Conseils : Comment personnaliser et mettre en valeur son costume ?
Quel homme élégant et digne de ce nom ne s’est jamais demandé avant d’aller travailler : "Mais comment vais-je bien pouvoir égayer et améliorer mon costume pour sortir de la morosité ambiante ?"
S’il est une des pièces iconiques de votre garde-robe, le costume reste en soi un élément, fût-il de la plus belle étoffe et le mieux coupé du monde, assez classique du dressing masculin.

Le genre de tenue terne qui ne donne pas envie aux hommes de porter des costumes.
C’est justement grâce à ses caractéristiques intrinsèques qu’il peut être mis en valeur de multiples façons, supporter une touche d’originalité et permettre à son propriétaire toutes les combinaisons - ou presque, n’exagérons pas !
Voici quelques pistes pour commencer sa journée sous les meilleurs auspices, exprimer simplement son humeur du jour en agrémentant son costume, affirmer sa personnalité et, surtout, sortir du sempiternel trio infernal : costume–chemise–cravate.

On ne vous demandera pas d'en arriver à de tels extrêmes, rassurez-vous.
Les accessoires indispensables qui vous feront aimer le costume
La pochette
Je suis, je le reconnais, un inconditionnel de la pochette. C’est bon marché, élégant et on peut presque tout se permettre en la matière. Elle se décline dans différents motifs - à pois, à fleur, paisley -, et matières - en lin, soie, coton, laine ou cachemire.
Breuer ou Hackett en proposent de très jolies à des prix raisonnables.
Passons au choix du pliage, essence même de la pochette. Retenons ces 3 possibilités (car il en existe pléthore) :
- Façon « nœud », couramment usitée et rapide à réaliser.

Ici, la pochette casse l'uniformité d'une tenue monochrome.
- En pointes ailées. Moins courante que la première option mais très habillée quand elle est bien réalisée. Plusieurs possibilités consistent à faire sortir d'une à quatre pointes de la poche du haut de la veste.

Ce type de pliage convient aux plus poètes d'entre nous.
- Droite (ou rectangulaire). Dans ce dernier cas, la choisir exclusivement blanche unie (un mouchoir fera l’affaire).

Elle fut très souvent portée ainsi dans les années 50 et 60 (comme Sean Connery dans les James Bond) mais fut récemment remise au goût du jour, notamment avec Don Draper dans la série « Mad Men » ou Jean Dujardin en OSS 117.
Seule dérogation à cette contrainte : blanche et entourée d’un liseré de couleur pastel, très discret. La marque Roda en fabrique une variante, très réussie. Vous pourrez ainsi choisir la couleur du liseré pour rappeler celle de votre cravate.

Ici, Tom Ford fait passer sa tenue de "triste" à "raffinée" grâce au fin liseré noir de la pochette, qui rappelle subtilement la cravate. Notez aussi l'épingle de col, donnant un joli bombé au noeud.
Attention ! Règle à respecter qui ne supporte aucune exception :
Ne jamais associer une pochette du même motif (ou de la même couleur unie) que votre cravate.
Ne me demandez pas la raison : c’est comme ça et ça ne se discute pas.
C’est la faute de goût (et le détail qui tue) par excellence, qui ruinerait tous vos efforts. N’hésitez surtout pas à bien dissocier la couleur de la pochette et celle de la cravate. Lâchez-vous, c’est l’occasion.

La sobriété de la cravate met en valeur la veste claire à chevrons et la pochette à motifs. Crédits : Sinabrochar.
Vous pouvez également mélanger les motifs : combinez, par exemple, une cravate à motifs cachemire avec une pochette à pois.
Bref, un carré de 35 cm (environ) qui singularise votre costume en apportant à votre tenue, selon votre humeur et vos obligations privées ou professionnelles, une touche unique et raffinée.
La fleur boutonnière
C’est, selon moi, le raffinement à l’état pur, dont on trouve la source et l’origine chez les Italiens (est-ce vraiment une surprise ? ). À l’instar de la pochette, c’est l’accessoire discret, pas cher et qui fait toute la différence.
Elle se positionne, comme son nom l’indique, au niveau de la boutonnière du revers de la veste de costume.
Si vous cherchez la référence en la matière, commandez-la sur le site du chemisier italien G. Inglese. Il propose de magnifiques modèles en laine bouillie, unies ou bicolores (mes préférées) avec, de surcroît, un système de tige extrêmement pratique à enfiler directement dans la boutonnière du revers de votre veste.
La marque italienne haut de gamme Boglioli) les propose systématiquement avec leurs vestes et en a fait un signe de reconnaissance pour les plus avertis.
Willman en vend également de très jolies tricotées, unies (beige, bleu et rose fuchsia ) avec un système d’épingle assez pratique.
Une autre marque italienne, Fradi (dont j’ai déjà évoqué les vertus dans mon article sur comment porter la veste napolitaine et que je recommande tout particulièrement) l’associe, comme Lardini, à une partie de leurs vestes. Que demander de plus ?
En résumé, un accessoire qui peut se porter lors de nombreuses occasions, qui embellira immédiatement votre costume.
Précisons tout de même qu'une pochette et une fleur boutonnière peuvent être portées sur votre costume avec ou sans cravate (même si je souscris plutôt à la seconde option).
Les twists de la cravate
Porter une cravate dénouée
Si vous persistez à porter votre cravate préférée avec le costume, une petite liberté à laquelle je me plie de plus en plus, alors portez-la légèrement dénouée.
Bon, pas trop non plus, au risque d’avoir l’air dégingandé. Ouvrez le dernier bouton de votre chemise (comme le journaliste de France 3 Frédéric Taddéi), pour une allure plus nonchalante et casser subtilement l’aspect formel et parfois rigide de votre costume.

Pour oser le premier bouton détaché, c'est ce soir ou jamais.
Un conseil néanmoins à oublier pour une réunion très formelle, lorsque vous présenterez votre bilan financier face à un parterre de dirigeants !
Note de Benoit : Attention, avec ce gimmicik, vous basculez totalement dans du casual, et cela peut être mal perçu dans un milieu professionnel strict. À ne pas faire avec une cravate et un costume très habillés (cravate en soie lisse et costume bleu marine par exemple) ! En effet, le contraste ne serait pas très heureux....
Le deuxième pan de la cravate apparent
Les Italiens, encore une fois, sont experts en la matière. Vous n'avez qu'à regarder quelques clichés du Pitti Uomo, beaucoup de maîtres de l'élégance pratiquent cette étrange coutume.
Le but en est la nonchalance, cette technique donnera du volume à votre cravate et la mettra donc en avant. Faites le test, vous verrez que ça change du tout au tout. #sprezzatura

Ici, Nicola Radano l'illustre bien même si sa tenue est difficilement portable dans nos rues, à part si vous aimez le pantalon tailleur blanc ET taille haute...
Les alternatives à la chemise pour homme
Qui dit costume ne dit pas forcément chemise. Pour preuve, deux exemples pour sortir des sentiers battus et « assurer ».
Le pull à col roulé avec un costume
Plus casual que le couple chemise-cravate, mais tout aussi élégant. Il se marie à merveille avec un costume d’hiver en laine ou flanelle. C’est, selon moi, la meilleure des combinaisons. C'est d'ailleurs un très grand classique au Pitti en hiver, les pulls à col roulé portés sous le costume sont légion.

Un look très chaleureux signé Danilo Carnevale. On note le discret rappel de rouge sur le costume à carreaux. Crédits : www.gentlemensweardaily.com
Je suis moins partisan du costume en Super 100's associé à un col roulé fin (type mérinos) : on perd un peu le côté chaleureux de la tenue.
Retenez, dans cet esprit, que plus la matière de votre costume est lourde, plus votre col roulé doit être épais. Et osez la couleur, nom d’un chien ! Quelques associations heureuses : un costume bleu marine en laine avec un col roulé rouge ou bleu clair, ou encore un col roulé violet sur un costume flanelle gris clair.
Le polo uni à manches longues
C’est un bon compromis à la chemise car il apporte une touche moins stricte, sans pour autant altérer l’allure globale.
Choisissez, dans ce cas de figure, uniquement des polos comportant des boutonnières aux manches, identiques aux chemises (et non avec des bouts de manche molletonnés type sweat-shirt). Pour les plus curieux, nos confrères de For The Discerning Few ont dédié un article très sympathique sur cette pièce peu courante en France.
Daniel Crémieux et Arthur & Fox en proposent de très beaux, unis avec un col à un ou deux boutons. Si vous avez du budget, la référence est sans aucun doute chez G. Inglese... La tenue idéale pour les « fridaywear ».

La couleur rouge vif du polo permet de pallier l'absence de cravate.

La photo culte de Lino en polo shirt !
Le cardigan fin
À porter lors des journées rudes d’hiver. Sur une base « trois pièces », cet ensemble a l’avantage de mettre en valeur tant votre chemise que votre costume.
Autre avantage : on peut l’associer ou non, selon l’humeur et l’occasion, à une cravate.

Le look de gauche est rendu plus décontracté grâce au cardigan dont la couleur rappelle les carreaux du costume. Un sans faute osé, signé SuitSupply.
Quelques conseils :
- Veillez à ce que votre cardigan comporte entre cinq et six boutons (selon l’écart entre chaque bouton) de sorte qu’il recouvre une bonne partie de la chemise, et que l’ouverture soit suffisamment haute pour être harmonieuse avec l’ouverture de votre costume. Je trouve que le costume deux boutons (voire « faux » trois boutons) se prête davantage au port du cardigan,
- Ouvrez systématiquement le bouton du bas (comme pour le gilet d’un costume), voire les deux derniers,
- De même que pour le col roulé, choisissez la matière de votre cardigan en cohérence avec celle de votre costume pour un ensemble plus cohérent,
- Soyez vigilants sur la qualité des boutons. Ceux de couleur marron (clair ou foncé selon la couleur de votre cardigan) et en corne (ou imitation, tarif oblige) ont ma faveur. C’est tout simplement plus élégant et habillé.
De nombreuses marques en proposent (Uniqlo, Monoprix, Bruce Field, Massimo Dutti, Curling, Atelson, Ralph Lauren, Hackett) dans des matières diverses (laine, laine mérinos, coton, coton / cachemire, cachemire) avec ou sans coudières et à des tarifs plus ou moins abordables. Entre 50 et 100 € (hors cachemire) me paraît être un bon budget.

Voilà la photo à connaître si vous n'êtes toujours pas convaincu par 1) l'intérêt du cardigan fin sous un costume et 2) l'élégance d'un costume dans un beau vert.
Les accessoires pour ajouter de la couleur au costume
Et maintenant, deux accessoires pour donner libre cours à votre créativité vestimentaire sans prendre de risques.
Écharpe, foulard, étole ou chèche
Voilà un accessoire que vous pourrez dégoter facilement tant le choix est pléthorique et permet de faire des heureux, quel que soit le style de chacun : unies, à pois, rayures, à fleurs, à motifs divers et variés.
Il y a donc, et heureusement, de multiples alternatives aux notoires Burberry (les fameux carreaux) ou Paul Smith (la fameuse rayure bayadère) pour embellir votre cou et personnaliser votre tenue.

Avec un costume sobre, l'originalité d'un foulard passe tout à fait.
L’écharpe peut se porter de différentes façons : en la jetant sur l’épaule, enroulée simplement autour du cou, mais l’option que je préfère est sans aucun doute le nœud parisien. Simple à réaliser, elle a l’avantage de bien couvrir le cou et de tomber au milieu de l’encolure en V du costume, qu’il comporte 2 ou 3 boutons.
Quelques marques « références » :
Curling, Nodus, Arthur&Fox ainsi que Michel Axel et Cairns, deux marques moins connues, dont les écharpes en laine sont absolument sublimes et très douces.
Bon plan : n'hésitez pas à vous aventurer dans les rayons de certains magasins de mode féminine pour dénicher, souvent, de très jolis foulards unisexes, à prix modique. Et puis, Messieurs, sollicitez votre moitié : elle aura certainement un beau foulard à vous prêter qui fera l’affaire.
L’écharpe constitue donc l’achat basique par excellence et indispensable pour « étoffer » votre costume durant les rudes journées hivernales. Vous ne sortirez plus sans elle !

Rien de pire qu'une bouche de métro venteuse pour attraper froid !
Les bracelets
Commençons toute de suite par cette importante précision afin d’éviter une catastrophe : il faut exclure de cette catégorie la gourmette (nominative ou pas) qui, à elle seule, peut vous détruire une allure, voire une réputation, en quelques secondes.
J’évoque ici le port de plusieurs bracelets de différents styles, que vous pourrez combiner à l’envie, au gré de vos humeurs du moment et de votre style.

Les Italiens sont maîtres dans l'art de porter des dizaines de bracelets au poignet.
Qu’ils soient tressés, en cuir, brésiliens (en coton), à boules en bois ou à perles, les Italiens en sont friands ; comme le patron de Tod’s et Hogan, Diego Della Valle, ou celui de Ferrari, Luca Cordero Di Montezemolo.
Ils rehausseront votre poignet et votre costume. À vous de trouver la combinaison qui vous caractérise.

Diego Della Valle et ses bracelets.
Sachez que le chemisier G-Inglese (encore lui) commercialise de magnifiques brins de coton parés de la fleur bicolore emblématique de la marque : une vraie réussite. Toujours disponible sur le site de la marque.

Bracelets G. Inglese. Crédits Milanese Special Selection
J’ai donc converti mes deux poignets à cette douce pathologie il y a une dizaine d’années, et j’avoue ne plus pouvoir m’en passer… À l’instar de mes montres qui supportent bien cette cohabitation !
Et puis, ça renforce le lien filial : mon fils me confectionne des bracelets brésiliens sur-mesure aux couleurs de mon choix.
Évitez tout de même d’en recouvrir vos poignets et avant-bras, au risque de passer pour le fils spirituel de Jack Sparrow et d’être assimilé à un personnage fantasque et provocateur : trop de bracelets tuent le bracelet ! Milanese Special Selection, après son fameux article sur le sujet, en a d'ailleurs publié un deuxième où il fait preuve de beaucoup de nuances.

Une tenue élégante, c'est avant tout le sens de la retenue.
En résumé, un triple avantage : ces bracelets apportent couleur et originalité à votre costume, confèrent un brin d’exotisme à votre style et, enfin, subliment le port de votre montre, ce qui ne gâche rien.
Le port dépareillé
Pour en finir avec l’image bien souvent figée et rigide de cette pièce maîtresse de votre garde-robe, dépareillez votre costume en associant le pantalon ou la veste à une autre pièce pour adopter un style moins guindé.
C'est LE gimmick récurrent du Pitti, la majorité des hommes cassent la monotonie du costume complet en le dépareillant.

Lino Ieluzzi s'entretenant avec Luca sur la meilleure façon de dépareiller la veste et le pantalon.
Veillez, comme d’habitude, à l’harmonie des matières et à la cohérence des couleurs. Un exemple : combinez un pantalon flanelle (gris clair de préférence) à une veste d’hiver (milleraie de velours, moleskine, laine, tweed à chevrons…), un manteau (ou redingote) ou une veste molletonnée.
Nonobstant son aspect formel, le costume n’en reste donc pas moins une source inépuisable d’inspiration et d’associations pour la gente masculine, quelle que soit son style et ses envies.

Cet homme heureux a écouté nos conseil. Depuis, il jongle avec des gants oranges.
Bien plus qu’un uniforme, il peut être « multiformes » et servir de base à de nombreuses combinaisons vestimentaires, de la plus habillée à la plus décontractée. N’employait-on pas, il y a encore quelques décennies, le terme, désormais un peu suranné, de COMPLET pour qualifier le costume ? Le mot parle de lui-même.
Sans oublier nos propres costumes...
Vous nous connaissez, les costumes thermocollés tout plats et qui gondolent à la première pluie, très peu pour nous.
C’est pourquoi on a développé toute une collection en entoilage semi-traditionnel ou complet, toujours avec nos finitions sartoriales préférées.
Laissez nous un commentaire
Questions de styles, points de vue perso, bons plans à partager ? Nous validons ton commentaire et te répondons en quelques heures