Test : la veste technique de Canada Goose, la softshell Moraine
En septembre 2011, j'emménageais à Montréal pour un an, et pour affronter son terrible hiver, je décidais de m'orienter vers l'achat d'une parka Canada Goose.
Un achat que je n'ai jamais regretté et dont je loue encore la fiabilité et l'utilité. Et contrairement à ce que je disais dans mon test, je me suis surpris à la porter beaucoup plus que je ne le pensais une fois de retour à Paris, tant cette parka est pratique et tient ses promesses à fond. Cela dit, la marque de Toronto devait aller plus loin...
Effectivement, je pense que Canada Goose avait bien conscience du problème de son offre : si sa réputation pour les vêtements d'hiver n'est plus à faire, il y avait un sacré trou dans son catalogue pour le reste de l'année...
La veste légère (ce que Milone appelle la softshell dans son article sur le techwear) était donc le prochain objectif de la marque canadienne et ne trouvant pas de tissus techniques satisfaisants à leur goût, ils ont entrepris de développer leur propre matière technique, rien que ça ! C'est un développement qui aura pris un an et demi, et je reviendrai plus en détails sur ce point.
Alors, après m'avoir convaincu sur leurs parkas d'hiver, que valent leurs vestes légères ? Qu'en est-il de leurs vêtements contre la pluie ? C'est ce que nous allons voir dans ce test.
En effet, Canada Goose, après avoir découvert mon article sur la parka d'hiver, m'a contacté et m'a gentiment offert une de leurs vestes légères : la softshell Moraine (bizarrement traduite par "coquille légère" sur le site de la marque).
De l'urban techwear au design citadin, mais avant tout sportif
Chez Canada Goose, la gamme de vestes légères pour hommes s'étale sur quatre modèles. Le modèle Moraine se veut le plus urbain selon la communication de la marque.
En cherchant de plus près, les différences entre les modèles sont finalement assez peu marquées. Le modèle le plus technique (Timber), bénéficie de plus de poches zippées et d'ouvertures sous les aisselles. Entre les modèles, c'est finalement le dessin des poches qui est le plus gros changement visible. Les autres détails qui changent sont l'ajustement de la capuche (absent sur mon modèle) ou le protège menton à velcro.
Sur la Moraine, la caractéristique principale est la présence des poches à soufflet sur la poitrine, dont le design rappelle celui d'une saharienne. Pour le coup, il y a peu de choses à dire car les lignes sont épurées. Mais du fait de la matière, on reste quand même sur un design sportif avant d'être urbain.

La longueur de cette softshell la rend très facile à porter pour un look urbain.
À titre de comparaison, je trouve que le design de l'excellent Lennox de chez Hédus est bien plus urbain. Mais n'oublions pas que Canada Goose est avant tout une marque de vêtements outdoor, et pas un créateur parisien. En ce sens, le design est tout à fait cohérent, et il n'y a rien à redire sur leur parti pris, car la marque ne s'adresse pas forcément à de purs citadins.
Concrètement, je m'imagine plus porter ce vêtement en week-end montagne/campagne/bord de mer avec mes potes, plutôt que pour aller boire un verre en centre-ville dans la semaine.

On aperçoit ici la poche dite "napoléon" très pratique, et le col avec une doublure soyeuse.
De ce fait, je pense qu'ils auraient tout à gagner à créer un design urbain totalement assumé... et c'est qu'ils ont fait ! Ils ont depuis deux hivers une ligne beaucoup plus citadine : la jolie ligne Branta. Le design est plus contemporain, les matières plus recherchées mais je n'ai malheureusement pas pu essayer les coupes, même si, à première vue, elles sont plus proches du corps.
Quant à la couleur, le vert olive est très joli, rien à redire.
À noter : la capuche se range facilement et le rendu du col est impeccable.
Coupe de la softshell : de la bonne volonté mais peut mieux faire...
Commençons par l'unique point faible de ce vêtement : sa coupe. C'est pas compliqué, je me suis même demandé si Canada Goose ne s'était pas trompé dans l'étiquetage et m'avait fourni un L au lieu d'un M (je n'ai pas la réponse). Moi qui fait un vrai M, j'aurai pu prendre sans problème une taille S, tant les manches sont longues (alors que j'ai du mal à trouver des manches de chemises à la bonne longueur) et les épaules tombantes.
C'est d'autant plus paradoxal car Canada Goose propose de nombreuses coupes sur ses parkas, avec des épaules parfaites à chaque fois et un sizing juste (le XS est un vrai XS ! ). Et bien dessiner une épaule sur un vêtement épais et rempli de duvet est loin d'être simple, et pourtant, ils y arrivent très bien !
Alors comment se fait-il que ça ne soit pas le cas sur les softshells ? Et encore une fois, Canada Goose maîtrise les coupes ajustées sur ses vêtements comme en témoigne sa ligne Branta (dont ses modèles très intéressants avec une laine technique de chez Loro Piana)...

J'ai un sweat et une chemise en-dessous, mais l'épaule est malgré tout tombante, en taille M. La taille en-dessous aurait sûrement atténué le problème.

J'ai même la place de mettre une chemise Marchand Drapier, un pull BGBJ, une veste en jean Hédus et un gilet sans manche Cadot. Ne faites pas attention à la cohérence de l'ensemble, j'ai pris les premiers vêtements épais que j'avais sous la main pour illustrer ce point.
Je pense tout simplement que Canada Goose a conçu cette softshell de manière à être portée par dessus plusieurs couches de vêtements, comme en témoigne cette page Hybridge Lite qui est apparue à la rentrée. Et effectivement, d'après mes tests, j'ai pu porter cette veste par-dessus de la grosse maille ou un petit blouson sans problème.
De même, si vous êtes un peu costaud, ça devrait vous plaire !

Sur cette softshell plus épaisse, l'épaule est cette fois-ci impeccable !
La matière technique : une réussite totale
Les modèles classiques soulevaient quelques interrogations
J'étais très curieux de voir la proposition de Canada Goose en matière de tissu, car le moins que l'on puisse dire, c'est que sur leurs modèles classiques, ceux qui ont fait la réputation de la marque, à savoir les parkas remplies de duvets de la gamme Artic, (hors ligne Branta ou collaboration) le nylon utilisé m'a l'air d'être des plus basiques. C'est à peine s'il était imperméable (alors que chez d'autres marques, le polyester peut être traité au teflon pour introduire des propriétés déperlantes, comme chez Woolrich par exemple).

Geoffrey est visiblement très heureux de sa parka Woolrich, dans laquelle on peut chanter du gangsta rap sans avoir froid ni être inquiété par la pluie, selon si on habite au-dessus ou en-dessous du cercle polaire.

Zoom sur le polyester technique traité au teflon de la parka Woolrich.
À Montréal, certains vendeurs m'avaient même conseillé à demi-mot de ne pas porter la parka les jours de pluie pour éviter de mouiller le duvet. D'ailleurs, Canada Goose se contente juste de dire que "l'Artic Tech" est "résistant à l'eau" et "durable".
Mais c'est tout à fait logique, car je rappelle que leurs parkas ont été conçues pour résister à la neige, dans des températures négatives, et non à la pluie parisienne. Et de ce côté là, rien à redire, la qualité des mélanges de duvets utilisés par CG n'est plus à démontrer.
Un matériau bien plus technique que d'habitude chez Canada Goose
Pour avoir une matière respirante, imperméable et strech pour une veste légère, Canada Goose a donc employé les grands moyens : ils ont eux même inventé leur propre matière, le tissu Tri-Durance, à Torronto. C'est une petite prouesse de leur part pour deux raisons :
- il est très rare qu'une marque de prêt-à-porter invente un tissu par elle-même, c'est une tâche hautement technique réservée aux fournisseurs de matière.
- ce genre de matière technique est normalement une spécialité asiatique, et non canadienne.

Le Tri-Durance vu de près.
En gros, c'est un peu leur Gore-Tex maison, mais avec deux points forts :
- le tissu est stretch dans le sens de la longueur ET de la largeur : d'habitude, les tissus sont bi-stretch et non quadri stretch. Ici vous pouvez étirer le tissu dans les quatre directions. C'est LE point différenciant par rapport aux concurrents. La difficulté est que ce côté stretch peut fragiliser la matière. Tout le challenge a été de la rendre résistante. Ce qui m'amène au deuxième point...
- Canada Goose a procédé à un laminage, ce qui consiste à passer la matière à chaud entre deux cylindres. Cela amène des propriétés de déperlante et rend la matière plus dense, donc moins sujette aux déchirures. Et ici, cela permet de maintenir et de protéger la membrane respirante des frottements.

Le tissu Tri-Durance expliqué par la marque. De ce que j'ai pu voir, toutes les promesses sont tenues !
Et à l'usage, force est de constater que c'est une réussite éclatante. Alors que Canada Goose a démontré à maintes reprises son savoir faire indiscutable pour se protéger du froid et de la neige, la marque de Torronto vient de prouver qu'elle pouvait protéger ses usagers sans problèmes de la pluie. J'ai testé cette softshell sous une pluie battante plusieurs fois, je suis à chaque fois resté totalement au sec.
Pour la petite anecdote, c'est un marathonien canadien qui testé les capacités respirantes de la veste...
Quels usages pour cette softshell ?
Ce n'est pas pour rien que sur les photos du site de Canada Goose, la veste légère a été photographiée sur un skieur de fond (sport inenvisageable avec leur parka classique, vous allez avoir trop chaud, croyez-en mon expérience), car cela correspond bien à son utilité pour activités intenses. C'est d'ailleurs de cette manière que Canada Goose décrit sa softshell : idéale pour les activités intenses par temps humide. De base, cette veste a été donc résolument été conçue dans un contexte sportwear.
Mais que l'on se mette bien d'accord : cette veste ne tient pas chaud. C'est un vêtement coupe-vent et imperméable, mais qui ne protège pas spécialement du froid, elle n'a pas été conçue pour ça.

L'usage parfait pour la softshell Canada Goose !
J'ai déjà utilisé cette softshell pour faire du ski, en tant que troisième couche de vêtement (j'avais en-dessous un teeshirt à manches longues Uniqlo et une polaire toute simple Décathlon), et que ce soit sur le télésiège balayé par un vent glacial ou en descente, je n'ai jamais eu trop froid ou trop chaud. C'est d'autant plus remarquable qu'étant skieur grand débutant, je skie "en force", en sollicitant plus que je ne le devrai mes cuisses, ce qui fait que je peux transpirer assez facilement en descente.
C'est à ce moment-là que j'ai compris l'intérêt d'un vêtement respirant. Canada Goose ne s'est donc pas trompé en indiquant qu'on pouvait utiliser cette veste jusqu'à -5°, puisque c'était la température de cette journée ski. À condition évidemment d'avoir une couche isolante en-dessous pour bien retenir la chaleur.
En usage sportif, il n'y a donc rien à redire, c'est un vêtement des plus polyvalents. Je pourrai tout à fait la porter avec un simple tee-shirt en-dessous pour une randonnée en temps modéré, humide et venteux ou avec un gros pull dans la neige. C'est typiquement le genre de vêtement qu'on est bien content d'avoir pour un week-end à la campagne ou à la mer, avec de forts risques de pluie.
Mais pour un usage urbain, qu'en est-il ? Si sa coupe un peu large est assez dommage pour la silhouette, cela rend la veste très pratique. Je m'en suis principalement servi lors de grosses pluies, quand mon blouson Hédus (modèle Lennox) ne suffisait plus. Vous pouvez tout à fait la porter par-dessus de la grosse maille et rendre votre tenue parfaitement étanche. Mais il est vraiment dommage que la coupe aux épaules ne soit pas plus moderne.
Une conception bien pensée
Durant mes mois de ports, jamais la pièce n'est arrivée au bout de ses limites. La promesse de Canada Goose est parfaitement tenue : la pièce est totalement imperméable et respirante.
De la même manière qu'à Montréal le froid et la neige n'étaient plus un problème grâce à ma parka ("Aller à l'Igloofest ? Pas de soucis !"), je me suis surpris à me dire la même chose concernant la pluie : ce n'est plus un problème de marcher sous une pluie battante. Pour moi, c'est totalement révélateur de la fiabilité des pièces Canada Goose.

Même les zips des poches sont étanches !
D'autant plus que la conception a, comme d'habitude, été bien pensée. Ainsi, la partie de la manche qui recouvre le dos de la main est doublée d'un tissu doux et soyeux. De la même manière, le col et le protège-menton sont doublés d'une polaire très fine et agréable.

Le bas de la manche est arrondi pour protéger au maximum la main de la pluie.

La bande de velcro permet d'ajuster le diamètre de la manche.

Et ici, la partie en polaire soyeuse en contact avec la main.
Quant aux coutures, elles sont toutes thermosoudées et les fermetures éclairs sont complètement étanches. Bref, tout a été fait pour que l'eau ne pénètre pas dans le vêtement ! Et il serait bien difficile de prendre en défaut Canada Goose sur ce point, tant elle a poussé loin la conception de ce vêtement. La taille des poches est parfaite et elles sont bien positionnées. Vous pouvez même resserrer le bas du vêtement sans l'ouvrir, uniquement en mettant la main dans la poche.
Encore un fois, la réussite est totale.

Les coutures sont complètement étanches.
Conclusion : une fiabilité indiscutable... qui a un prix
Si la marque a prouvé ses compétences de pointe en matière de protection contre le froid, il faut désormais composer avec son savoir-faire certain sur les vêtements étanches.
Cela dit, son prix de 675 $ (je n'ai pas réussi à trouver de prix en euros en ligne) risque d'en rebuter beaucoup. Mais je tiens à insister sur ce point : pour un vêtement technique, avec une matière développée en interne, fabriqué de toute pièces au Canada avec des points compliqués à gérer (les coutures étanches), le prix me paraît justifié, c'est la valeur des choses.
Et je vois mal comment la marque aurait pu proposer un produit moins cher sans faire de concessions sur la matière ou le lieu de fabrication.
J'espère juste que Canada Goose va développer son côté urbain (dans la même veine que sa très jolie collaboration avec Wings + Horns), et on tiendra alors une excellente marque d'urban techwear.
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