Comment avoir un style AUTHENTIQUE ? – Sapristi #16
Chers amis, voici le seizième épisode de Sapristi !
Au terme des quinze épisodes précédents, on a parlé d’originalité et d’intemporalité du style, des cycles de tendances et du fonctionnement des modes...
On a vu ce qui faisait qu’un style était “masculin” ou pas...
Bref, on s'en est donnés à cœur joie sur les grandes questions du style.
Mais une question subsiste, et un sujet a été laissé en suspens...
Qu’en est-il de la COHERENCE entre le style et son porteur ? La fameuse “authenticité” ?
Et en fonction de quoi juge-t-on que quelqu’un est habillé de façon “authentique”, tandis que d’autres seront jugés déguisés ?
Personnellement, j'ai toujours eu une posture plutôt "libérale" sur le sujet.
Comme tout le monde, j'ai bien-sûr des associations d'idées Des 'préjugés', même si le terme se veut péjoratif vis-à-vis de tel ou tel style : lorsqu'on lui montre une tenue, le petit singe des codes sociaux qui habite mon esprit cherche à faire rentrer les carrés dans les carrés et les ronds dans les ronds.

Voilà, c'est lui, le petit singe des codes sociaux : "Toi, tu portes ça, donc tu vas là. Et toi... Eh mais ! Pourquoi tu rentres pas, toi ?"
Mais malgré ça, je tâche de ne pas porter de jugement de valeur vis à vis des tenues des gens, ou à minima, de garder à l'esprit que ce jugement est faillible.
Malheureusement, il serait irréaliste d'attendre cet effort de votre entourage.
A vrai dire, même chez les passionnés de style, je vois souvent les styles être jugés en fonction d'une "cohérence" entre ce que porte quelqu'un et son identité.
1. Storytelling : l'Art de l'Extrapolation
Avant d'entrer dans le détail de ces critères sociaux, (dont certains sont plus malléables que d'autres), j'aimerais simplement rappeler que cette "identité" (ou du moins, l'identité que l'on montre au monde) est tout aussi construite qu'un style vestimentaire.
D'aucuns appellent ça "storytelling". D'autres disent "que l'on romance son image". D'autres encore disent "personal branding".
Appelez ça comme vous-voulez : l'authenticité se fonde sur une image, et cette image est tout sauf le fruit du hasard.

Dans la vidéo, je prends justement Robert Spangle comme exemple (@thousanyardstyle), pour vous montrer que même "les plus cool parmi les plus cool" travaillent leur image et leur univers.
Prenez n'importe quel instagrameur star du menswear, et remontez jusqu'au tout début de son feed : s'il n'a pas supprimé ses premières photos, vous verrez que sa légitimité et son style se sont construits côte à côte.
Que les styles extravagants et osés se justifient petit à petit avec des discours recherchés sur l'art de se vêtir, des références culturelles, un univers visuel et photographique....
Paradoxalement, ce qui donne l'air à cette image d'être authentique... C'est tout l'effort que l'on fait pour qu'elle paraisse spontanée, "naturelle".

La vie de Robert VS l'image de Robert. Je plaisante un peu, mais au final, tout est une question d'angle et de façon de présenter les choses 😉
Je me souviens d'une discussion que nous avions eu avec Jordan, un après midi d'été, au bureau.
Je crois que l'on parlait justement de comment présenter au regard des autres le fait "d'écrire sur le style" en tant que métier.
Plus particulièrement, je me posais la question vis à vis du regard féminin : fallait-il assumer sa "passion" ? Voire la mettre en avant ?
Et c'est là que Jordan a lâché une punchline qui m'a marqué :
"Oh tu sais, c'est toujours mieux de faire comme si tu étais "touché par la grâce" plutôt que de laisser voir tout le travail qu'il y a derrière tes fringues."
En plein dans le mille, Jordan : "touché par la grâce", c'est justement ce que ceux qui cherchent à développer un style fort veulent laisser paraître.
Et pourtant, il n'y a aucune intervention divine.
2. "Fake it till you make it"
Mon avis, c’est que la plupart des gens sont "normaux", au sujet de la plupart des choses qu’il y à a dire sur eux.
Nous somme tous à 90% "banals" pour 10% de "spécial".
Alors, si vous voulez être légitimes en portant un style hors du commun, vous n'avez pas nécessairement besoin d'être "hors du commun".
Vous devez simplement mettre soigneusement en avant les 10% qui légitiment vos choix vestimentaires.

Le storytelling en une image... Et voilà pourquoi vous n'avez pas besoin d'avoir une vie sortie d'un roman pour vous permettre d'avoir un style hors normes.
Et ça ne passe pas uniquement par Instagram Encore heureux, nous ne sommes pas tous des figures internationales du menswear : le storytelling se fait à tout instant, à chaque conversation, chaque rencontre, dans votre façon de vous présenter aux autres.
Vous racontez une histoire via toutes vos interactions, et le "petit singe social" de votre interlocuteur décode, et range.
Par ailleurs, qui peut le plus, peut le moins : si ces mécanismes de légitimation fonctionnent pour Robert lorsqu'il se créé un univers à mi chemin entre Savile Row Rue emblématique du tailoring londonien et Full Metal Jacket Film classique sur la guerre du Vietnam, ils fonctionnent pour légitimer n'importe qui dans n'importe quel style, peu importe qu'on le veuille téméraire, ou qu'il nous serve, au contraire, à nous intégrer dans un certain milieu, selon certains codes.
Dans le reste de la vidéo, nous décoderons les différents éléments sur lesquels se basent les petits singes qui habitent nos esprits.
3. Culture et Hobbies
Si une activité prend suffisamment de place dans votre vie qu'elle peut participer à vous "définir aux yeux des autres", alors, elle peut tout à fait légitimer un style vestimentaire qui lui est associé.
Cela nous expliquera par la même occasion, pourquoi certaines personnes ont été, il y a quelques années, un peu crispés à l'idée de voir Emily Ratajowski porter du Trasher 😉
4. Histoire et Fonction
La base pour tout passionné de fringues en quête de crédibilité : si ne pouvez pas revendiquer une appartenance vis à vis de l'univers d'une pièce, vous pouvez au moins vous montrer érudit au sujet de son histoire, et plus globalement, au sujet du vêtement.
La légende dit même que cette technique permet de porter un perfecto sans être membre d'un club de biker...
5. L'Âge
En deux mots, nous évoquerons rapidement un sujet qui mériterait d'être lui-même développé : il semblerait qu'il y ait bien des styles que l'on juge plus adaptés pour "un jeune", et d'autres pour "un vieux".

Imaginez le même homme, dans le même style, mais avec un 30 ans de moins. Qu'en penseriez-vous ?
6. Argent et "Classe Sociale"
Ici, je tenterais de montrer comment ce critère, qui a pourtant toujours eu réputation d'être l'un des plus forts à travers l'histoire, a fini par perdre un peu de sa force.
Et notamment parce qu'en matière de vêtements, les frontières "de classe" sont devenues plus floues au fil des décennies...
7. La Profession
Dans la continuité de la question de la "classe", le métier justifiait beaucoup, par le passé, les vêtements que l'on arborait. Est-ce toujours le cas ?
8. Le Physique
On sait que la beauté physique, "plastique", aide à tout se permettre vestimentairement.
Faut-il donc déduire que l'inverse est vrai ? Qu'un homme moins beau devrait se cantonner à la banalité, et à se faire petit vestimentairement ?

Rien n'est moins sûr, dit d'elle-même l'allure de Jean-Paul Sartre.
9. Les origines, l'ethnie et la nationalité
La partie où j'aborde un sujet délicat, que les gens raisonnables préfèrent éviter pour éviter les polémiques. Je ne suis pas raisonnable.
On peut le regretter, mais quand on cherche à expliquer un style, ne tendons-nous pas à regarder aussi la couleur de peau, les origines, ou même la nationalité de quelqu'un ?

Regardez attentivement cette photo du fondateur d'Acronym. Et maintenant, imaginez simplement que sa tête est remplacée par ma tête... Vous voyez ce que je veux dire ?
Qu'est-ce qui cause ça, au juste ?
Et d'ailleurs, puis-je porter un kilt en tant qu'Italien ?
10. Caractère et personnalité
La partie où je vous donne mon petit mot d'encouragement et d'espoir : si le monde semble parfois fait de cases, et s'efforce de nous y ranger, nous avons aussi notre mot à dire là dessus, et le vêtement peut tout à fait être notre allié plutôt qu'un fardeau.
DANS CETTE VIDEO JE PORTE...
- Un Henley Pike Brothers
- Un gilet en flanelle BonneGueule Digne du mois de Mai le plus froid et pluvieux que j'aie vu !
- Des boots Tricker's
- Un jean BonneGueule
- Un bandana vintage
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