Vidéo - Les secrets de... l'indigo ! #5

Sommaire
POurquoi parler de l’indigo ? La découverte de l’indigo L’indigo et l’antiquité L'indigo au moyen-âge L'arrivée de l'indigo en provenance d'indeL'indigo naturel La production de la teinture La création de l’indigo synthétique Indigo synthétique vs indigo naturel La révolution du jean L'indigo et le japon, toute une cultureAujourd'hui, tout le monde trouve ça parfaitement normal de porter des vêtements en denim avec cette couleur indigo si particulière.
Pourtant, l’histoire de cette teinture est incroyablement riche, elle s’étale sur plusieurs siècles, voir plusieurs millénaires, et elle a eu de nombreux impacts culturels, économiques, sociaux et politiques, et ce, dans quasiment toutes les régions du monde.
Dans cet épisode, je retrace toute l'évolution de l'indigo, en traversant les âges et les continents. Des secrets de fabrication jusqu'aux petits détails insoupçonnés, vous allez maintenant comprendre tous les mystères de "l'or bleu".
Je tiens à remercier chaleureusement la cité des sciences et de l'industrie pour leur accueil. Si vous êtes intéressé par l'exposition du jean, elle est encore disponible jusqu'en mai 2022.
POURQUOI PARLER DE L’INDIGO ?
Le seul moyen d’avoir une teinture bleue de façon 100% naturels, c’est l’indigo.
C’est une teinture qui tient bien sur les fibres naturelles comme le coton mais aussi des fibres animales comme de la laine, ce qui est assez unique pour une teinture végétale.
Alors oui, la teinture s’éclaircit un peu au fur et à mesure des années, mais elle reste d’un beau bleu, contrairement à d’autres teintures végétales. En témoignent notamment, les parties bleues de la tapisserie de Bayeux.
Ce que j'apprécie surtout, c'est la capacité de l'indigo à se mélanger à d’autres teintures, on obtient un spectre de couleur vraiment diversifié. À tel point que cela va devenir une teinture indispensable chez les teintureries médiévales, notamment pour avoir des couleurs plus durables dans le temps.
Le processus pour l’extraire est assez unique et l’utiliser tient presque de l’alchimie. Il n’est pas à la portée du premier venu, ce qui a contribué à créer sa légende.
Parce que dans la nature il n’y a pas de plantes bleues. Pour obtenir de l'indigo, il faut de l'indican ou de l'isetan b. Selon le type de plantes, il arrive que la couleur soit invisible.
Il faut donc extraire le pigment de la plante. Or, il n’est pas soluble, ce qui est très embêtant pour un colorant. Finalement, pour lui donner sa couleur bleue si particulière, il faut le mettre en contact avec l'oxygène.
Crédit : Toiles de Fond
LA DÉCOUVERTE DE L’INDIGO
Comment tout a commencé ?
Nous n'avons toujours pas de réponses claires ! Il y en aura sûrement jamais d'ailleurs.
A priori, plusieurs civilisations l’auraient découvert un peu chacun de leur côté, pas forcément en même temps.
Ce qui est étonnant c’est que c’est une couleur où il faut quelques manipulations pour l’utiliser en tant que teinture, donc c’est assez remarquable de voir que chacun a pu le découvrir à sa manière.
Peut-être que des feuilles d’indigotier qui ont été trempées dans de l’urine ou touchées par un liquide rempli de cendres ont pu “accidentellement” colorer les feuilles en bleu.
Ce qui est encore plus curieux c’est qu’on retrouve l’indigo dans certaines légendes, comme en Asie du Sud-Ouest ou au Liberia par exemple. Pour ces civilisations, on trouve des récits qui racontent le processus de transformation d'une plante dans une teinte bleue.
Imaginez la révélation, à un moment où il n’y avait pas beaucoup d’autres coloris naturels à part du rouge, de l’ocre, du noir et du brun.
C'est donc une couleur pratique pour les arts et le textile. En effet, les plantes poussent un peu partout sur le globe.
L’INDIGO ET L’ANTIQUITÉ
Le mot indigo vient du mot grec indikon, qui est devenu indicum en latin pour désigner une substance venant d’Inde, ce qui laisse à penser que les Gallo-romains importaient cette substance dès l’antiquité.
On a même retrouvé des traces d’indigo utilisées 3000 ans avant JC, notamment en Egypte où certaines momies étaient teintes avec de l’indigo.
À l'époque, c'est un coloris qui est signe de richesse car il est difficile à obtenir mais surtout il tenait bien dans le temps.
Cette fois-ci, on ne parle pas de plante mais de crustacés. Cet indigo était extrait d’un petit coquillage, le Murex épineux ou le Murex tinctorial. Sachant qu'il fallait tuer 10 000 coquillages pour extraire un gramme d’indigo !
On faisait aussi du pourpre de Tyr avec ce coquillage, mais comme c’était coûteux c’était une couleur réservée aux élites.
Selon Pline l’Ancien, le colorant était extrait en écrasant les coquillages, en laissant putréfier le tout pendant trois jours dans de l’eau salée et alcaline. Ensuite, il faisait bouillir le tout pendant dix jours. On peut imaginer l’odeur !
Si en Europe et en Asie l’indigo était utilisé depuis longtemps, c’est aussi le cas pour l’Amérique centrale et l’Amérique du sud, et ceux dès -700 ans avant JC.
Alors petit détail amusant, ils maîtrisaient bien la teinture rouge grâce à la cochenille, un insecte. En revanche, l’indigo était une teinte plus rare, plus compliquée à obtenir et donc plus mystérieuse, elle était réservée qu’aux symboles de pouvoir et de religion.
C’est comme ça que l’indigo a acquis au fil des siècles une telle symbolique, tout simplement parce que c’était la couleur pour colorier les dieux.
Représentation d'Artemis
Côté Afrique, il y a aussi une culture de l’indigo mais on ne savait pas vraiment quand elle est apparue, notamment à cause d’un climat peu propice à la conservation des textiles, jusqu’à une découverte archéologique intéressante.
Dans les années 60-70, une expédition a eu lieu dans le pays Dogon au Mali et là on a trouvé des étoffes avec de l’indigo du XIe siècle qui prouve que les autochtones de cette époque avaient déjà un niveau avancé dans la conception de cette teinture.
L'INDIGO AU MOYEN-ÂGE
Côté Europe, au XVIe siècle, avec le développement des routes commerciales vers l’Inde, l’indigo de l’indigotier était un bien de luxe. Faire venir des produits d'Indes, tels que le poivre ou d'autres épices, était réservé à des usages prestigieux.
L’indigo de l’indigotier était très recherché car il donnait un bleu plus profond que le pastel des teinturiers. Auparavant, le pastel était le seul moyen d’obtenir une teinture bleue, qu’on appelle aussi la waide ou la guède. Celle-ci était cultivée un peu partout en Europe, en France, en Italie, en Allemagne et même en Angleterre.
A priori au début on la cultivait pour des vertus médicinales, notamment pour son usage antiseptique.
En France, c'est le Languedoc qui était la région la plus réputée pour la culture de cette plante, ce qui a largement contribué à en faire une région riche.
Les marchands de cette plante possédaient de grande fortune, en raison de leurs grandes propriétés, notamment leurs champs, mais aussi car ils s'occupaient personnellement de la commercialisation de la teinture. On les appelait les pasteliers.
Portrait de Jean de Bernuy (1664) - Hilaire Pader - Chateau de Merville
L'ARRIVÉE DE L'INDIGO EN PROVENANCE D'INDE
L'arrivée de l’indigotier d’Inde met un énorme coup au commerce du pastel. C'est alors que le prix du pastel s'effondre totalement après deux générations dorées, surtout avec le développement des colonies européennes en Inde.
Malheureusement, étant donné la charge de travail importante pour produire de l’indigo, ils exploitent des esclaves venues d’Afrique. Sans cette main-d’œuvre totalement exploitée et peu coûteuse, l’histoire de l’indigo aurait sûrement été bien différente.
On en était à un tel point que quand les prix de l’indigo étaient au sommet, l’indigo pouvait être échangé avec un esclave, à poids égal, c’était du délire total.
Pour satisfaire la demande de l’Europe pour du bleu, de nombreux esclaves l’ont payé de leur vie.
L'INDIGO NATUREL
L'indigo vient de plusieurs plantes et même de plusieurs animaux.
Côté plante, la plus connue c’est l’indigotier mais tu en as d’autres ! L’indigotier est de la famille des indigofera, qui regroupe près de 800 espèces, dont 600 en Afrique.
C’est un petit arbuste avec des feuilles roses, qui ne sont absolument pas bleues. La spécificité de cette plante est sa capacité à pousser dans de nombreux endroits.
L’autre type de plante qui produit l’indigo, c’est le pastel, qui est une petite plante qui fait des fleurs jaunes et là aussi absolument pas bleues. C'est un crucifère, donc au même titre que les radis, la moutarde ou les choux.
Vous l'avez donc compris, il existe une multitude de plantes qui permettent l'émergence de la teinture indigo. Voyons à présent ces plantes à travers les continents :
- Au Japon et en Chine, c’est une autre plante herbacée qui s’appelle Persicaria tinctoria, la renouée des teinturiers (ou persicaire à indigo). Les feuilles ne sont pas bleues non plus !
- En Asie du sud il existe une autre plante : Strobilanthes cusia ou indigo de l'Assam
- En Afrique il utilise le Philenoptera cyanescens, appelé également Yoruba Indigo +
- En Inde et Birmanie on parle du Wrightia tinctoria ou laurier des teinturiers
LA PRODUCTION DE LA TEINTURE
Une fois qu'on a les feuilles qui sont bien vertes et pas du tout bleues, comment fait-on pour en extraire l’indigo et teindre notre jean ?
Vous n'êtes pas les seuls à vous poser cette question, et son extraction a suscité énormément de curiosité tout au long de l’histoire.
QUELLE EST LA CHIMIE DERRIÈRE ÇA ?
Pour faire simple, quand on trempe les feuilles dans de l’eau, l’indican se transforme en indoxyl, et quand on secoue vigoureusement ce liquide pour y apporter de l’oxygène, l’indoxyl se transforme en indigo, si je résume très très très grossièrement.
Pendant très longtemps, on ne savait pas trop comment se passait cette réaction chimique, c’était l’inconnue totale.
Pour le pastel c’est encore différent, car ce n'est pas le même précurseur. À la place de l’indican, il y a de l’isetan B, une molécule plus fragile qu'on peut laisser macérer dans de l’eau tiède, comme pour les plantes tropicales.
En pratique, tu as trois méthodes, attention, on part sur un cours de chimie niveau cinquième.
1. À PARTIR DE FEUILLES FRAÎCHES
La première, celle utilisée dans les sociétés traditionnelles, il suffit de mettre des feuilles fraîches dans un pot, avec de l’urine ou de l’eau avec des cendres pour initier la fermentation, afin de réduire la teneur en oxygène. C'est la décomposition des feuilles qui va entraîner la production d’indoxyle incolore.
On enlève ensuite les feuilles pour ne garder que le liquide qui je rappelle est toujours incolore.
Après on met les vêtements ou les fibres à teindre dedans, on les ressort et au contact de l’oxygène ça devient bleu !
Le souci de cette technique est le fait que ce ne soit pas très concentré en indigo. Donc il faut vraiment les tremper plusieurs fois et pendant des heures pour obtenir un vêtement bleu. De plus il faut être près du lieu de culture de l’indigo pour avoir des feuilles fraîches.
2. À PARTIR DE FEUILLES SÉCHÉES
On sèche les feuilles afin de pouvoir les transporter et les stocker plus facilement.
C'est la méthode traditionnelle au Japon et en Afrique de l’Est. Mais le problème c’est que même si la feuille est séchée, elle peut quand même moisir et c’est peu adapté pour un voyage entre deux continents, ce qui nous amène à la troisième méthode d’extraction, jalousement gardée par les Indiens qui l’avaient découverte dès l’Antiquité, la macération.
3. À PARTIR DE LA MACÉRATION
En fait, de ces feuilles, ils avaient réussi à en faire une sorte de boue bleue, et en la faisant sécher, ça faisait des morceaux d’indigo qu’il fallait ensuite réduire en poudre. C'était un gros travail, mais ça permettait un transport bien plus aisé de l’indigo entre les pays, et c’est devenu une activité économique très importante pour l’Inde.
CONCRÈTEMENT COMMENT ÇA SE PASSE ?
Les feuilles sont mises dans une citerne d'eau pendant 12 heures, puis le liquide est transvasé dans une autre citerne. Après on remue vigoureusement ce liquide pour apporter de l’oxygène et l’indigo va tomber au fond de la cuve sous forme de boue.
Une fois obtenue, on l'a fait sécher afin de la réduire en poudre ou en bloc. Pour le transport, certains peuples gardaient la boue humide dans des jarres ou des seaux étanches comme en Asie.
Si vous êtes curieux, vous pouvez aller voir toutes les étapes de cette extraction traditionnelle dans cette vidéo.
Revenons au compostage des feuilles de pastel et de l’indigo africain et japonais qui était très chronophage. Lorsque les feuilles étaient cueillies, elles étaient broyées, puis avec la pâte on en faisait des petites boules, qu’on posait sur des étagères pour qu’elles sèchent pendant plusieurs mois. Pour maximiser la quantité de colorant extrait, il fallait ensuite une deuxième fermentation, qui était l’étape la plus pénible.
Il fallait broyer les petites boules, les étaler par terre et les asperger d’eau, et pendant six à neuf semaines, elles étaient régulièrement aspergées d’eau, un processus qui était très odorant.
Il était indispensable d'avoir beaucoup d’expérience pour que le compostage se fasse à une température homogène partout et qu’il ne surchauffe pas.
Au final, on obtenait une pâte qu’on mettait dans des tonneaux pour les transporter chez le teinturier.
LA CRÉATION DE L’INDIGO SYNTHÉTIQUE
En 1878 un évènement va encore bouleverser le commerce de l’indigo. Un chimiste allemand du nom de Adolph Von Baeyer réussit à créer de l’indigo synthétique. Il découvre une autre méthode en 1880 connue sous le nom de Synthèse de Baeyer-Drewsen de l'indigo.
En 1897, c’est le chimiste Franco-Germano-Suisse René Brohn qui met au point le bleu d’indanthrène, une teinture bleue qui résiste aux lavages, au soleil et aux intempéries, pour l’entreprise BASF.
Ils ont dépensé 18 millions de marks or pour développer cette substance, ce qui était autant que la valorisation de l’entreprise, c’est dire l’importance stratégique derrière cet indigo synthétique.
À ce niveau d’enjeu là ce n’est pas qu’un simple colorant, c’est carrément de l’or bleu !
Un rapport britannique disait que la production d’indigo synthétique était un bel accomplissement, mais que ça allait être je cite une “calamité nationale”, car c’est priver l’Etat d’une source de revenus conséquente.
Les plantations d’indigotiers en Inde ont commencé à fermer peu à peu, mais pas d'un seul trait, car malgré l’existence de l’indigo synthétique, en 1902 le gouvernement français insistait tout de même pour que les uniformes soient teints à l’indigo naturel. Selon eux, le tissu protégeait mieux des intempéries, notamment grâce à une résine particulière.
Idem pour la Grande Bretagne, qui a fait ça pour protéger son industrie de l’indigo naturel provenant de ses colonies. Seuls les Allemands ont teint leurs uniformes à l’indigo synthétique.
C'est seulement après la première guerre mondiale que l’indigo synthétique se répand partout et se démocratise totalement.
Les prix de l’indigo naturel chutent alors de 50% et de 2800 usines d’indigo en Inde en 1911, on passe à 121 en 1914.
INDIGO SYNTHÉTIQUE VS INDIGO NATUREL
Alors l’indigo synthétique et l’indigo naturel, c’est la même molécule, mais certains disent que l’indigo naturel, de par ses petites impuretés donne une couleur plus riche et plus intéressante que l’indigo synthétique, qui plaît aux puristes, car justement c’est un indigo pur.
Les puristes diront aussi qu’un vêtement teint à l’indigo a un aspect totalement différent en raison des multiples bains d’indigo nécessaires et que cela donne des nuances plus naturelles. Une très légère teinte rougeâtre peut aussi apparaître si on utilise des feuilles fraîches.
Dans certaines régions du monde attachées à l’indigo naturel et à toute la symbolique derrière, BASF a même dû rajouter une odeur totalement artificielle à l’indigo synthétique pour gagner la confiance des teinturiers du coin, pour leur rappeler l’odeur de la plante.
Aujourd'hui, l’indigo naturel est vraiment réservé à du haut de gamme, car sa fabrication est plus coûteuse que de l’indigo synthétique.
Il y a quelques cultures qui subsistent aux quatre coins du monde, mais ça reste vraiment très minoritaire.
En France, quelques projets qui perpétuent la tradition de l’indigo comme bleu de Lectoure ou le champ des couleurs où il est possible d'acheter du linge de maison ou encore une écharpe à l’indigo.
COMMENT SONT TEINTS LES TISSUS
Alors dans le cas d’une teinture naturelle classique, pour qu’elle s’accroche à la fibre, il faut qu'il y ait ce qu’on appelle un mordant, qui est une substance métallique, comme de l’aluminium, du fer ou du chrome.
L'indigo n’a pas besoin de ça, c’est sa grande particularité, il n’a pas besoin de lien chimique avec la fibre à teindre.
Une fois que le compost est prêt, on le chauffe à 50°c dans une solution alcaline, afin d'obtenir de l’indigo incolore, même si le liquide est plutôt jaunâtre et verdâtre.
Alors pour avoir une solution alcaline, chacun y va de son petit secret, ça va de la cendre, de la chaux, du saké, de la mélasse et même de l’urine. Ensuite, une fois au contact de l'oxygène, c’est là où il devient bleu pour de bon.
Ça paraît simple comme ça, mais l’indigo était réputé comme la teinture la plus difficile à utiliser, mais il faut croire que le bleu qui en résultait valait tous les efforts du monde.
Surtout l’indigo est très polyvalent, tu peux l’utiliser sur du coton, du lin, de la soie, ou de la laine, ce qui était loin d’être le cas pour les autres teintures naturelles.
Mais ce qui fait tout le charme de l’indigo et qui donne toutes ces nuances, c’est le fait d’immerger plusieurs fois la fibre à teindre dans l’indigo, de la laisser sécher, et de recommencer encore et encore, tout en laissant le cœur de la fibre non teint, afin d’avoir un beau délavage avec le temps, exactement comme sur un jean.
On observe très facilement si les vêtements sont teints à la main ou non : à la couleur des ongles des teinturiers qui sont bleus tout au long de l'année.
Une fois que l’indigo est sur une fibre, si évidemment la fibre n’est pas frottée, il garde sa couleur très très très longtemps, comme en témoignent toutes les fibres teintes qu’on a retrouvées au cours des siècles.comme le tapis de Pazyryk et ses parties teintes à l’indigo
Dans le temps, et dans des certaines cultures, les tissus à l’indigo étaient frappés avec des maillets en bois pour faire bien pénétrer l’indigo et donner un aspect presque brillant et très sombre.
Aujourd’hui tout le monde trouve parfaitement normal d’avoir un jean à l’indigo et on ne se rend plus du tout compte de ce que cela représente.
LA RÉVOLUTION DU JEAN
En 1847, un certain Levi Strauss met au point un pantalon de travail solide, avec des poches fermement maintenues par des rivets.
Vous connaissez la suite, un succès colossal qui va permettre au jean de conquérir la planète. À ce jour, dans l'inconscient collectif, l'indigo est toujours associé aux jeans.
Le jean Renji one-wash BonneGueule
Par la suite, au milieu des années 60, les Japonais vont rentrer dans la bataille, notamment en proposant leurs propres jeans.
J'ai déjà raconté cette histoire dans notre vidéo au Japon mais aussi dans l'article présentant notre jean en toile de chez Kurabo.
L'INDIGO ET LE JAPON, TOUTE UNE CULTURE
En 1903 il y avait 40 000 acres où l'on cultivait l’indigo. Aujourd’hui il y en reste seulement 50 pour préserver le savoir-faire japonais.
Leur technique est assez similaire des précédentes, ils broient les feuilles, les font sécher et les étendent par terre pour faire le sukumo, qui est une sorte de compost. Ce processus de fabrication demande une bonne année voire plus de travail.
Quand les Japonais font quelque chose, ils y vont à fond. La preuve, il y avait même des spécialistes de ce compost qui voyageaient et qui contrôlaient le niveau d’humidité pour qu’il soit le plus optimal.
Pour la technique, on ajoute de l'eau sur le compost tous les cinq jours. Ensuite, on retourne le compost, ce qui est une tâche vraiment pénible puisque le compost dégage des vapeurs désagréables.
Les Japonais avaient même un dieu de l’indigo, Aizen Shin à qui ils offraient un petit verre de saké à chaque fois que le compost était retourné.
Au bout de trois mois de ce processus, le compost se solidifie et s’assombrit, signe que le process s’est bien déroulé. Son coût d'achat reste très élevé, à plus de 210 euros le kilo. Il est possible d'en acquérir en France sur des e-shops spécialisés.
J'aimerais vous conseiller deux livres :
- Indigo, périple bleu d'une créatice textile de Catherine Legrand (éditions de La Martinière)
- Indigo, Egyptian mummies to blue jeans de Jenny Balfour-Paul (The Britich Museum). Celui-ci est écrit en anglais.
Honnêtement ces deux livres sont remarquables, le travail effectué est monstrueux.
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