Un vêtement, une chanson : la casquette de Public Enemy (5/10) – Pochette

(Crédit photo de couverture : Public Enemy à Hyde Park, en 1987 - Photo David Corio/Redferns/GettyImages)

Quel est le programme ? Du streetwear, des tenues de combats, des casquettes et… Une petite anecdote sur la canicule. Que l’on aborde ici le streetwear ne vous surprendra pas : c’est une des composantes de la culture hip-hop et Public Enemy n’échappe pas complètement à la règle.

Les tenues de combats, en revanche, c’est peut-être déjà un peu plus mystérieux. Depuis le milieu des années 80, le groupe emmené par le charismatique Chuck D. se singularise à la fois par sa musique et son style vestimentaire. Revue de détails.

« FIGHT THE POWER » - PUBLIC ENEMY

On peut voir les disques de Public Enemy comme autant de poings levés et leur univers pourrait se résumer en un mot : combat. C’est aussi vrai pour le style, mariage de mode streetwear et militaire.

Pour autant, Public Enemy n’est pas le seul groupe hip-hop à s’être emparé du vestiaire militaire. On en retrouve par exemple des traces chez le Wu Tang Clan. Vous avez probablement observé ce phénomène ailleurs qu'en musique : les fatigue pants, les chemises de type OG 107 et autres vestes M-65 ne sont plus seulement réservés aux soldats.

Amoureux du kaki et des motifs camouflage, vous trouverez ainsi en partie votre bonheur chez Public Enemy. Mais l’expérience ne s’arrête pas là : si vous êtes amateurs de casquettes, qu'elles soient connotées sport ou armée, le groupe est aussi une fameuse source d’inspiration.

Avouons-le, le choix du couvre-chef est un vrai dilemme quelle que soit la saison. En été, il faut en outre prendre en considération deux paramètres importants : la respirabilité et la protection contre le soleil. Que choisir entre le bob, la casquette et autres Panama sans perdre une once de style ? Tout est possible, selon vos envies.

Vous l'avez peut-être noté : nous nous sommes très récemment penchés sur la casquette :

C'est un sujet qui questionne au-delà du style : jetez par exemple un œil sur la carte blanche de Nicolò. À titre personnel, je lui préfère le bob mais cela ne m'empêche pas de lui trouver un certain charme chez les autres. Un exemple ? Public Enemy et son leader Chuck D.

Notre première photographie ci-dessus est caractéristique du style affiché par le groupe : des sweatshirts, des jeans, des tee-shirts, des pantalons et parkas militaires, des casquettes ou des bérets.

Entre le vestiaire militaire et le streetwear, Public Enemy développe son militantisme jusque dans ses tenues. À droite, Chuck D. impose à la fois une attitude et un style en grande partie dédié au denim.

La casquette, un poil plus sobre que celles de ses camarades, conclut parfaitement le look. Les logos et messages sur le devant font en quelque sorte partie du folklore. Mais on peut tout à fait leur préférer des modèles sans.

C’est une tenue très simple, qui peut fonctionner toute l'année et même en été si les températures sont clémentes. Vous pouvez retrouver un esprit similaire dans cet autre portrait de 1988, avec davantage de couleurs claires :

Vous vous en doutez : le couvre-chef chez Public Enemy est loin d'être anodin et simplement utilitaire. Les tenues elles-mêmes ont quelque chose d'éminemment symbolique. Tout apparaît ici : l'ampleur et les signes distinctifs de la rue, la discipline des tenues de combat, l'esprit décontracté du streetwear et une certaine forme de radicalité, plus politique.

La casquette se porte droite ou bien sur le côté?Pour l'anecdote, on peut découvrir dans la saison 3 de la série américaine « The Wire » une des plus belles questions du monde au sujet des casquettes vissées sur le côté. Elle est discrète ou ostentatoire selon les personnages.

Cela ne se voit pas ici, mais Public Enemy intègre également les treillis et les motifs camouflage à son vestiaire. Nous ne sommes pas loin de l'imagerie "commando". C'est ainsi qu'une casquette à connotation sport se retrouve propulsée dans un autre monde :

Vous voyez l'idée générale ? Dans les grandes lignes : sortir la casquette de son cadre habituel, tenter d'associer plusieurs mondes ensemble. Si la proposition de Public Enemy vous semble trop extrême, commencez par petites touches. Essayez par exemple la casquette avec une tenue plus habillée, en vous appuyant sur les tenues les plus estivales du soft tailoring ou de l'Ivy League.

Plus accessible encore, et pour illustrer dans le même temps plusieurs manières de porter la casquette en été, vous pouvez jeter un œil sur cette photographie du début des années 90 :

Chuck D. est à droite, en short et tee-shirt. Les deux autres personnages font partie du groupe A Tribe Called Quest et portent jeans amples, polo ou sweatshirt. Les casquettes peuvent bien sûr être portées à l'envers, et pour une sélection de marques dans cet esprit, vous pouvez regarder ici :

On peut jouer avec les couleurs, les volumes et ne pas trop se prendre la tête. C'est peut-être bien LE message à retenir de la casquette. Si vous réfléchissez beaucoup à votre style et à vos tenues, vous savez cependant que le naturel et la simplicité ne sont pas une mince affaire.

Enfin, vous aurez peut-être remarqué que la couleur noire est assez présente dans les vêtements choisis par le groupe. Pour l'été, c'est assurément contre-intuitif. On peut toutefois repenser au message du DJ interprété par Samuel L. Jackson dans le film « Do The Right Thing ».

Il invite en effet ses auditeurs à porter du noir un jour de canicule pour emmagasiner le plus de chaleur possible pour l'hiver. Bon, évidemment, je ne vous conseille pas de vous lancer dans cette voie : les canicules des années 2020 sont sans commune mesure avec celles décrites dans le film de Spike Lee.

En revanche, vous pouvez revisionner le film, ne serait-ce que pour apercevoir dès l'ouverture ce qui serait un clip parfait pour « Fight The Power » si la chanson n'en possédait pas déjà un. C'est une chanson coup de poing, un hymne et sans doute le morceau le plus emblématique de Public Enemy.

« Fight The Power » n'a en tout cas rien perdu de son mordant. Pour aller plus loin et découvrir Public Enemy plus avant, essayez par exemple « It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back » (1988) et « Fear of a Black Planet » (1990). Cela vous donnera peut-être envie, qui sait, de porter vous aussi la casquette.