Test : BWGH, le streetwear à la française (+ Larose Paris)
Dans cet article, nous allons aborder un style particulier, jusqu’alors rarement évoqué sur BonneGueule : le streetwear. Rassurez-vous, nous n’allons pas parler du streetwear version « gangster » avec pantalons larges, casquettes et chaînes en or. Oubliez ce style de « voyou à l’américaine », périmé depuis longtemps et même abandonné par ses plus fervents défenseurs (le rappeur Kanye West s’habille uniquement avec des vêtements de créateurs). Le streetwear a su traverser les époques et rencontre aujourd’hui un réel succès en touchant un large public.
Avant de rentrer dans le vif du sujet avec le test de la marque française BWGH, commençons avec un peu d’histoire.
Rassurez-vous, le streetwear à la sauce "50 Cent", c'est terminé !
Les origines du streetwear
Le streetwear a fait son apparition aux Etats-Unis au milieu des années 70 avec l’éclosion de la culture urbaine et de ses différentes composantes comme les sports de glisse (le skate et le surf), la musique (punk, hiphop) et l’art urbain (le graffiti). Comme son nom l’indique, il est né dans la rue, sous l’impulsion des jeunes de quartiers défavorisés. Une forme d’expression qui leur permettait de montrer leur appartenance à une culture. Et aussi de réaffirmer leur individualité dans une société qui tendait à les marginaliser.
N’ayant pas beaucoup de moyens financiers, ces jeunes ne pouvaient pas s’offrir des vêtements de marques. Une situation qui les incitait à être le plus créatif possible et qui a provoqué la naissance de nouveaux codes vestimentaires. L’important n’était plus le vêtement en lui-même mais la manière dont il était porté.
Illustration avec le Wu-Tang : choix stylistique du vêtement trop large, recyclage du workwear et des vêtements sportifs, culte de la sneaker (l'élément central de la tenue, et également le plus coûteux).
NWA (Niggaz With Attitudes) groupe de rap mythique
de Los Angeles (dont faisait partie Dr. Dre).
Les fondements de base du mouvement streetwear sont donc l’authenticité, l’originalité et la liberté. Des piliers qui ont accompagné le mouvement dans chacune de ses évolutions et qui sont encore valables aujourd’hui.
Ils se sont diffusés en France dans les années 90 grâce à des films comme « La Haine », des marques comme Com8 ou Wrung ou encore avec le mouvement rap (NTM et IAM). La culture urbaine et le style streetwear ont rapidement touché le grand public.
Run-D.M.C., un des premiers groupes à se faire sponsoriser par une marque.
La chanson date de 1986.
L'évolution du streetwear
De ses débuts dans la rue à son influence dans les collections de prêt-à-porter des Maisons de luxe, le streetwear a énormément « grandi ». C’est un style qui a su évoluer de manière cohérente et qui aujourd’hui arrive à maturation. Certaines marques ne se sont pas suffisamment remises en question et ont donc disparues (Com8, 2 High, Royal Wear…).
D’autres ont su évoluer et anticiper l’évolution du mouvement (Homecore). Enfin, de nouvelles marques sont arrivées sur le marché (BWGH) et ont activement participé à la redéfinition de la silhouette streetwear masculine.
Homecore a été une des premières marques en France
à casser avec brio les codes du streetwear.
A la base, le style streetwear se définit par des vêtements larges : jean « baggy », tee-shirt XXL avec les manches qui tombent en dessous des coudes, sweat à capuche avec une emmanchure commençant 10 cm en dessous de l’épaule… Un style complété par de grosses sneakers et une casquette (de la marque New Era évidemment). Mais très vite, certaines personnes ont préféré opter pour des jeans plus serrés comme les skateurs californiens avec leur skinny jean.
Los Angeles, skate park à Venice Beach, coucher de soleil... What else ?
La « liberté » qui est l’essence même du streetwear a favorisé la diversité. Les gens se sont réappropriés les basiques de leur garde-robe : deux personnes avec un style streetwear pouvaient avoir des looks différents.
Aujourd’hui, les collections sont plus recherchées et cela se ressent dans le choix des matières et la qualité de fabrication des pièces qui sont montées en gamme. La sobriété a remplacé les énormes imprimés et on note l'influence de plus en plus marquée avec le workwear (la marque Carhartt et sa gamme Work In Progress en est le parfait exemple).
Carhartt Work In Progress propose un vestiaire habillé orienté street - workwear
La clientèle a aussi évolué et s’est naturellement diversifiée : le streetwear n’est plus associé à la youth culture anticonformiste (= un style de vie, un intérêt artistique et social, et un style vestimentaire) comme à ses débuts. Il touche des tranches d’âges plus âgées et envahit l’ensemble des classes sociales. Il a depuis longtemps quitté la rue pour investir les boutiques haut de gamme des plus grandes capitales. Le streetwear a perdu depuis longtemps cette connotation « voyou » et « cheap ».
Paradoxalement, s’habiller en streetwear peut aujourd’hui revenir cher, ce qui provoque chez les puristes un réel débat face à ce qu’on pourrait appeler la « luxurisation du streetwear ».
Brooklyn We Go Hard : du streetwear français
Parmi les marques les plus influentes du streetwear, beaucoup sont d’origine américaine. Mais c'est bien une marque française qui tire petit à petit son épingle du jeu : BWGH, qui n’est autre que l’acronyme de « Brooklyn We Go Hard ».
Un teddy et un béret : pas de doute, il s'agit bien d'une marque de streetwear français
Créée en 2011 par deux amis d’enfance (David Obadia et Nelson Hassan), passionnés de mode et de photographie, BWGH a su grandir petit à petit, sans vouloir aller trop vite.
A l’origine un collectif de photographes, la marque a commencé par lancer des séries de tee-shirts avec leurs clichés imprimés dessus. Progressivement, le vestiaire s’est enrichi et propose aujourd’hui des collections complètes où les broderies et les imprimés sont omniprésents : manteau, blazer, sweat-shirt en jersey, pull en maille, chemise, pantalon…
Une grande place est aussi accordée à l’accessoire. On retrouve donc des casquettes, sac à dos et sangles pour appareils-photos.
Exemple d'imprimé que l'on peut trouver chez BWGH. Ce genre de pièces permet à la marque de se positionner d'emblée comme une marque hyper créative, même si évidemment, ce n'est pas la chemise la plus facile à porter.
Les imprimés all-over (= répartition d'un même motif de manière égale de manière à créer une répétition), ou les broderies, sont souvent utilisés sur les chemises.
Parmi les pièces emblématiques de la marque, on retrouve à chaque collection le sweatshirt « Brooklyn Parle Français » (voir l'image à la une de l'article).
Ce pull, qui a fait l’objet de nombreuses collaborations, a permis à la marque de se développer à l’international. Brooklyn, célèbre arrondissement de la ville de New York, et considéré comme un épicentre culturel mondial (volant même aujourd'hui la vedette à Manhattan), se met à l'heure française. Ce slogan est révélateur de la volonté de ses créateurs de construire un label streetwear inspiré de la mouvance américaine, tout en restant français. Entre autres, on citera les collaborations avec Opening Ceremony, ou le concept store parisien Colette...
Opening Ceremony et Colette parlent Français le temps d'une collaboration avec BWGH. Ce sont des pièces streetwear drôles, chose plutôt rare dans la mode masculine (oui, c'est un milieu assez sérieux). Mais là aussi, ce genre de fantaisie est réservé à une garde-robe bien particulière et assez pointue.
Voici d'autres looks de la marque pour bien en cerner l'esprit :
Test du streetwear BWGH
Au programme, 4 pièces : un tee-shirt, une surchemise, un blouson en cuir et une casquette.
Le tee-shirt « BK Mountain » (45 euros)
Comme nous l’avons dit précédemment, BWGH utilise beaucoup les imprimés. Le tee-shirt que j’ai choisi possède deux sérigraphies. Une petite côté cœur, et la même en beaucoup plus gros dans le dos. Beaucoup de marques de streetwear optent pour ce genre de disposition en répétant le logo côté cœur dans le dos, dans une taille bien plus imposante.
Soleil + montagne = Brooklyn ?! Pas tant que ça 😉
La marque n'hésite pas à sortir du paysage urbain :
c'est aussi ça la culture streetwear !
Le tee-shirt (100% coton) est bien coupé. Il n’est pas cintré et reste volontairement un peu large (sans pour autant « faire trop grand »), influence streetwear oblige. L’encolure n’est pas ras-du-cou, ce qui est agréable. En effet, beaucoup de marques de streetwear utilisent de gros bords côtes pour des cols ras-du-cou, ce qui a tendance à être désagréable au porter.
Concernant les manches (le détail important sur un tee-shirt !), elles tombent bien et n’ont pas « l’effet parapluie » fatal sur ce type de pièce.
Exemple de gros bord côte sur un col ras-du-cou
Exemple de tee-shirt avec les manches "parapluie"
J’aime bien faire un petit ourlet au niveau des manches, ce qui a pour fonction de restructurer la pièce. A la base, je conseille de faire cet ourlet pour les tee-shirts mal coupés (ou plus loose) qui ont des manches à « effet parapluie ». Le tee-shirt BWGH est à l’origine bien coupé et ne nécessite pas obligatoirement de faire cet ourlet. Cependant, j’aime beaucoup le rendu visuel, j’ai donc l’habitude de le faire pour tous mes tee-shirts.
Aussi, vous remarquerez sur la photo que le début de l’emmanchure n’est pas aligné sur mon épaule. Je préfère porter mes tee-shirts un peu trop grands, c’est une simple question de goût.
Note de Florian : Alexandre connaît très bien les règles de base (que l'on vous donne via le mémo shopping). Une fois qu'elles sont maitrisées, l'intérêt est de les détourner légèrement. Lorsque c'est bien fait, cela donne une touche personnelle (un plus) à votre tenue (comme les pièces un poil surtaillées) ! N'est-ce pas Alex ?
Note de Benoit : connaissant Alexandre et son caractère, il ne pouvait porter son tee-shirt que de cette façon...
Note de Geoffrey : c'est pas bientôt fini les notes dans les articles ?
L'ourlet sur la manche :
un détail purement esthétique sur le tee-shirt BWGH car il est initialement bien coupé
Enfin, j’ai choisi ce tee-shirt car je trouvais le visuel sympa : super paradoxal avec une montagne et le soleil associés à... Brooklyn. Je l’ai choisi en blanc car je trouve que les couleurs ressortaient parfaitement (disponible aussi en noir et gris).
La surchemise « IZAR » (140 euros)
Cette surchemise est intéressante car elle me fait penser aux maillots des équipes de la ligue américaine de baseball (la MLB). Cela saute aux yeux avec la forme du col. Cette impression est renforcée avec la couleur grise du corps qui me rappelle le maillot de l’équipe des Dodgers de Los Angeles !
Le col type "maillot de baseball" avec les boutons en bois :
le détail qui fait la différence.
Le maillot des Dodgers de Los Angeles.
Une surchemise peut se porter ouverte ou boutonnée. Pour ma part, je recommande de la porter boutonnée avec un tee-shirt en dessous. Pour ceux qui préfèrent la garder déboutonnée, veillez à garder un tee-shirt uni et de couleur claire (blanc si possible). Le contraste est alors intéressant. Il s’agit d’une pièce forte, évitez donc les tee-shirts sérigraphiés qui risquerait de surcharger visuellement votre tenue.
Attention, les manches peuvent gratter (15% laine – 85% polyester). Le corps de la pièce (50% laine – 50% polyester) est quant à lui agréable au toucher. J’apprécie beaucoup les finitions avec les boutons en bois. De même que pour le tee-shirt, la coupe n’est pas cintrée mais reste quand même relativement proche du corps (rassurez-vous, on n’est pas sur une coupe droite !).
Une coupe ajustée qui laisse quand même
de la place pour glisser un tee-shirt en dessous.
Note de Benoit : c'est une pièce totalement street, avec une énorme influence US. Ceux qui apprécient cette culture sportive seront ravis. Mais effectivement, si vous ne jurez que par des chemises col officier ou des vestes, ça va être plus compliqué à comprendre pour vous.
Je trouve le contraste de matières visuellement intéressant. Attention, de par sa composition, cette pièce tient chaud ! Portez-la par exemple avec un chino beige ou un jean brut. A propos du bonnet, étant un grand fan de couvre-chefs, je ne peux m’empêcher d’en revêtir un avec une pièce aussi « street ».
Même si j'aurais préféré un peu plus de matière naturelle (pour les raisons que vous connaissez déjà), sachez que le polyester a un vrai rôle de renfort pour la chaîne et trame (= les vêtements en matières tissées). La fibre de polyester a une haute résistance à l'allongement et au rétrécissement : concrètement, vous aurez moins de plis, la matière se froissera moins vite et vous aurez moins de surprises au lavage !
Le teddy en cuir « Bombon » (625 euros)
Historiquement, le teddy est un blouson que portent les étudiants méritants (sportifs, ou premiers de la classe) des universités Américaines. Initialement, son corps est composé de laine bouillie et ses manches sont en cuir. Les américains l’appellent varsity jacket ou letterman. En effet, sur la poitrine côté gauche se trouvait l’écusson brodé avec les initiales de l’université de l’étudiant.
Les bad boys de la culture street se sont ensuite réappropriés cette pièce pour en faire un incontournable du vestiaire streetwear. Aujourd’hui, ce sont même les maisons de luxe (Louis Vuitton, Saint Laurent Paris, etc.) qui proposent dans leur collection une varsity jacket.
Teddy Saint Laurent Paris de la dernière collection...
Tarifé 1 450 euros : sans commentaire !
Avec le sweat « Brooklyn Parle Français », le teddy « Bombon » est la deuxième pièce phare des collections BWGH. On le retrouve donc dans chaque nouvelle collection de la marque. Décliné dans plusieurs coloris, j’ai opté pour le « Purple / Asphalte ».
Le teddy est fabriqué dans un cuir de veau qui vient d’Italie. Il s’agit d’un cuir doux et souple. Il est un peu plus résistant que le cuir d’agneau et surtout bien plus doux que le cuir de vache. La pièce est montée en France, dans un atelier parisien qui possède un vrai savoir-faire artisanal (ce qui explique en partie le prix).
N'hésitez pas à agrémenter votre tenue d'accessoires comme un couvre-chef (bonnet, casquette, etc.). Important : c'est un prototype, je n'avais donc pas le choix au niveau de la taille, il m'aurait fallu un S, mais c'était un M... Au moins, vous avez une bonne idée du design de ce très beau blouson.
Comme pour la surchemise, il est possible de porter ce teddy avec un chino ou un jean brut. C’est une pièce forte, veillez donc à rester sobre avec le reste de votre tenue. Je porte un simple tee-shirt blanc en dessous, je vous conseille d’éviter les gros imprimés.
Le cuir est bien régulier et les coutures sont propres !
Le « Bombon » possède les finitions classiques d’un teddy traditionnel
avec les bords côtes épais au niveau du col, du bas du blouson et des manches : ils structurent la pièce pour mieux s'adapter à votre silhouette
Note de Benoit : enfin une pièce en cuir qui sort du noir ou du marron !
A 650 euros, le rapport qualité/prix du teddy en cuir est en définitive assez bon !
La casquette Larose Paris (115 euros)
Je suis un grand fan de la marque Larose Paris, spécialisée dans la casquette et le chapeau haut de gamme, fabriqués en France. Née de l’imagination et du travail de trois associés (dont une chapelière parisienne), BWGH est une des rares marques avec qui ils ont collaboré.
La collaboration porte sur une casquette « 5 panels ». Comme son nom l’indique, ce modèle est constitué de cinq pans (1 sur l’avant, 2 sur les côtés et 2 sur le dessus) cousus les uns aux autres. C’est un modèle avec une languette de réglage à l’arrière. Si vous aviez des doutes sur sa forme, détrompez-vous ! Loin du cliché « voyou », il n’y a pas plus élégant qu’une 5 panels.
La marque Larose Paris propose sa propre interprétation de la « 5 panel » traditionnelle. En plus d’une forme inédite (la visière est volontairement plus courte), ces casquettes sont toutes construites dans des matières nobles (tweed, laine, cachemire).
On remarquera le petit patch brodé sur le derrière de la casquette. Simple, sobre, efficace !
Cette pièce est doublée de flanelle marine et est construite avec la même matière que les manches de la surchemise (au passage, évitez d’être too much en portant les deux en même temps !).
Des mains finement manucurées se sont occupées de votre casquette, prenez-en soin !
Cette casquette peut se porter également avec une tenue street ou plus classique. Comprenez là qu’il s’agit d’un accessoire à incorporer dans vos tenues, et qui donne du relief à votre silhouette. La casquette n’est plus réservée aux rappeurs !
Larose Paris, la casquette urbaine par excellence.
Conclusion : allez-y progressivement
BWGH est une marque qui a su grandir petit à petit et qui propose aujourd’hui un vestiaire complet. Un vestiaire qui est le reflet de la mode urbaine actuelle. La marque emprunte des codes du streetwear mais veille à ne pas tomber dans l'excès. BWGH est une des rares marques streetwear qui est très accessible stylistiquement : vous trouverez facilement une pièce à intégrer sans souci dans vos tenues, sans partir à la faute.
Cette marque vous permettra de diversifier votre garde-robe en y ajoutant une touche street. C'est un moyen d’aller un peu plus loin dans votre style et de rechercher autre chose que des basiques.
Avancer par touches, comme ici avec un sweat.
Je vous conseille tout de même d’y aller petit à petit si le streetwear vous tente. Commencez par acquérir un tee-shirt ou une chemise qui sont des pièces que vous incorporerez plus facilement à vos tenues basiques. L’idée est d’intégrer une petite touche, pas plus.
Par la suite, n’hésitez-pas à acquérir de grosses pièces (sweat, blouson, etc.). Concernant la casquette, gardez-la pour la fin, quand vous maitriserez complètement votre style de rue (cette pièce ne va pas à tout le monde, n’hésitez pas à demander conseil à un de vos amis).
Pour ma part, je trouve que les prix sont un poil élevés (excepté pour le teddy en cuir made in France), mais dans la fourchette des marques de streetwear. Les prix pratiqués par BWGH ne sont pas plus élevés que ceux de ses concurrents : ce n'est pas non plus exorbitant, loin de là ! Allez-y donc progressivement mais sûrement.
Note : Où trouver BWGH ? en boutiques (multimarques en France), sur leur e-shop et sur l'exception.com
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