Test : De Bonne Facture, Interview de Déborah Neuberg et test de la chemise made in France

19 min

Test : De Bonne Facture, Interview de Déborah Neuberg et test de la chemise made in France

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Publié le : 19 mai 2014Mis à jour le : 3 décembre 2021

Le made in France est un sujet qui continue à faire couler beaucoup d'encre, et que nous avons déjà partiellement abordé sur BonneGueule. S'il est souvent plébiscité, il peut aussi être considéré comme un pur effet d'annonce.

Mise à jour 2020 : De Bonne Facture ne produit plus 100% de ses créations en France. Cela reste encore le cas pour une grande majorité de la collection. Certaines mailles sont tricotées en Italie et certaines chemises montées au Portugal.

La marque l'indique bien sur chaque fiche, et possède même sur son e-shop une catégorie dédiée mettant en avant les ateliers avec lesquels elle travaille.

Interview de Déborah Neuberg, fondatrice de De Bonne Facture

Déborah Neuberg, la créatrice de la marque De Bonne Facture, a choisi de se lancer dans l'aventure elle aussi, avec une vraie démarche de fond. Nous l'avons interviewé pour qu'elle nous raconte son aventure.

Son expérience est particulièrement intéressante : c'est une jeune entrepreneuse qui a choisi de commencer avec un réseau limité et de collaborer avec des ateliers français expérimentés, en dépit de coûts beaucoup plus élevés, d'un budget réduit, et donc d'une marge de manoeuvre très réduite.

Transcription de l'interview de Déborah, créatrice de De Bonne Facture

Tout est fabriqué en France et chaque pièce est fabriquée par un atelier qui est spécialiste de savoir-faire, donc la chemise par FLS dont tu parlais dans le Loiret, les pantalons chez Hervier Productions à Chatillon sur Indre, la maille à Quimper chez Fileuse d’Arvor, etc.

L’idée, c’était vraiment un produit, un savoir-faire et un atelier spécialiste. Quelle a été la démarche auprès des ateliers ?

J’ai surtout pris mon téléphone, je les ai appelés, je les ai recherchés. Et en fait, je leur disais voilà : « J’ai un projet, je voudrais lancer une ligne fabriquée par des ateliers français avec une authenticité dans le produit, des vrais produits de savoir-faire. Est-ce que je peux venir visiter votre atelier ? »

En fait les cravates, les accessoires, c’est quelque chose qui est allé assez vite parce que à partir du moment où tu sais à peu près ce que tu veux faire, notamment pour les cravates, c’est des bobines de fil vintage, donc c’était juste aller à l’atelier, découvrir un peu les différents points de tricotage, les machines, etc. et ensuite sélectionner des couleurs et des matières en fait. Donc, c’était plutôt essayer de faire très peu de choses très bien, mais oui de proposer un vestiaire complet, ça m’est apparu assez rapidement comme ce que je voulais faire et ce qu’il fallait faire autour de la marque.

Pourquoi fabriquer en France ?

Je pense que c’était surtout une envie personnelle, très sincère en fait, quand je suis rentrée de Chine, d’aller redécouvrir ces ateliers locaux en France familiaux, traditionnels, que les gens ne connaissent pas, qui incarnent les savoir-faire qui sont souvent implantés dans la région depuis longtemps. Et voilà, étant française, j’avais envie de remettre ça en avant.

C’est un sacrifice de fabriquer en France ?

Tu as envies d’obtenir un résultat, une qualité et tu mets le prix pour obtenir cette qualité là. Ensuite pour moi, la question c’est jusqu’où un client est prêt à payer cette qualité. Aujourd'hui, il y a des pièces qu’on fait qui ont la qualité de grande maison. Mais on est une jeune marque de niche, et on ne peut pas se permettre de vendre les pièces à ces prix-là. Donc, c’est plutôt un sacrifice sur les marges. Voilà. Pas un sacrifice sur les prix parce que je pars du principe que tu veux un résultat et tu paies le prix qu’il faut pour atteindre ce résultat et que ton produit soit d’une qualité supérieure à ce qui se fait ailleurs quoi.

Le « made in china », tu en penses quoi ?

Il y a un savoir-faire qui est vraiment présent. Ce n’est pas parce que c’est made in China que ce n’est pas bien. Ensuite, quand le donneur d’ordre a une certaine contrainte de prix, ben derrière t’as une qualité, derrière t’as un coût de fabrication, et du coup t’as des salaires des gens qui ont façonné ces produits qui ne sont pas les mêmes. Et en Chine, combien de fois j’ai vu des ouvrières faire à la main des nœuds qui vont être sur des ballerines qui vont sortir, je ne sais pas, dix dollars, enfin pour un client américain. Et en fait, c’est une femme qui fait tout à main les nœuds. Elle fait toute la journée des petits nœuds. Tout est fait à la main. Il y a un temps de travail sauf qu’en fait, il coûte beaucoup moins cher qu’en France.

Après, à nous de valoriser aussi les métiers et les ateliers en France qui ont un savoir-faire plus de pointe que traditionnel, une expertise, une vraie expertise, une vraie légitimité, une vraie identité sur un savoir-faire précis. Moi, je suis là pour apporter mon idée. Donc, mon idée se traduit par un croquis, un patronage que je vais travailler avec mon modéliste, une matière que je vais aller sélectionner, des finitions, c’est moi qui sélectionne mes boutons. Et l’atelier, il est vraiment là pour apporter son savoir-faire de fabrication, pour fabriquer les pièces, pour les réaliser. Donc, je vais les consulter par exemple sur des points techniques que je ne maîtrise pas ou pour demander son avis.

En aucun cas, ils vont se substituer à moi dans ce que devraient être les produits et dans la création.

Tu travailles avec quels types d’ateliers ?

C’est très variable en fait. C’est très variable. Ça va de l’atelier qui travaille justement pour les grandes maisons, les grands noms du luxe. Et qu’il y a ces gros clients qui les font vivre, qui représentent la plupart de son chiffre et qui va parier sur toi parce que t’es une jeune marque, qu’ils trouvent que ton projet est intéressant et qu’il a envie de parier sur toi. Donc, ça va de cet atelier-là au tout petit atelier par exemple Tricot Diogène qui fait des cravates tricotées. C’est le dernier atelier en France à faire de la cravate tricotée. Là, il y a vraiment juste une personne qui sait encore faire tourner les machines.

Quels obstacles as-tu rencontré lors de la création de ta collection ?

Ben, c’est justement le temps en fait. L’obstacle principal, c’est le temps que ça prend de créer quelque chose à partir de rien. Vraiment bien réfléchir son projet. Bien réfléchir, mais c’est aussi mon caractère de vouloir que tout soit bien. Bien calé, bien réfléchi avant de le lancer. Donc, s’entourer des bonnes personnes. Et ensuite voilà, réaliser des premiers prototypes, les mettre au point. Enfin, tout ça, c’est un processus qui est très, très long.

Pourquoi appelles-tu ta collection « édition » ?

En fait, l’idée à la base, ça fait partie de tout le temps que j’ai passé à réfléchir pendant deux ans au projet. Mais l’idée, c’est de dire on n’est pas une marque d’image, on n’est pas une marque mode, on n’est pas une marque dans l’éphémère. Quand t’achètes une pièce de manufacture, tu dois pouvoir la garder longtemps, non seulement parce que sa qualité lui permet de se patiner bien et de même bien vivre avec le temps, et même de s’embellir avec le temps ; mais aussi parce que dans le style, c’est un style on va dire d’intemporel contemporain. On est toujours entre quelque chose qui semble intemporel mais dans les coupes qui est contemporain et que tu peux porter, qui voilà est d’aujourd’hui.

Donc cette démarche-là pour moi, c’était vraiment mettre au point des modèles, un peu comme une bibliothèque où dans les bibliothèques, t’aurais classé chaque modèle. Et ce modèle avec chaque saison, il va se décliner dans les nouvelles variations de matières, de coloris, de tricotage pour les mailles.

Comment la collaboration avec l’atelier Heschung s’est passée ?

La collaboration avec l’atelier Heschung, c’était une super belle rencontre. Je pense qu’ils aimaient bien l’état d’esprit dans lequel je travaillais, avec justement ce côté très exigeant sur le produit, la qualité, faire une marque de produit et pas une marque d’image. Ça ressemblait aussi aux valeurs de leur entreprise et de leur marque depuis de longues années.

Envisages-tu de travailler avec des ateliers « non-français » ?

Oui, ça pourrait être intéressant. Je n’exclus pas du tout, sous la forme de collaboration par exemple, d’aller chercher un atelier qui fait du ferraille ou même des dames qui tricoteraient encore à la main ce genre de motif et faire une petite édition limitée avec cet atelier-là ou avec ce savoir-faire là.

Peux-tu nous présenter des pièces de ta collection ?

Il y a les pulls bretons avec la patte boutonnée sur le côté, des boutons vintage en corne pressée. Il y en a quelques centaines et c’est un vieux stock que j’ai racheté d’une fabrique Lyonnaise en fait. Et c’est un tricot "point de riz" qui apporte une jolie texture, qui ne se voit assez pas très souvent.

L’idée, c’était de trouver la toile imperméable qui allait être la toile de notre marque. Et on a trouvé une superbe toile en fait en coton imperméabilisé, donc c’est un mix coton et nylon. Sinon, il n’y a pas le côté imperméable. Et en fait, ce qui est super joli mais là je ne peux pas trop vous montrer, c’est la coupe. C’est une coupe vraiment, une très belle ligne quoi. C’est très joli porté.

Tous les boutons sont comme ça, les boutons en corne. Et t’as une gorge cachée. Donc en fait quand tu la portes fermée, t’as juste le premier bouton qui est visible et t’as toujours la demi-doublure en coton et à l’intérieur les coutures anglaises.

Le mot de la fin ?

C’est que les lecteurs de Bonne Gueule soient sensibilisés à la qualité, à la démarche qui se cache derrière les pièces et l’apprécient.

Le parcours de Déborah Neuberg, la fondatrice de De Bonne Facture

De Bonne Facture est aussi l'histoire de Déborah. Elle fonde la marque après seulement quelques années passées dans la mode, notamment chez Hermès, puis chez Etam en Chine, où elle découvre l'envers du décor d'une production massive et standardisée (ce qui n'est pas une remise en question du made in China, mais plutôt d'une manière trop extensive et trop industrielle de produire).

À son retour en France, Déborah est prise par l'envie de redécouvrir -et mieux encore- de faire évoluer, le savoir-faire français.

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Déborah Neuberg, fondatrice de De Bonne Facture.

Mener ce type de projet est avant tout une affaire de travail et de motivation. Notamment lors des premiers contacts avec des usines fortement établies, à qui il a d'abord été difficile de présenter un projet aussi neuf, sans avoir passé soi-même une bonne dizaine d'années dans le milieu, et sans avoir un carnet fourni d'adresses et de distributeurs.

C'est là que le sérieux et la faisabilité d'un projet font la différence : un atelier n'est en effet que peu rentable sur une première collection, car toute la chaîne de production est à configurer pour l'adapter aux produits. Les ateliers investissent sur la marque et sur des collections futures, et attendent donc de travailler avec quelqu'un qui a les pieds sur terre et une véritable vision des choses. Il faut faire preuve de beaucoup de professionnalisme pour faire une bonne première impression.

Le perfectionnisme de Déborah s'explique aussi par un budget très limité, qui n'autorise que des volumes de pièces restreints. Il n'y a donc pas droit à l'erreur, et il faut que la moindre finition soit impeccable dès le début.

La marque De Bonne Facture et ses ateliers : une démarche ambitieuse

Déborah s'est livrée à un travail de prospection de plusieurs mois : sa vision est aujourd'hui très complète, et nous décrit un paysage du made in France bien plus varié qu'on ne pourrait le croire.

Un impératif : une vraie valeur ajoutée à travers l'expertise française

La confection en France a forcément un prix, en partie du fait des coûts de main d'oeuvre élevés. Dans ces conditions, fabriquer en France juste pour l'étiquette n'a aucun intérêt sur des produits à faible valeur ajoutée, sur lesquels de plus grosses marques auront une plus grande réactivité, voire même une qualité supérieure, grâce à des économies d'échelle.

Fabriquer en France avec de petits volumes se justifie seulement quand il existe une expertise qui n'existe pas ailleurs. Ces ateliers experts ont d'ailleurs un rôle consultatif utile qui, à travers le partenariat, ont pu suggérer comment améliorer le produit sur des points techniques pointus (coutures, finitions, etc).

La confection en France : un paysage industriel contrasté

Les dernières décennies ont été celles de la désindustrialisation et de la raréfaction de la production textile française. Beaucoup de marques ont souhaité se lancer dernièrement dans le made in France, mais la démarche fut souvent avortée en réalisant que les coûts de production étaient bien plus élevés que prévus.

Faire appel à des ateliers prestigieux comme French Luxury Shirt (qui habille notamment le personnel de l'Élysée) ou Fileuse d'Arvor n'a pas été simple : tout était à prouver à ces fournisseurs qui collaborent déjà avec des noms prestigieux du luxe français.

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Les ateliers FLS (crédits photo: debonnefacture).

Il existe pourtant d'autres ateliers méritants, qui sont pour certains les derniers à posséder un savoir-faire donné (il existe un label européen qui protège ces entreprises : le label Entreprise Patrimoine Vivant, notamment détenu par Heschung et Arpin).

D'autres ateliers ne sont plus tenus que par une seule personne, comme Tricot Diogène pour les cravates. La production à plein temps a du y être arrêtée faute de commandes. C'est le projet de De Bonne Facture qui a permis une reprise partielle de la production, ainsi qu'une diffusion du savoir-faire.

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L'atelier Tricot Diogène (crédits photo: debonnefacture).

Trouver un thème fédérateur : privilégier la longévité à la mode

Autre parti pris chez De Bonne Facture : se positionner comme une marque d'intemporels. Cela se retrouve dans vocabulaire de la marque : on ne parlera jamais de collection Automne/Hiver ou Printemps/Été, le symbole même du caractère éphémère de la mode.

Il s'agit ici davantage d' "éditions", un terme qui met déjà sur un pied d'égalité les différentes collections, et qui exclut toute notion d'obsolescence.

L'objectif est plus de cristalliser un thème ou une envie d'un instant, de le traduire avec un savoir-faire pointu, et de le publier dans une édition. A terme, on aura quasiment une bibliothèque de savoir-faire. Si la première collection ne comportait pas de grosses pièces, les macs et les vestes font leur apparition pour la collection l'édition printemps/été.

Les pièces sont irréprochables, mais on reste cependant dans une sobriété qu'on trouve rarement ailleurs, autant au niveau des matières que de la coupe : elles ne sont jamais outrageusement cintrées, mais simplement ajustées.

En pratique : le test de la chemise en chambray De Bonne Facture, Edition 2 (195 €)

Je dois vous avouer que j'ai d'abord été assez surpris par cette pièce : c'est un peu un intermédiaire entre une chemise blanche ultra formelle et une chemise chambray plus "molle" et décontractée.

Le test et la tenue proposée n'offrent ainsi qu'un aperçu partiel des possibilités de ce vêtement : un chambray d'une telle qualité se patine théoriquement sans problème, et devient plus fluide au fur et à mesure des lavages.

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La chemise chambray à gauche, et la chemise taupe en mousseline de coton, une matière très douce et légère
(crédits photo: debonnefacture).

La conception : FLS, les chemises de l'Élysée

FLS, ou France Luxury Shirt, est un petit atelier du Loiret qui oeuvre pour des marques françaises très prestigieuses, et qui livre le personnel de l'Élysée à raison d'une centaine de chemises par an. La marque de fabrique de cet atelier est notamment le fameux 7 points de couture au centimètre, ainsi que les coutures anglaises.

couture anglaise De Bonne Facture

La fameuse couture anglaise.

Petit rappel : un nombre élevé de points au centimètre permet d'utiliser un fil beaucoup plus fin, car il sera consolidé par davantage de coutures. Inutile de dire que la finition sera bien plus durable et résistante, mais aussi beaucoup plus raffinée.

Autre rappel : La couture anglaise est une technique où seul un fil est apparent sur l'extérieur de la chemise, ce qui permet un rendu plus soigné et épuré. C'est ce qu'on peut voir par exemple sur les coutures du col.

couture 7 points au cm

Des finitions immaculées, qui contrastent avec un tissage plus brut.

Ce savoir-faire impeccable se joint au perfectionnisme de la créatrice Déborah Neuberg, pour une chemise avec des détails d'une qualité introuvable dans cette gamme de prix (eh oui, même sur une chemise à 200 euros, on peut encore trouver des choses réservées habituellement à des gammes de prix encore supérieures). Les boutons en corne ont été achetés dans un petit atelier français du Jura : il s'agit de Brochot, spécialisé dans ce produit depuis 1958.

La confection d'un bouton prend d'ailleurs de 15 à 21 jours : celui-ci est gravé, poli dans des tonneaux en céramique, puis teint. On y applique aussi de la poudre de corozo pour donner une finition satinée et plus douce. Ces boutons, confectionnés à partir de la partie la plus noble de la corne, se patinent et s'embellissent avec le temps.

bouton-corne-jura

 Les fameux boutons en corne de l'atelier Brochot.

Pour ne rien gâcher, ils ont évidemment une couture en croix, bien plus robuste.

Les détails workwear et décontractés

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poignet chemise

Même si on a affaire à une chemise au premier abord formelle, on retrouve des finitions typiques du vêtement de travail : gorge américaine (avec des finitions de part et d'autre de la boutonnière de la chemise) et poche poitrine avec une trame sur le haut. Les poignets ronds sont, quant à eux, plus décontractés.

Du chambray blanc ?

Vous êtes peut-être déstabilisés en entendant parler de chambray blanc. En effet, on croise habituellement un fil de chaîne indigo avec un fil de trame blanc. Eh bien ici, le fil de chaîne est tout simplement blanc.

Les caractéristiques du formel

À première vue, il paraît vraiment compliqué d'associer un chambray avec un grammage léger à une coupe aussi précise, et à des finitions soignées. Force est de constater que De Bonne Facture a su revoir toutes les caractéristiques de la chemise formelle (en termes de confection) pour l'adapter à ce type de tissu, plus difficile à travailler.

Malgré une structure et des finitions impeccables, vous ne devez pas chercher absolument toutes les finitions tailleurs caractéristiques de la chemise formelle. On n’est effectivement pas face à de la popeline de coton, mais plutôt face à du chambray ; le tissage est très différent. Il est plus brut, mais surtout beaucoup plus solide et résistant.

De ce fait, vous ne trouverez pas d'hirondelle ni de dernière boutonnière à l'horizontale, et cela ne sera pas du tout le signe d'une moins bonne qualité.

absence d'hirondelle - belles finitions

Note de Benoit : même s'il n'y a pas d'hirondelle, le montage très propre du bas de la chemise, avec des points de couture très rapprochés du bord, ce qui est un signe de qualité. 

Ici, l'intérieur de chemise. 

En effet, les hirondelles sont, à la base, prévues pour éviter que les fentes latérales ne se déchirent, ce qui risque certainement moins d'arriver ici. Déborah souhaitait une épure dans la ligne avec un bas liquette sans hirondelle, d'ailleurs FLS lui a assuré que la jonction n'en serait pas moins solide pour autant, du fait de la qualité de la confection et des coutures anglaises déjà particulièrement solides. D'ailleurs il est dommage que certains 'geeks' du masculin cherchent à tout prix des "codes" qu'ils ont vus dans les blogs ou manuels de la chemise, d'ailleurs très liés à la perception de l'élégance britannique ou italienne des rédacteurs de ces publications.

De même, la dernière boutonnière à l'horizontale sert à atténuer les tensions que la chemise subit au niveau de la taille une fois qu'elle est rentrée dans le pantalon.

Un aspect de la chemise m'a un peu perturbé : sa longueur, qui n'est pas censée permettre un port complètement relâché hors du pantalon. Elle est donc destinée à des tenues un peu plus habillées, avec des chinos bien coupés, et des ceintures estivales joliment mises en valeur. Voici quelques exemples de tenues plus estivales (qu'il aurait été compliqué de shooter à 5 degrés).

Le style

On n'a pu garder la chemise que quelques jours, du coup ce que je vous présente est un rendu un peu formel, du fait de la rigidité du col à l'état neuf. Celui-ci devient beaucoup plus mou et lâche au fur et à mesure des lavages.

Au vu des finitions et de la longueur de la chemise, on va forcément la porter rentrée dans le pantalon, donc de manière plus décontractée.

On a shooté cette tenue en hiver avec une simple superposition pull/manteau, qui permet de balayer plusieurs registres : de l'habillé au plus décontracté. Je n'avais pas dormi de la nuit avant ces photos, du coup vous me pardonnerez de m'être exceptionnellement coupé au montage 🙂

La superposition manteau/pull/chemise

col-chemise-debonnefacture

Le chambray a une texture très affirmée, qu'il est intéressant d'insérer dans des superpositions avec des contrastes de matières.

poignet chemise bracelets

Benoit porte deux bracelets Catherine Michiels. 

De même, le poignet rond a une connotation plus décontractée : c'est un détail intéressant à mettre en valeur. Les boutons en corne ont aussi leur intérêt pour enrichir votre tenue. Vous devrez cependant faire une entrave à la sacro-sainte règle des 2 cm de poignets de chemise visibles, mais ce n'est pas si grave, car nous ne sommes pas sur du formel ultra codifié.

Superposition et cols de chemises : comment éviter les conflits

col1

À travers cette petite série de photo, je veux d'une part vous montrer l'écartement à peu près idéal du col de chemise, et d'autre part les manières de ne pas le porter.

Je ne suis pas un fan de cette tendance air tie qui consiste à porter sa chemise entièrement boutonnée, sans cravate ni noeud papillon ou autre accessoire. Pourtant ici, la largeur des pans du col et l'écartement me sont apparus à peu près idéaux pour ce type de port, à mi-chemin entre du casual et quelque chose de plus sophistiqué.

Les plus tatillons remarqueront qu'il ne remplit pas complètement le col du pull, un maigre sacrifice au vu du beau contraste de matière et de style entre la chemise et le pull.

Le résultat est également très bon sans pull :

chemise blanche De Bonne Facture

Le rendu du col est, par contre, plus bâtard dès qu'on l'ouvre : c'est normal, car il s'agit d'une chemise qui est censée perdre de sa rigidité au fur et à mesure du lavage.

col chemise blanche

épaule chemise De Bonne Facture

De la même manière, vous voyez qu'il y a un volume qui se concentre au niveau des bras : c'est normal, la chemise s'assouplira aussi au fur et à mesure des lavages, et s'ajustera. Quant à l'emmanchure, celle-ci est plutôt haute.

La chemise reste courte courte. On est vraiment entre une coupe tailleur et casual, la preuve ici :

chemise De Bonne Facture

couture encolure De Bonne Facture

Petit détail qui témoigne de la qualité de la finition : la couture à 1 mm de l'encolure. Vous ne verrez que très rarement ce type de finition.

Conclusion : DeBonneFacture, des basiques avec l'expertise des ateliers français, le perfectionnisme en plus.

DeBonneFacture n'est pas qu'une marque de plus proposant de bons basiques intemporels : la recherche est ici beaucoup plus poussée afin qu'il y ait une véritable innovation, et cette chemise en chambray la symbolise à sa manière (même si cela a un prix, la marque s'adressant à un public de vrais connaisseurs).

Le perfectionnisme de Déborah Neuberg se remarque vraiment à travers ses créations : l'expertise des ateliers le matérialise parfaitement, et ce modèle économique courageux, mais exigeant, ne lui donne pas le droit à l'erreur.

En bref, on recommande chaudement. Vous pouvez vous procurer les produits sur l'Exception (a priori jamais soldés). Et découvrir les autres pièces de la marque sur le site web de De Bonne Facture.

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