Comment porter des sneakers basses ? (feat. nouvelle collab Buttero)
Disclaimer : c'est un article un peu particulier aujourd'hui... À l'occasion du réassort de notre collaboration avec Buttero, nous avons pensé que ce serait l'occasion de se pencher de plus près sur l'histoire des sneakers basses, racontée par ailleurs ici en vidéo dans V.I.R.A.L)
Un item unique en son genre, au passé riche et surprenant.
Et bien entendu, nous ferons un léger rappel sur les caractéristiques de notre collaboration avec Buttero.
Berlin, 1936. Les Jeux Olympiques d'été battent leur plein. Les États-Unis sont représentés par un athlète d'exception, un homme dont la légende est telle qu'il aurait même remporté des courses face à des chevaux : Jesse Owens.
Saut en longueur, 100m, 200m et relais 4 x 100m, il remporte toutes les épreuves et rentre chez l'Oncle Sam avec quatre médailles d'or. Son secret ? Les sneakers créées par Adi Dassler, alias Adidas, qui deviendra le premier grand équipementier sportif de son époque.

Une fois ses précieuses Adidas aux pieds, rien n'arrêtait Owens.
La marque venait d'accomplir un travail de design incroyable, jamais des sneakers n'avaient été aussi performantes depuis leur première apparition... pendant les années 1870. Était-ce pour le football, le rugby, le baseball, le cyclisme ? Que nenni, elles ont été créées pour faciliter la pratique du croquet !

Sous les jupons se cachent des sneakers basses ! Ce n'est que grâce à la vulcanisation, inventée une quarantaine d'années plus tôt, que leur apparition a été rendue possible. Assez rudimentaires, elles ne présentaient pas de pied droit ou gauche et se portaient de façon indifférenciée. (Peinture de Winslow Homer, "Croquet scene")
Fortes de l'exemple d'Adidas, plusieurs marques s'inscriront ensuite dans son sillage. Il y a évidemment Puma Les fondateurs d'Adidas et Puma, frères et anciennement associés, ont chacun créé leur marque après de trop nombreuses disputes., Reebok, Le Coq Sportif ou encore la petite dernière du genre, Nike.
Pourtant, jusque dans les années 50, les sneakers resteront l'apanage des sportifs. Une fois encore, ce sont les icônes de cinéma qui vont changer la donne, des noms que vous connaissez déjà bien 😉

Marlon Brando dans Un Tramway nommé Désir... (1951)

... Et James Dean, portant des Converse Jack Purcell.
À l'instar des blue jeans et des vestes en cuir, les sneakers sont devenues un symbole de contestation. Un emblème de la jeunesse et de l'anti-establishment, marquant leur première entrée dans un contexte urbain.
Elles ne garderont cependant pas longtemps leur statut sulfureux : à peu près à la même période, on commence à dire "au-revoir" à l'uniforme à l'école. Les parents, pragmatiques, chaussent leurs enfants avec des chaussures souples et bon marché. Les baby boomers conserveront cette habitude et continueront de porter des sneakers à l'âge adulte ; "des tennis", disait-on.

Le marketing ne fait plus forcément référence au sport, "les Converse All Stars sont partout".
Est-ce suffisant pour expliquer la sneakermania qu'on connaît aujourd'hui ? Pas tout à fait... Les équipementiers vont achever leur transition du sport à la mode grâce à un coup de génie : le sponsoring de personnalités. Pour le coup, c'est du côté du hip-hop qu'il faut lorgner.

Le légendaire groupe Run DMC, pionner de l'esthétique hip-hop telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Le Brooklyn de la fin des années 70 est marqué par la tendance des b-boys, accros au break dance et ne jurant que par un modèle de sneakers : les fameuses Superstar. Un groupe de rap, les Run DMC, enregistre même un single appelé My Adidas :
Mes Adidas et moi, aussi proches que possible. On fait une méchante équipe, mes Adidas et moi.
Le label du groupe, flairant l'opportunité, a invité la marque à un live en studio mais celle-ci n'a pas immédiatement saisi le potentiel d'une telle action (elle leur a simplement offert quelques vêtements).
"Put your Adidas in the aiiiiiiiiiiiir", a déclaré le groupe en concert peu de temps après. Un employé Adidas était dans l'assistance et, voyant la nuée de Superstar levées, en a informé ses supérieurs le lendemain. Un contrat d'un million de dollars sera alors signé, énormissime pour l'époque.

Un vrai moment d'histoire pour la culture hip-hop, et celle des sneakers !
Ce n'est un secret pour personne, les créateurs des podiums puisent souvent leur inspiration dans la rue et les changements de la société. Ce n'était donc plus qu'une question de temps avant que les grandes Maisons ne s'en emparent. Chanel ouvrira la voie à travers une collab' féminine avec Reebok sur les Pump Fury, en 1997.

À la demande de la Maison de la rue Cambon, une réédition en noir et argent sera réalisée au cours des années 2000. Certaines collectionneuses considèrent même la première version comme le Saint-Graal.
Côté homme, ce sont surtout les créateurs de Lanvin et Maison Martin Margiela qui ont permis à la sneaker de devenir un objet de luxe. Il est intéressant de noter que, chacun à leur façon, ils ont revisité des modèles iconiques.

Lanvin s'inspire des Converse, troquant le cap toe (empiècement au bout de la chaussure) en plastique contre du cuir vernis, et en misant sur des couleurs riches.

Les German Army Trainers sont aspergées de peinture chez Margiela, dans l'esprit un peu taré propre à la marque.
Aujourd'hui, les sneakers se sont infiltrées dans toutes les strates de notre environnement. On en trouve pour tous les styles, avec pléthore de matières et de détails différents. Aucune pièce issue de la pratique du sport ne s'est autant imposée comme basique du dressing masculin. Comme disait une célèbre marque de cigarettes, "You've come a long way, baby".

On en a fait du chemin !
Le réassort des sneakers BonneGueule x Buttero
Il y a un an, nous avions le plaisir de vous présenter notre collaboration avec Buttero sur deux paires de sneakers. Nous voulions des sneakers légères mais robustes, qui soient adaptées à l'été.

Un modèle en chambray bleu pour la tige et veau-velours navy pour le cap-toe ; un modèle en lin kaki et cuir lisse marron.
On était ravis de voir qu'elles vous avaient séduits, et de constater le sold-out en quelques heures seulement !

Elle est la collaboration au sold-out le plus rapide de 2015 !
Alors, à votre demande, nous avons demandé à Buttero de relancer une production.

Au passage, Buttero travaille ses cuirs à la main 😉
Cela étant, la référence matière utilisée pour le modèle bleu n'était plus disponible. En effet, comme les marques de vêtements, les fabricants de tissus ont aussi des collections saisonnières avec, malheureusement, des références qui ne sont pas reconduites d'une saison à l'autre. Mais il en fallait plus pour nos décourager !
Dans un esprit très proche, nous nous sommes donc tournés vers une toile de lin bleue, légèrement plus claire que le modèle en chambray que vous connaissez déjà. Très honnêtement, le rendu est très très très très proche, c'est la même référence que le lin de la paire kaki, sauf qu'il est bleu :p
Autrement, le modèle kaki reste complètement inchangé.
Vous retrouverez donc :
- Une tige (corps de la chaussure) en lin, robuste, légère et respirante ;
- Un cap-toe en cuir tanné végétalement (velours pour le modèle bleu, lisse pour le kaki),
- Repris par un liseré à l'arrière de la chaussure ;
- Des lacets bien costauds en cuir également,
- Et la fameuse semelle Margom, cousue ET collée, dont la durabilité et ses lignes harmonieuses ne sont plus à démontrer.
À l'exception de la toile changeant pour le modèle bleu, les features restent une fois encore exactement les mêmes. Du coup, on s'est dits qu'il serait bien plus intéressant de parler style, sachant que toutes les infos sont déjà dans le premier article. On y traite de cow-boys toscans, d'entreprise familiale, et de l'intérêt d'avoir des sneakers en tissu en été !
On est partis !
Les sneakers basses : une pièce plus polyvalente qu'il n'y paraît
Quelle que soit votre tenue, des sneakers basses y apporteront de la spontanéité. Un de leurs autres avantages, plus pratique, est le confort qu'elles apportent. Exception faite des tongs, ce sont les seules chaussures où vous pourrez vous sentir comme dans des chaussons. L'été venu, les modèles en toile (ou éventuellement en cuir perforé) constituent encore la meilleure option.
Riches de leur histoire complexe, les sneakers basses sont une pièce tout-terrain. Pouvant convoyer de multiples notions, elles sont loin de se limiter au sportswear uniquement, bien au contraire. Jason, notre graphiste, vous a préparé une petite liste des possibilités en sneakers basses, avec un shooting qu'il a lui même réalisé :
Les idées de look
Niveau ouverture de jambe du pantalon, les sneakers low laissent le plus de liberté. Selon votre convenance, vous pouvez les porter avec le bas du pantalon roulotté. Très populaire dans le streetwear, je vous recommande d'ailleurs l'ourlet pinroll : affinant l'extrémité de la jambe du pantalon, il attire le regard vers la cheville et met la chaussure en valeur.

On vous a souvent dit que la matière était importante sur un sweat-shirt, évitant le côté "ado" qui colle parfois à cette pièce. Eh bien, un jeu de nuances comme sur celui-ci fonctionne aussi : la variation de gris permet au color block de rester subtil. C'est aussi un clin d'oeil aux sneakers, également bicolores, qui s'intègrent d'ailleurs naturellement à l'ensemble. (Sweat Cuisse de Grenouille, chino DNM Pieces)

La première chose à observer sur un jean bleach, avant même de regarder sa coupe, est la manière dont il a été délavé. Ici, l'opération a été réalisée avec justesse, loin de l'écueil vulgaire dans lequel on pourrait tomber. Du reste, il n'y a rien de difficile, c'est simple et efficace ! Notez le twist des manches du tee roulottées et les revers aux jambes, assez imposants mais acceptables dans des influences streetwear. PrendsEnDeLaGraineJayZ (Lunettes Jimmy Fairly, jean Editions MR, montre Lip Himalaya)
Des sneakers basses dans un look streetwear : le récap
- Elles s'accomodent de bon nombres d'ouverture de jambe (le duo sneakers / pantalon large qui casse sur la chaussure a un côte rétro apprécié de certains puristes) ;
- C'est l'occasion de porter des sneakers de couleurs ou à l'ADN marqué ;
- N'hésitez pas à regarder des blogs des sneakerhead, HypeBeast et compagnie pour l'inspiration. Et partagez vos tuyaux avec nous en commentaire 😉
Les sneakers basses, meilleures copines de la décontraction
Rien de surprenant à retrouver les sneakers si présentes dans des tenues casual, ce sont les chaussures décontractées par excellence. Du coup, elles s'accommodent de quasiment tous les types de pantalons : jean, chino, short et même cargo se complètent joliment de sneakers.
Compte-tenu de la multiplicité d'influences qu'on peut retrouver dans un style casual, il est plus simple de choisir un modèle facile à assortir. D'ailleurs, à quoi reconnaît-on une sneaker polyvalente ? Elle est :
- De couleur simple et douce : bleu, kaki, bordeaux ou blanc ;
- Avec une ligne fine et des proportions travaillées pour une plus grande facilité d'intégration ;
- Tout en évitant les gros logos ;
- Dans des matières recherchées, qui cassent le côté sportswear ;
Comparons deux modèles d'entrée de gamme bien connus, les Adidas Stan Smith vs les Nike Dunk. Pas la peine de prendre des exemples haut de gamme, elles illustrent parfaitement l'idée...

Blanches et fines, les Stan Smith se portent ultra facilement (c'est d'ailleurs aussi pour ça qu'on en voit autant), malgré un cuir qui fait très tennis.

Alors qu'ici, les Nike Dunk ont un côté agressif en raison de l'association rouge/noir. Leur forme est très massive et l'ADN sportswear marqué. Attention, je ne dis pas qu'elles sont importables mais bien que pour toutes les raisons données, il ne s'agit pas d'une paire polyvalente. Quelqu'un avec un style streetwear en tirerait bien plus parti.
De quoi s'inspirer !

Le look est encadré par la veste et les sneakers bleues. Cette technique fonctionne quasiment à tous les coups, même si je vous conseille de chercher des nuances de bleu différentes pour plus de relief. Ici, le jean gris joue le rôle de liant entre les différentes pièces, là où le tee-shirt blanc illumine l'ensemble. (Lunettes Jimmy Fairly, veste Maison Standards, tee-shirt BonneGueule, jean BonneGueule)

Rien ne vaut des sneakers pour glisser sur des dunes de sable ! Blague à part, le modèle kaki se prête bien à l'esprit baroudeur de Luca, qui le renforce à travers une chemise texturée et son jean brut de rebelle. C'est l'exemple typique d'une tenue reposant avant tout sur un choix judicieux de matières, ici des étoffes brutes qui se font écho entre elles. (Chemise Naked & Famous, jean BonneGueule)

Ancien capitaine de football, Florian choisit d'articuler sa tenue autour des origines sportswear des sneakers basses. Il opte ainsi pour un short et un tee-shirt, mais pas n'importe lesquels. Pour le coup, les volumes sont primordiaux : si on peut se permettre un effet loose sur le tee-shirt, la coupe du short doit être un minimum fittée. Notez qu'une autre option aurait été de porter un short habillé avec pinces, pour créer un contraste de styles. (Tee-shirt BonneGueule, short Vicomte A.)
Ce qu'on retient des sneakers basses dans un look casual
- Privilégiez les modèles polyvalents (dans un premier temps, du moins) ;
- Pensez aux accessoires et aux textures pour éviter de faire d'un look simple, un look simpliste ;
- Vous retrouverez de très bons exemples sur des plateformes de street styles comme lookbook.nu ou FashionBeams.
Twister une tenue sartoriale avec des sneakers basses
Le style sartorial est particulièrement codifié, voire parfois strict. Selon les écoles, la nonchalance est certes encouragée - qui a dit sprezzatura ? - mais il n'est pas toujours évident de casser la rigueur d'un costume. Une des techniques que vous connaissez bien est celle du dépareillé. Remplacer le pantalon par un chino permet également d'être plus décontracté.
En revanche, porter des sneakers basses va un cran au-dessus. Vous semblez dire "Je les ai enfilées à la volée en sortant", on peut difficilement faire plus spontané pour le coup 😉

Costume complet, chemise blanche, cravate, porte-document en cuir ; le look demeure formel. Pourtant, l'introduction des sneakers rompt avec cet aspect de la tenue, amenant une forme de dynamisme. Et puis en matière de confort, c'est à des années lumières d'une paire de Richelieu. (Costume Gant Rugger, chemise De Fursac, cravate SuitSupply, porte-document WhenIWasSeventeen)
Vous vous en douterez, c'est du côté des modèles relativement fins qu'il faudra regarder. De même pour le pantalon, ce type d'association fonctionnera davantage avec une ouverture de jambe fine ou, si vous aimez, avec des revers feu de plancher.
Des sneakers et du sarto !

Beaucoup ne s'osent pas aux vestes et blazers dans les tons bruns, ce qui est bien dommage : c'est un moyen facile d'ajouter de l'originalité à vos looks. Ce sont des pièces qui s'assortissent particulièrement aux chemises bleues, je suis sûr que vous n'en manquez pas ! Les sneakers apportent d'autant plus de spontanéité que la veste est croisée : le contraste est renforcé, les chaussures sont mises en valeur. Tout comme Florian plus haut, Luca encadre sa tenue par une veste et des sneakers de nuances proches, c'est aussi une astuce pour assortir des couleurs moins évidentes. (Blazer SuitSupply, chemise en oxford BonneGueule, jean BonneGueule)

Entre la chemise blanche et le chino beige, l'ensemble demeure fade. Les couleurs plus soutenues du blazer et des sneakers viennent justement réveiller la tenue, dont l'élégance reste bien présente. La ceinture en cuir tressé permet également de structurer la silhouette. Autrement, vous maîtrisez déjà très bien ce type de looks donc amusez-vous. (Blazer BonneGueule, pochette PochetteSquare, chemise BonneGueule, ceinture tressée SuitSupply, chino DNM Pieces)

Entre la chemise en chambray et le jean blanc, le look est relativement décontracté. Le blazer en seersucker (étoffe gaufrée de coton, pensez-y pour vos vestes d'été) s'insère facilement, son motif reprenant les couleurs des autres pièces. Des monk ou des derby seraient tout à fait à propos ici, mais les sneakers viennent justement appuyer la décontraction de la tenue tout en amenant la nonchalance si chère à nos amis Italiens. (Blazer Cadot, chemise en chambray BonneGueule, jean blanc DeFursac)
Les tuyaux pour porter des sneakers de façon habillée
- C'est un excellent moyen d'amener de la spontanéité dans une tenue formelle ;
- Tournez-vous vers des pantalons fittés ou à grands revers (voire vers une coupe 7/8ème, tout de même plus rare chez les hommes) ;
- Regardez ce qui se fait au Pitti pour choper des idées, de même que sur Instagram.
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