Test : HOMECORE, l’essence même du streetwear

6 min

Test : HOMECORE, l’essence même du streetwear

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Publié le : 12 décembre 2013Mis à jour le : 30 décembre 2015

On a déjà évoqué l’évolution du streetwear vers un style plus sobre et citadin avec une montée en gamme des collections. Parmi toutes les marques historiques ayant participé à l'éclosion de ce mouvement, rares sont celles encore présentes aujourd’hui. C'est pourtant le cas de Homecore, une marque qui a redéfini bien avant tout le monde la silhouette streetwear.

Derrière la marque Homecore, un homme : Alexandre Guarneri

L’histoire de la marque Homecore est intimement liée à celle de son fondateur, Alexandre Guarneri, et sa manière d'appréhender la vie. C'est à l'âge de 15 ans qu'il découvre le hip-hop par l’intermédiaire d’un ami de son frère. Une vraie révélation pour Alexandre qui prend une « claque » et se met de suite à fréquenter les Zulu Parties du Bataclan.

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La Zulu Nation est une organisation créée à New York en 1973 par le DJ américain Afrika Bambaataa. Elle vise à promouvoir, loin des clichés véhiculés par le gangsta rap (grosses chaînes en or, filles dénudées et gros flingues), les vraies valeurs du hip-hop (le respect, la discipline, le dépassement de soi…) via les disciplines comme la danse, la musique ou encore le graffiti. L’objectif est d’éloigner au maximum les jeunes de la tentation des gangs en véhiculant un état d’esprit à base d’amour, de paix et d’unité.

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Il commence alors à s’impliquer dans ce mouvement « hip-hop », et s’essaie à la danse mais passe rapidement au tag, une discipline qui lui sert encore aujourd’hui pour dessiner des vêtements. La révélation s’opère au lycée où il décide avec un ami de lancer des séries de tee-shirts sérigraphiés. Il s’associe donc à Steph Cop, qui taguait déjà à l’époque sur des tee-shirts pour filles. En proposant des tee-shirts sérigraphiés, Alexandre vient répondre à un besoin naissant chez tous les amateurs de hip-hop : celui de porter une marque leur permettant de revendiquer leur appartenance à ce mouvement. Jusqu’alors, aucune marque ne proposait des fringues pour les rappeurs/graffeurs… Ces derniers s’habillaient essentiellement avec des marques de sportswear (essentiellement en Adidas et Fila). Alexandre a donc véritablement créé une nouvelle discipline : celle du vêtement et de l’expression de soi par celui-ci. Avant même de capitaliser sur le hip-hop et de gagner de l’argent, les fringues sont pour lui le moyen de faire exister le hip-hop en renforçant son identité.

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Le groupe mythique de rap Run DMC en survêtement Adidas.

Attention, il convient de rappeler que même aux Etats-Unis, très peu de marques proposaient une offre hip-hop. Alexandre fut donc un pionnier dans cette discipline en étant le premier à s’adresser à ce type de clientèle. FUBU n’est arrivée que bien après.

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FUBU, marque emblématique de streetwear, est l'acronyme de "For us, By us".

En parallèle de ses petites séries de teeshirts, Alexandre faisait régulièrement des allers-retours à New York pour ramener des produits et marques introuvables en France à l’époque (des sneakers, du Carhartt, du Manhattan Portage…) qu’il vendait dans une boutique à Châtelet. En effet, il s’était arrangé avec le gérant d’un magasin pour sous-louer une partie de son espace, qu’il avait intitulé « New York Store ».

Les débuts d'Homecore

Cependant, l’aventure « New York Store » et la collaboration avec le gérant du magasin prend fin. Alexandre Guarneri et Steph Cop décident alors de monter leur propre boutique baptisée « Double Source », la seule boutique hip-hop de Paris. Lassés de voir les autres magasins « copier » leur sélection produits, les deux associés n’avaient pas d’autre choix que de lancer leur propre marque pour se distinguer : Homecore est lancée en 1992.

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Le logo Homecore est un centre de gravité qui symbolise l'équilibre et la justesse recherchés pour chaque collection.

Avec cette marque, les deux associés voulaient créer quelque chose de puissant venant de France, d’où le mot « Homecore ». Leur ambition ? Montrer aux Américains qu’ils n’étaient pas les seuls à proposer des vêtements « streetwear ».

L’ESSENCE DE LA MARQUE

La ligne artistique est simple : ils s'inspiraient de ce qui se faisait aux Etats-Unis en affinant la silhouette générale. Le triple XL ? Très peu pour eux. Avant même de voir le style streetwear évoluer, ils proposaient déjà des pièces plus proches du corps. D'ailleurs, Alexandre rejette clairement cette étiquette « streetwear », une terminologie selon lui réductrice.

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Alexandre a été un des premiers à décliner autant de couleurs sur un chino.

Toujours selon lui, le « hip-hop » était devenu un argument marketing et commercial beaucoup trop utilisé dans les années 90 avec la vague de marques comme Com8 (lancée par Joey Starr) ou Bullrot Wear… Une époque où les marques ont caricaturé le mouvement pour le transformer en style « racaille ». Ne se reconnaissant plus dans ce type de « streetwear » beaucoup trop caricatural, il décide de scinder sa marque en deux : Homecore Dynamics (pour les basiques hip-hop) et Homecore pour concrétiser sa propre vision du style streetwear et s'exprimer pleinement (la branche "Dynamics" n'existe plus aujourd'hui).

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Lookbook Homecore de la collection Printemps-Été 2012.

Pour lui, le streetwear est synonyme de liberté. Il va chercher des pièces issues de vestiaires différents pour les réinterpréter à sa manière. Son ambition avec Homecore est de faire « sauter » tous les a priori.

Le test Homecore : parka, chino et chemise

Pour comprendre cet état d’esprit, j’ai décidé de tester trois pièces : une parka, une chemise et un chino. Il sera ainsi plus facile pour vous de vous faire une idée de la silhouette proposée par Homecore. Vous verrez qu'on peut s’habiller en streetwear tout en restant "chic".

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J'ai choisi une parka, une chemise et un chino, que j'ai associés à une paire de Nike Air Max.

La parka Novosibirsk (entre 500 et 550 euros)

C’est LA pièce emblématique de la marque. Elle revient chaque saison avec des détails et finitions différents. Elle est très fonctionnelle et confortable. Au-delà de ces deux aspects, je trouve que c’est une pièce très élégante qui s’intègre facilement à tout type de tenue. Quel que soit votre style de base, vous n’aurez donc aucun problème à construire des silhouettes avec. C’est une pièce que je considère « sans risque ».

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Fermée, la Novorsibirsk sera votre meilleure amie pour l'hiver.

Et heureusement, c’est une pièce qui tient bien chaud ! En effet, je suis à chaque fois impressionné par la sensation d’isolation quand je la porte. La doublure est 100% coton et la garniture est constituée à 80% de duvet et 20% de plume. La toile enduite (100% coton) assure quant à elle une excellente imperméabilité.

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La parka se ferme avec un zip et des boutons en corozo (une noix d’Amérique du Sud).

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Les bords-côtes au niveau des poignets assurent une isolation optimale.

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Les nombreuses poches (avec bouton ou zip) à l'intérieur de la parka vous permettront de glisser portefeuille, téléphone, écouteurs... pratique !

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La capuche est en sherpa (les pattes de resserrage sont bien pratiques pour la serrer en cas de grand froid).

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L'emmanchure est très bien placée et laisse une grande aisance au niveau des bras.

La chemise Tokyo (110 euros)

Comme toutes les chemises de la marque, la Tokyo est en coton italien. Elle est cintrée et se porte facilement avec un jean brut ou un chino pour un look casual - propre. Etant assez courte, je vous conseille de la porter en dehors du pantalon. Elle est "button down", c'est à dire qu'il y a deux petits boutons au niveau du col : n'oubliez pas de les boutonner !

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Vous pouvez aussi la porter boutonnée jusqu'en haut.

J’apprécie les détails qui apportent un twist intéressant : imprimé sur les manches retournées qu’on retrouve à plusieurs niveaux de la chemise, boutons en corozo, étiquette « cœur » dans le dos…

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Comme sur la poche intérieure de la parka, l'amour est présent sur chacune des pièces de la collection. C'est beau, l'amour.

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Dans le dos, on retrouve la ligne dorsale qui est mise en avant avec une surpiqûre rouge. C’est une volonté de la marque de mettre en avant cet axe central de notre organisme. Il s’agit d’un centre de gravité, un point d’équilibre qu'on retrouve aussi sur le chino et le logo de la marque…

Le chino Fifties (129 euros)

De la même façon que la parka, le chino est aussi une pièce phare des collections Homecore. Alexandre Guarneri fut un des premiers à le décliner en autant de coloris. Attention, le pantalon a une coupe droite, ce qui pourra en déstabiliser plus d’un. On est loin d'une coupe slim près du corps et tant mieux ! Cependant, on peut aussi restructurer la pièce et atténuer "l'effet large" (qui apparaît quand le pantalon tombe sur la chaussure) avec un ourlet bien marqué qui laisse apparaître légèrement la chaussette. La toile de coton est assez "lourde" ce qui accentue le côté "workwear" de la pièce. Il ne s'agit pas d'un chino d'été mais bel et bien d'un pantalon qui vous tiendra chaud cet hiver.

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Les sneakers ajoutent du relief à la tenue (ici, modèle Nike + A.P.C.). Veillez à rester sobre sur les coloris choisis.

La boutonnière est constituée de boutons en corozo (pour le bouton supérieur) et de boutons en aluminium recyclé (pour les colorés). Ces derniers sont peints par un carrossier ! boutons pantalons

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Le centre de gravité présent sur chaque pièce des collections Homecore se traduit ici par deux surpiqûres qui se croisent et le cordon qui les traverse.

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La petite poche coupée sur le devant du pantalon et le cordon (qui s'enlève entièrement) sont des détails qu'on retrouve sur tous les chinos de la marque.

Conclusion sur Homecore : du très beau streetwear

Je suis très satisfait de la qualité des pièces que j'ai eues entre les mains (toutes sont montées au Portugal). Et le rapport qualité-prix est très bon. Les finitions sont bonnes et toutes les pièces possèdent de jolis détails (étiquettes avec des messages d'amour, cordon-ceinture sur les chinos...). Ce que j'apprécie le plus, ce sont les différentes influences qui se reflètent dans chacune des pièces : un mélange des genres (workwear, streetwear, sportswear...) qui au bout du compte offre une collection à la fois élégante et décontractée. Je vous recommande donc cette marque pour apporter un peu de variété à votre garde-robe. L'ensemble des pièces testées est disponible sur Internet sur le site de L'Exception. A Paris, on les retrouve au Citadium. En région, on en trouve chez Novoid Plus (Aix-en-Provence), TheNextdoor (Avignon), Graduate (Bordeaux) et In the Middle (Biarritz). Je vous laisse voir les autres distributeurs sur le site de la marque. Crédits : une partie des informations de cet article (notamment sur l'histoire de la marque Homecore) sont issues de l'excellente interview d'Alexandre Guarneri dans le magazine Centre Commercial, de la boutique du même nom (magazine que nous avons testé ici).

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