Conseils : S’habiller quand il fait froid : test Arpin + escapade à Edimbourg
J'ai passé pour la seconde fois le Nouvel-An à Edimbourg chez des amis. Et vu que les photos prenaient la poussière sur le disque dur, il fallait que j'en fasse quelque chose.
Plantons tout de suite le décor. Si vous pensez qu'il pleut beaucoup en Bretagne, dites-vous que le pays de Breizh fait figure de paradis tropical à côté de la capitale écossaise :
- Brest : 159 jours de puie / an
- Edimbourg : 240 jours de pluie / an, victoire par K.O.
Bref, tout est trempé, tout le temps. Pas étonnant que les pubs soient toujours pleins (merci aussi aux excellentes bières locales, souvent brassées sur place).
Autant vous dire que si vous y allez comme moi au pire moment de l'année (49h d'ensoleillement en janvier, c'est pas vraiment le Club Med), il va falloir vous réchauffer au pub bien vous couvrir face au froid et à l'air humide qui s'infiltrent dans la moindre ouverture du vêtement... La bonne nouvelle, c'est qu'un temps aussi pourri m'a permis de tester les vêtements de la vieille marque savoyarde Arpin (grosse maille et bottes) ainsi que ma parka Filson en condition réelles.
Que trouve-t-on à Edimbourg ?
Dans le centre touristique de la ville, de nombreuses petites boutiques vendent du cachemire et des produits en laine. Si Edimbourg est clairement un excellent endroit pour acheter ce genre de produits (il y a un vrai savoir-faire sur les lainages en Ecosse), je vous déconseille de les acheter dans ces boutiques là, où vous paierez la plupart du temps des produits asiatiques sur lesquels on a cousu un joli petit drapeau écossais.
Le centre-ville, très agréable pour se promener et boire des grosses pintes un verre.
A l'inverse, d'excellentes boutiques existent dès lors qu'on s'éloigne un peu du coeur touristique. Comme d'habitude, dialoguez un brin avec les vendeurs et voyez si le lieu propose des produits que le touriste de base ne saurait apprécier : vêtements en Harris Tweed, chaussures avec de vrais beaux cousus goodyear, vestes entoilées dans de beaux draps de laine. Visitez Walker Slater qui est une excellente maison : elle concentre tout ce que vous pourrez trouver à Edimbourg en matière de vêtements traditionnels.
Walker Slater, derrière la camionette bleue.
Si elle n'est plus là lors de votre visite, ne paniquez pas.
Et comme partout dans le Royaume-Uni, Wicket, TM Lewin ou encore Turnbull & Asser ont une excellente offre d'entrée de gamme pour les costumes et les chemises.
Comment s'habiller en hiver ?
On sort tout doucement de l'hiver, mais c'est encore bon à savoir. Il y a 3 grandes règles à suivre pour survivre aux basses températures. Benoît vous dira qu'il n'y en a qu'une : Canada Goose, mais c'est un point de vue d'ex-habitant du Québec. La plus grande partie de la France n'a pas un climat suffisamment froid pour justifier l'achat d'une aussi grosse pièce d'hiver. Du coup on va travailler sur les couches de vêtements qu'on ajustera selon la température. C'est parti.
Règle numéro 1 : les matières
À la base de tout, on retrouve encore une fois les matières. La nature fait bien les choses : peu de matières retiennent aussi bien la chaleur que la laine, tout en laissant passer la vapeur d'eau (à l'inverse des matières synthétiques comme les polyamides et polyesters). Oui ça coute un peu plus cher de s'attarder sur des matières naturelles, mais un pull en polyester ne vous apportera jamais le même confort et la même protection qu'une belle grosse maille en mérinos.
Ensuite, faites la différence entre les propriétés du coton et de la laine : ce n'est pas du tout pareil ! La laine est hydrophobe : elle laisse passer la vapeur d'eau. Le coton est hydrophile : il s'humidifie quand vous faites un peu d'effort ou que vous transpirez quand il fait trop chaud dans le bus ou le métro.
En conclusion ne faites pas des tas de couches avec du coton, le tout sous un manteau en polyester, à moins d'apprécier particulièrement le sauna. Privilégiez une faible épaisseur de coton (tee-shirt léger), ou mieux, un tee-shirt en laine fine.
De la belle laine, la base.
Règle numéro 2 : du fonctionnel
C'est un peu bête à dire, mais testez bien les vêtements que vous achetez. Fermez toutes les boucles et zips comme si vous deviez vous protéger d'un très grand froid, et posez-vous les bonnes questions :
- suis-je suffisamment protégé du froid ? y a-t'il des failles ?
- y a-t'il assez de poches ? la pièce s'adapte-t'elle en fonction de la température avec des parties amovibles ou qui peuvent s'ouvrir ? ou des cordons de serrage ?
- est-ce que j'ai assez de place pour porter ma veste de costume en-dessous ? ou une grosse maille s'il fait très froid ?
et bien sûr :
- est-ce que la coupe du manteau ressemble à quelque-chose ?
- est-ce que la matière et la confection sont bonnes ?
Un beau manteau pour sortir sa poule.
Règle numero 3 : s'habiller en couches
La dernière règle est celle des couches : maintenant que l'on a choisi des matières appropriées et des vêtements bien fonctionnels, on va apprendre à combiner les pièces entre elles. Il y a 3 couches à prendre en compte, avec chacune leurs propriétés :
La couche respirante (intérieur) : C'est celle qui est directement contre votre peau. Il ne faut pas porter une première couche trop épaisse, ou qui serait dans une matière pas assez respirante, car transpirer en dessous est la pire chose qui puisse vous arriver quand il fait froid. En plus de l'inconfort et du côté pas très clean une fois arrivé au travail, les vêtements humidifiés conduisent la chaleur, et accélèrent la déperdition vers l'extérieur.
Dit autrement : si vous transpirez, vous serez très mal protégés. C'est encore plus vrai quand l'air est froid et humide.
Je porte quoi ? Une chemise, un t-shirt ou un maillot en coton feront une bonne première couche si les matières restent légères et le tissage pas trop serré. Pas la peine de se prendre plus la tête que ça.
Un t-shirt tout simple.
La couche isolante : Une fois le problème de la transpiration résolu, il faut vous insulariser. Et le meilleur moyen d'y arriver, c'est avec de l'air. Bon okay, je m'explique : on va chercher à emprisonner un maximum d'air.
Soit en portant des vêtements en maille (qui comportent plein d'espace vide), soit en portant plusieurs couches de vêtements dans des mailles plus fines (il y a de l'air entre les couches).
Je porte quoi ? Pourquoi pas une maille fine, plus votre blazer ou un petit gilet que vous enlèverez en même temps que le manteau.
Une maille (ici Six&Sept dont on va bientôt vous parler).
La couche imperméable et coupe-vent (extérieur) : Vous voilà à présent isolé, mais vous craignez encore le vent qui peut s'engouffrer dans la maille, ainsi que la pluie. C'est là que la couche extérieure intervient : elle doit être imperméable et coupe-vent. Cela pourra être un manteau dans un drap de laine au tissage bien serré, un imperméable en coton ciré, ou encore des matériaux qui peuvent être techniques (dans certains cas l'usage de synthétique peut se justifier, notamment pour les propriétés imperméables). C'est également ici que l'on retrouve des fibres comme le gore-tex qui sont imperméables et coupe-vent, mais laissent s'évacuer la transpiration via des micro-pores : idéal pour l'usage sportif.
Je porte quoi ? Imperméable, caban en drap de laine, manteau en coton ciré, parka...
Un coton ciré type Barbour. On voit bien les 3 couches sur le mannequin homme.
Dernières remarques :
Au passage, les vêtements techniques de qualité sont conçus sur la même principe de couches : une membrane coupe-vent et imperméable à l'extérieur, un duvet au milieu, et une doublure en coton ou dans un matériau technique bien choisi.
Notez enfin que 3 couches tiennent plus chaud qu'une seule couche d'épaisseur triple : en effet l'air contenu entre les différentes couches va lui aussi vous protéger en agissant comme un isolant.
Bien choisir les couches, et les agencer dans le bon ordre permet notamment d'optimiser la quantité de vêtement que vous avez sur vous. Ainsi vous pourrez jouer sur le layering sans avoir l'air d'un bibendum Michelin ou de vous habiller pour la prochaine fin du monde qui n'aura pas lieu.
Présentation de la marque Arpin
Revenons à Edimbourg, où j'ai pu tester les vêtements de la marque Arpin que j'avais emmené pour l'occasion : un pull et des bottes.
Sans doute que c'est la première fois que vous entendez parler de Arpin, car c'est à la base un fabricant de tissus de laine, et de quelques pièces emblématiques du vêtement de montage (capes de berger, gilets, knickers). Mais ce n'est que récemment que l'entreprise devient une marque de prêt-à-porter à proprement parler, avec une collection de pièces finies plus larges (vestes col mao, chemises, pulls...).
Sachez aussi que Arpin, ce n'est pas n'importe quel fabricant, puisque cette entreprise familiale file et tisse la laine depuis bientôt deux siècles (entreprise fondée en 1817 à Seez-Saint-Bernard en Savoie).
Certains machines à tisser sont même inscrites au patrimoine national. La marque intègre aussi des activités de conception pour ce qui est des draps de laine et autres produits "coeur de métier". Je vous incite à regarder cette très belle vidéo sur les différentes étapes de la confection du drap de laine.
Les matériaux produits ne sont pas traités chimiquement, et même la couleur de la laine est obtenue à partir de procédés naturels.
On ne peut pas à proprement parler de workwear puisque la confection de vêtements n'est venue que sur le tard, mais les productions de la marque ont pris dès le début une dimension très fonctionnelle : protéger les habitants alpins face aux éléments.
Test de la grosse maille Arpin
On m'a prêté une maille chunky à col roulé... en L, donc je vous la présente ici sous ma parka car le rendu ne voudrait rien dire vu que je porte un petit M. Mais à vue de nez ça m'avait l'air d'être coupé très correctement.
Collab Temps Pourri x Gueule de Nouvel-An
Sur ce look, la grosse maille et la parka Filson (veste de pêche en laine/polyester qui est à la base un modèle féminin, coupe-vent et imperméable) permettent de donner du volume en haut, qui est contrebalancé par le jean semi-slim qui vient rééquilibrer la silhouette. On l'avait pas mal expliqué dans cet article sur le style loose.
Enfin vous remarquerez que j'ai bien appris ma leçon et appliqué la règle des couches qu'on a vu plus haut !
Au passage le jean BGR-01 vit très bien.
N'hésitez pas à nous envoyer vos photos !
Enfin les chaussures un peu massives évitent une silhouette trop "barbe à papa" où les pieds sembleraient visuellement trop petit. Mais revenons-en au pull !
La matière est conforme à ce qu'on peut imaginer : il y a de la densité, ça tient vraiment chaud, et elle a un côté un peu rustique, en dépit du mélange avec de l'alpaga qui apporte une relative douceur (80% laine peignée, 20% alpaga).
Le col roulé est assez étroit et extensible, ce qui protège bien le cou. Le motif chunky est lui aussi très sympa, classique bien exécuté. Bref, on est dans une pièce simple et sans prétention avec un gros niveau de qualité derrière.
Le prix est très juste : 229 €, pour une pièce vraiment utile et qui durera de nombreuses années si on en prend un minimum de soin (= si on ne la cuit pas dans une machine réglée à 90°). Disponible ici.
Test des bottes Arpin
Suivent les bottines. Leur design est okay, pas de grosse prise de risque. Pas trop fan de l'imprimé avec le logo de la marque sur le cuir par contre, je trouve cela trop visible sur des chaussures qui n'en avaient pas besoin.
Le montage est soigné, c'est un cousu Goodyear comme on sait bien les faire en Europe de l'Ouest :
Sur le haut de la chaussure on retrouve les détails alpins, avec la laine Arpin et les crochets comme sur les vieilles chaussures de ski ou de rando :
Ce qui m'intéressait plus particulièrement, c'était de tester les capacités déperlantes de cette laine, placée dans un endroit aussi stratégique. Effectivement c'est correctement déperlant, la laine fait bien son job comme on le voit sur la photo avec les petites perles :
Un peu déçu par l'absence de détails. Par pour des raisons de qualité, mais parce que la chaussure sans oeillets métalliques, ni le moindre détail en dehors de la partie lainée, fait vraiment simple et trop épurée :
Niveau confection, je m'attendais aussi à un cuir plus gras, et à un fil mieux graissé pour le rendre plus imperméable et imputressible dans les conditions météorologiques auxquelles ces chaussures se destinent :
En définitive, je trouve leur prix de 379 € un peu cher là où le pull était très bien positionné. Ces bottes Megève sont disponibles ici.
En dehors des pulls et chaussures, la marque Arpin propose également des pantalons, des capes, des accessoires et de la petite bagagerie. Les gants ont notamment l'air intéressants (35 € pour la même laine que le pull), je les testerai peut-être pour l'hiver prochain.
Et bien sûr son coeur de métier : le produit en drap de laine (plaids, couvertures, coussins, futons). Tout est sur l'e-shop.
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