

Nous voilà affairés autour d’un puit pour le remplissage de la journée. Au passage, notez à quel point le camouflage Multicam d’Alex est efficace dans un tel décor !

En amont, j’ai donc repéré les sources sur mon fond de carte IGN (signalées par un cercle bleu sur la carte ci-dessus) dans mon app Fatmap et j’ai croisé les infos avec les commentaires de refuges.info.

Dans les faits : de l’eau facile à trouver

Eh bien au final, nous n’avons pas eu de problème pour trouver de l’eau, nous portions à chaque fois entre 2 et 3 litres par personne. En général, un seul et gros remplissage suffisait pour la journée, on avait une bonne marge de sécurité.

C’était presque ludique de repérer les points d’eau sur la carte IGN et de les trouver sur le terrain !

Pour la filtrer, nous avions deux filtres à eau :

  • mon Sawyer Mini couplé avec une poche à eau 2 litres de Cnoc, car je n’étais pas serein sur la solidité de la poche de un litre fournie de base avec le filtre… C’est un filtre qui a fait ses preuves, mais avec un débit mesuré. La poche eau Cnoc était super pratique et bien résistante (en plus de fournir 2 litres de stockage supplémentaire si besoin).
  • le MSR Trailshot de Valentin, un cadeau de Noël qu’il avait eu, qui nous a beaucoup rendu service également.

Sur un groupe de six personnes, avoir deux filtres n’est vraiment pas du luxe, que ça soit en termes de sécurité (si jamais un filtre est endommagé ou perdu) ou en termes de vitesse de filtrage : 3 litres d’eau par jour x 6 personnes = 18 litres d’eau à filtrer, ça peut prendre du temps avec un seul filtre !

La question de la météo

C’était un point délicat, car fin mars est une période de transition où il est encore possible d’avoir beaucoup de neige.

J’ai essayé de réduire l’incertitude au maximum en regardant les historiques de températures des années précédentes (même si ça ne veut pas dire grand chose au final) et surtout j’ai regardé attentivement les images satellites sur Sentinel (attention, l’utilisation de ce site est un peu technique) pour suivre la fonte des neiges semaine après semaine.

Et enfin, le dernier outil qui m’a été très utile, c’étaient les webcams des stations de ski aux alentours.

Il fallait me rendre à l’évidence : nous allions faire face à de la neige dans certains passages. Et j’ai eu un flash lors d’une de mes marches du dimanche soir : je connais le gear de mes amis, et je sais que la plupart ont des chaussures en Gore-Tex soi-disant “imperméables”.

Si cela paraît une bonne idée, le problème c’est qu’une fois que l’eau rentre dedans, elles ne pourront jamais sécher (lire plus bas). Et il suffit qu’il y ait 10 cm de neige au sol pour en avoir dans à l’intérieur sa chaussure.

J’ai donc lourdement insisté pour chaque personne du groupe commande des guêtres. On m’a parfois reproché de pousser à l’achat, mais c’était un accessoire qui me paraissait vraiment obligatoire.

Spoiler #2 : heureusement que j’ai insisté !

Pour résumer, les conditions allaient être fraîches, avec parfois, et en journée, des températures proches de zéro. Il y allait avoir de la pluie et de la neige...

Comment s'habiller pour une météo si capricieuse ? Réponse au prochain épisode, où nous parlerons gear et matières techniques.

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