DJs, style et platines : 11 looks épiques à découvrir

15 min

DJs, style et platines : 11 looks épiques à découvrir

15 min
Publié le : 21 mars 2022Mis à jour le : 26 juillet 2022
justice tenue homme cuir noir bleu

Y a-t-il une vie pour le style derrière les platines ? Un des stéréotypes vestimentaires de la musique électronique voudrait qu'il ne soit question que de tee-shirts, de casquettes ou de hoodies. Qu'en est-il ? Réponse en musique et en images dans ce nouvel épisode de Pochette avec invité « surprise ».

(Crédit photo couverture : le duo Justice en concert à Paris, AccorHotels Arena, 2017 - IMAGO / PanoramiC)

Petite séquence nostalgie. Il y a un peu plus d'un an, je glissais le premier épisode de Pochette dans les colonnes de BonneGueule, avec l'envie de tisser des liens entre la musique et le vêtement à travers l'exemple d'une pièce iconique : le Perfecto. Depuis, pas mal d'articles ont suivi, souvent autour du rock mais pas seulement. Et c'est parfois même devenu un sujet de podcast.

Malgré mon background estampillé « indie rock », ce n'est pas nécessairement ce que j'écoute le plus chez moi. J'ai par exemple une affection particulière pour la musique ambient et ce qu'on appelle l'IDM?Pour Intelligent Dance Music, soit quelque chose de supposé indansable et de très porté sur les textures et les ambiances. Si je devais me lancer dans une playlist dédiée aux musiques électroniques, il y aurait donc probablement des disques du duo Boards Of Canada ou du label allemand Kompakt et bien d'autres petites choses comme celle-ci :

Mais ce n'est pas cette playlist-là que je vais vous présenter aujourd'hui?En revanche, si jamais cela vous intéresse pour un prochain sujet, n'hésitez pas à vous manifester en commentaire !. Car je ne suis pas le seul à m'intéresser à la musique électronique chez BonneGueule.

Mon invité surprise, vous le connaissez bien : il s'appelle Michel et il vous présente entre autres nos nouveaux vêtements à chaque lancement. Il aime aussi la musique électronique et le style qui va parfois avec.

LE STYLE, BONNEGUEULE ET L'ELECTRO

Si vous lui posez la question de ses premières amours pour le vêtement ou la musique, vous verrez que Michel est intarissable. Vous découvrirez aussi que les deux sont étroitement liés, voire inséparables, et qu'aucune de ces deux passions ne l'a vraiment quitté depuis.

« Je me passionne pour le vêtement depuis le lycée. C'était, comme pour beaucoup, un moyen de m'identifier à un univers musical et à ses icônes. Pour moi, c'était la musique électronique. Je pense notamment à Justice dont le duo avait, paradoxalement, un style très rock.

Il y avait aussi ceux qu'on appelait les "fluo kids" et les avalanches de couleurs qu'ils portaient à l'apogée du label Ed Bangers Records.

Ils portaient des casquettes New Era, des hoodies zippés American Apparel, des Nike Dunk ou Jordan, des jeans souvent (très) slims, des Varsity jackets façon Kavinsky ou DJ Mehdi... On pourrait dire que cette explosion de couleurs était l'héritage d'une ère "post-tecktonik" chez les jeunes mais finalement, c'était très inspiré de la culture vestimentaire américaine, à mi-chemin entre le hip-hop et le sportswear de campus. En tout cas, je baignais là-dedans à 18 ans.

Mon intérêt pour le vêtement m'a suivi depuis. Il a évolué et s'est transformé en vraie curiosité quand j'ai travaillé pour De Fursac. J'y ai appris plein de choses sur les savoir-faire, notamment derrière la confection d'un costume. C'est en cherchant à en savoir plus sur la théorie, les "règles" du style et les coupes que j'ai découvert BonneGueule.

Quant à la musique, je suis passionné d'électronique depuis le plus jeune âge, notamment via Justice et Ed Bangers Records dont l'âge d'or m'a marqué. J'aime aussi beaucoup le hip-hop et le rock bien sûr, il y a plein d'artistes que j'adore mais 90% du temps, j'écoute des kicks à plus de 120 BPM. J'essaie aussi d'apprendre à en produire et je mixe en soirée quand l'occasion s'y prête.

justice tenue homme cuir noir bleu

© IMAGO / PanoramiC

Le duo Justice en concert à Paris, AccorHotels Arena, 2017 (IMAGO / PanoramiC)

Ce que j'adore dans cette musique, c'est l'énergie qu'elle répand dans son public en live, le partage que ça implique, le travail des sonorités et toute la culture qui va avec. Je pense par exemple aux premières rave parties dans les années 90, aux origines de ce genre à Detroit ou dans la recherche en laboratoire, à la toute première French Touch quand les Daft Punk mixaient sans casque... C'est un monde si intéressant.

Pour ceux dont j'ai piqué la curiosité, je recommande le livre « Électro, de Kraftwerk à Daft Punk » issu de l'exposition du même nom à la Philarmonie de Paris ».

S'il fallait résumer la passion de Michel en une dizaine de looks et de morceaux, ça donnerait ce que vous allez découvrir maintenant : des évidences, des découvertes et quelques surprises vestimentaires. De quoi peut-être casser les images d'Epinal sur le style de ceux qui font la musique electro, ici volontiers explorée sur son versant épique.

LA PLAYLIST, 11 LOOKS ET MORCEAUX?Pour écouter la sélection musicale de Michel, vous pouvez cliquer sur chacun des noms de groupe et artistes de la playlist À (RE)DÉCOUVRIR

1. JUSTICE

Justice est un duo français formé par Gaspard Augé et Xavier de Rosnay. Leur premier album déboule en 2007, porté par le tube « D.A.N.C.E. ». Tout un programme, qui ne s'arrête pas à la musique : l'esthétique du groupe est puissante et aisément identifiable, notamment en concerts.

Du noir, une croix lumineuse, et comme vous allez le (re)découvrir à travers les mots de Michel un sens du style en partie hérité des groupes... à guitares. Une hérésie ?

À vrai dire, Justice n'a aucun mal à jouer sur les scènes des festivals de rock. Même énergie. Depuis la French Touch inaugurée à la fin des années 90 par Air, Daft Punk ou Etienne de Crecy, la musique électronique française s'est par ailleurs très largement démocratisée. Le style aussi.

Pour autant, si la French Touch rayonne à l'international à la fin des années 90, la mode n'est pas nécessairement une préoccupation majeure pour tous. Contacté pour les besoins de cet article, Dimitri From Paris nous explique ainsi n'avoir « pas vraiment de lien personnel entre la musique et le vêtement ».

Étonnant ? Peut-être. Après tout, cet habitué du label Yellow Productions de Bob Sinclar arbore régulièrement costume et nœud papillon. Nul doute en revanche qu'on pourrait faire du classique « Free ton style » une sorte d'hymne national pour notre série Panache.

En attendant, lorsque Justice débarque en ville courant 2007, le style prend possession des platines, faisant par exemple la part belle aux vestes en denim, aux cuirs et aux jeans blancs. Vous le savez : le jean blanc est pour nous un basique pas si basique, que l'on vous recommande régulièrement. Michel se souvient très bien des premiers pas de Justice :

« J'ai sélectionné ici le morceau « Waters of Nazareth ». Je trouve ça fou d'avoir réalisé un tel chef-d’œuvre avec autant de saturation dans le son. C'était une approche innovante à l'époque?2007-2008. Une anecdote que raconte souvent Justice en interview : les ingénieurs du son venaient vérifier si tout allait bien au niveau des enceintes lorsqu'ils lâchaient ce morceau en DJ set. Ils pensaient que l'enceinte grésillait à cause d'un souci technique ! Alors qu'aujourd'hui, c'est un des morceaux les plus emblématiques du groupe.

Je le trouve génial pour l'énergie, pour les mélodies, pour avoir réussi à faire un truc aussi stylé avec de la saturation. Quant aux vêtements, c'était, comme je disais, très inspiré du style vestimentaire rock à l'époque du premier album. Et très inspirant pour leurs fans qu'on trouvait habillés pareil dans les files d'attente de concert (je plaide coupable).

On peut facilement trouver des photos de la tournée Across the universe : on y voit des blousons en cuir, des tee-shirts de groupes de rock, des ceintures un peu kitch avec des boucles imposantes posées sur des jeans très slim.

C'était un genre de nouveau style rock'n roll, de la même manière que leurs concerts étaient le nouveau rock de stade. »

2. GESAFFELSTEIN

Gesaffelstein est un DJ et producteur?Mike Levy de son vrai nom originaire de Lyon. Son premier disque sort en 2008. Depuis, il a travaillé avec Kanye West, The Weeknd ou bien encore Jean-Michel Jarre.

Son électronique sombre et puissante a non seulement conquis les dancefloors mais aussi les marques de luxe comme Givenchy, Yves Saint Laurent ou Balmain. Ce n'est pas tout à fait un hasard : l'esthétique glacée et le sens de l'habillement développés par Gesaffelstein s'y prêtent. Michel acquiesce et nous explique son choix :

« J'adore le morceau « Pursuit ». La basse est folle ! C'est de l'énergie pure, très dark. On peut d'ailleurs y voir la démocratisation et l'avènement de ce qu'on appelle la "dark electro". Comme héritage de ce mouvement - dont il est un symbole - on parle aujourd'hui d'"EBM" et on peut aussi citer la "Dark Synthwave" mise en lumière par le jeu vidéo Cyberpunk 2077. Bref, je trouve que ce côté à la fois sombre et violent est très immersif.

Côté vêtement, c'est très intéressant aussi. Gesaffelstein s'est vite créé une identité visuelle en portant un costume noir et une chemise blanche, parfois boutonnée jusqu'en haut. Mixer des morceaux très sauvages avec ça, ça créait un décalage et un univers bien à lui. Rattacher cette tenue à une musique sombre, c'est très cool.

Il a emmené cette identité visuelle encore plus loin pour la tournée de son second album?tristement avortée par la pandemie en travaillant avec Balmain qui lui a fait un costume intégralement noir (couvrant la tête) aux reflets argentés. Il brillait de mille feux dans l'ombre sur scène (un peu comme un miroir). C'était impressionnant ! »

3. THE KILLS REMIXÉS PAR SEBASTIAN

SebastiAn est un des producteurs de musique électronique?Sébastien Akchoté dans le civil les plus en vue du moment. C'est un des piliers actuels du label Ed Bangers Records et pour la petite histoire, il a découvert l'électro avec la musique de Daft Punk.

Depuis, il a entre autres travaillé avec Philippe Katerine dont on apprécie la passion du pull Fair Isle ou avec Charlotte Gainsbourg.

Le CV de ce jeune quarantenaire est impressionnant, et son lien avec la mode est loin d'être anodin : il signe par exemple les bandes-son des défilés Yves Saint Laurent depuis 2017. «Cheap and cheerful », le morceau choisi par Michel, est un remix de SebastiAn du duo anglo-américain The Kills :

Au début des années 90, la pratique du remix était encore considérée comme une abomination par les puristes du rock à guitares. Mais les choses ont bien changé : l'électronique est désormais partout. En revanche, pas sûr que cette avalanche de noir dans le vêtement soit toujours au goût de tout le monde. Pourquoi ce morceau, cet artiste ?

« Ce morceau synthétise bien l'esprit SebastiAn avec les kicks et les percussions très compressés, le côté "électro-rock". C'est une patte que l'on retrouve dans le premier album de Justice d'ailleurs. Beaucoup pensent qu'ils ont travaillé ensemble - ce qui peut s'entendre et se comprendre.

Et ce combo build-up/drop?le build-up : la 'montée' d'énergie avant le drop. Le drop : le moment où l'énergie du morceau explose. Quand ça part, quoi ! L'équivalent d'un refrain.... juste épique !

SebastiAn, c'est des tenues full black. On l'a par exemple vu porter le bomber, la veste en denim ou le blouson aviateur en cuir, avec col moutonné. Tout en noir. Tout ça lui va bien, il a les cheveux noirs. C'est intéressant qu'il se soit enfermé dans cette couleur. Il explique d'ailleurs pourquoi dans le podcast de l'Etiquette.

En résumé : c'est une forme de sécurité vestimentaire. Un moyen de ne pas en faire des tonnes et d'éviter de se prendre la tête. C'est intéressant de voir comment ce besoin de stabilité a donné lieu à un style très identifié pour SebastiAn.  »

NOIR, C'EST NOIR...

On peut légitiment s'interroger sur l'omniprésence du noir dans la musique et les tenues de celles et ceux qui la font. C'est une partie intégrante du style chez les amateurs de rock, de punk ou de metal. Mais la musique électronique ne fait pas vraiment exception. Même lorsque le style est minimaliste, le vêtement est régulièrement de couleur sombre. Regardez par exemple chez Laurent Garnier :

On peut retrouver cette même tendance aux couleurs sombres chez d'autres, qu'ils soient homme ou femme. Tous ne sont pas inspirés par le techwear. En revanche, la sobriété vestimentaire est régulièrement de mise. Regardez par exemple ici chez Chloé :

On peut émettre quelques hypothèses. Il y a la sécurité vestimentaire évoquée par Michel : quoi qu'on en dise, les couleurs sombres attirent moins l'œil que les couleurs vives pour la simple raison qu'elles sont encore aujourd'hui majoritaires dans la rue. Le bleu marine n'est-il pas une des couleurs les plus populaires sur le marché ? On passe donc plus facilement partout.

Ce qui nous amène à notre deuxième hypothèse : il est on ne peut plus légitime que la musique passe avant le vêtement. C'est d'autant plus une évidence quand on a l'habitude de jouer en club ou en salle, dans une relative pénombre.

Dans ce cadre-là, le style qui importe se trouve dans les enceintes. Le fait est qu'historiquement, les costumes noirs et les smokings étaient de coutume chez les musiciens d'orchestre, pas par coquetterie mais par obligation professionnelle : il s'agissait en effet de respecter les codes vestimentaires d'usage et de se fondre autant que possible dans le décor.

D'une certaine manière, plus contemporaine certes et pour prendre un autre exemple, la DJ Nina Kraviz perpétue la tradition sur la photo ci-dessous, en faisant la part belle aux couleurs sombres :

S'habiller en noir, c'est donc "se fondre" dans un environnement précis. Mais pour certains,  c'est aussi une histoire d'ambiance, d'imagerie : pour un artiste "dark" electro, ça a bien évidemment du sens d'être en noir. On pourrait aussi mentionner le fait que les musiciens sélectionnés par Michel sont pour certains liés aux grandes maisons de la mode et que le noir reste un grand classique du vestiaire du luxe.

N'oublions pas également l'aspect pratique du sombre, moins salissant. Pour celles et ceux qui travaillent derrière les platines, la dimension physique de la scène est un élément à prendre en compte. D'où peut-être les couleurs sombres et les vêtements simples sinon amples hérités des cultures urbaines.

4. OVERWERK

Overwerk est un DJ et producteur canadien?Edmond Etien Huszar, en vrai. 32 ans et en piste depuis une bonne dizaine d'années maintenant : il est lui aussi un habitué des podiums, des marques de luxe comme Gucci ou des magazines comme Vogue.

Vous l'avez certainement déjà remarqué vous-même : la musique électronique est particulièrement prisée du monde de la mode. Tous les artistes mentionnés par Michel y sont d'ailleurs d'une manière ou d'une autre connectés. Est-ce une preuve de bon goût ? Les artistes de l'electro sont-ils très bien habillés pour autant ?

Chez Overwerk, on peut par exemple voir du costume de type pied-de-poule porté avec un col roulé cognac rentré dans le pantalon. Est-ce que tout cela est fait selon les codes ? Il n'y a pas vraiment de règles en la matière ici, nous explique en substance Michel sur son favori :

« C'est mon artiste préféré, très cool dans sa manière de travailler la précision des sonorités. On peut le réécouter vingt fois, on découvrira toujours de nouveaux détails dans ses morceaux !

C'est très beau. C'est une sorte de house-music mélodique et progressive avec des mélanges de sonorités souvent symphoniques.

Il fait aussi de l'art graphique, souvent en 3D avec des formes géométriques, de l'abstrait... Une manière de donner vie à ses morceaux. Son travail est à la fois mystérieux, riche et immersif.

Il soigne aussi son image vestimentaire pour qu'elle soit ancrée dans son univers. Récemment, il a posé en costume sur son compte Instagram dans le cadre du tournage du clip « Presence » dans lequel on le voit sillonner une route californienne au volant d'une voiture de collection. Le motif du costume et la couleur chaude du col roulé incarnent parfaitement l'esprit rétro du voyage qu'il nous propose. »

5. APASHE

John de Bucke alias Apashe est un DJ et producteur belge. Ses premiers disques voient le jour au début des années 2010. Il qualifie lui-même son style de « Majestic », un hybride entre la musique classique et l'electro. C'est singulier, très épique, avec beaucoup de vêtements noirs et tout cela s'accompagne d'un certain sens de la mise en scène.

Ce qui se dégage progressivement de certains des looks retenus par Michel, c'est que l'electro n'est plus qu'une simple histoire de musique : certains DJs sont aussi des personnages à part entière. Ils ont inventé leur propre monde, leurs propres codes. Le vêtement y est un outil, presque un élément de décor. Michel confirme tout en nous expliquant la singularité de l'artiste :

« Ce qui est intéressant chez Apashe, c'est son style musical qui mélange de la trap?Un courant musical apparu au début des années 2000 aux Etats-Unis, contenu lyrique et traitement singulier des éléments rythmiques, de la musique symphonique et de l'électro avec des notes de drum'n bass et de dubstep. Il a mixé des choses qui n'avaient rien à voir entre elles et c'est très beau, notamment sur le morceau « Time Warp ».

C'est un style qui lui est propre, que l'on retrouve dans tous ses sons. De la même manière, il a créé un univers visuel très personnel, avec des illustrations qui font écho à des sculptures grecques, à la musique classique...

Côté vêtement, Apashe porte souvent en concert un simple tee-shirt noir et un gros collierQuand les températures se gâtent, il va plus loin avec des grosses bottes, une polaire, un masque, une chapka et un gilet comme s'il partait mener une guerre sonore. Plutôt cohérent avec la violence jouissive de ses morceaux. Et toujours en full black, ce qui s'accorde royalement à son monde scénographique et sa musique « Majestic ». Il y a le côté à la fois noble et austère de la musique classique, et en même temps des éléments plus brutaux qui font écho à son interprétation électro. C'est très bien amené je trouve. »

6. KAVINSKY

Si vous avez vu « Drive » avec Ryan Gosling et Carey Mulligan, vous connaissez probablement Kavinsky : il a en effet composé le morceau emblématique qui figure dans le film?Pour la petite histoire, vous pouvez jeter un œil sur cette interview pour Clique : https://www.youtube.com/watch?v=I7xhdtq9N90. Proche de Daft Punk et de Quentin Dupieux, Vincent Belorgey alias Kavinsky s'est constitué un personnage propice au cosplay, parfois proche de l'animé.

Son style est un genre d'uniforme. C'est-à-dire que ce n'est plus seulement une association de vêtements mais une carte de visite. Michel fait ainsi la distinction entre les artistes mentionnés jusqu'ici et ceux qui vont suivre :

« Avec Kavinsky, on entre dans une deuxième phase de cette playlist où le vêtement tourne davantage autour du déguisement plutôt que sur un style vestimentaire applicable à la vie quotidienne. Mais c'est encore un peu entre deux : jean délavé, sweat-shirt, baskets de type Nike Dunk, lunettes de soleil (très pratiques pour conduire dans la nuit) et son iconique Varsity jacket rouge.

Avec son fameux bolide, c'est très attaché à l'univers synthwave?Courant musical apparu dans les années 2010, pour décrire une musique électronique inspirée par les bandes originales de films des années 80 et à l'imagerie américaine de monuments audiovisuels comme « Knight Rider » par exemple. Encore ces belles routes désertiques, tiens. »

On en parle depuis tout à l'heure mais pour la petite histoire, les Varsity jackets aussi appelés Letterman jackets sont des blousons très prisés par les étudiants sur les campus et/ou les amateurs de baseball. À ne pas confondre avec la souvenir jacket, dont Jordan vous glisse un mot ici :

7. DANGER

Frank Rivoire officie sous le nom de code Danger depuis 2007. Outre les synthétiseurs et la musique électronique, il est aussi passionné de jeux vidéos. Sa particularité ? Il porte un masque et son premier album est sorti dix ans après ses débuts, en 2017. Et le vêtement dans tout cela ? C'est plutôt dark.

« Danger rentre dans la catégorie des artistes électro masqués. C'est un masque qu'il tire de « Final Fantasy ». Je crois me souvenir qu'il s'agit d'un petit mage dans le jeu vidéo. C'est un beau lien qu'on retrouve dans ses morceaux dans lesquels on entend souvent des sonorités de jeux vidéo.

Il porte ce masque sous une capuche, avec une tenue d'explorateur à l'aura presque techwear. Sur le dos de son bomber, il est inscrit "Danger", avec son logo.

On retrouve un imaginaire de l'aventurier, un peu stylé et mystérieux souvent représenté dans une jungle en pleine nuit. Ce qui colle à l'ambiance sombre de la plupart des ses morceaux, comme « 1:30 » que je vous propose de (re)découvrir dans cette playlist. »

8. DAFT PUNK

On ne présente plus Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. Si Daft Punk n'est plus, leur musique fait toujours danser la planète entière et ce depuis 1995. S'il est encore trop tôt pour réellement apprécier les contours de l'héritage musical laissé par le duo, on peut en revanche glisser qu'à défaut d'être tout à fait portable dans la rue, leur look n'a jamais vraiment laissé indifférent.

daft punk casques tenues cuir noir

© IMAGO / Le Pictorium

Le duo Daft Punk et ses tenues en cuir. (IMAGO / Le Pictorium)

Costumes, casques, tenues en cuir voire même cellophanes pour masquer leurs visages, les membres de Daft Punk ont su préserver leur image en inventant la leur, à mi-chemin entre les univers du manga, de la moto ou de la conquête spatiale. Vous remarquerez que le choix musical de Michel est particulièrement précis. Il nous explique pourquoi :

« Il y aurait plein de choses à dire sur le vêtement chez Daft Punk mais je dirais simplement ici que la tenue que je préfère chez eux, c'est vraiment celle de leur tournée de 2007. Ils portaient des blousons en cuir avec le logo Daft Punk clouté dans le dos, un peu comme sur une ceinture de (robot) rockeur. Une fois de plus, les genres se rencontrent.

daft punk casques tenue cuir noir argent

© IMAGO / Le Pictorium

Les mêmes Daft Punk, casqués et toujours en cuir ici. (IMAGO / Le Pictorium)

Quant au morceau que j'ai choisi, « One More Time / Aerodynamic » de cette même tournée, c'est un mash-up très épique, juste magnifique. Quand on écoute ça, on a juste envie de fermer les yeux et d'être là, en plein concert. Peut-être en 2027, du coup, qui sait ? »

9. F.O.O.L.

Un autre vengeur masqué ? Chez le Suédois Rasmus Hermansen aussi la musique electro se joue à visage couvert. Son univers est très imagé, urbain et jamais très loin de la science-fiction.

Ceux qui ont vu « Phantom Of Paradise » de Brian de Palma ne seront peut-être pas surpris par cette avalanche de casques et de masques en tout genre dans cette frange de l'électronique contemporaine. L'influence du jeu vidéo ou des mangas est aussi très présente.

Côté style, on y trouve des influences militaires, techwear et par extension pas mal de noir. Est-ce à dire qu'on est définitivement passé du côté obscur de la force ?

« F.O.O.L., c'est un mélange de plusieurs choses déjà abordées plus haut : il porte un masque d'anti-héros, qui fait penser à un masque à gaz, avec une tenue d'explorateur un peu comme Danger. Mais dans un environnement urbain cette fois-ci, souvent représenté graphiquement sur ses pochettes d'album dans un monde dystopique façon Cyberpunks.

En fait, d'un point de vue style, c'est presque un mix entre Danger et Kavinsky du coup. Il y a là aussi un univers très identifié. J'aime beaucoup le morceau « Escape Plan » pour ses influences synthwave justement, mixées dans des passages qui nous rappellent la complextro?Terme inventé par le producteur Porter Robinson, et peu utilisé depuis. C'est la contraction de « complexe » et d'« electro ». des années 2010. »

10. KLOUD

Quand Michel nous annonçait une deuxième partie plus propice au déguisement et à la mise en scène, il ne plaisantait pas : on ne sait pas grand-chose de Kloud si ce n'est qu'il avance lui aussi masqué. D'une certaine manière, cette tendance suit l'approche anonyme de la musique électronique des débuts. À ceci près qu'il y a ici un (gros) sens du spectacle à l'œuvre.

C'est sombre, comme si Darth Vader était de retour aux platines only. Et bien sûr, il n'est pas interdit de faire un parallèle avec les looks futuristes du techwear et de marques comme Acronym.

« Kloud, visuellement, c'est dans la veine de F.O.O.L. et de Danger. Il porte un casque de robot qui rappelle les Daft Punk aussi. Avec un gros travail sur la scénographie, les lumières et l'ambiance apocalyptique de ses morceaux et prestations.

Encore une fois, c'est sombre et violent mais ça reste souvent très mélodieux. Il a trouvé une texture sonore et un univers bien à lui qui se décline jusque dans sa tenue sur scène. « Humans » est son morceau le plus connu, le plus accrocheur et je l'aime beaucoup. »

11. VLADIMIR CAUCHEMAR

Dernière étape de ce périple épique en terres électroniques : on joue ici aussi la carte du mystère bien qu'on connaisse l'identité de Vladimir Cachemar. Il s'appelle Guillaume Brière et il est proche d'un certain nombre de musiciens en vue de la scène française contemporaine comme Lomepal ou Orelsan.

Dans le morceau sélectionné par Michel, vous découvrirez des bribes du « Thriller » de Mickael Jackson. Quant au personnage, imaginez un masque de type horreur et Halloween porté avec des vêtements de luxe d'inspiration streetwear et des Nike ou des Converse. Doit-on y voir une allégorie de l'industrie du monde du luxe et de la mode ?

« Vladimir Cauchemar est très présent en ce moment sur la scène électro française. Sur le plan vestimentaire, il s'est créé aussi son identité avec un masque de tête de mort qu'il ne quitte jamais, non sans jouer de son anonymat.

À côté de cela, il porte un style très streetwear, qui gravite autour du luxe et de la culture hype. On peut citer des marques comme Etudes et Vêtement, ou le chèche Dior qu'il porte sur la couverture de son EP "Brrr".

C'est un univers vestimentaire très différent de celui de BonneGueule mais je trouve intéressant d'y jeter un œil, de voir comment c'est représentatif de ses codes musicaux.

Car il travaille beaucoup avec la scène rap française. Le mélange entre style streetwear/hype et masque traduit justement bien la rencontre entre le rap (dont la culture bling n'est jamais très loin) et l'électro (souvent représentée par des artistes masqués) dans sa musique.

« Dancer » est un morceau composé avec une rappeuse ukrainienne. La rencontre est parfaite et la musique dégage quelque chose d'unique. »

C'est sûr : on navigue ici très loin de l'univers stylistique habituel de BonneGueule. Mais à l'image du précédent Pochette dédié au genre metal et comme le souligne très justement Michel, on gagne toujours à s'intéresser à d'autres formes de cultures musicales et vestimentaires. Bref, pour mieux comprendre les vêtements et les styles qui nous entourent, restons curieux : gardons les yeux et les oreilles ouverts.

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