Le blouson d’été « camel ensoleillé » BonneGueule X A.B.C.L. Garments
Chaque été, depuis quelques années déjà, je me fais la même réflexion...
Dès que la température grimpe, le style descend ! On a l'impression de ne plus pouvoir faire de tenues vraiment intéressantes.
Et le problème ne vient pas des pantalons, des chemises ou des tees : ce sont tous des options estivales tout à fait convenables.
Non, le problème en été, c’est qu’il manque souvent une couche. Une des plus importantes pour enrichir la tenue : l’outerwear.
Et pour cause : il est vraiment difficile de trouver une veste vraiment légère, que l’on puisse porter par 25, 26° par-dessus un tee-shirt ou une chemise.

Beau, léger et décontracté. Voilà ce qu'il vous faut en été. (On parle du blouson hein, pas de Mattia)
Faites un tour sur un e-shop, au hasard, et dites-moi ce que vous trouvez : vous verrez que ce sont presque exclusivement des vestes de mi-saison, pensées pour être coupe vent, protéger des averses, isoler un peu...
Mais jamais vraiment pensées pour être portées par temps chaud.
En fait, les seuls produits qui répondent à ma demande sont des produits sartoriaux : blazers légers, costumes d’été non doublés… C'est normal, car le style sartorial tient ses racines d'une époque où l'on aurait rarement vu un homme sortir uniquement en chemise (et encore moins en tee-shirt, considéré comme un 'maillot de corps') Et c’est super, j'adore ces pièces.
Mais qu’est-ce qu’on fait quand on veut une tenue vraiment casual ? On a le choix entre mourir de chaud ou enfiler un blazer.
Et à ça, je répondrais que j'ai quelques raisons de penser que ça n'est pas suffisant. Pourquoi ?
#1 Pour le style
Déjà parce qu'une tenue avec une seule couche en haut, ce n'est pas ce qu’il y a de plus excitant côté style. Le tee-shirt blanc sans rien d’autre, quand on a le physique de Marlon Brando à l'époque, ça peut être super. Mais en réalité, ce n'est pas vraiment grâce au tee-shirt que ça marche...

Stylé avec juste un tee uni, sans rien d'autre ? Sans les poses exagérées, la mise en scène, la lumière, la musculature, et le faciès légendaire de l'acteur, rien n'est moins sûr...
Quant à la chemise seule, ça habille certes un peu plus la silhouette, mais je suis sûr que beaucoup d'entre vous perçoivent les limites d'un look qui n'est composé que d'un haut, d'un pantalon et de chaussures. C'est d'ailleurs à cause de ça que chaque année, vers la fin de l'été, je me mets à attendre l'automne avec impatience : pour pouvoir porter à nouveau blousons, vestes, trenchs et manteaux...
Bref, ce qu'on veut c'est pouvoir habiller la tenue même s'il fait chaud !
#2 Parce que c'est pratique
Ensuite, être en tee-shirt la journée c'est bien, mais ça vous prend au dépourvu si la soirée se rafraîchit. Ce serait bien d'avoir quelque chose d'agréable quand il fait chaud, que l'on peut ensuite fermer quand il fait plus frais, non ?
Et enfin, le pire selon moi… LE PIRE… C'est l'absence des poches. Où est-ce que je range mon portefeuille, mon portable, mes clés et mes écouteurs ?
“Haha, aucun problème, mets-les dans les poches de ton pantalon”
Mauvaise idée, à mon avis...

Mattia : "Et tu vois, là tu as même la place pour ranger un journal si tu en as envie !" Nicolò : "Ahhhh ! Bah voilà !"
C’est dommage de choisir de beaux pantalons bien coupés, dans de super matières, pour ensuite se retrouver avec des poches boursouflées, non ? Sans parler de l’usure rapide que cela leur inflige.
Il faut répartir ses effets personnels dans des espaces appropriés, pas bourrer vos poches comme le tambour de votre machine à laver avec deux semaines de linge sale !
C’est pour toutes ces raisons qu'est née la pièce que je vais vous présenter : notre blouson d’été BonneGueule x A.B.C.L.
La naissance d'une pièce
Après avoir convaincu Benoît et Julien d’explorer cette idée, on s’est mis à la tâche. Et parce que je croyais dur comme fer à ce projet, Benoît a décidé de me le confier. C'était la première pièce sur laquelle je travaillais ! A ce moment-là, ce n'était donc pas encore une collaboration.
J’avais déjà trois idées en tête : la matière, la couleur et surtout, une construction déstructurée, sans doublure !
Ce que je vous propose, c'est donc de suivre les étapes qui ont mené, peu à peu, à l'aboutissement de ce blouson.
Et si vous êtes vraiment pressés, je vous raconte tout en vidéo.
Première étape : trouver la matière
Le sable doré sous le ciel azur
Pour la couleur, j’avais une source d’inspiration en tête et je n'arrivais pas à m’en défaire : un beige lumineux. Pas un beige “neutre”, ni un marron clair. Une sorte de "camel ensoleillé" en fait.

Voilà le genre d'image que j'avais en tête pour la couleur !
Et, dans ma tête, c'est vraiment une couleur qui marche en été, comme complément aux bleus chatoyants que l'on porte souvent dans les tenues estivales. Un peu comme le sable jaune à côté de la mer, et du ciel azur quand il n’y a aucun nuage.

Le fameux combo de couleur et de texture. Juste ici, le blouson est mis côte à côte avec la chemise popover de cette semaine, qui lui répond particulièrement bien.
Une autre idée qui m'a inspiré est une pièce de chez nous... le camel coat !
C’est une des premières pièces fortes de l’histoire de BonneGueule ! J’ai toujours adoré sa couleur chinée et singulière, sa façon de réagir à la lumière. Et je voulais vraiment voir ce que donnerait une version estivale de cette couleur.

Un camel ensoleillé... Voilà ce qu'il fallait ! Regardez comme la ramie crée un effet duveteux sur une matière pourtant très estivale.
Des petites dunes ondulées et lumineuses
Pour la matière, je voulais quelque chose d’aéré, à l’aspect légèrement froissé.
Un mélange coton-lin par exemple...
Il fallait quelque chose de rustique, à la fois robuste et décontracté.
Je voulais une matière que vous n’auriez pas peur de poser sur le sable, à la plage, pour vous asseoir dessus. Et assez épaisse pour se tenir et donner un peu de structure à la veste, mais très aérée et respirante.
Et après un peu de recherche, Julien m'a sorti ce tissu d'un fournisseur japonais peu connu... Et j'ai tout de suite su que ce serait celui-là. Il avait la luminosité que je recherchais grâce à son aspect chiné. Et en même temps, un aspect irrégulier, froissé, encore plus convaincant que ce que j'imaginais.
Le comble, c'est que la texture me rappelait justement cette image de petites vaguelettes qui parcourent le sable fin.

Ce tissu me rappelait des dunes de sable, et cet aspect naturellement froissé fleurait bon l'aventure et les vacances.
Seul problème : il n'était pas encore dans le coloris que je voulais, mais dans une couleur "sable" plus désaturée…
Et après quelques essais, on a retrouvé ce “camel ensoleillé” que je cherchais. C'est donc un coloris développé exclusivement pour BonneGueule.
Un tissu Lin-Ramie de chez Shibaya, tisseur centenaire
Plus confidentiel que certains "grands" japonais tels Maruwa ou Kuwamura, Shibaya est un tisseur nippon situé dans la région d’Osaka.
Mais si elle est moins médiatisée que d'autres, l'entreprise a largement pu développer son expertise textile en 112 ans d'existence.
Nous y avons trouvé de nombreux tissus à la créativité indéniable, avec une belle maîtrise des mélanges de fibres, y compris plus rares.
Il ne serait donc pas étonnant que vous voyiez d'autre pièces BonneGueule réalisées dans leurs tissus à l'avenir... 😉
La composition de ce tissu est donc à 50% en lin et à 50% en ramie. Les fibres sont cultivées en Chine, filées transformées en fil au Japon et tissées au Japon également.
Côté poids, la légèreté est assurée à 245gr/m2. Surtout grâce aux propriétés de ces deux fibres.
La ramie, c'est quoi ?
Vous connaissez le coton, et à force de nous lire, vous connaissez sûrement le lin sur le bout des doigts. Mais quid de la ramie ?

Ça, c'est l'ortie de Chine, aussi appelée ramie !
Appelée aussi "ortie de Chine" D'où sa provenance !, c'est une fibre qui est rare aujourd'hui sur le marché, plutôt associée au haut de gamme.
Pourtant, il s’agit d’une des fibres textiles les plus anciennes, puisqu'on en aurait commencé l'exploitation il y a 6000 ans !
Cette plante semblable à une ortie dispose des propriétés assimilables à celle du lin : robustesse, légèreté, respirabilité, et évacuation de l'humidité.
Et comme le lin, son apparence confère au tissu une texture irrégulière comme on les aime.
Ce mélange lin-ramie est cependant doté d'une main et d'une douceur assez surprenantes, que l'on n'attendrait pas sur un tissu aussi irrégulier. Et c'est parfait puisque cette veste, entièrement non doublée, doit pouvoir être portée au contact même de vos bras.
Qui plus est, j'ai l'impression Cela reste à confirmer, je dois vous dire que même nous, chez BonneGueule, ne croisons pas souvent cette fibre ! que les tissus en ramie sont encore plus lumineux que les purs lins.
D'ailleurs, on ne l'a travaillée qu'une seule fois chez BonneGueule, mais dans un pourcentage bien plus faible : sur notre première chemise en chambray japonais.
Deuxième étape : lui donner forme
On a envisagé de nombreuses formes de veste : veste de travail, harrington jacket, blouson inspiré de la moto…

Pour une fois, notre processus de développement s'est fait un peu à l'envers : on est d'abord partis d'un concept et d'un besoin, pour arriver à un choix de matière. Ce n'est qu'après que nous avons exploré différents designs.
On avait quelques idées, mais il fallait vraiment retenir celle qui ferait le design du blouson qui vous accompagnerait tout l’été !
Un ami rejoint l'aventure
Et justement à ce moment-là, Mattia, le fondateur d’A.B.C.L. Garments, passait nous rendre visite à Paris.
Après une première collaboration qui nous avait apporté la plus grande satisfaction, il était peut-être question d'en faire une seconde… Mais on ne savait pas encore sur quelle pièce.
Alors, on a organisé une petite réunion, autour d'une table, regardé des carnets de matières, discuté... Et tandis qu'on se creusait la tête, Julien, Mattia et moi, une idée nous vient...
Ce blouson, c’était l’opportunité parfaite !
A.B.C.L. avait assez peu d’outerwear jusqu’ici, donc c’était l’occasion pour Mattia de relever un challenge.
Et pour nous, d'avoir une patte stylistique différente, qui apporte de la variété à notre offre.
Et puis en vrai, on avait envie de collaborer à nouveau, parce que Mattia, franchement, c’est un gars cool.
Sacré Mattia...
C’est quelqu’un avec qui j’ai tout de suite accroché. Déjà parce que c’est génial de rencontrer une personne avec laquelle on partage la même passion, une certaine vision commune du vêtement, comme l'intemporalité des pièces, l'amour des matières naturelles et des tissus japonais...
Et puis, faut dire que c’est encore plus agréable pour moi de pouvoir partager ça en italien.

Mattia est décontracté, chaleureux, et il a beaucoup de goût..."Cool" , c'est le mot non ?
Ensuite, parce que c’est quelqu’un de vraiment tourné vers les autres, de chaleureux et de très généreux. Petite anecdote : lorsque l'équipe vidéo est arrivée à Venise pour le shooting, on m'a dit que Mattia s'était quasiment mis en colère parce qu'ils ont voulu payer le restaurant... Quand vous venez chez lui, c'est quelqu'un qui tient à vous inviter, à donner, partager. Et c'est non négociable. C'est dans sa nature.
Mais quand je parle de générosité, c’est au sens large. Généreux par son écoute, par son envie de mettre les autres à l’aise, par l’attention qu’il porte à toutes les personnes qu’il rencontre.
Vous voulez un exemple tout anodin, mais révélateur ?
Quand Jordan et moi sommes allés le voir au Pitti cet hiver, Mattia tenait son stand A.B.C.L., avec des pièces pas encore sorties.
On venait tout juste de parler à quelques créateurs très méfiants quant au fait qu’on prenne des photos : beaucoup craignent de perdre l'effet de surprise de leurs collections, mais aussi une certaine forme d'espionnage industriel et de copie.

C'est avec une grande gentillesse que Mattia nous a accueillis dans son atelier pendant le shooting. Ce n'est pas forcément l'image que l'on se ferait d'un créateur de mode, mais c'est quelqu'un d'assez timide et réservé. C'est d'ailleurs une des choses qui l'ont poussé à s'éloigner du métier de mannequin avec lequel il avait démarré sa carrière.
Alors, par respect, je vais voir Mattia et je lui demande : "Excuse-moi, tu crois qu’on pourrait prendre des photos de tes pièces pour notre fil Twitter ?”.
Et là, il se tourne face à moi, il met ses deux mains sur mes épaules, et il me dit avec son plus grand sourire “Nicolò, toi, ici, tu peux faire absolument ce que tu veux”.
Oui. Ce genre d'attitude, ça ne s'invente pas... Un gars cool, c'est le moins que l'on puisse dire.
La patte A.B.C.L.
En tant que créateur, c’est quelqu’un qui a un goût très sûr, très juste. Il fait jamais rien d’extravagant et de choquant. Par contre il se prend vraiment la tête sur l’harmonie des proportions, le placement des poches, les détails…
C’est assez fascinant de le voir travailler avec ses morceaux de papier qu’il découpe, replace, re-découpe... Au fil de prototypes, je ressentais une certaine fierté à voir la pièce prendre vie.

C'est à l'aide de ces morceaux de papier que Mattia se repère sur les pièces et les modifie, et donne vie aux détails.
Les poches "d'ispirazione militare"
L'idée centrale que Mattia a apportée à cette pièce, c’est cette forme de poche. Il fallait quelque chose de vraiment fonctionnel, pour stocker tous les machins qu’on se trimballe dans la journée.
Quand je l'ai interviewé chez lui, il a insisté sur l'importance de l'inspiration militaire dans le vestiaire masculin : c'est peut-être là que l'on trouve le plus de détails à la fois beaux, authentiques et pratiques.
Ici, leur côté oversized reprend un peu l'idée de "poche cargo" pour les pantalons du même nom : la taille permet d'y ranger en vrac un portefeuille, votre portable, votre passeport, vos clés...
Malgré tout, le fait que les rabats soient inclinés me rappelle les rabats des vestes de costume à l'anglaise, ce qui leur confère une certaine élégance.

Il y a eu pas mal de boulot sur ces poches : trouver la bonne taille pour garder le côté "oversized" sans être disproportionné. Choisir d'y mettre un bouton, deux, ou aucun... En l'occurrence, l'unique bouton combiné à l'inclinaison des rabats permet de garder vos objets à l'abri même si vous sautez, ou courez.
La "poche journal" signature
C'est une poche que Mattia a utilisée sur d'autres pièces et qui reflète parfaitement sa vision du vêtement : une poche intérieure, large et plate, juste pour y ranger le journal. Comme il le dit si bien :
"Tu prends ton journal, tu t'assois en terrasse, tu prends 10 minutes pour te déconnecter du monde et te détendre. Et quand tu as fini ton café, tu le ranges, tu repars avec et tu continues ta journée !"
Bien sûr, ça marche aussi avec un livre de poche ou vos lunettes de soleil si besoin.

On n'a jamais trop de poches : demandez aux femmes, elles vous diront à quel point elles sont lasses des vêtements féminins qui en sont dépourvus. Alors mettez-y le journal. Ou ce que vous voulez. Et profitez.
Par expérience, ce genre de poches est beaucoup plus utile qu'on ne le croit.
On finit par y ranger tout ce qui nous encombre les mains : une petite bouteille d'eau quand vous vous baladez au soleil pour avoir les mains libres quelques minutes, un carnet de dessin, vos billets de train...
C'est comme avoir un mini totebag caché dans votre veste, en fait.
Des boutons en corne "ensoleillée"
Comme souvent sur nos pièces, les boutons sont en corne. Ceux-ci proviennent d'un fournisseur italien avec lequel Mattia travaille régulièrement. Mais ils ont une petite particularité...
En plus de leur bel aspect mat, ils sont soigneusement sélectionnés pour qu'ils aient tous une nuance claire qui traverse le centre du bouton.
Comme un petit rayon de soleil justement !

Lorsque nous en avions discuté au Pitti, j'étais surpris d'apprendre qu'il pouvait demander un tel critère de sélection à son fournisseur, puisque cette nuance est totalement aléatoire dans la corne de l'animal.
Bref, quand je vous dis qu'il est un peu dingue sur le sens du détail...
Des poignets chemise
Détail simple mais important, mais ces poignets permettent d'ouvrir ou de fermer les manches afin de les roulotter si vous voulez avoir les bras à l'air !

Ces poignets chemise sont aussi très simples à retoucher en longueur.
Soigné jusqu'à l'étiquette
Vous savez que vous êtes sur du haut de gamme quand même l'étiquette est agréable à regarder. La texture de celle-ci complète celle du tissu, l'impression des lettres rappelle le passage du temps et la philosophie wabi-sabi qui se dégage du travail des matières japonaises...
Pour être honnête, si j'avais pensé la pièce tout seul, c'est le genre de choses auxquelles je n'aurais jamais pensé.

Le surnom que Mattia a donné à ce blouson c'est "Yūjō", pour "amitié" en japonais. Tope-là, Mattia !
"Au fait, c'est fait où ?"
La fabrication de ce blouson est entièrement italienne !
Comme c'est une collaboration, elle passe par les ateliers d'A.B.C.L., dont vous connaissez déjà l'excellence du travail sur les détails, les coutures et le patronage.
Et en tant que franco-italien, je suis ravi que nous participions à la valorisation d'un tel savoir-faire.

Le col chemise du blouson ! Comme la matière est très souple, n'oubliez pas de lui donner un petit coup de repassage de temps à autres pour qu'il tombe aussi bien qu'en photo.
On n'y pense pas forcément, mais une fabrication plus impeccable encore que d'habitude était nécéssaire au concept même de la pièce : puisqu'elle est entièrement non-doublée pour respirer, tout le travail de couture est mis à nu et se doit d'être des plus soignés !

Les emmanchures sont dotées de discrètes ganses blanches qui assurent la propreté du rendu.
Les petites hésitations
Maintenant que l'on vous a montré le produit "tout beau, tout fini", j'ai envie de révéler l'envers du décor.
Car il y a eu quatre prototypes au total pour ce blouson, qui visaient à modifier la forme, la coupe, les détails et même la couleur...
Alors j'aimerais vous plonger, vous aussi, dans le processus de développement et vous montrer les pistes que l'on avait explorées pour finir par ne pas les retenir.
Ces petits "problèmes" à résoudre, c'est sûrement ce qu'il y a de plus intéressant à vivre dans la création d'une pièce.
Poche en doublure, ou poche en tissu ?
On avait pensé faire la poche intérieure dans une doublure en chambray lumineux. L'idée était de rendre la pièce un peu plus "décorée".
Mais la doublure aurait été trop fragile pour un usage régulier sur une poche aussi grande. On l'a donc faite dans le tissu principal.

Sur cet ancien prototype, il est écrit en italien : "Faire la poche dans tissu le principal !"
La bonne longueur
Il y a eu aussi débat sur la bonne longueur du blouson. Car un blouson, c'est par définition assez court. Mais son côté fluide lui donne une allure assez hybride.
Plus long et il aurait plus viré à la veste de travail ou à la surchemise. Plus court et les physiques un peu plus élancés auraient pu être réticents à le porter.

Sur ce prototype, vous pouvez voir que le bas, initialement dénué de coutures, a été modifié pour évoquer une démarcation, un peu plus évocatrice d'un blouson.
Col original ou col classique ?
Enfin, pour le col, il y a eu un moment où l'on avait hésité avec un col un peu plus original, dont les coins auraient été coupés pour avoir l'air carré.
Finalement, nous avons fait le choix d'un col chemise plus classique, qui est plus en phase avec la philosophie de design intemporel de Mattia.

Le concept de départ de ce col était de rappeler le côté anguleux des poches. L'idée était intéressante, mais rendait la pièce un peu trop marquée. Le scotch a servi a modeler la pointe qui représentait le résultat final désiré.
Avec quoi porter ce blouson ?
Vous l'avez compris, j'ai une préférence personnelle très marquée pour la combinaison de cette couleur avec du bleu.
N'importe quel bleu ! Du navy plus foncé si vous voulez un contraste très fort, ou au contraire des bleus très pâles si vous voulez vous la jouer "vêtu de lumière".

Ici, un exemple avec une chemise bleue pâle pour accentuer encore plus le côté lumineux du blouson. (Jogpant BonneGueule, prototype de chemise BonneGueule)
Mais ce n'est pas la seule option, bien au contraire ! Pour ce shooting, Jordan qui était en charge du stylisme vous a proposé deux tenues plutôt basées sur l'agencement de tons neutres clairs. Qui vont particulièrement bien à Mattia, il faut le dire !
De blanc à camel
Vous commencez à connaître cette petite technique. Un dégradé de couleurs neutres, facilement exécuté en allant du plus clair en bas au plus foncé en haut.

Jogpant BonneGueule, sneakers Converse, sac vintage (propriété de Mattia)
"Allez viens, on va prendre un verre !"
Rien de compliqué dans cette petite tenue. Et tant mieux d'ailleurs : juste un tee-shirt, un jean de belles sandales.
Choisissez de bons basiques, dans de jolies matières, mettez une pièce un peu plus travaillée dessus et vous êtes prêts ! Il n'y a pas toujours besoin de réfléchir.
C'est d'ailleurs pour vous permettre d'avoir ça en été aussi que ce blouson a été créé.

Jean blanc BonneGueule, sandales Paraboot, tee-shirt "classé confidentiel".
Le mot de la fin
Ce blouson, c’est la première pièce sur laquelle j’ai vraiment travaillé.
Bien sûr, cela faisait un certain temps que Benoît et Julien sollicitaient mon aide ou mon avis sur nos sorties, de temps en temps. Mais cette fois, c'était différent !
Et comme toutes les premières expériences, celle-ci m'a affecté de façon assez durable : elle a changé un peu ma vision de l'habillement et mes préférences. Jusqu'ici, j'avais plutôt pris le parti de dire que le beau devait primer sur le reste et que l'aspect pratique ou confortable n'était qu'un "bonus".

"Franchement Mattia, viens on fait une TROISIEME collab' ? Avec des matières de folie et tout !"
Eh bien, après ce temps passé avec Mattia, je crois bien que j'ai remis la fonctionnalité au même niveau que l’esthétique dans le vêtement. Et ça, ce n'est pas rien !

Jordan et moi passons un moment de détente avec Mattia et ses amis, sur le toit de son atelier. Après une longue journée de shooting, c'était bien mérité ! Même s'il faisait moins beau que ce que l'on espérait, le soleil était dans les sourires. (Sauf pour Jordan qui semble avoir mangé un citron)
Comment se procurer ce blouson et nos autres nouveautés ?
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