🎬 Toutes les astuces pour associer formel et décontracté – Gimmick #2
Comme on se lasse jamais de parler de style, on a eu l’idée de tourner des vidéos pour le faire de manière libre et directe de vous à nous. Ça donne un nouveau format de vidéos : Gimmick, dont voici le pilote.
Le principe : analyser les tenues de ceux qui s’habillent le mieux et vous livrer tous leurs secrets.
Le résultat, c’est qu’après le visionnage de chaque épisode, vous aurez tout un tas de gimmicks à appliquer pour sortir de votre zone de confort et réussir encore mieux vos tenues.
🤵🤵🤵🤵 Grande nouvelle, c'est un format partagé : il sera présenté par David, Nicolò, Benoît et moi-même.
Pas de bla-bla. Associer des pièces formelles et décontractées ensemble, ça vous parle, vous n'avez besoin que de cliquer sur le bouton play. Alors c'est là.
- Une surchemise BonneGueule
- Un t-shirt BonneGueule
- Une montre automatique vintage calendrier LIP
Tenue 1 : Pitti Uomo 92, 14 juin 2017, photo de Christian Vierig/Getty Images
Tenue 2 : @chad_park_
Tenue 3 : @conradssonphilip
Tenue 4 : Bruce Pask le 19 juin 2019, Fashion Week de Paris, photo de Edward Berthelot/Getty Images
Tenue 5 : 12 juin 2017, New York Fashion Week, photo de Matthew Sperzel/Getty Images
Bien s’habiller consiste à choisir judicieusement les vêtements que l’on porte.
Ça se tient, non ? Et même, ça n’a pas l’air compliqué dit comme ça. Mais le truc, c’est de savoir exactement ce qu’il y a derrière l’adverbe “judicieusement” ?
Voilà comment je vois les choses :
- Bien s’habiller, c’est choisir des vêtements dont la coupe met en valeur votre morphologie particulière et compense ses défauts. Par exemple : allonger ses jambes avec un pantalon taille haute.
- Bien s’habiller, c’est construire une silhouette avec des proportions harmonieuses par l’intermédiaire de ces vêtements. Par exemple : une veste trop longue de costume qui fait que le haut immense du corps est disproportionné au bas ridiculement petit.
- Bien s’habiller, c’est se sentir confortable dans ses vêtements.
- Bien s’habiller, c’est composer avec les teintes et les matières des vêtements pour obtenir un rendu équilibré, doux ou contrasté, élégant pour sûr, en tout cas toujours voulu et dans l’optique de mettre en valeur ou ne pas desservir sa propre couleur de peau et d’yeux et le contraste entre visage et cheveux. Par exemple : savoir ce que l’on fait quand on oppose deux couleurs complémentaires.
- Bien s’habiller, c’est se protéger des éléments naturels et choisir les vêtements en adéquation avec le contexte météorologique dans lequel on s’inscrit. Par exemple : s’il pleut, choisir un manteau de pluie…
- Bien s’habiller, c’est tenir compte du contexte social pour composer sa tenue. Par exemple : il serait inélégant de ne pas porter de cravate alors que tout le monde en porte une.
- Bien s’habiller, c’est maîtriser le registre de formalité des pièces que l’on porte ensemble. Par exemple : porter une veste de smoking avec un jean n’est pas du plus bel effet. Sauf si on s’appelle Ralph Lauren et qu’on peut tout se permettre parce qu’on est RALPH LAUREN BORDEL !
Voilà les grandes lignes même si, bien s’habiller, c’est tellement plus encore.
Le 7ème point est celui qui nous intéresse ici : “maîtriser le registre de formalité des pièces que l’on porte.”
Eh oui, tous les vêtements qui existent ne produisent pas les mêmes effets, ne sont pas d’égales puissance esthétique ou plutôt la qualité de cette esthétique varie et tous les vêtements ne s’intègrent donc pas de la même manière dans tous les contextes sociaux, ni ne s’associent parfaitement entre eux.
Je prenais l’exemple de Ralph Lauren qui porte une veste de smoking avec un jean et des santiags. Cela ne lui est permis que parce qu’il jouit d’un statut qui lui est propre de héros de la mode américaine et de self made man iconique et que, de plus, sa marque éponyme joue et exacerbe et revendique les codes de la culture vestimentaire américaine : dont le denim et les santiags. Là, s’il transcende la règle d’harmoniser les registres de formalité des pièces que l’on porte, il se présente aussi en étendard de sa propre réussite et de celle de la culture américaine. Bref, il a le droit parce que c’est lui.
Sur n’importe qui d’autre, cela ne va pas. Les pièces n’appartiennent pas au même registre de formalité et il y a une grande dissonance entre elles toutes.
Pour expliquer ça, revenons sur le registre de formalité et sur le fait que toutes les pièces ne sont pas égales, ni ne produisent les mêmes effets et que donc elles ne s’accordent pas toutes entre elles indépendamment des questions esthétiques basiques comme la forme, la couleur et la matière.
L'échelle de formalité
Il existe une échelle de formalité. Elle va de “décontracté” à “formel”. Sur cette échelle se positionnent les vêtements en fonction de leur couleur, leur forme, les éléments constitutifs de leur design, leur fonction originelle et rôle social.
Prenons en guise d'exemples les chaussures en cuir noir comme je le fais dans la vidéo : des sneakers, des mocassins et des richelieux. Où se placent ces pièces de la même catégorie, dans le même cuir et la même couleur sur l'échelle des formalités ?
1. Les sneakers

Sneakers Common Projects
Des sneakers se positionnent en bas de l’échelle (ou en haut selon où l’on décide d’inscrire ces valeurs, ce n’est pas une hiérarchie mais une échelle neutre), au plus proche de la valeur “décontracté”. Pourquoi ?
- À cause de leur forme : les sneakers sont plutôt rondes, parfois un peu lourdes même dans leurs lignes
- À cause des éléments qui constituent leur design : tous les oeillets alourdissent le style, parfois on trouve des empiècements. La semelle est assez large aussi.
- À cause de sa nature : le confort de la pièce, la construction de celle-ci fait qu’elle est destinée à un usage sportif ou récréatif.
2. Les richelieux

Richelieux Edward Green
Les richelieux se positionnent eux tout en haut de l’échelle au plus proche du terme “formel”. Pourquoi ?
- À cause de leur forme : les richelieux sont souvent plutôt effilés, la forme fait que le cuir se place au plus près du pied pour épouser élégamment ses contours et ne pas avoir de matière superflue.
- À cause des éléments qui constituent leur design : peu d’oeillet donc esthétique moins lourde. La chaussure est fait d’une seule pièce de cuir et il n’y a pas ou très peu de pièces rapportées. La semelle est fine.
- À cause de sa nature : le richelieu n’a pas été dessiné pour les moments de décontractions et sa construction rigide le destine à un usage formel.
3. Les mocassins

Mocassins 180 J.M. Weston
Les mocassins se positionnent quant à eux un peu au milieu de cette échelle, ni vraiment “formels”, ni vraiment “décontractés”. Pourquoi ?
- Ils sont plus formels que des sneakers : sa semelle est souvent plus fine, son esthétique est moins surchargée, son usage n’est pas fait pour le sport.
- Ils sont plus décontractés que les richelieux : les mocassins comportent une pièce rapportée sur le cou-de-pied qui alourdit le style, la couture plateau tout autour du pied alourdit de la même manière et on enfile le mocassin un peu comme des pantoufles ou slip-ons.
Trois paires de chaussures conçues dans un même cuir noir, trois registres de formalités différents.
Et cela vaut pour chaque vêtements de chaque catégorie.
Certains costumes sont plus décontractés que d’autres. Certaines chemises sont plus formelles que d’autres. Etc.
Alors comment jouer avec tout ça ? Car on voit bien que l’écueil, c’est d’associer un vêtement très formel avec un vêtement très décontracté. Et ne pas maîtriser cette échelle de la formalité, c’est finalement mal s’habiller.
Pourtant de nos jours, à l’heure où on ne porte plus vraiment de cravate mais où le blazer connaît encore de belles heures, et alors que les sneakers se promènent partout, comment faire cohabiter le formel et le décontracté ?
C’était la théorie, voilà la pratique.
Tout se joue au milieu de l’échelle
Pour porter deux pièces de registres de formalité différents, il faut tirer vers le décontracté la pièce formelle et tirer vers le formel la pièce décontractée.
C’est la clé et l’enseignement principal de cet épisode.
Dans l’introduction, j’écrivais : “Bien s’habiller, c’est choisir des vêtements dont la coupe met en valeur votre morphologie particulière et compense ses défauts (par exemple : allonger ses jambes avec un pantalon taille haute).”
Et c’est aussi les acheter ses vêtements en fonction du registre de formalité de sa garde-robe. Si on n’a que des pièces formelles, alors autant s’acheter des chemises en popeline blanche ou bleue pour aller ses costumes formels. Si on n’a que des shorts et des jeans, autour renoncer aux chemises et s’acheter des t-shirts à profusion.
Mais si on a à la fois des vestes et des bermudas, quelle chemise on achète ?
Il faut viser le milieu de l’échelle. Et faire en sorte que la pièce formelle ne le soit pas trop et la pièce décontractée non plus.
Si vous achetez un blazer, prenez-le dans un marron plutôt qu’un bleu marine par exemple. Et pas en laine froide lisse et unie, mais avec un léger motif ou texture et une matière en relief. Prenez-le avec des poches à rabats, ou poches plaquées encore mieux !, pour alourdir son esthétique et le rapprocher d’une pièce plus décontractées avec laquelle vous pourriez le porter.
Si vous acheter un chino, prenez-le avec des pinces et une taille haute. Dans une couleur classique et unie.
Le plus de vêtements vous possédez à la croisée des chemins entre décontracté et formel, le plus d’associations réussies vous pouvez faire. Car vous pourrez les associer à des pièces formelles ET AUSSI à des pièces décontractées.
Toutefois, que cela ne vous empêche pas d’acheter un beau costume croisé pour les grandes occasions. Sachez seulement qu’il ne vaut mieux pas le porter avec des santiags sauf à très bien s’y prendre ou s’appeler Ralph Lauren.
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