Dossier : l’art de la SAPE, des ambianceurs congolais à la conquête du monde

12 min

Dossier : l’art de la SAPE, des ambianceurs congolais à la conquête du monde

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Publié le : 28 octobre 2015Mis à jour le : 29 février 2016

Tout commence lors d’un point éditorial, où Benoît m’a dit : « Onur, un dossier sur la sapologie, ça te dirait ? ». Je lui réponds "oui" dans la seconde, et lui demande alors ce qu’il attend de moi : « que tu retraces un peu les origines et le mouvement de la sapologie, l’art de vivre des sapeurs, que tu sois captivant sur le sujet. ». Être captivant sur un sujet dont on ne sait rien ? Challenge accepted !

À première vue, les sapeurs sont des hommes - principalement congolais - élégamment vêtus de couleurs vives, et qui savent capter l'attention. Mais la SAPE n'est pas seulement une manière de s'habiller propre à une communauté, elle est aussi un art de vivre complexe.

Quelles sont les origines de la SAPE ? Qui sont les sapeurs ? Quels sont leurs codes ? Comment les Congolais se sont-ils appropriés des codes européens pour livrer leur conception de l’élégance à travers un art de vivre ? Telles sont les questions auxquelles ce dossier tâchera modestement de répondre. Vous êtes prêts ?

sapeur congolais

Suivez le guide...

La SAPE, une définition appliquée comme un art de vivre

Des origines de la SAPE difficiles à déterminer

Il est compliqué de définir précisément ce qu’est la SAPE. Est-ce une science de l’habit ? Un art de vivre ? Une religion du tissu ? Un patrimoine congolais ? Ou un peu de tout cela à la fois ? Chaque sapeur détient en fait sa propre conception, et c’est justement cette interprétation personnelle qui contribue à l'expansion du mouvement.

Toutefois, s’il fallait choisir une définition générale, il faudrait retenir celle d’Elvis Guérité Makouezi, auteur du Dictionnaire de la SAPE :

« La SAPE est connue sous l’appellation de la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes. Il s’agit d'une société initiatique qui a ses us et ses coutumes, mais qui est aussi un art [...], une manière d'être, de se vêtir, de se comporter, tout en intégrant la non-violence ».

La SAPE est un art au sens strict,  car c’est un vrai mode d’expression, tantôt promu ou décrié. Ses origines sont toutes aussi incertaines.

La SAPE est pratiquée des deux côtés du fleuve Congo. Et même si les Congolais de Brazzaville s'en attribuent la paternité, cet intérêt pour l'élégance proviendrait en partie de la colonisation. Le sapeur se serait ainsi approprié les vêtements des colons en les réinterprétant selon ses influences et ses couleurs.

Sapeur-sapologie-couleur

De belles couleurs, que tout le monde ne peut pas porter avec autant d'harmonie.

D'autres prêtent l'origine de la SAPE aux années 50, à l'époque où des étudiants congolais de Paris étaient revenus au Congo-Brazzaville. Ces derniers y tenaient des clubs existentialistes, et étaient habillés avec des griffes haut de gamme ramenées de Paris.

On dit aussi que la SAPE, telle qu'on la connaît aujourd'hui, serait apparue dans les années 70 dans le quartier Bacongo de Brazzaville. Mais dans tous les cas, ses origines restent floues...

La SAPE comme symbole de liberté

Après l'indépendance du Congo belge, Mobutu annonce en 1971 une politique dite « d'authenticité » ; des mesures fortes sont prises pour s'affranchir de la culture coloniale. Entre autres, Mobutu prône l'interdiction des costumes occidentaux, forcément assimilés aux colons.

C'est alors qu'il fait la promotion de l'abacost - contraction de « à bas le costume » - un costume masculin au tissu congolais, avec des manches longues ou courtes, sans col, porté sans chemise ni cravate (cette dernière étant aussi considérée comme une marque de soumission à la culture coloniale).

Cette prohibition vestimentaire ne sera levée qu'en 1990, laissant ainsi aux Kinois le soin de s'habiller comme ils le veulent, en imitant leurs voisins de Brazzaville. La SAPE est à la fois une réappropriation des codes occidentaux et un rejet des structures autoritaires de la société congolaise.

Mobutu-Abacost

Mobutu : « Si j'ai bien lu BonneGueule, tu dois déboutonner le deuxième bouton de ta veste Caspar ».

Née dans la brutalité de la colonisation, la SAPE a su concilier les différentes ethnies congolaises divisées par des années de guerre civiles meurtrières. Le beau vêtement s'est imposé comme un vecteur de cohabitation dans une société clanique : la SAPE rassemble et regroupe des Congolais autour de valeurs communes, travaillant à améliorer leur style et leur gestuelle, dans le but d'atteindre originalité et distinction.

Cela expliquerait pourquoi le sapeur est souvent animé d'une forme de contestation, qu'il ne peut parfois exprimer qu'à travers son corps et le vêtement, comme l'évoque l'écrivain congolais Alain Mabanckou :

"Puisqu’on nous a refusé le pouvoir économique et le pouvoir politique, nous allons le reprendre par le pouvoir de l’exhibition du corps. Le corps devient l’élément fondamental pour opposer une résistance face au pouvoir politique, qui ne peut pas prendre le destin des jeunes en main."

looks sapologie

Essayez de garder une paire de Weston propres dans un terrain pareil.

La SAPE s'érige alors comme un manifeste de vie marginale. Selon la sociologue africaine Axelle Arnaut-Kabout :

« Cet outil de distinction et de domination sociale est devenu, aujourd’hui, un outil de subversion sociale. Des gens dont on ne sait pas comment ils gagnent leur argent, soignent leur apparence pour être vus, et sortir de la misère, or la société attend d’eux qu’ils prennent par exemple en charge leur famille ».

sapeur congolais

Rester maître de soi-même malgré les difficultés.

On pourrait totalement soutenir cette vision subversive lorsqu'on apprend que le Congo est touché par l'analphabétisme, le chômage, ou que la pauvreté frappe près de 46 % des ménages. À cette assertion, les sapeurs disent qu'ils ont le droit de rêver et d'offrir du rêve à leur public !

Étrangement, à ce moment précis, je pense à une phrase que Benoît dit souvent : « on a tous droit à sa part de rêve » et il faut savoir respecter cela.

En choisissant ce mode de vie, les sapeurs s'affranchissent de la morosité en affichant des couleurs vives. Ils proposent une émancipation fantaisiste par le vêtement, pour masquer la réalité difficile du pays.

Les sapeurs ou les gladiateurs du vêtement

Tout sapeur qui se respecte ne doit pas seulement se contenter d’être beau, il doit être le plus beau. Voilà pourquoi la SAPE est un sport de combat, car pour tenir le haut de l’affiche, ses adeptes se livrent des duels sans merci dont les seules armes sont le bon goût et l'audace.

Outre le choix des vêtements avec de belles matières, et le respect de la trilogie des couleurs, le sapeur doit savoir impressionner. Vêtements colorés, pas de danse, excentricité, courbettes... tous les moyens sont bons pour s'assurer que l'audience capte l'intention, l'allure et l'expression du goût souhaitées.

défilé sapologue

Il n'est pas rare de voir des sapeurs se provoquer en duel.

Il existe aussi tout un vocable propre aux sapeurs pour désigner certaines techniques ou attitudes à adopter pour impressionner les autres. Par exemple, la « diatance » désigne l'action de marcher avec fierté ; la « déka », celle de marcher avec élégance ; un « démarrage » consiste pour le sapeur à improviser un début de défilé de mode.

Ou encore « l’œil de l’aigle en suspension », qui définit l'observation du sapeur envers quelqu'un qu'il estime élégant : capter toute l’expression du goût présentée par la personne observée, pour ainsi réinterpréter cette influence. Ces joutes flamboyantes sont un matériau fertile pour les humoristes :

L’émergence internationale de la SAPE

Je reconnais que le titre de mon article est un peu racoleur (simple déformation professionnelle de journaliste), mais il a probablement capté votre attention, tout comme la culture de la SAPE est en train de se faire (re)connaître petit à petit à l’international.

Le film Black Mic Mac, de Thomas Gilou en 1986, a profondément contribué à cette expansion. Il suscite la surprise, la révolte ou l’admiration, mais il est aussi source d’inspiration.

Ainsi, Paul Smith, lui-même icône de la SAPE, s’est inspiré de celle-ci pour sa collection Printemps-Été 2010.

Le mouvement inspire aussi des artistes, comme Solange Knowles - petite soeur de Beyoncé - qui l'a découvert grâce à la lecture du beau livre Gentleman of Bacongo de Daniele Tamagni. Elle en ressort totalement fascinée, au point de déclarer lors d'une interview que la SAPE figure parmi « l'une des choses les plus intéressantes, complexes et originales que j'ai eu à voir ces derniers temps ».

Ne s'arrêtant pas à cette déclaration, Solange Knowles use de sa notoriété pour y rendre hommage. C'est ainsi qu'elle fait intervenir des sapeurs pour le clip de son tube.

Un peu plus particulier dans l'exposition mondiale, évoquons Guinness (oui, on parle bien de la marque de bière irlandaise !) qui a laissé carte blanche à Héctor Mediavilla - auteur du très beau livre de photos S.A.P.E. - pour réaliser un court-métrage sur les sapeurs.

On y découvre qu'il n'est pas seulement question d'élégance, c'est aussi une manière de se montrer confiant. À travers cette vidéo, Mediavilla déclare que la vie des sapeurs est « une certaine forme de combat contre les circonstances difficiles de la vie ».

Il définit aussi leur philosophie comme une source positive d'inspiration, à travers leurs attitudes et leurs comportements. Ils doivent être respectueux, prôner la non-violence, et être bien élevé. L'apparence quotidienne est un enjeu qui dépasse largement la frivolité : celui qui en impose par son style est seul maître de lui-même.

La phrase d'introduction du court-métrage reprend d'ailleurs ces notions de dépassement de soi : « Parfois dans la vie, vous ne pouvez pas toujours choisir ce que vous faites, mais vous pouvez toujours choisir qui vous êtes ».

La vidéo a été visionnée plus de 3,5 millions de fois !

En France, Canal+ a consacré un documentaire au sujet de l'élégance africaine, et le Palais de Tokyo a présenté un espace dédié à la SAPE à l'occasion de la grande exposition "Bord des Mondes".

Quelques personnalités publiques ont affiché leur soutien envers la SAPE, comme Stromae en compagnie de sapeurs au Congo-Brazzaville, ou encore Gael Monfils, qui célèbre un point marqué en reprenant une posture typique. Et cela n'est pas prêt de s'arrêter...

Gael Monfils Sapologie

Gaël Monfils : "C’est un clin d’œil à la sapologie de Dycosh. Allez voir sur Youtube… On a beaucoup parlé de ma tenue. Eh bien, c’est l’équilibre des couleurs". Essayez de reproduire cette posture chez vous, ce n'est pas aussi simple qu'on pourrait croire.

Interview avec Norbat de Paris, un des sapeurs les plus connus

La SAPE n’est pas seulement un art de vivre, « elle revêt plusieurs dimensions d’ordre historique, philosophique, spirituelle et même artistique ». C’est ce que pense en tout cas Norbat de Paris, l'un des sapeurs les plus connus de sa génération.

Accueilli comme un prince au Congo-Brazzaville, il a récemment remporté en France le titre de Roi du shopping dans l’émission éponyme sur M6 !

Récemment, il est passé sur Skyrocklors de l’avant-première du morceau « Sapés comme jamais » d’un certain Maître Gims, accompagné de Niska. Puis sur Mouv'avec Dycosh, pour parler de la SAPE, annoncer la suite du "sketch le plus attendu de France", et parler d'autres projets en cours.

Au regard de son émergence récente en France - il est suivi par plus de 17 000 personnes sur la page Facebook de Norbat Nimerode - j'ai estimé que Norbat était parmi l'un des ambassadeurs les plus pertinents pour parler de la SAPE. Je le joins par téléphone et découvre une personne très sympathique.

Norbat-de-Paris-sapeur

Norbat de Paris, c'est lui. Comme d'habitude chez les sapeurs, ils usent et abusent des couleurs et des motifs.

Qu'est-ce que la SAPE pour toi ?

La SAPE est la racine principale qui a donné naissance à plusieurs branches (le dandysme, la sapologie, etc.). Dans cela, il y a aussi trois dimensions à intégrer : le spirituel, le matériel et l'artistique. Ces trois éléments constituent, selon moi, la vraie idéologie de la SAPE. Et ça, peu de sapeurs l'ont compris.

Beaucoup vont venir dire qu'ils sont habillés en costume Kenzo et exhiber les griffes de grandes marques, sans vraiment réfléchir à ce qu'il y a derrière. Et pourtant, toutes ces entreprises se sont organisées pour rendre les gens insatiables. Cette insatiabilité conduit à la dépendance à outrance, jusqu'à ce que les gens gâchent leurs vies et leurs projets à cause de cela.

À présent, la jeunesse émergente, celle que je représente en partie, est entrée dans l’entrepreneuriat. La SAPE, c'est nous qui la créons ; la rhétorique, c'est nous aussi. Du coup, nous sommes obligés de créer et de lancer des marques, quitte à s'habiller à 100 € pour présenter quelque chose de bien représentatif.

D'une certaine manière, on fait de la politique. On n'est pas obligé d'avoir une carte électorale ou d'adhérer à un parti pour signifier qu'on fait de la politique. Par le biais de la SAPE, on diffuse un message.

Quel est ce message ?

J'ai crée un concept, celui d'être "norbatisé".

Qu'est-ce que cela signifie ?

Il s'agit du fait que toute personne est sapeur à sa manière, et ce, quel que soit son niveau. Il faut décomplexer : mon but est de casser cette insatiabilité que j'ai évoquée tout à l'heure. Je veux faire comprendre que ce n'est pas parce qu'on est habillé avec des vêtements d'une valeur équivalente à 10 000 € que l'on peut prétendre à être le plus grand des sapeurs.

Qu'est-ce qu'un grand sapeur alors ?

À mon sens, les plus grands sapeurs sont ceux qui savent mener une bonne réflexion pour bien montrer leurs couleurs. Ils parviennent sans effort à créer la trilogie des couleurs avec une certaine harmonie.

Quelqu’un peut très bien aller dans un magasin, une friperie, mais à partir du moment où cette personne a du goût, elle essayera de ressortir une tenue qui lui paraît agréable à l’égard des gens. C’est ça, la SAPE en général.

Tel que cela a été défini par mes anciens, c’était plutôt le bling-bling à outrance. Cela veut dire que la SAPE était représentée par quelqu’un qui avait les moyens de s'offrir des vêtements chers, des riches. Mais quand tu regardes dans le fond, ce n’est pas le cas, tout le monde s’habille et le fait selon ses moyens !

On dit tout et son contraire au sujet de l'origine de la SAPE. Selon toi, comment est partie cette histoire ?

La SAPE est partie de l'époque coloniale, lorsque des français ont débarqué pour coloniser le Congo. À cette époque, ils étaient habillés en casque colonial, des bermudas, des vestes militaires et des cravates, etc.

Au départ, cela a choqué parce que mes ancêtres, eux, étaient recouverts de bouts de pagnes, et parfois même de feuilles naturelles. La SAPE est partie de cette confrontation et de cette découverte.

Il y a eu André Grenard Matswa, un grand homme qui a valorisé cette SAPE par le matswanisme (mouvement de défense pour l'émancipation de l'homme noir à l'époque coloniale, ndlr) et ensuite, les Kinois se sont accaparés la SAPE à leur façon.

Il y avait aussi "La Mecque", c'était le nom que l'on donnait pour définir la Maison des Étudiants Congolais en France, rue Béranger. C'était un endroit où se réunissaient beaucoup de sapeurs pour échanger, s'amuser et se défier dans l'expression de leur SAPE. Pendant un temps, Papa Wemba a grandement contribué à faire exporter la SAPE, en France notamment.

D'où vient cette dualité entre les sapeurs congolais de Brazzaville et les sapeurs Congolais de Kinshasa ?

Les Kinois se sont accaparés la SAPE sans véritablement apprendre ni comprendre la réelle idéologie ; ils se sont rués dans les magasins pour acheter les vêtements les plus chers. Voilà pourquoi ils ont cette non-maîtrise des couleurs, ils mettent tout et n’importe quoi.

Quand Steeve Niarcos (ndlr : un artiste kinois) est arrivé, il parvenait à s'acheter des vêtements extrêmement coûteux, très souvent chez Versace, sans pour autant avoir le lifestyle et le charisme qui va avec. Il était dans cette insatiabilité des grandes marques.

Les Congolais de Brazzaville, eux, ont appris ce charisme-là parce qu'on a l’œil pour savoir choisir les couleurs et en faire respecter la trilogie. Et une fois que tu a acquis cet œil, tu mets à contribution ta richesse autrement. Le Congolais de Brazzaville, c’est quelqu’un avec peu de moyens, mais qui est constamment dans la recherche.

À la recherche de quoi ?

La recherche d’être différent des autres, la recherche de l’aristocratie. Être classe, c'est tendre vers cela. Quelqu’un qui se voit en responsable.

Responsable de quoi ? De lui-même ?

Un sapeur s’identifie a quelqu’un qui a beaucoup de moyens, et il veut faire mieux que cette personne-là. Aujourd'hui, quand tu vois un Karl Lagarfeld s’habiller, il le fait par rapport à ses moyens. Le mec, il met des bons matériaux, des vraies matières. Quelqu’un qui n’a pas les moyens, lorsqu'il va aller dans une boutique Karl Lagarfeld, ne pourra même pas s’acheter une chemise.

Pourtant, cette personne, contrainte par son peu de moyens, peut être en mesure de parvenir à trouver une chemise, un pantalon, une veste, une cravate à son niveau. Et quand un sapeur s’habille, il sonne, il bluffe, tandis qu’une personne qui a beaucoup de moyens est incapable de faire cette recherche parce qu'il n'a pas eu à la faire.

Tu cherches à surpasser qui en ayant cette recherche ?

Je ne suis pas dans la recherche parce que je suis en connivence avec l’esprit ancestral de la SAPE. C’est très difficile à expliquer. Chacun détient sa propre philosophie. En m'interrogeant, on parle bien de la SAPE d'après Norbat, il faut bien veiller à le préciser. D'autres ont pensé la SAPE avant moi et fait ce travail de recherche. Il est propre à chacun et c'est ce qui fait une bonne personne.

Est-ce que tu penses être une bonne personne ?

Oui, parce que j’ai un casier judiciaire vierge (rires).

La Sape, un soft power congolais ?

Le témoignage de Norbat est enrichissant parce qu'il confirme que la SAPE est bien plus qu'un phénomène de mode isolé, elle est l'expression d'un état d'esprit, d'un style de vie, d'une esthétique vers laquelle le sapeur veut tendre dans sa recherche de perfection et de sophistication.

Ce qui est bien avec la SAPE, c’est que chacun peut inventer son histoire - voire celle du pays - comme on s’invente un style ou se crée une allure. C’est aussi une façon de s’inventer une nouvelle vie, loin des tracas du quotidien. De fait, elle ne peut se résumer vulgairement en la manifestation d'une exubérance vestimentaire sans portée ni réflexion. Elle est plus complexe à appréhender.

Pour beaucoup de Congolais, cette culture est perçue comme de l’art, une religion, une science, dont l'ensemble crée un patrimoine commun qui unifie les différentes ethnies du pays, et même au-delà.

Quoiqu'on en dise, la SAPE interroge la réappropriation de la culture dominante et manifeste la complexité des identités post-coloniales.

Il faut reconnaître que la créativité congolaise est parvenue, d'une certaine manière, à réinterpretter les principes canoniques de l'élégance européenne, comme pour délivrer une vision différente du vêtement par la définition d'un art de vivre.

Comme le disent certains papes de la SAPE : « si l'habit faisait le moine, dans ce cas, laissons parler les habits ». Et il vaut mieux cela que de laisser parler les armes dans l'indifférence la plus totale. Le vêtement comme moyen de compétition et d'expression pacifiste, quoi de plus beau, vous ne trouvez pas ?

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à voir ce court documentaire (5 minutes) qui prête un beau regard sur les sapeurs.

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