La mode en Chine : BG.fr et le Lotus Bleu

6 min

La mode en Chine : BG.fr et le Lotus Bleu

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Publié le : 14 septembre 2011Mis à jour le : 5 septembre 2014

Valery (que vous connaissez pour ses excellentes chroniques sur la mode coréenne) était cet été en Chine. Visite à 360 de ce que la capitale chinoise peut vous offrir en terme d'opportunités stylistiques : L'arrivée en Chine est au premier abord déconcertante d'un point de vue vestimentaire...

Crédit photo: Accidental Chinese Hipsters

La mode chinoise vue de la rue

Même si montrer qu'on a une bonne bedaine est symbole d'opulence et de statut social (le mec sur la photo a donc +10 en charisme et +20 en séduction), la mode en Chine a tendance a adopter des critères plus occidentaux. Cependant, elle n’est globalement pas un sujet de préoccupation pour les ¾ des pékinois. Et quand on a un salaire moyen de 5000 yuan par mois (500 euros), ça peut se comprendre. C’est seulement chez les étudiants et jeunes adultes que les basiques d’une tenue sont parfois respectés (proportions, couleurs, fit). Le confort joue aussi : en été avec en moyenne 35 degrés, une humidité et une pollution oppressante, on en devient tout de suite légèrement moins scandalisé de voir des crocs à tous les coins de rue. Avec cette moiteur, on valorise d'autant moins les belles chaussures, et il devient tout aussi difficile de porter des superpositions (layering). La mode chinoise est un peu à l’image de sa culture actuelle : en manque de repère entre des influences occidentales, japonaises et coréennes. Certains pékinois tentent des coiffures et des colorations exhubérantes comme les japonais et portent comme les coréens de l’archi-cintré faussement décontracté. Pourtant, la garde-robe est la même que chez nous : tee shirts, pantalons, shorts etc... mais c’est bien là que le démesurément clinquant et la trop forte volonté d’imiter les autres gâchent tout. La contrefaçon est très présente : Pékin regorge de marchés, fréquentés par pas mal d’expatriés, remplis de fake polos Ralph Lauren, Abercrombie, tee-shirts Diesel et d’une quantité d’autres banalités overpricées que même en original on se garderait de toucher... même avec un bâton.

Crédit photo: Telerama.fr

Les marchés de contrefaçon

C’est ce que vous trouverez en tout cas au Yashow market, au Silk market et au Pearl market : les trois malls pékinois les plus connus des expats. Une profonde perte de temps car on vous proposera des prix ridiculement élevés, pour la Chine, pour des articles sans intérêt , sous prétexte de la présence de la griffe contrefaite: "Authentic Ralph Lauren sir ! Top quality ! And just for you because you are my friend, only 500 yuan ! " (50 euros) Cette contrefaçon plus ou moins fidèles aux originaux, de visu, n’est que la face visible de l’iceberg. Dès lors qu’on s’aventure dans des marchés moins connus, on en trouve des choses plus étonnantes sous la forme d’une quantité de tee-shirts graphiques. Au premier abord beaux et bien coupés et vendus pour une bouchée de pain (entre 3 et 5 euros). Le souci ? Sur un imprimé un peu potable, on trouvera souvent un beau logo Prada, Burberry, Dior et même indistinctement Puma fait de paillettes, clous, denim, j’en passe et des meilleures.

Do you speak Perroquet ?

En plus de cette preuve évidente de "sobriété", on trouvera souvent des lignes de textes en anglais, comptant une devise qui ne veut rien dire... ou un empilement de mots sans aucun sens. Pêle mêle j’aurai vu des « I love livingness » ou encore un tee shirt porté avec fierté avec des mots comme « Choux fleurs », « fer à repasser » et « perroquet » éparpillés de part et d’autre. Les devises des tee-shirts n’ont aussi souvent rien à voir avec leur porteur : un énorme pékinois, 1M90, 85Kg crâne rasé, avec un tee-shirt rose proclamant «Put on your dance shoes ». Bref, à méditer si vous avez des vêtements avec des signes asiatiques.

Mais alors, que garder de la mode chinoise ?

La plupart des chinois bien habillés que j’ai vu jouaient la sobriété : tee bien coupé unis avec un col un peu évasé et des coutures subtiles, short, chino ou jean bien coupé, et baskets en toile. Un combo qui marchait bien en septembre : tee blanc uni ou au graphique bien choisi, chino beige, sneakers montantes foncées (quasiment absentes en juillet avec la chaleur) ou sneakers basses bien colorées. Quelles étaient les pistes en été pour jouer sur la sobriété à Pékin avec 35 degrés bien étouffants ? Etant particulièrement sensible à la chaleur, j’ai voulu faire d’une pierre deux coups et après m’être perdu dans les fakes, je me suis rendu à Uniqlo (quartier des ambassade de Sanlitun). L’Uniqlo local est environ 30 à 40% moins cher que celui d’Opéra : vous pourrez y trouver pour environ 6 euros des tee shirts col V et col rond légers et bien coupés dans la gamme Silk Dry beaucoup plus confortables que les tee-shirts en coton de base. Cette technologie Dry existe aussi pour les caleçons et les soquettes, ce qui lors des pics de chaleur à 40 degrés n’est franchement pas négligeable. Vous trouverez aussi quelques chinos et pantalons en lin pour 15-20 euros.

Le sur-mesure à Pékin

Si vous voulez sortir, il vous faudra des chemises. C’est là qu’être à Pékin va vous servir grâce à sa pléthore de tailleurs « sur-mesure » (en réalité c’est quasiment toujours de la demi-mesure). La plupart des expatriés vont à « Jessica Tailor », situé au deuxième étage du Yashow market. Les endroits fréquentés uniquement par les expats sont souvent synonymes d'attrape-touristes et de prestations overpricées. Ici, ça s'explique par le fait que les chinois valorisent énormément le port d'une marque, et ne sont donc pas intéressés par des tailleurs no name. Les prix sont extrêmement compétitifs : 12 euros la chemise en coton, 18 euros la chemise en lin, 30 euros le pantalon en lin et environ 70-80 euros le costume. Seule contrainte ? Avoir une idée extrêmement précise de ce qu’on veut, parfois au centimètre près, et ne pas hésiter à l’imposer contre l’avis des tailleurs. Beaucoup de matière sont sans intérêt, du fait de leur qualité ou de leur motif et la conception d'une bonne coupe peut parfois diverger. Des catalogues sont disponibles pour chercher l'inspiration, mais il faut aimer le style La Redoute/ 3 Suisses Les possibilités de personnalisation sont bonnes : on peut faire refaire un vêtement avec les tissus disponibles (je me mords les doigts de ne pas avoir emporté quelques chemises bien coupées) et le choix de couleur est plutôt vaste. J’ai fait faire un pantalon en velours côtelé à partir d’un APC New Standard et la coupe est parfaitement reproduite, les finitions étant perfectibles (deux trois fils qui pendent par ci par là, mais rien de rédhibitoire). Les coutures du New Standard sont plutôt bien imitées, même si la qualité des finitions est à revoir: Autre exemple: un pantalon en lin, qui m'a bien été pratique pour supporter l'été sans pour autant toujours me ballader en short. Celui-ci a été fait selon un pantalon H&M dont les coutures ont encore une fois été plutôt bien reproduites. Si vous voulez absolument un tee-shirt graphique, car certains sont vraiment très beaux et dépourvus des travers que j’ai cité précédemment, il vous faudra fouiller sûrement des heures dans des marchés de 16 étage de 150m² chacun comme le Tianle Market, situé en face du zoo. Vous pourrez vraiment trouver des perles qu’on vous enviera en France... avec de la persévérance Au Tianle Market, tout s'achète pour une bouchée de pain: les tee-shirts sont à 3 euros et les chiots à 7 euros, soit le prix d'un poulet rôti. "Coincidence ? Je ne crois pas" pourraient dire les mauvaises langues. Beaucoup de contrefaçons encore pour les chaussures: par exemple les Musa de Paul Smith ou des chaussures bateaux de Louis Vuitton. Vous pouvez vous permettre de ne pas être vraiment sélectif, si par exemple vous cherchez de simples chaussures en toile histoire de subir un peu moins la chaleur locale. Par contre, si vous cherchez de la qualité en chaussure, il vous faudra comme pour les tee-shirts trier le grain de l’ivraie . Au Tianle market, rendez-vous au B1, dans le batiment C, qui propose des stands remplis de vêtements coréens, comme ceux qu’on peut trouver sur YesStyle ou Zinif parmi lesquels un shop (dont j’ai malheureusement oublié de noter la référence) avec des brogues d’un rapport qualité prix exceptionnel (20 euros).

J’ai eu la chance de trouver une très bonne paire au Wudaokou market : des derby en daim bleu electrique avec des coutures fiables et une semelle en cuir de bonne facture, le tout pour 18 euros. Sur ce marché d’une quinzaine de stands de chaussures, proposant chacun une quarantaine de modèles, il y avait à tout casser une dizaine de modèles intéressants.

Dès qu'on s'éloigne du fake grossier, tout va mieux.

C'est ce que je me suis dit après avoir acheté ces deux pompes sûrement bien inspirées d'un obscur lookbook, mais moins grossières que le polo Ralph Lauren du coin. C'est aussi ce que j'ai remarqué en me rendant à une boutique de tee-shirts graphiques à Shanghai intitulée LU96. "Integrating Chinese traditional culture into forms of modern life." Stylé à l'ouest mais fidèle à l'est: c'est leur crédo, difficile de mieux le résumer.. et si les autres créateurs chinois y arrivent aussi bien : ça risque de devenir intéressant dans les prochaines années.

Pas chers (10 euros) et bien coupés (perso je découpe juste le col le rendre plus évasé).

On peut également les commander en ligne sur http://www.lu96.com/

Je n'ai personnellement pas encore essayé et je ne connais pas les frais de port, tenez moi au courant si vous vous lancez.

A bientôt, Valery

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