🎬 Les secrets de... l'imperméabilité ! #7

7 min

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bonne gueule

En 1978, un jeune homme de 23 ans débarquait sur les îles Kerguelen :une île balayée par le vent, la pluie, le froid, la neige et la glace, totalement perdue dans l’océan indien. Dans son sac, un pull en laine, une chemise en flanelle, mais surtout, un vêtement indispensable pour se protéger de la pluie : un ciré orange. Cet homme c’était mon père, et son ciré, le voici.

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PETITE HISTOIRE DE L'IMPERMÉABILITÉ

Durant la période préhistorique, il n'existait pas énormément de solutions pour nous protéger des intempéries. Seules les peaux de bêtes étaient à notre disposition.

Par la suite, grâce au tissage de la laine, des capes assez lourdes sont apparues. Par exemple, au Japon, on se protégeait via des capes en paille, exactement comme un toit de chaumière.

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Crédit : Graziella Semerciyan Galerie d'art, d'artisanat et de design

Des tissus huilés ont également été utilisés, car on sait depuis longtemps que l’huile ne se mélange pas à l’eau.

Il faudra faire un bond de quelques siècles, c'est-à-dire en 1823 pour voir naître le premier imperméable. Inventé par l'Ecossais Charles Macintosh, il a trouvé un moyen de dissoudre le caoutchouc pour en imbiber un tissu - on considère que c'est l’ancêtre des cirés.

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Crédit : (Photo by SSPL/Getty Images)

D’ailleurs, en parlant du ciré, il marche très bien puisqu'il empêche effectivement l’eau de rentrer. En revanche, cette pièce empêche également la transpiration de sortir.

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Crédit : Guy Cotten

Pour des activités physiques peu intenses, comme une marche sur du terrain plat ou regarder un match de foot en plein air, c’est une solution très fiable et souvent peu coûteuse par rapport à une veste en membrane. Ce n'est pas pour rien que les pêcheurs utilisent ce genre de vêtements cirés, ça résiste bien à l’eau de mer et ça se rince très facilement.

La marque la plus connue pour ce type de vêtement reste Guy Cotten.

En 1978, tremblement de terre : un certain Monsieur Gore, mort il y a peu, met au point une membrane, c’est le Gore-Tex avec son principe connu de tous : une membrane avec de multiples pores minuscules, suffisamment grands pour laisser passer la transpiration, mais suffisamment petit pour empêcher l’eau de pluie de rentrer. 

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Crédit : Gore-Tex

On peut reconnaître à Gore-Tex un sens certain du marketing, notamment pour leurs nombreuses collaborations avec des marques de mode.

On parle alors de membranes dites imper-respirantes?ou WPB en anglais pour waterproof breathable. 

Comment on mesure l’imperméabilité ?

Cette unité a été inventée par l'industriel du textile Charles Edouard Schmerber (1894-1958). Elle est mesurée en unité Schmerber (ou en mm). Pour cela, on place le tissu sous un tube (colonne) rempli d’eau, puis on calcule à partir de quelle hauteur d’eau les premières gouttes passent au travers du tissu. Plus la hauteur d’eau est importante, plus le tissu sera imperméable (1 Schmerber = 1 colonne d’eau de 1 mm). 

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Crédit : Le baroudeur malin

On va considérer un tissu imperméable au-delà de 10 000 mm, même si les valeurs de certaines membranes atteignent plus de 20.000 ou 30.000 mm.

LES DIFFÉRENTS DE TYPES DE MESURES

1. LE RET (RESISTANCE EVAPORATIVE TRANSFERT)

Cet indice inventé par Gore-Tex (qui est un peu devenu la norme) mesure la capacité d’un tissu à laisser s’échapper la vapeur d’eau générée par le corps (transpiration). Plus l’indice est faible, plus il indique que le vêtement est respirant

RET inférieur à 6 : très respirant.

RET entre 6 et 12 : respirant.

RET entre 12 et 20 : faiblement respirant.

RET au-delà de 20 : non respirant.

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Crédit : Gore-Tex

2. LA MESURE MVTR (TAUX DE TRANSMISSION DE LA VAPEUR D’EAU)

C'est un test utilisé par la plupart des concurrents de Gore (entreprise créatrice du Gore-Tex) : on calcule la quantité d’eau (sous forme de vapeur) que le tissu laisse passer en 24 heures.

Plus le degré est élevé, plus la respiration est favorable (l'unité utilisée est le gr/m²/24 h) : 

MVTR 30 000 = vêtement extrêmement respirant.

MVTR 20 000 = vêtement avec une très bonne respirabilité.

MVTR 10 000 = vêtement respirant.

MVTR 5 000 = vêtement peu respirant. 

Il est donc difficile de comparer les vêtements qui ont effectué deux tests différents avec des mesures différentes. Mais si vous deviez retenir une seule information, pensez que le MVTR est normé, donc indiscutable, alors que le RET prend en compte le confort du sportif. 

Je vous invite donc à être attentif aux déclarations du type : on est trois fois plus respirant que nos concurrents.

Le grand défi pour ce type de produit est de trouver un équilibre entre respirabilité et durabilité. C’est pour ça qu'il y a trois constructions possibles pour les membranes.

LES TROIS TYPES DE COUCHES D'UNE MEMBRANE

2 COUCHES 

Les deux couches sont :

  • le tissu extérieur
  • la membrane 

Malheureusement, la membrane craint beaucoup les graisses corporelles et les sels de la transpiration, il faut donc la protéger. Ce type de couche est la plus ancienne. 

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2,5 COUCHES 

On va simplement protéger la membrane d’une pellicule très fine. C'est très léger mais c’est plus fragile, c’est le paclite de chez Gore-Tex par exemple.

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Crédit : Gore-Tex

3 COUCHES

La membrane est prise en sandwich entre le tissu extérieur et le tissu intérieur qui la protège. En revanche, visuellement on a l’impression que ce n'est qu'un seul tissu.

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Crédit : Gore-Tex

La gamme Gore-Tex Pro est la plus connue chez Gore-Tex. Tout est fait pour qu’elle soit la plus résistante possible au frottement et à l'abrasion.

LA DIFFÉRENCE D'HUMIDITÉ 

Pour que l’humidité s’évacue, il faut une différence d’humidité entre l’extérieur et l’intérieur.

S'il y a peu de différence d’humidité, la membrane marchera beaucoup moins bien. Je pense notamment à des climats de printemps ou d’été où il va pleuvoir. 

C'est exactement comme quand du linge mouillé sèche plus vite dans une pièce ventilée que dans une petite pièce fermée, où l’air se sature en humidité et empêche le linge de sécher. 

Lorsqu'on réalise un effort physique très important et qu’il fait à peine quelques degrés, la condensation sera plus présente que d'habitude notamment à cause de notre transpiration. 

Quand de l'humidité est présente pendant plusieurs jours, c'est là qu'on se rend compte que les membranes arrivent à leurs limites.

Elles ont énormément de peine à sécher de l'intérieur. C’est pour cette raison que l’armée américaine n’utilise plus autant qu’auparavant le Gore-Tex. Elle privilégie des solutions moins imperméables afin d'y augmenter ses capacités de respiration et de séchage.

C'est le cas notamment du traitement EPIC appliqué sur les vestes.

Cependant, il est important de rappeler que cela reste une des meilleures alternatives pour une sortie en ville sous la pluie.

LE RÔLE DES TRAITEMENTS DÉPERLANTS 

Pour qu'un tissu devienne déperlant, on applique un apprêt hydrophobe qu’on met sur le vêtement et qui empêche l’eau de s’infiltrer dans les fibres.

Ce traitement déperlant doit faire face à deux contraintes majeures :

D'un point de vue environnemental, ce n’est clairement pas top, car on utilisait des produits nocifs comme le PFC?PerFluoroCarbure.
C'est un produit chimique catastrophique pour l'environnement puisqu’on s’est aperçu que ces molécules se dégradaient très lentement dans l’atmosphère : ça se compte en milliers d’années, et elles s’accumulent aussi dans le corps vu qu’elles ne se dégradent pas.

D'ailleurs, dans le temps on mettait des PFC dans les casseroles pour pouvoir cuisiner des omelettes sans que ça accroche. Au fur et à mesure, ces molécules sont interdites et les grandes marques d'outdoor sont en grande difficulté pour trouver un équivalent aussi efficace et qui ne pollue pas.

Chez Gore-Tex, ils sont en train de s’arracher les cheveux à ce sujet, et travaillent d’arrache-pied. Il est possible de suivre leurs avancées dans le rapport qu’ils publient chaque année.

Le deuxième problème est qu’au fil du temps, des averses, des frottements, le traitement part peu à peu. 

Comment reconnaît-on un tissu qui n'a plus de traitement déperlant ? Il se mouille là où l'eau ruisselait.

D'ailleurs, des images de gouttes de pluie qui rebondissent sur le tissu, c’est très spectaculaire mais c’est plutôt dû au traitement déperlant qu’à la membrane en elle-même.

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Crédit : Induo

Gore-Tex a donc étudié les possibilités pour pallier le problème des PFC. La solution se nomme Shakedry et consiste à enlever le tissu extérieur pour avoir la membrane directement "à vif". Il n'y a donc pas de risques de perte de déperlance étant donné qu'il n'y a plus de tissus à déperler. 

Petit hic : sans tissu extérieur, la membrane est plus exposée et donc moins résistante. La durabilité du produit est donc fortement impactée.

Neoshell est la réponse de Polartec à Gore-Tex. Ils sont partis de l'autre côté : comment rendre imperméable une membrane respirante ? 

Polartec a fait le choix de réduire les performances d'imperméabilité de 20.000 mm à 10.000mm, en considérant que cette résistance était suffisante et garantissait la finesse et la respirabilité de la membrane. 

QUAND LA MEMBRANE SE SATURE D’EAU 

Les membranes ont quand même un problème de taille : le fait d'utiliser un film plastique autour de votre corps va entraîner plusieurs inconvénients non négligeables. 

À partir du moment où la transpiration devient liquide sous la veste, les problèmes commencent.

Elle peut le devenir soit parce que la transpiration est abondante ou alors parce que les couches en dessous sont trop importantes lors de l'effort physique. C'est le même principe qu'un Tupperware® qui sort du micro-ondes

Cette eau liquide est très compliquée à évacuer, très souvent la membrane est saturée, et évacue encore moins la transpiration. 

Conclusion, vous êtes mouillé et vous avez froid. 

La seule parade que les fabricants ont trouvée, c’est de mettre des zips d’aération sous les aisselles, pour assurer une ventilation mécanique. Ce qui explique les zips immenses sur certaines parkas en Gore-Tex de l’armée américaine.

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Cela dit, je pense que pour un usage urbain, une membrane fait sens, parce que l'on a une activité physique très modérée, le soir nous sommes chez nous et notre veste peut sécher facilement.

Par exemple, pas une seule seconde je ne regrette l’achat de mon Norwegian Rain en 2015. Sa membrane m’a protégé de très nombreuses averses sans sacrifier le style, ce n'est pas pour rien qu’on a fait une collab avec eux. 

LES SOLUTIONS RESPIRANTES

LE VENTILE 

J'ai déjà beaucoup parlé de ce tissu que j’adore, on l'a même utilisé chez BonneGueule. 

Le coton du ventile est respirant et imperméable jusqu'à un certain point. De plus, il est plus durable et résiste mieux au feu que du synthétique. 

En revanche, c'est un produit coûteux qui devient cartonneux quand il est mouillé. 

Lorsque ce type de vêtement est couplé avec du Nikwax, on obtient des performances très honorables dans le temps.

PARAMO CLOTHING 

Paramo Clothing est la marque de référence pour les professionnels de la montagne. 

En résumé, c’est la combinaison d’un tissu extérieur très déperlant et respirant avec une doublure qui sèche très rapidement.

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Crédit : Paramo Clothing

MON TEST 

J'ai ressenti de l'humidité au niveau des points de pression, des bretelles et des lombaires. En effet, à cause du sac, l'eau ne peut pas s'évacuer correctement. En revanche, il a fallu que j’enlève la veste pour le voir car à l’usage je ne le sentais pas du tout

Petit conseil : avec un base layer qui évacue la transpiration, vous n'aurez aucun problème.

Quand j’ai reçu la veste j’ai fait une drôle de tête, parce que de prime abord, le tissu fait très old school, on dirait une veste sortie des années 80. 

Je me demandais bien ce que ça allait donner sur le terrain et quelle surprise ! Cette veste marche du feu de Dieu. 

Si jamais le lendemain matin vous avez encore quelques petites parties humides, dès que vous avez enfilé votre veste, la chaleur de votre corps va remettre le processus en marche et faire sécher la doublure. 

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