De Martin Sheen à Ryan Gosling : la veste en denim, sur la route et au cinéma – Bobine

8 min
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De Martin Sheen à Ryan Gosling : la veste en denim, sur la route et au cinéma – Bobine

8 min
Publié le : 7 avril 2022Mis à jour le : 7 avril 2022

Vous l'attendiez depuis longtemps : notre nouvelle veste en denim est là et avec elle, c'est tout un pan de la culture américaine qui se raconte. On vous a déjà bien planté le décor de nos inspirations à travers nos shootings : Ford Mustang, route californienne et plein soleil, de quoi vous donner envie d'écrire votre propre road-movie. Ça tombe bien : c'est le sujet de ce Bobine surprise dédié... à la veste en denim !

(Crédit photo de couverture : Martin Sheen dans « La Balade sauvage » de Terrence Malick, 1973 - Collection Christophel / IMAGO / Prod.DB)

S'il suffisait d'un film pour donner envie de porter le jean et la veste en denim, je parierai volontiers sur « La Balade Sauvage » de Terrence Malick avec Martin Sheen et Sissy Spacek. C'est un bon exemple de ce que le vêtement peut bouleverser notre manière de regarder un film. Mais comme nous sommes entre gens curieux, je vous propose non pas une mais plusieurs balades dans l'univers un rien fantasmé du road-movie d'inspiration US.

1. QUEL EST LE LIEN ENTRE LE ROAD-MOVIE ET LA VESTE EN DENIM ?

Remontons le fil du temps. Vous vous en doutez, le denim et le cinéma, c'est une histoire qui ne date pas d'hier. Dans Bobine, on s'était ainsi lancés une première fois avec quelques grands noms du cinéma hollywoodien comme John Wayne, Gary Cooper ou James Stewart. Le rêve américain, en somme. Ça commençait dès les années 30. Il était entre autres question de chevaux, de westerns et de marques historiques comme Levi's, Lee ou Wrangler:

Et puis, on s'était arrêtés là. C'est qu'il fallait prendre le temps d'assimiler toutes ces images, de se (re)mettre au denim et de le laisser se patiner un peu. Le dernier film abordé dans cet article, c'était « Les Désaxés » de John Huston.

Soit la rencontre inoubliable de Clark Gable, Montgomery Clift et Marilyn Monroe. On y portait la veste en denim Storm Rider de Lee, ou le modèle MJ11 de Wrangler, comme Montgomery Clift ici avec ceinture, boots et chemise western :

C'était beau, ça tenait tout seul et ça sentait à la fois le vécu et la poussière. Mais l'histoire de la veste en denim ne s'arrête ni au western ni aux monstres sacrés d'Hollywood. Pas même aux plateaux de cinéma. Regardez par exemple ce que pouvait faire l'acteur Steve McQueen d'une veste Lee et d'un jean blanc en 1960, dans la vie de tous les jours :

La caméra ne tourne pas. C'est juste pour le plaisir. On pourrait trouver bien d'autres exemples. Pour autant, si l'on reprend le chemin des studios, on retrouvera la veste en denim bien en vue, en particulier dans un genre cinématographique émergeant : le road-movie?On peut le résumer ainsi : des personnages qui prennent un jour la route sans établir dechecklist, souvent pour fuir quelque chose et en trouver une autre - la liberté, l'amour ou la mort..

Cette soif de liberté et de grands espaces propres aux road-movies se retrouve jusque dans les publicités de certaines marques historiques de jeans - ci-dessus, Wrangler et son message « vivez libre » en 1969. Derrière l'argument commercial, il y a une part non négligeable de vérité.

Au cinéma, le denim est par exemple assez indissociable de la conquête de l'Ouest et des vagues successives d'émancipation de la jeunesse. La veste en denim s'inscrit d'une certaine manière dans cette longue histoire américaine - un mélange de style, de traditions et de révolutions culturelles.

Emblème du genre road-movie et de la contre-culture américaine, le film « Easy Rider » déboule ainsi à la fin des années 60 : c'est le premier long-métrage de Dennis Hopper et il y prend la route à moto avec Peter Fonda, en quête de liberté et d'expériences de toutes sortes.

Dans l'imaginaire collectif, c'est la naissance d'un genre à part entière même si certains cinéphiles vous diront qu'il y a déjà du road-movie dans « Le Magicien d'Oz »?Si vous vous intéressez aux couleurs, foncez ! de Victor Fleming en 1939 ou dans « New York Miami » de Frank Capra en 1934.

Dans « Easy Rider », ce sont surtout les motifs psychédéliques, les blousons en cuir et les vestes d'inspirations indiennes, en daim et à franges, qui tiennent le haut du pavé. Pour retrouver la veste en denim chez Dennis Hopper, il faut plutôt jeter un œil sur « The Last Movie » en 1971, style résolument western et modèle 101J de Lee :

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© IMAGO / Everett Collection

Dennis Hopper, sur le tournage de « The Last Movie », 1971.

Toujours est-il qu'à partir d'« Easy Rider », les routes américaines deviennent le théâtre régulier d'histoires de fugues et de cinéma. Dans cet environnement dédié à la nature, à l'asphalte et aux réflexions existentielles, la veste en denim a son petit rôle à jouer.

2. Y-A-T-IL UNE VIE POUR LA VESTE EN DENIM DANS LES ANNÉES 70 ?

Oui, et heureusement ! En 1970, on la découvre par exemple sur les épaules de Jack Nicholson dans « Cinq pièces faciles » de Bob Rafelson. Le film raconte lui aussi un périple, de la Californie vers le Nord américain. Son vestiaire est truffé de choses inspirantes : col roulé, blazer en velours, blouson court... et veste en denim, ici vraisemblablement une 101J de Lee portée avec jeans, chemise et boots workwear :

Vous l'avez remarqué : on commence à accumuler les exemples de tenues qui combinent deux pièces en denim ensemble. Comment faire si on n'est ni un cow-boy ni le sosie de Steve McQueen ou de Jack Nicholson ? David vous fait quelques propositions dans cet article :

L'année suivante sort le toujours très influent « Vanishing Point » de Richard C. Sarafian. On en parlait justement un peu ici. Mais dans les années 70, le film le plus emblématique du genre road-movie n'est autre que « La Balade sauvage » de Terrence Malick. Premier film, premier chef-d’œuvre, avec comme sujet les grands espaces, la fuite et les aventures de deux amants du Midwest jusqu'aux confins du Montana.

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© Collection Christophel / IMAGO / Prod.DB

Martin Sheen dans « La Balade sauvage » de Terrence Malick, 1973.

En 1973, personne ne sait qu'on tient là le futur grand cinéaste des voix intérieures. Le film est juste magnifique et la musique déjà obsédante. Surtout, Martin Sheen y dévoile l'une des tenues les plus iconiques jamais réalisée avec une veste en denim.

Figurez-vous qu'elle est aussi d'une simplicité désarmante : une veste Levi's 507, un tee-shirt blanc à col rond, un jean Levi's 501 et des boots de cow-boy. On peut légitiment penser qu'on n'a jamais fait mieux. Mais on peut bien sûr faire autrement. Au passage, petite histoire du tee-shirt blanc ici :

3. ET DANS LES ANNÉES 80 ?

Depuis les années 70, le road-movie s'est exporté bien au-delà des frontières de l'Amérique. Il a notamment fait rêver plus d'une fois le cinéaste allemand Wim Wenders. En 1984, il signe l'un des chefs-d’œuvre du genre :  « Paris, Texas », en compagnie d'Harry Dean Stanton, Dean Stockwell et Nastassja Kinski. On y découvre un homme perdu dans le désert, en casquette et costume poussiéreux :

De « Paris Texas », on retient entre autres la musique de Ry Cooder et la maille rose de Nastassja Kinski. Mais si vous vous intéressez au denim, le personnage interprété par Harry Dean Stanton mérite toute votre attention.

D'abord parce qu'il porte un jean Levi's associé à une ceinture marron et une chemise à carreaux. Les inspirations sont ouvertement western, bien qu'il s'agisse ici d'un modèle avec poches à rabats :

Ensuite parce que la pièce indigo que vous voyez sur la photographie ci-dessus, à terre, c'est une veste en denim, très probablement de marque Levi's elle aussi. Si vous ajoutez une paire de boots marron et une vieille voiture perdue au milieu de nulle part, ça donne ce genre d'image :

De plus près, vous pouvez remarquer le revers en bas de jambe et la manière de porter la veste : boutonnée jusqu'en haut, avec le col relevé. Pas de règle avec la veste en denim, vous la portez comme vous voulez : ouverte, fermée, ample ou plus ajustée. Les modèles les plus anciens possèdent cependant des coupes plus ouvertement boxy.

Évidemment, cette manière de porter la veste en denim laisse entrevoir bien des possibilités stylistiques. Et si cette pièce se prêtait par exemple au layering ? Cette pensée nous conduit tout droit vers un autre road-movie d'exception : « My Own Private Idaho » de Gus Vant Sant en 1991, avec Keanu Reeves et River Phoenix.

Le vestiaire du film est particulièrement riche. Si l'on veut s'amuser un peu avec la veste en denim, imaginez-la par exemple glissée entre le Perfecto noir et le hoodie écru de Keenu Reeves, ici à droite sur la photographie ci-dessus :

Vous voyez l'idée ? À l'opposé du layering, Keenu Reeves dévoile dans « My Own Private Idaho » une autre possibilité, qui a le mérite d'exister à défaut d'être véritablement confortable : la veste en denim à même la peau. Même esprit que pour la maille, avec la douceur en moins et les accessoires en cuir en plus :

Évidemment, cette piste est à but informatif. Une approche plus pragmatique vous conduira toujours à glisser un vêtement entre la veste en denim et vous : un tee-shirt, une chemise, un henley, un polo. Pour accessoiriser, le bandana est aussi tout à fait conseillé :

Pour d'autres films de type road-movie US avec ou sans denim, vous pouvez par exemple jeter un œil sur les plus récents «Las Vegas Parano» de Terry Gilliam en 1998, «Une Histoire vraie» de David Lynch en 1999, «Little Miss Sunshine» de Jonathan Dayton et Valerie Faris en 2006 ou bien encore «Into The Wild» de Sean Penn en 2007. La voiture n'est pas la condition sine qua none du genre - mais le voyage, le périple ou la traversée oui.

4. QUID DE LA VESTE EN DENIM CHEZ LES FEMMES ?

Il va sans dire que la veste en denim est également à l'honneur chez les femmes. Le meilleur exemple, pour ne rester que dans les films mentionnés jusqu'ici, c'est bien sûr Marilyn Monroe. Elle est ici en jeans, chemise blanche et veste Lee Storm Rider sur le tournage du film « Les Desaxés » de John Huston en 1960 :

Des années plus tard, alors même que la veste en denim est plus populaire que jamais, elle continue de symboliser un certain esprit de liberté. Jetez par exemple un œil sur l'indémodable « Thelma & Louise » de Ridley Scott en 1991 :

thelma et louise geena davis veste denim bleu

© IMAGO / Everett Collection

Geena Davis et sa veste en denim, dans « Thelma & Louise » de Ridley Scott, 1991.

Geena Davis et Susan Sarandon y sont les héroïnes d'une aventure qui va les mener de l'Arkansas au Colorado.Le denim fait partie intégrante de leur vestiaire, qu'il soit sous forme de jeans, de chemises ou de vestes. On y retrouve des marques comme Jett Paris, Guess, Lee ou Levi's :

Avis à nos lectrices : Pour l'inspiration, vous pouvez donc vous replonger dans les tenues de « Thelma & Louise », en particulier si les tendances des années 80-90 vous passionnent. Autre idée pour un road-movie, plus récent et pour sortir des USA : « Drive My Car » du japonais Ryusuke Hamaguchi, l'occasion de rappeler si besoin que le denim n'est pas qu'une histoire d'Amerique.

Vous savez déjà ce que nous pensons du denim japonais chez BonneGueule : c'est une véritable passion. Si jamais, petite piqûre de rappel dans cette vidéo. Le film de Ryusuke Hamaguchi n'est pas particulièrement tourné vers le denim mais vous pouvez y trouver une inspiration de style plus contemporaine, mi-workwear mi-streetwear dans la tenue de l'actrice Tōko Miura ci-dessous :

Pour l'exemple : ne changez rien à la tenue, substituer simplement la veste bleu clair par une veste en denim bleach. D'une manière générale, si un look vous plaît mais que vous n'avez pas toutes les pièces en main, sachez qu'il est souvent possible d'en conserver l'esprit en substituant une pièce par-ci par-là. Enfin, pour compléter, n'hésitez pas à regarder parmi les basiques sélectionnés par Nawal pour d'autres idées d'associations :

5. ET MAINTENANT ?

C'est un fait : les coupes ont changé avec le temps. Mais des classiques de l'âge d'or hollywoodien aux films contemporains, l'Histoire du cinéma ne souligne pas autre chose que l'intemporalité de la veste en denim : elle n'a jamais vraiment quitté les plateaux de tournage.

On l'a souligné plus haut : s'il fallait choisir LA tenue de cinéma avec veste en denim, ce serait probablement celle du film « La Balade Sauvage » de Terrence Malick. Mais bien sûr, à chacun son histoire personnelle avec cette pièce, notamment au cinéma.

Vous en trouverez bien d'autres illustrations à l'écran, et pas que dans le genre road-movie - souvenez-vous par exemple du style de Marty McFly dans « Retour vers le Futur » avec veste en denim glissée sous une doudoune sans manches. Bref, pour boucler la boucle, c'est encore Benoit qui résume le mieux la chose :

« Je me vois un peu comme Martin Sheen dans "Badlands" ou Ryan Gosling dans "Drive" (suivant mon humeur) quand je porte une veste en denim. »

drive ryan gosling veste denim bleu

© IMAGO / Ronald Grant

Ryan Gosling dans « Drive », 2011.

Certes, « Drive » n'est pas à proprement parler un road-movie. Pas de grands espaces. Pas de folle équipée à travers la plaine ni même de véritable espoir d'une autre vie. Mais la route y est omniprésente, urbaine et nocturne. L'action se déroule à Los Angeles et comme les personnages de road-movie, le couple incarné par Ryan Gosling et Carey Mulligan tente tant bien que mal d'échapper à quelque chose.

Outre le blouson très particulier du conducteur taciturne incarné par Ryan Gosling, on peut également voir dans son vestiaire une veste en denim Levi's vintage, associée avec henley, jeans Acne Studios et boots Stacy Adams Madison.

Pas vraiment le niveau de qualité de cuir que l'on plébiscite chez BonneGueule, mais l'essentiel est ailleurs : ce que vous voyez là, c'est une veste au style résolument intemporel, qui peut vous accompagner partout, tout le temps. Si ce sujet presque philosophique vous intrigue, Nicolò a planché sur la question ici :

6. OÙ TROUVER UNE VESTE EN DENIM AILLEURS QU'AU CINÉMA ?

La plupart des vestes présentées ici proviennent des marques historiques de jeans. On peut les retrouver un peu partout, et notamment en friperies pour pas très cher, pour celles et ceux d'entre vous qui affectionnent le vintage.

D'autres pistes de marques ici au besoin. Si toutefois vous recherchez le grand frisson du denim, les grands classiques sont à chercher chez des marques comme Momotaro, Rogue Territory ou bien encore Oni Denim. Plus accessible :

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