Notre nouveau jean : ruée vers le dernier selvedge américain (et comment un homme l’a sauvé) 🇺🇸

8 min

Notre nouveau jean : ruée vers le dernier selvedge américain (et comment un homme l’a sauvé) 🇺🇸

8 min
Publié le : 23 août 2021Mis à jour le : 30 août 2021

Il y a presque 10 ans, je suis parti aux États-Unis avec Geoffrey pour découvrir l’immense héritage des US sur le vêtement masculin.
Cette semaine, on repart à la conquête de l’ouest et on vous embarque avec nous !
  • Aujourd’hui, je vous raconte l’histoire unique de notre nouveau jean (nom du modèle : Memphis) et je vous détaille sa coupe inédite chez nous,
  • Demain, mardi, Michel vous emmène explorer le style americana avec notre surchemise western à carreaux et notre henley,
  • Jeudi, Jordan vous explique comment il a conçu sa propre jungle jacket si attendue avec notre équipe produit !
Ce samedi 28 août, ces quatre pièces arriveront sur notre e-shop et ce sera à vous de poursuivre leur histoire.
Bon voyage !
Benoit

Cela faisait longtemps que nous n'avions pas lancé un nouveau jean ! Pour celui-ci, appelé "Memphis", nous avons voulu une coupe plus intemporelle, confortable sans être droite, avec une toile TRÈS particulière…

En effet, nous avons choisi une toile originaire du pays où tout a commencé : les Etats-Unis.

C'est là d'où vient le denim (et le plus vieux jean du monde que j'ai personnellement vu il y a presque 9 ans), et malgré un tel héritage, la fabrication de selvedge sur le sol américain s'était éteinte en 2017 avec la fermeture du tisseur Cone Mills.

Homme en jean sautant par-dessus une rivière.

Un jean qui vous donnera des ailes ! Surchemise et jean BonneGueule. Sneakers Converse.

Un tisseur qui avait plus de 100 ans d'existence, donc sa fermeture a été d'autant plus un choc pour les puristes de denim.

Mais pour autant, tout n'était pas complètement mort, il restait une petite étincelle, un projet un peu fou de faire revivre la grande tradition du selvedge tissé aux USA…

C'est ce que je vais vous raconter et je suis très fier que BonneGueule participe à la renaissance de la tradition du denim américain.

Homme en jean et en chemise à carreaux devant une voiture rouge.

Casquette surchemise, henley et jean BonneGueule. Sneakers Converse.

Et en plus de sa toile unique sur le marché français, nous avons voulu une toute nouvelle coupe que j'ai hâte de vous présenter !

Pour résumer, le but de ce jean, c'est de :

  • inaugurer une toute nouvelle coupe, entre la coupe droite et la coupe ajustée
  • utiliser une toile selvedge et un coton 100 % "made in USA", une toile d'autant plus symbolique que le selvedge 100% américain a bien failli totalement disparaître
Homme en jean et en chemise à carreaux devant une voiture rouge.

Et ce jean est aussi l'occasion de vous présenter notre toute nouvelle coupe ! Surchemise et jean BonneGueule. Sneakers Converse.

Mais avant d'entrer dans le détail de cette toile, laissez-moi vous donner quelques éléments de contexte pour que vous compreniez en quoi cette toile symbolise :

  • une histoire du denim américain plus que centenaire
  • et le courage et la persévérance de certains…

Et notre histoire commence en 1905, en Caroline du Nord.

Ascension et chute de Cone Mills

Cone Mills, c'est une légende dans le monde du jean, un acteur incontournable dans l'histoire du denim américain.

C'est une usine qui a ouvert ses portes en 1905 en Caroline du Nord (en raison de la proximité des champs de coton) et qui a tissé du denim pendant plus de 100 ans. Ce sont eux qui fournissaient Levi's pour la toile du mythique 501.

Pour les plus intéressés, je vous invite à revoir la vidéo de Jordan sur le jean américain.

Et en 1908, c'était même le plus grand tisseur du monde !

Peinture de l'usine White Oak Mills.

White Oak Mills, l'usine de Cone Mills spécialisée dans le denim à son âge d'or.

C'était un fournisseur très apprécié des marques américaines de niche et haut de gamme, car en plus de fournir une toile haut de gamme, il acceptait des minimums de commandes très bas, car il aimait aider les petites marques.

Mais en 2017, une bien triste nouvelle secoue les "denim heads" : Cone Mills fermera définitivement son usine américaine le 31 décembre 2017. À partir de là, il ne sera plus possible d'acheter du denim 100% made in USA, un véritable coup de tonnerre !

La raison de cette fermeture ? Officiellement, il s'agissait de la baisse de la demande d'un denim 100% tissé aux USA, surtout par rapport à des sourcings asiatiques moins chers.

On pourrait faire un article entier sur la fermeture de Cone Mills, et si le sujet vous intéresse, ne manquez pas l'article de Heddels sur le sujet.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. L'usine comportait 47 métiers à tisser Drapers X3, dont certains étaient âgés de 70 ans. Tout le monde pensait qu'ils allaient être démantelés suite à la fermeture de l'usine.

Sauf que… ces machines mythiques allaient connaître une seconde vie.

Surchemise, henley et jean BonneGueule.

Le projet fou de Vidalia : ressusciter le denim américain

En 2019, un certain Dan Feibus décide de ressusciter le denim "made in USA" via Vidalia, une toute nouvelle usine située à… Vidalia, en Louisiane. C'est un projet à hauteur de 50 millions de dollars, qui illustre bien l'ambition et la foi de Dan.

C'est d'ailleurs le premier tisseur de denim à ouvrir sur le sol américain depuis… un siècle !

Dan Feibus avait une vision très claire : il ne souhaitait pas être "juste" un tisseur de denim comme les autres, il voulait :

  • avoir une entreprise intégrée et responsable,
  • capable de filer un coton cultivé de manière responsable dans un rayon de 700 km aux USA,
  • puis de le tisser lentement sur de vieux métiers à tisser pour en faire un selvedge de choix.

Bref, Vidalia veut maîtriser toute la chaîne de valeur.

Pour arriver à ce joli bleu sur ce jean, il a fallu beaucoup de détermination et de passion… Sweat, tee-shirt et jean BonneGueule.

Pour cela, il embauche Eric Goldstein, un vétéran du denim pour remettre sur pied cette usine. La première chose qu'il fait est de partir sur la piste des vieux métiers à tisser de Cone Mills, deux ans après la fermeture de l'entreprise.

La récupération des vieux métiers à tisser de Cone Mills : une aventure épique !

Entre 2017 et 2019, nombre de rumeurs circulent sur la vente de ces métiers à tisser appartenant à Cone Mills.

Eric ne savait donc pas à quoi s'attendre. Pour en avoir le cœur net, il décide tout simplement d'appeler… l'entreprise de démolition qui avait racheté l'usine Cone Mills !

Le fameux métier à tisser Draper X3 au cœur de toutes les convoitises.

Il tombe sur un interlocuteur et lui demande si les métiers à tisser sont encore disponibles. Ce à quoi on lui demande qui il est et qu'est-ce qu'il veut faire de ces métiers à tisser, car il n'est pas le seul à s'y intéresser et d'autres ont essuyé des refus avant lui.

Il réserve donc un vol dans la soirée pour Greensboro, et demande à se rencontrer dans l'endroit où les métiers à tisser sont désormais stockés.

Et là, surprise : on lui répond qu'ils sont toujours là où ils ont toujours été, et qu'ils n'ont pas été déplacés (pour l'instant). Ils sont donc encore chez Cone Mills !

Il arrive sur place et il voit les machines, les fameuses Draper X3, étaient encore là, sous des bâches en plastiques. Certaines machines avaient encore même du denim en cours de tissage. Rien n'avait changé et Eric n'en croyait pas ses yeux.

Eric dira que c'était l'un des moments les plus émouvants de sa carrière. Imaginez un vétéran du denim, face à des métiers à tisser antiques qu'il pensait être perdus à tout jamais…

Il rachète donc ces machines d'un autre temps avec tous les outils et les pièces détachées qui vont avec. Il pousse même le détail jusqu'à racheter le plancher en bois auquel elles étaient fixées depuis toujours, afin de garantir un fonctionnement optimal. En effet, cela permet d'absorber certaines vibrations.

Voilà à quoi ressemble un déchargement d'un métier à tisser antique :

Mais ce n'est pas tout : en plus de rapatrier 46 machines sur 47, Vidalia recrute certains des anciens employés de Cone Mills, car sans eux, rien n'aurait été possible.

Vous pouvez voir ici la remise en marche des machines dans l'usine de Vidalia, un grand moment :

À l’instar des métiers à tisser japonais, ces vieilles machines vont lentement, il faut deux heures pour qu'elles tissent suffisamment de tissu pour un jean, contre cinq minutes pour un métier à tisser moderne à jet d'air.

Ce sont ces métiers qui ont tissé le tissu de notre jean, mais c'est aussi  toute cette aventure et cette passion qu'on a voulu vous transmettre !

Voici quelques images des métiers en action :

En quoi Vidalia est si particulier ?

Ca tient en deux mots : "intégration verticale".

C'est-à-dire qu'ils gèrent tout eux-mêmes, de la bale de coton brut à la toile selvedge qui en sort.

Ils ont publié une très belle vidéo (en anglais) à ce sujet, je vous laisse la découvrir dans leur page "à propos".

Et ça, Vidalia veut le faire de manière responsable.

En plus d'être selvedge tissé aux Etats-Unis, c'est un coton qui a également été cultivé à proximité de l'usine. Jean et sneakers BonneGueule.

Vidalia et la responsabilité environnementale

C'est LE cœur de la proposition de valeur de Vidalia. Ils tiennent à proposer une toile filée et tissée de manière responsable. Voici un aperçu des mesures qu'ils ont mis en place :

  • ils utilisent du coton e3 traçeable et responsable (j'y viens dans un instant-
  • 70% de leur électricité provient de l'énergie hydraulique ?Un chiffre qui peut paraître anodin depuis la France mais qui ne l'est pas tant que ça aux USA où plus de 60% de l'électricité est produite avec du gaz naturel et du charbon., et ils sont en train de finaliser l'installation de panneaux solaires sur leur toit immense,
  • le système de filtration d'eau de leur laverie est en circuit fermé, ils ne rejettent rien,
  • et du coup, ils ont besoin de moins d'eau, car la seule eau perdue est par évaporation quand le tissu sèchen
  • et pour raccourcir encore plus la chaîne d'approvisionnement et réduire leur impact, ils sont en train de créer un champ de coton de 60 hectares juste en face de l'usine.

Etant donné cette approche verticale, ce sont eux qui gèrent complètement leur chaîne d'approvisionnement, avec une "marque" de coton particulière, le e3.

Le coton e3 de BASF

BASF est un groupe de chimie qui a mis au point le coton e3, qui est un ambitieux programme permettant d'avoir une traçabilité complète d'un coton cultivé de manière responsable aux Etats-Unis.

Tout le processus est audité par une tierce partie pour avoir une traçabilité complète, du champ de coton au tisseur.

Voilà les points contrôlés par le programme "cotton e3".

De ce coton, ils fabriquent ensuite eux-mêmes leur propre fil pour le tisser, grâce à ces fameux métiers à tisser Draper X3 précieusement conservés, qui sont là aussi une particularité de Vidalia.

Voici des images de la transformation du coton brut en fil :

La toile de ce jean : un coton selvedge 13,5 oz

Sweat et jean BonneGueule.

Nous avons donc une toile 100 % coton, 13,5 oz.

  • coton cultivé aux USA
  • toile selvedge
  • poids de 13,5 oz
  • tissu délavé, pour faire ressortir le côté "Ivy League" de ce jean

C'est un bleu très particulier, tout en subtilité, où l'indigo se décline dans de nombreuses nuances :

Une toute nouvelle coupe de jean pour notre jean Memphis

Une coupe confortable au bassin et aux cuisses mais légèrement resserrée à la cheville. Sweat, sneakers et jean BonneGueule.

Voilà ce qui me rendait impatient avec jean : vous présenter cette toute nouvelle coupe de jean à laquelle je tiens beaucoup.

On la voulait confortable sans être trop droite, avec un bassin où il y a de l'aisance, et une jambe légèrement resserrée.

On a voulu une coupe confortable et très intemporelle. Sweat, sneakers et jean BonneGueule.

Pour résumer, c'est une coupe qui a :

  • le confort de notre modèle Renji au niveau bassin et des cuisses
  • une jambe plus resserrée que le Renji…
  • … mais une jambe moins resserrée que nos autres jeans habituels

Bref, le but était de faire une coupe qui rassemblait le meilleur des deux mondes.

Pour vous donner un ordre d'idée, voyons les différences dans les mesures en détail pour une taille 32

Ouverture de jambe

  • Renji (notre jean le plus droit) : 20 cm
  • Memphis : 18,8 cm
  • Alberto (notre coupe ajustée que vous connaissez bien) : 17,1 cm

Demi-tour cuisse

  • Renji (notre jean le plus droit) : 33 cm
  • Memphis : 32 cm
  • Alberto (notre coupe ajustée que vous connaissez bien) : 31,5 cm

Mollet

  • Renji (notre jean le plus droit) : 22,5 cm
  • Memphis : 21,4 cm
  • Alberto (notre coupe ajustée que vous connaissez bien) : 20,4 cm

Longueur de braguette

(une mesure importante, car elle influe beaucoup sur le côté visuel "Ivy league" de ce jean)

  • Renji (notre jean le plus droit) : 15,5 cm
  • Memphis : 16,5 cm
  • Alberto (notre coupe ajustée que vous connaissez bien) : 14 cm

Un autre angle où on se rend bien compte du confort au niveau cuisses et de la jambe légèrement resserrée par rapport à notre Renji. Sweat, sneakers et jean BonneGueule.

Le guide des tailles

Et dans la foulée, cliquez ici pour voir le guide des tailles.

Comment se procurer ce jean et nos autres nouveautés (inspirées des U.S.A.) ?

Rendez-vous sur notre e-shop ou dans nos boutiques de Paris 3eParis 6eLyonBordeaux et Lille.

Nos dernierslooks

Laissez nous un commentaire

Questions de styles, points de vue perso, bons plans à partager ? Nous validons ton commentaire et te répondons en quelques heures