Une montre, un test : Unimatic réinvente un classique

10 min

Une montre, un test : Unimatic réinvente un classique

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Publié le : 24 décembre 2021Mis à jour le : 24 décembre 2021

Qu’est-ce qu’une bonne montre ? Je vous répondrai : un mouvement fiable, un boîtier et un verre solides, un beau cadran lisible, un bracelet de qualité et un SAV compétent. Le tout pour un prix qui correspond aux caractéristiques de cet ensemble.

Mais qu’est-ce qu’un Must Have en horlogerie ?

C’est LA montre à posséder dans sa collection. Les médias traditionnels vous répondront qu’il s’agit des « icônes » de l’horlogerie : une Speedmaster en chronographe, une Sub pour une plongeuse haut de gamme, une Patek Philippe pour le côté exclusif de la marque, etc…

Et moi, je vous répondrai : c’est une montre que vous aimerez porter longtemps. C'est une montre qui vous fera aimer le fait de consulter l'heure à votre poignet. C’est une montre qui allie toutes les caractéristiques constitutives d’une bonne montre mais avec un immense plus : un ressenti unique à son poignet et cela passe souvent par un design à couper le souffle.

C’est le fameux coup de cœur qui dure. À l’exception du vintage, relativement peu de montres modernes ont réussi à me faire ressentir ce grand coup de cœur. Je pourrai vous confier mes références préférées peut-être un jour à travers un article… mais il me faudra alors rajouter un modèle à ma petite liste des Must Have en horlogerie : l’Unimatic UC1 en fait maintenant partie et vous allez comprendre pourquoi.

Scruter l’état du marché horloger et partir à la découverte de nouvelles références ont toujours été dans ma nature. Je suis fondamentalement curieux, j’ai la passion des beaux objets, des belles matières mais aussi des designs qui peuvent sortir de l’ordinaire tout en recourant aux codes classiques.

Il est facile de faire le buzz avec des designs « osés » dont l’objectif est de « choquer » l’opinion. D’ailleurs, je remarque la propension des « influenceurs » envers ces produits qui souvent, à défaut d’être beaux, se propageront de manière virale dans les réseaux sociaux. Je ne suis pas un influenceur, je suis très circonspect par rapport au buzz médiatique, pas pour faire l’anticonformiste de base mais parce que j’aime les beautés classiques.

Comme l’horloger Antoine de Macedo l’a très bien dit : « Rien n’est plus difficile que de réinventer le classique ». Et à mon sens, il a entièrement raison.

Bonne gueule

C’est une chose de chercher à provoquer, c’est une autre chose de réinventer. Peu y parviennent car, je vous l’ai dit dans d’autres articles, pratiquement tous les designs ont été inventés en horlogerie. Combien de commentaires j’ai vus sur les forums spécialisés en parlant de nouvelles montres : « Le cadran ressemble à celui de la Sub », « ce chronographe a des airs de Speedmaster », « ce boîtier coussin me fait penser à Panerai », etc, etc, etc….

Ces comparaisons sont et seront éternelles. Cela rassure de comparer à une référence qui se trouve être plus connue à notre époque. De la même manière qu’avec la Royal Oak Audemars Piguet n’a pas inventé le boîtier octogonal, Panerai n’a pas inventé le boîtier coussin. Il est peut-être bon de le rappeler mais revenons un instant à l’idée de réinventer le classique. Peu y sont parvenus.

Je pourrai vous citer dans le vrai luxe Laurent Ferrier. Il n’était pas pour rien le directeur de la création chez Patek Philippe pendant plusieurs décennies avant de créer sa propre marque. Lui a été capable de réinventer la montre classique à mon sens. Mais l’ultra-luxe n’a pas nécessairement le monopole dans ce domaine.

Si nous sortons des montres habillées et classiques pour se tourner vers l’autre grande catégorie de montres, les plongeuses par exemple, là aussi nous avons des marques qui font un effort dans le design pour proposer de nouvelles montres aptes à la plongée sans nécessairement se copier les unes sur les autres. C’est rare, les grandes lignes classiques des plongeuses ont elles aussi été définies dans les années 50-60 et un peu aussi dans les années 70. Mais j’ai vu une exception. Et elle vient d’Italie.

De la même manière qu’il y a eu une formidable période de création de nouvelles marques dans le vêtement en France dans les années 2010 en particulier, de nombreuses jeunes marques ont été créées dans le secteur horloger pratiquement durant la même période. Certaines furent éphémères, le temps d’un Kickstarter, et quelques-unes ont transformé l’essai.

Rares sont celles qui se sont distinguées réellement de l’immense masse. La plupart des jeunes marques créées en horlogerie proposent globalement le même business model : un design avec un léger twist, un storytelling qui me semble souvent à quelques variations près le même, un mouvement Miyota et à la fin un lancement sur Kickstarter. Repérer les vraies pépites peut être ardu et de plus nous serons tous sensibles à une esthétique particulière : au final c’est le design qui va déterminer l’acte d’achat. Unimatic est différente à bien des égards.

 

Bonne gueule

Née en 2015 de l’autre côté des Alpes, Unimatic a été créée par Giovanni Moro et Simone Nunziato. Tous deux sont spécialisés dans le design – ils sont tous les deux sortis de l’École Polytechnique de Milan – et leur manière de penser le design c’est justement de rechercher non pas la complexité mais la simplicité.

Cela me rappelle le leitmotiv d'un (excellent) professeur qui nous avait dit un jour en cours : « vous êtes des complificateurs de choses simples. Mon but est de vous deveniez des simplificateurs de choses compliquées ». C'est justement cela le plus difficile : la simplicité peut être compliquée à atteindre de nos jours.

D’autres médias ont qualifié l’approche d’Unimatic comme étant « minimaliste » mais, pour avoir interrogé directement les fondateurs de la marque, ils disent eux-mêmes qu’ils voulaient se lancer dans « une aventure un peu folle » pour réaliser leurs propres montres, belles et fonctionnelles tout en restant abordables.

Ils ont eu la sagesse de commencer par des séries limitées et, il faut le souligner, toutes se sont retrouvées "sold out" en très peu de temps, certaines séries ont été épuisées en 30 minutes, montre en main. Aujourd'hui, la marque continue à se développer et s'apprête à lancer des collections permanentes dès janvier 2022.

Réinventer le classique et maîtriser l’art de la simplicité : c’est cela le vrai défi et, chose très rare en horlogerie, nos deux designers italiens y sont parvenus avec leurs réalisations et une nouvelle fois avec leur dernier modèle qui est sur le point de paraître : l’UC1.

En découvrant la montre sortie de son coffret étanche, je suis bluffé et cela ne m’arrive que très rarement. Dès le premier coup d’œil, je sais que c’est une pépite horlogère. Comment se fait-il que la marque ne soit pas connue davantage en France ? Remis du moment de la découverte, la première personne que je contacte après avoir reçu l’Unimatic c’est Benoît (Benoît s’intéresse beaucoup aux montres également) pour partager ma découverte et lui présenter le modèle.

Vous devez vous en douter, Benoît travaille énormément en cette fin d’année mais nous prenons un moment (Comme je le fais toujours dans la mesure du possible avec des membres de la rédaction histoire de partager les impressions) pour l’occasion et les impressions sont similaires : cette Unimatic nous fait de l’effet, nous apprécions tous les deux ce design épuré. Chaque élément de cette montre contribue à donner immédiatement une impression très positive. D’ailleurs, passons ces éléments en revue.

montre unimatic bracelet bleu

Souvent, dans une montre, c’est le cadran que nous remarquons en premier. Ici, c’est la lunette. Et quelle lunette ! Elle est très épurée, sans marquage, elle n’est pas graduée, deux bandes d’acier entourent un insert noir en aluminium. Seul un petit point de matière luminescente est présent pour pouvoir se servir tout de même de cette plongeuse de manière fonctionnelle sous l’eau. Et rien d’autre. Et c’est très beau ainsi.

montre unimatic bracelet noir mat

Elle a une autre spécificité : la lunette est surdimensionnée par rapport au boîtier : ainsi le boîtier de la montre fait 40mm de diamètre. Quant à elle, la lunette fait 41,5mm. 1,5mm de différence seulement mais qui contribue, avec son design épuré, à lui donner cet effet si singulier au premier regard. En outre, cette lunette légèrement surdimensionnée permet un meilleur « grip » au moment de faire tourner la lunette.

Comme sur une diver, la lunette est tournante et unidirectionnelle. Il s’agit plus précisément d’une lunette à 120 clics et, d’ailleurs, quand je tourne la lunette de l’Unimatic, la lunette n’est ni trop dure ni une savonnette : autrement dit elle ne tourne ni difficilement ou trop facilement, détail qui a son importance dans ce genre de montres.

Les clics sont nets, la lunette tourne comme celles des meilleures plongeuses que je connais dans le secteur. Pour moi, Unimatic fait un sans-faute dans ce domaine. Je souhaite attirer l’attention des lecteurs sur ce point : faites tourner les lunettes des plongeuses au moment de l’essai et soyez attentifs à ces détails qui en disent long sur le degré de finition des montres.

Un autre élément contribue à renforcer le design épuré de l’UC1 : son cadran.

Je l’ai déjà dit dans d’autres articles, ma préférence personnelle va pour le « no date ». Je vous le dis souvent : je peux apprécier la présence de la date quand cette dernière est bien insérée mais je continue secrètement à préférer un cadran très épuré et extrêmement lisible surtout dans une montre-outil. Date or no date : telle est la question. Au final, la réponse se trouve dans les préférences personnelles de chacun mais, d’un point de vue du design, une montre aussi épurée que l’UC1 mérite à mon sens de faire le choix de la cohérence et d’adopter alors le « no date ».

Bonne gueule

Les index sont larges, typiques des plongeuses, sans chiffres ou sans fioritures inutiles, seule une inscription sur le cadran indique « Unimatic – Made in Italy – 300m = 1000ft – Classic ». Les aiguilles sont également larges et lisibles, de type échelle, inspirée de certaines aiguilles de montres militaires. Grâce au SuperLuminova C3, dans la nuit, ces aiguilles brilleront d’une couleur verte luminescente.

Au-delà du style de la montre, le boîtier me semble d’excellente facture. Unimatic a choisi un acier brossé qui est évidemment à mille lieux des montres (trop) clinquantes de notre époque. Ce boîtier me semble parfaitement adapté pour une montre-outil. La montre n’est pas étanche à 200 mètres mais à 300 mètres et là aussi je tire mon chapeau, généralement pour un tarif de 650 euros, c’est plutôt du 200 mètres d’étanchéité que vous aurez droit dans la très grande majorité des cas. Tout donne l’impression de la robustesse dans cette montre mais pourtant tout semble très maîtrisé dans le design et participe à l’harmonie de l’ensemble comme la couronne qui est, comme la lunette, légèrement oversize.

cadran montre unimatic gris

La couronne fait 8mm de diamètre, une "Big Crown" c'est-à-dire qu'elle est large – à titre de comparaison c’est le même diamètre que la couronne de la Tudor Black Bay traditionnelle de 41mm – et c’est utile et fonctionnel pour dévisser, remonter, et revisser sa couronne facilement. Quant à lui, le protège couronne remplit sa fonction afin d’éviter en cas de choc que la couronne en prenne pour son grade. Pour autant, il ne s’avère pas inesthétique ou trop protubérant par rapport au reste du boîtier.

Bonne gueule

Pour le tarif de l’UC1, il aurait été parfaitement concevable d’avoir une gravure très minimaliste et sans fioriture et pourtant Unimatic nous offre un fond plein plutôt bien décoré avec un diagramme et les informations sur la montre.

Je dois évoquer en aparté le verre saphir qui fait 2,5mm d’épaisseur – la plupart des verres saphir sur les plongeuses font plutôt 2mm d’épaisseur et pour autant il ne ressort presque pas de la lunette, le bombé est discret et, comme pour l’ensemble de la montre, de très bon goût. À ce stade du test, j’ai vraiment du mal à lui trouver un défaut…

Je me dis qu’à ce stade, pour avoir un tarif aussi contenu, Unimatic va recourir certainement au Miyota qui pullule sur les montres en entrée de gamme et non, il s’agit du Seiko NH35A. Le Seiko NH35A est un mouvement Time Module qui tourne à 21600. Disposant de 24 rubis, ce mouvement est réputé comme fiable tout en étant relativement abordable et représente une bonne alternative à l'omniprésent Miyota 8215.

Bonne gueule

En tenant compte des caractéristiques de la montre et de son tarif compétitif, c’est un choix très raisonnable. Le mouvement est robuste et, bien réglé, s’avère précis. Quand je dévisse la couronne – comme sur les plongeuses, la couronne est vissée – je trouve le remontage manuel plus agréable qu’avec la plupart des mouvements Miyota voire même par rapport à certains 2824. En termes de qualité, j'ai pour ma part une petite préférence pour le NH35A par rapport au Miyota 8215.

Le bracelet fourni d’office avec la montre est un G10/Nato noir de 22mm. Il s’agit d’un Nato de type premium, il est de bien meilleure qualité par rapport à un Nato standard. Il est plus rigide mais aussi plus solide et il me semble très bien fini. Surtout, il est totalement adapté par rapport au look épuré de la montre. Aussi je l’ai utilisé pour cette montre – chose rare dans cette gamme de prix où généralement j’adopte un autre bracelet et délaisse le bracelet d’origine – en alternance avec un bracelet d’Avel & Men qui m’appartient.

En dehors des bracelets, j’ai été surpris par le design du coffret contenant la montre. Généralement, dans cette gamme de prix, je ne m’attarde pas vraiment sur les coffrets, ils sont quasiment tous ultra-quelconques. En fait, il faut que je l’avoue, le coffret est le cadet de mes soucis, je les trouve encombrants et ils sont vite relégués dans une étagère au fin fond de ma (bat)cave… Mais là je trouve le coffret très cool. Il est étanche (!), il fait très professionnel et permet de contenir deux montres. Une incitation pour accueillir la prochaine pépite d’Unimatic ?

Sans chercher à établir un lien de cause à effet, la qualité des accessoires d’une montre peut s’avérer au final être un bon indicateur du soin pris par la marque et ce jusqu’au moindre détail de son offre. Unimatic vise et frappe très juste à tous les niveaux.

Alors là, je le dis clairement : avec absolument tout. J’ai essayé tous les styles de ma penderie et cela match à chaque fois. Vous optez pour un look militaire ? Un Nato de couleur vert/khaki suffira amplement pour le raccorder avec une veste militaire. Vous préférez un look plus urbain mêlant workwear ou des pièces décontractées ? Un bracelet gris par exemple permettra de donner un joli twist à la montre.

Vous vous sentez l’âme d’un motard ou d’un ninja urbain en quête de sobriété ? Le G10/Nato noir suffira amplement pour la majorité des looks. Vous portez le costume ? Un bracelet en cuir noir ou comme moi vous pouvez opter pour un léger twist et adopter un bracelet noir en cordura doublé cuir pour le confort. Son look épuré permet de multiplier les looks et les styles avec une facilité déconcertante.

montre unimatic bleu

Nous ne sommes pas dans le cadre d’une sélection mais si cette montre en avait intégré une, elle aurait obtenu la mention coup de cœur et cela aurait été largement mérité. Pour vous donner une comparaison par rapport à d’autres montres testées chez BG, si la marque française MAT Watches mérite un coup de cœur 100% mérité dans le milieu de gamme, Unimatic le mérite également pour l’entrée de gamme.

Avec un tarif imbattable par rapport à ses caractéristiques techniques et son design, Unimatic a réussi à surprendre. Beaucoup de jeunes marques sont apparues dans le secteur ces dernières années mais rares sont celles qui font une entrée aussi marquante comme Unimatic et je trouve que c’est salutaire : et pour la clientèle et pour le secteur dans son ensemble. C’est ce genre de marques qui donnent envie de porter ou de se remettre à porter des montres mécaniques. En cela, merci Unimatic !

  • Un design incroyable : je pèse mes mots, j’ai très rarement vu une esthétique à la fois si travaillée et pourtant si épurée. Certains parleront de minimalisme. Je pense pour ma part qu’il s’agit en fait d’une complète maîtrise des codes classiques qui aboutit à une harmonie de l’ensemble de la montre : chapeau bas au designer, c’est excellent !
  • Rarement une montre-outil suscite autant d’intérêt : c’est lié à son esthétisme mais ce n’est pas juste une jolie montre, les caractéristiques techniques sont également là avec 300m d’étanchéité, un solide boîtier en acier, un verre saphir légèrement bombé… je suis surpris par l’équilibre entre le contenu et le contenant
  • Un mouvement simple et efficace, c’est exactement ce qu’il faut pour une montre-outil
  • Alors que les prix dans le secteur horloger ont dérapé pour de nombreuses marques, contaminant une grande partie du secteur, l’offre d’Unimatic est à mon sens imbattable sur sa gamme de prix : c’est très bien pricé et même, chose que je concède ultra rarement, je la trouve sous-pricée par rapport à la concurrence sur cette gamme
  • Avec Benoît, nous avons eu le plus grand mal à en trouver même en cherchant la petite bête dans le moindre détail. À l’extrême rigueur, le mouvement est certes efficace mais avec un mouvement suisse finition Top (il s’agit du meilleur grade chez ETA correspondant au plus haut niveau de finition avec certification chronomètre), la montre pourrait concurrencer les meilleures montres du milieu de gamme mais le prix ne serait alors pas du tout le même.
montre unimatic verte

Référence : UC1

Boîtier de 40mm de diamètre, avec la lunette : 41,5mm

13,6mm d’épaisseur

Boîtier en acier brossé

Verre saphir bombé

Mouvement mécanique à remontage automatique Seiko NH35A

Réserve de marche 41h

Étanchéité 300m

Prix : 630 euros

Disponible en précommande sur le site de la marque

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