Test : Septième Largeur, marque française de belles chaussures

8 min

Test : Septième Largeur, marque française de belles chaussures

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Publié le : 28 avril 2015Mis à jour le : 6 mai 2015

Disclaimer - Romain, l'auteur de cet article, est un de nos amis proches. Il est depuis longtemps client de Septième Largeur, chez qui il a effectué un passage de 6 mois dans la boutique de Saint-Lazare, dans laquelle il ne travaille plus. Il est donc le mieux placé pour réaliser ce test, place à Romain ! 

souliers septieme largeur geoffrey

Pour ma part, j'ai également opté pour de jolis souliers Septième Largeur, patinés sur-mesure couleur cerise. Elles réhaussent tout de suite le moindre costume.

Cela fait bien longtemps que Septième Largeur se retrouve citée dans certains de nos articles. Marque française de qualité, la maison fait beaucoup parler d’elle dans le petit monde du soulier de luxe.

Présente sur le haut de gamme depuis 2009 avec son service de patines sur-mesure, Septième Largeur – ou 7L pour les intimes – ne pouvait que faire l’objet d’un petit compte rendu après quelques mois, voire années de port, pour les 4 paires que mes pieds sont ravis de posséder.

Marcos Fernandez, un bonhomme dans la chaussure

N’y allons pas par quatre chemins. Marcos est une pointure dans la chaussure. Dès 1973, il importe des Etats-Unis, Sebago, une marque alors inconnue en France et dont un des modèles fait fureur, le fameux Penny Loafer, mais aussi le Dockside.

Marcos ne s’arrête pas là et contribue largement à la démocratisation du cousu Goodyear alors que les maisons italiennes proposent des semelles collées à des prix effarants.

De ce constat, il crée alors Bowen en 1979. Un succès incontestable. En 1995, il crée Emling, qui connaîtra également un grand succès avant de finalement créer une marque plus ancrée dans notre jeune inconscient collectif, Markowski, qu’il finit par revendre pour se consacrer à 7L avec son neveu, Mathieu Preiss.

Ils proposent alors leurs premiers modèles ainsi que les patines qui connaissent rapidement le succès.

L’identité de la maison Septième Largeur

Le point fort de la marque est de ne pas être marquée par un parti-pris stylistique. Les modèles sont des classiques intemporels, il n’y a donc pas d’excentricité sauf sur certains modèles comme la triple boucle.

septieme largeur bottine

Je suis personnellement peu conquis par ce modèle, mais je salue le travail de création et la prise de risques de Marcos.

septieme largeur patine couleur

Clairement l’une des plus belles patines de Septième Largeur. Et bien plus simple à porter qu’on ne le croit ! Un costume navy voire plus clair passe très bien avec ce genre de pièce, et calme la tenue.

septieme largeur paco-chocolat

Beaucoup plus workwear dans l’esprit, un beau selvedge échangera tous les honneurs avec ce modèle.

Commencer par se chausser, c’est aller vers les classiques. Savoir bien se chausser, c’est arriver à y rester. Car peu de marques créatives proposent des modèles de qualité.

De la richelieu one-cut à la bottine cuir grainé semelle commando, on sera sûr de rester dans un style qui conviendra aux débutants comme aux confirmés. Pas d’extravagance donc, pour un produit qui va surtout se concentrer sur deux aspects : le choix des peaux et la fabrication.

Une production en Espagne avec des cuirs français

C’est donc en Espagne, patrie de Marcos, que tous les souliers sont fabriqués. Ils sont montés sur forme, garantissant donc un patronage respecté pour chaque forme. La découpe du cuir est réalisée à la demi-pointure, ce qui garantit également l’esthétique du modèle. Si l’on découpe à la pointure, certains rapports ne sont pas respectés et on pourrait se retrouver avec des proportions inesthétiques.

septieme largeur patine

Un très bel exemple de patine que Septième Largeur propose. Une telle beauté justifie amplement un mois de délai, ce n’est pas Geoffrey qui vous dira le contraire !

Septième Largeur propose trois formes sur les chaussures basses. La forme « 199 », effilée, en chaussant D. Elle convient aux pieds fins, elle est donc plus adaptée aux Richelieus en terme de style que sur la forme « 206 », chaussant E, beaucoup plus confortable (veillez à prendre une demi-taille en dessous) et qui, elle, convient parfaitement aux derbies, plus « sportives » dans l’esprit (ne courez pas avec quand même…) et au bout plus rond.

Si l’on souhaite un modèle fin, mais un chaussant large, la troisième forme (la « 224 ») fera bien l’affaire ; elle combine les deux forces, la finesse et le chaussant E pour les pieds plus larges. Les Richelieus dans cette forme sont de véritables petites pépites aux lignes très travaillées, grâce à ses volumes plus développés sur le chaussant et qui vont venir creuser l’intérieur du pied. Encore une fois, si vous recherchez de la finesse, la forme « 199 » conviendra mieux.

Tous les modèles sont montés en Goodyear, Septième Largeur propose également des cousus norvégiens (à semelle gomme) sur les collections hiver. Il est arrivé que Marcos et Mathieu proposent un cousu Blake pour des raisons de style et de confort, car tous les clients ne sont pas prêts à souffrir quelques ports. Il faut en effet assouplir le cuir et la semelle ; ce qui me donne une transition toute trouvée pour vous parler du choix des peaux.

Le choix des peaux chez Septième Largeur

Il y a peu de tanneries en France. C’est pourquoi la marque a choisi de travailler avec certaines des plus qualitatives.

  • La tannerie Roux et la tannerie du Puy pour le box calf, qui est une des meilleures qualités de cuir.
  • La tannerie du Puy fournit aussi à 7L son veau grainé.
  • La tannerie d’Annonay pour le Vocalou (qui sera utilisé pour les couleurs marron et prune chez 7L). C'est un cuir plus souple que le box calf (qui est extrêmement cartonneux aux premiers ports).
  • La tannerie Degermann pour les cuirs gras, cuirs très robustes qui conviennent parfaitement pour l’hiver et la pluie. Il prend une patine brillante magnifique avec l’âge et son aspect rustique est parfaitement indiqué à tous les adeptes de workwear.
  • Enfin, le veau velours nous vient de la tannerie Stead, outre-manche. Septième Largeur ne propose pas que du marron sur les modèles permanents (en collection, on retrouvera du bleu, du sable et du rouille).

Mon test des souliers Septième Largeur

Les modèles étant des classiques du genre, vous ne pouvez pas vous tromper en faisant l’achat d’une paire de double boucles, d’une richelieu et d’une chukka veau velours.

Il s’agit de la même peau de veau mais tout simplement retournée. Le nubuck est différent du veau velours car la peau n’est pas retournée, elle est simplement poncée. L’abrasion fait alors disparaître la fleur du cuir et se rapproche visuellement du veau velours mais le toucher est très sec, à l’inverse du veau velours, plus « gras ».

Le modèle Richelieu Joffre

Le modèle Joffre est l’un des plus grands succès de la maison. Simple à porter dans les trois formes disponibles, il est assez versatile (surtout en marron). C’est le genre de modèle que je porte très souvent avec un costume même si l’association avec un chino me plaît également beaucoup.

Un classique qui se porte très facilement, que ce soit de manière très habillée ou bien plus simplement avec un jean semi-slim. Veste Zara, cardigan Suitsupply, chemise De Fursac, cravate Michelson’s et pantalon BonneGueule.

Un classique qui se porte très facilement, que ce soit de manière très habillée ou bien plus simplement avec un jean semi-slim. Veste Zara, cardigan Suitsupply, chemise De Fursac, cravate Michelson’s et pantalon en flanelle BonneGueule.

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Les lignes sont effilées tout en restant viriles. Les garants (là où on lace) affichent un léger triangle, ce qui indique que la chaussure est à la bonne taille.

En revanche, je veille à ce que le pantalon soit bien ajusté. La chaussure est très effilée, si l’on ajoute un pantalon avec une grande ouverture de jambe, on risque d’avoir un effet « petits pieds, grosses jambes » ; ce qui ne serait pas franchement élégant.

Le soulier double monk modèle Rennan

Le cuir est du vocalou, très agréable en raison de sa souplesse, il demandera quand même quelques ports pour bien se détendre (une bonne dizaine) et appuyer sur le liège sous la première de propreté.

Le liège sert d’une part à amortir le choc du pied sur le sol, mais aussi à garantir un confort de marche. En marchant avec, on va littéralement former le liège à son pied et donc ressentir plus de confort à chaque port.

En vocalou toujours, les proportions de la double boucle sont à mon sens parfaitement bien maîtrisées, le bout est rond juste comme il faut, mais surtout, quel cuir !

Tannage végétal, marbrures irrégulières, on croirait un soulier porté depuis des années, comme une patine naturelle.

Le modèle Rennan, la sprezzatura dans le Sentier. Veste Suitsupply, chemise Paul & Joe, pantalon AMI.

Le modèle Rennan, la sprezzatura dans le Sentier. Veste Suitsupply, chemise Paul & Joe, pantalon AMI.

Portez-les débouclées pour plus de sprezzatura encore. Encore un classique qu’on pourra porter que ce soit avec un jean, un chino ou bien évidemment un costume.

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On peut voir que le travail est très propre, la trépointe est parfaitement bien finie, les coutures sont droites, régulières et doublées sur le bout. Les finitions sont simples, épurées et élégantes. Vraiment, mon modèle préféré sur les souliers bas.

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On peut bien observer les marbrures du cuir. Peu de plis apparaissent, signe d’une bonne qualité. Et surtout grâce aux embauchoirs, à acheter systématiquement !

L'entretien du cuir vocalou

Comme le luxe appelle le luxe, il convient de bichonner ce cuir plus qu’à l’accoutumée, car il risque de déteindre s’il n’est pas ciré régulièrement.

On mettra donc moins de crème pour éviter de faire décolorer le cuir et on prend, idéalement, de la lotion Saphir Huile de Vison, c’est ce qu’il y a de mieux pour l’entretien de ces paires.

Évitez à tout prix la crème surfine qui est faite pour recolorer un cuir parce qu’elle va boucher les pores et sera difficile à enlever par la suite.

N’hésitez pas à cirer souvent vos paires. Le mieux est de le mettre après le port car le cuir est ouvert, le cirage pénètrera mieux dans les pores.

Petit conseil, un sèche-cheveux puissance maximale permet d’ouvrir les pores. Ne visez pas une zone trop longtemps, dès que le cuir se met à briller un peu, passez à une autre zone. Appliquez le cirage directement en appuyant un peu.

Bien évidemment, vos souliers seront déjà sous embauchoirs.

Les chukkas Septième Largeur

Pour terminer ce test, j’ai également souhaité présenter ma paire de chukkas, qui a facilement une bonne centaine de ports. J’aime les porter quand je n’ai pas envie de réfléchir à ce que je vais me mettre sur le dos.

On ne fait pas mieux qu’un chukka quand on ne sait pas trop quoi porter ou qu’on est peu inspiré. C’est un modèle très décontracté que j’aime porter décoloré.

Je n’ai pas plus de cheveux qu’avant mais mes chukkas compensent. La semelle en cuir brut ajoute encore plus de contrastes à la tenue et rend celle-ci plus estivale. Chino Levi’s et lunettes Saint Laurent Paris.

Je n’ai pas plus de cheveux qu’avant mais mes chukkas compensent. La semelle en cuir brut ajoute encore plus de contrastes à la tenue et rend celle-ci plus estivale. Chino Levi’s et lunettes Saint Laurent Paris.

Le veau velours est extrêmement confortable, d’autant que la forme est à la base étudiée pour. Le bleu est assez clair, ce qui rend la paire plus ou moins difficile à porter. Je recommande plutôt le camel, le vert ou encore une fois, un brut.

Simplicité et confort sont mes deux critères pour les chaussures d’été. Septième Largeur tape dans le mille en particulier avec ses modèles de chukkas.

Simplicité et confort sont mes deux critères pour les chaussures d’été. Septième Largeur tape dans le mille en particulier avec ses modèles de chukkas.

L'entretien du veau velours

En termes d’entretien, tout le monde a dans l’idée que le veau velours est difficile à entretenir. Bonne nouvelle ! C’est faux ! Il ne nécessite qu’une brosse en laiton – la crêpe n’enlève pas la poussière – avec laquelle on frottera sans appuyer.

On viendra ensuite brûler les petits « poils » qui dépassent et le cuir paraîtra comme neuf. Si tâche il y a, de la terre de Sommières pendant 24h sur la tâche, ou encore de l’Omnidaim acheté chez n’importe quel (bon) cordonnier fera l’affaire.

Dans le doute, Septième Largeur saura vous conseiller ou mieux encore, vous les remettre à net.

Conclusion du test des souliers Septième Largeur

Septième Largeur propose un modèle économique proche de celui de BonneGueule : des produits qualitatifs, bien expliqués, honnêtes, à des prix se situant clairement dans la moyenne basse du marché grâce à la distribution directe.

Dans cette gamme de prix, à savoir 245 € pour les basses et à partir de 295 € pour les bottines, 7L est clairement imbattable.

Selon moi, la qualité est la même que celle proposée chez Crockett & Jones ou encore Carmina. Pas de marketing, pas de pub, pas de fioritures autour du produit, Septième Largeur a un ADN de commerçant/artisan que l’on retrouve dans un produit proposé à sa juste valeur. J’ai eu beau chercher longtemps, je n’ai pas encore trouvé un meilleur rapport qualité / prix.

C’est une maison de passionnés, avec qui vous pouvez parler chaussures pendant des heures (vous verrez que Marcos est très volubile à ce sujet !). Allez faire un tour en boutique !

Essayez, trouvez la forme qui vous convient le mieux, prenez conseil auprès de l’équipe. Ils sont très transparents et ne proposent jamais un produit qui ne convient pas.

Si c’est trop grand ou trop petit, ils vous le diront, c’est un grand point fort que je n’ai pas souvent rencontré dans d’autres boutiques.

L’avenir leur est déjà pavé de succès et j’espère qu’ils s’agrandiront très prochainement. C’est tout le mal que je leur souhaite !

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