« Les Bronzés » : que reste-t-il du « sea, sex & sun » ? – Bobine

7 min

« Les Bronzés » : que reste-t-il du « sea, sex & sun » ? – Bobine

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Publié le : 3 juillet 2022Mis à jour le : 3 juillet 2022
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Chez BonneGueule, on a notre petite idée sur le vestiaire estival idéal. Dans la série film culte de l'été, « Les Bronzés » de Patrice Leconte figure encore aujourd'hui en bonne place. Une suite sympathique et un véritable naufrage plus tard, que reste-t-il de ce vestiaire de saison inauguré en 1978 ? Tout est peut-être résumé dans la vignette de cet article. Et si on creusait un peu pour voir ?

(Crédit photo de couverture : « Les Bronzés 3 : amis pour la vie » de Patrice Leconte, 2006 - Photo Jean Marie Leroy/Corbis via Getty Images)

LE PITCH : CLUBS DE VACANCES ET TENDANCES « SEA, SEX & SUN »

Côte d'Ivoire, été 1978. Gigi, Jérôme, Christiane, Jean-Claude et Bernard viennent d'arriver à destination. C'est un club de vacances situé à proximité de la mer, loin de la métropole et des tracas quotidiens. Le club est entre autres animé par les trublions Popeye, Bobo et Bourseault. Il y a donc la plage, le ciel bleu, le soleil et toutes sortes d'activités propices aux rencontres et aux aventures...

« Les Bronzés » de Patrice Leconte est un film adapté d'une pièce de théâtre baptisée « Amours, Coquillages et Crustacés »C'est une création de la troupe du Splendid. Elle réunit Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Michel Blanc, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel ou bien encore Bruno Moynot. Sorti fin 1978, le film est une parodie de l'univers du Club Med et propulse l'équipe du Splendid sur le devant de la scène nationale.

Devenu culte depuis, il reste cependant relativement peu diffusé à la télévision française. On comptait ainsi un peu moins de 20 diffusions en 2018. En 1979, Patrice Leconte rempile avec « Les Bronzés font du ski». Comme son nom l'indique, il raconte les aventures de nos personnages à la montagne et les combinaisons valent franchement le détour :

Après un long hiatus, les personnages reprennent finalement le chemin des studios dans les années 2000 : le film «Les Bronzés 3 » attire certes plus de 10 millions de spectateurs mais il déçoit jusqu'aux fans les plus inconditionnels. C'est un naufrage complet.

La première comédie ici à l'œuvre joue évidemment des clichés de son époque et le registre est tout à fait beauf et assumé. Si jamais vous ne connaissez pas : ne vous attendez pas particulièrement à un vrai film de cinéma, la mise en scène est pour ainsi dire inexistante. Pour autant, les « Bronzés » de 1978 capturent quelque chose de leur temps. Cet aspect documentaire plus ou moins volontaire est intéressant en soi, notamment pour ce qu'il veut bien nous raconter du style et des vêtements du français moyen de cette époque-là.

Dans un autre genre, moins lourd, plus absurde, plus confidentiel aussi mais avec des stars très populaires comme Pierre Richard, je vous invite à jeter un œil sur l'été des « Naufragés de l'île de la Tortue » de Jacques Rozier en 1976. On en a déjà parlé ici, pour la chemisette de Jacques Villeret.

Petit détail important : la chanson du film « Les Bronzés » n'est autre que le « Sea, Sex & Sun » de Serge Gainsbourg - une connerie selon son auteur, qui conserve néanmoins un charme sonore tout à fait unique.

CE QU'IL FAUT VOIR CÔTÉ STYLE…

Pour des conseils avisés sur les tenues estivales, vous trouverez probablement de bien meilleurs guides que « Les Bronzés ». Ces personnages sont des caricatures de style ambulantes et le temps passé n'a vraisemblablement rien changé à l'affaire. Parmi ceux qui s'en tirent le mieux : Gérard Jugnot, croqué dans le dernier opus en date en bob, polobermuda et chaussures bateaux.

Si certains vêtements croisés dans le film de 1978 ont plus ou moins disparu de la circulation depuis, d'autres se sont trouvé une nouvelle jeunesse dans la mode contemporaine, à travers de nouvelles coupes et des matières naturelles idéales pour l'été, le lin par exemple. On pense en premier lieu... aux chemisettes.

À part ça, que nous racontent « Les Bronzés » de la mode en été ? Qu'on s'efforce heureusement depuis de dire adieu aux matières synthétiques quand il fait chaud ou qu'il est tout à fait possible de flirter avec le mauvais goût avec peu de vêtements.

Mais la grande révélation du film originel, c'est sans doute que les sabots de plage, le mini-slip de bain et le string léopard pour homme ont bel et bien existé. En 1978 comme en 2006, les costumes sont signés Cécile Magnan. Bref, s'il ne fallait retenir que trois choses du vêtement chez « Les Bronzés » :

1. LA MODE ÉVOLUE MAIS LES FONDAMENTAUX RESTENT

Parmi les marques qu'on découvre dans « Les Bronzés » de 1978, certaines existent encore : Smalto, C&A, Etam, Lacoste. Le vestiaire du film est assez peu porté sur la recherche sur les matières et les textures qu'on affectionne chez BonneGueule. On en trouve néanmoins quelques-unes dans « Les Bronzés 3 », principalement la marque Harpo déjà évoquée par Benoit ici.

D'une manière générale, on imagine pas mal de matières synthétiques, peu adaptées pour les fortes chaleurs. C'est une des caractéristiques de l'époque 70  - souvenez-vous par exemple des redoutables sous-pulls en acrylique.

Les coupes aussi, notamment les pantalons, trahissent leur âge : la période dite à patte d'eph n'est visiblement pas encore achevée. Il n'est pas rare de croiser aussi des shorts ou des slips de bain très très courts - la tendance actuelle est plutôt aux bermudas et aux maillots de bain plus généreux. Petite curiosité : les sabots qu'on aperçoit ici et là ont disparu de la circulation. La place est désormais prise par les tongs et les sandales - plus légères, plus pratiques.

Certaines tenues sont parfois très kitch, d'autres pourraient être facilement portées aujourd'hui. D'autres encore donnent à voir des cultures vestimentaires différentes - l'Afrique, ses couleurs et son sens du drapé et c'est loin d'être inintéressant.

Bref, il faut trier, comme si le film nous projetait dans une friperie vintage garnie de pièces d'été. On redécouvre alors quelques pépites et autres évidences. Le pantalon clair, par exemple, est encore aujourd'hui un des fondamentaux du style estival.

Mais vous découvrirez bien d'autres pièces indémodables ou réhabilitées depuis : le tee-shirt, le sweat-shirt, la chemisette, le polo, le bob, la veste en denim, le bandana ou les Converse. À ce titre, le fameux personnage de Jean-Claude Dusse, sujet des moqueries les plus cruelles du film, est loin d'être le moins stylé de la bande. C'est une des leçons du film.

Pour un bond dans le passé plus récent :

2. L'ÉTÉ, LA SAISON DES COULEURS ET DES TEINTES CLAIRES

On n'a pas vraiment révolutionné la roue depuis « Les Bronzés » de 1978. On conseille toujours de porter du clair en été et on n'hésite pas non plus à oser les couleurs les plus joyeuses. Sans surprise, vous trouverez donc à l'écran un très large panel d'options estivales : blanc, crème, écru, pastels rose, jaune ou bleu et bien d'autres couleurs plus osées ou à réinvestir - le lilas, par exemple.

Là aussi, le personnage de Jean-Claude Dusse n'est pas le dernier à faire des propositions. Regardez son sweat-shirt vert, son peignoir jaune ou ses Converse montantes de couleur violette. Les personnages les plus « charismatiques » ne sont pas nécessairement ceux qui prennent le plus de risques en matière de style. Ni ceux qui s'habillent avec le goût le plus sûr.

Si les personnages de Thierry Lhermitte ou de Christian Clavier font plutôt office de leaders dans cette histoire, ils doivent surtout leur statut auprès des autres à leur physique et à leur personnalité plutôt qu'à leur style vestimentaire.

Thierry Lhermitte joue un homme pas nécessairement très bien habillé. Il se distingue surtout par une obsession étonnante pour le soin apporté à ses vêtements - il plie et range son jean blanc très ajusté comme s'il s'agissait d'un pantalon de costume. Quant à Christian Clavier, vous ne pourrez pas le manquer : il affectionne les slips de bain miniatures et les strings en léopard - original certes mais sur le léopard, Nawal a de bien meilleures propositions ici :

Sur les couleurs, le premier volet des « Bronzés » est dans tous les cas autrement plus riche que le dernier en date. Les tenues sont aussi plus nombreuses. Si vous vous demandez pourquoi les couleurs claires sont plutôt conseillées en été, on vous donne quelques explications techniques dans cet article :

3. DES TENUES SIMPLES, QUI TIENNENT EN PEU DE VÊTEMENTS

C'est sans doute le casse-tête le plus compliqué de l'été : comment gagner en style tout en composant avec moins de pièces ? C'est aussi un véritable paradoxe : la saison estivale n'est-elle pas censée être celle du temps disponible, du lâcher-prise et du vestiaire léger ? Tous les amoureux de vêtements se rejoignent sur un point : c'est de loin la période la moins enthousiasmante de l'année.

La raison est simple, le vestiaire estival se réduit à peau de chagrin : des chaussures, un bas, un haut, le tout dans des matières aussi légères que possible. C'est à peu près tout quand la température dépasse les 30 degrés. Plus qu'aucune autre saison, l'été invite au pragmatisme vestimentaire. Le style passe malheureusement parfois après, et les personnages des « Bronzés » sont eux aussi confrontés à ce phénomène :

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© Jean Marie Leroy/Corbis via Getty Images

De gauche à droite : Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Gerard Jugnot, Josiane Balasko, Christian Clavier et Thierry Lhermitte sur le tournage des « Bronzés 3 », 2006.

Tous ne s'en tirent pas avec le même bonheur. Il faut ainsi voir (ou ne pas voir) le virage a 180 degrés emprunté par Jean-Claude Dusse, toujours lui, dans le dernier opus des « Bronzés » : que diable s'est-il donc passé dans son vestiaire ces trente dernières années ? L'incompréhension demeure, et l'énigme reste entière. En revanche, pour nos conseils sur le peu de vêtements en été, c'est confirmé ici :

… POUR EN ÉLABORER DES TENUES INSPIRANTES

À l'évidence, « Les Bronzés » ne sont pas les princes du style. Mais ils racontent à leur manière une certaine histoire de la mode en France. Alors, où trouver des tenues vraiment inspirantes au cinéma pour l'été ? Je vous propose quelques pistes :

1. «LE TALENTUEUX MR RIPLEY» D'ANTHONY MINGHELLA (1999) :

Pour le style de Gwyneth Paltrow et de Jude Law, inspiration à peine cachée de la très belle marque anglaise Scott Fraser Collection.

2. « VICKY CRISTINA BARCELONA » DE WOODY ALLEN (2008)

Pour l'ambiance, la musique, le travail de la costumière espagnole Sonia Grande et le trio formé par Penélope Cruz, Scarlett Johansson et Javier Bardem.

3. « CALL ME BY YOUR NAME» DE LUCA GUADAGNINO (2017) :

Pour la musique, le décor idyllique et le style de Timothée Chalamet et d'Esther Garrel, ces deux tenues ci-dessus en particulier - mais il y en a beaucoup d'autres !

4. «PIERROT LE FOU» DE JEAN-LUC GODARD (1965)

Pour le pantalon blanc et la chemise à rayures de Jean-Paul Belmondo, les tenues d'Anna Karina, le charme des sixties, la malice et la mise en scène de Jean-Luc Godard.

5. « ETÉ 85 » DE FRANÇOIS OZON (2020)

Pour les propositions de style, le denim clair, la reconstitution de l'esprit des eighties et plus généralement le travail de la costumière belge Pascaline Chavanne.

Pour tous nos conseils de style en été :

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