Comment nous avons créé notre nouvelle collection d’été

Pour créer une collection, il faut d’abord une intention. Et pour la définir, il faut se poser les bonnes questions.

Question #1 : à quels besoins ces vêtements répondront ?

Dernièrement, on privilégie de plus en plus le confort quand on s'habille. On le ressent dans les tendances de marché, auxquelles les marques répondent avec des collections de plus en plus casual. On le voit dans la rue, où les sneakers, le sportswear ou encore le gorpcore continuent à gagner du terrain. On le constate sur nous-même au bureau, quand on parle de vêtements (c’est-à-dire 92% du temps) : on aime être bien dedans et c’est devenu une priorité.

C’est d’autant plus le cas dans un contexte de vacances, pendant lesquelles on a envie de profiter pleinement du moment.

Nous voulons donc que notre collection réponde à cette envie avant tout, mais vous avez déjà des vêtements confortables chez vous et nous en proposons déjà aussi. Ce qui nous mène à la seconde question.

Question #2 : En quoi ces vêtements vont faire la différence, pour valoir le coup d’être créés ?

Pour ça, on se tourne vers ce qu’on sait faire : vous faire découvrir des matières qui sortent de l’ordinaire. On veut partir en quête du coup de cœur, explorer de nouvelles textures, des motifs et des couleurs qui changent.

En revanche, on ne peut pas choisir n’importe lesquelles non plus.

Question #3 : Comment faire pour que cette collection soit complémentaire avec les autres ?

Quand vous entrez dans une boutique de vêtements, leurs teintes et leurs motifs doivent former un tout harmonieux. C’est pourquoi vous trouverez souvent une couleur dominante chaque saison. Chez nous, cette année, c’est le vert sauge qui revient régulièrement dans plusieurs déclinaisons.

Mais il y a une particularité : nous n’avons pas de grande collection automne/hiver ni printemps/été. Nous fonctionnons par lancements de petites collections et ces dernières doivent donc aussi se répondre entre elles.

La chemisette Caminha en tissu éponge à motif jacquard

En 2021, notre cofondateur Benoît, Julien et l’équipe produit rendent visite au fabricant qui monte la plupart de nos t-shirts, sweatshirts et chemisettes au Portugal.

Cette visite permet d’avoir un regard sur la qualité et les conditions de confection de nos vêtements. Benoît et Julien veulent aussi anticiper les prochaines collections d’été. Ce qui tombe plutôt bien car en entrant dans le showroom du fabricant, ils découvrent cet échantillon réalisé par un de ses fournisseurs :

L’équipe trouve l'idée d'un motif tissé sur de l'éponge très sympa. Elle décide d’en faire quelque chose plus tard.

Et vous l’avez compris, plus tard, c’est cet été. Car les avantages de ce tissu correspondent très bien à ce qu’on voulait vous proposer dans cette collection.

Le confort : check !

Le tissu éponge est aussi confortable qu’un peignoir de bain, grâce à ses petites bouclettes qui sont agréables au toucher et qui lui permettent d’absorber jusqu’à 7,5 fois son poids en humidité. Pratique en été, quand on a un coup de chaud ou qu'on sort de l'eau.

Ce tissu a aussi une très bonne élasticité naturelle, ce qui vous permet de bouger librement mais enlève toute excuse en cas de défaite au beach-volley.

La découverte d’une texture nouvelle : check !

On ne sait pas vous, mais on a rarement vu un tissu éponge avec un motif comme celui-là.

Il joue sur les reliefs formés par ses bouclettes et non sur des dessins de couleurs comme le ferait un motif imprimé. Il sera donc complémentaire avec les vêtements à motif de notre sortie suivante, que ce soit sur le portant d’une boutique ou dans un dressing.

Simple à porter : check !

Ton sur ton, ce motif donne l’impression d’un vêtement uni de loin - ce qui le rend tout aussi simple à associer - puis surprend de près.

Tissage juste à côté du montage de la chemisette : bonus check !

À 7 minutes de marche, par l’entreprise portugaise Brito & Miranda, fondée en 1996 et dirigée par… le frère de notre fabricant !

Brito & Miranda a aussi la certification GOTS qui contrôle la confection des matières bio sur audit. Le coton de cette chemisette est donc cultivé et teint sans substance chimique, puis travaillé dans le respect des employés. Elle est aussi certifiée Oeko-Tex, ce qui renforce la garantie d’absence de substances nocives pour le consommateur.

Et cette efficacité va bien nous servir, car une case de notre cahier des charges n’est pas encore cochée : trouver une couleur qui change tout en restant cohérente avec notre collection 2023.

Le premier échantillon terracotta plaît beaucoup à l’équipe produit, mais c’était déjà la couleur dominante de nos collections en 2021. Pour les nouveautés de 2023, nous jouons plutôt sur des variantes de vert.

L'équipe fait donc un premier prototype sans motif jacquard (car moins cher) pour tester un coloris vert olive de la gamme de Brito & Miranda.

Le rendu de ce vert n’est pas assez différenciant. Et les autres verts de la gamme de Brito & Miranda ne correspondent pas à ceux de nos collections. L’équipe envoie donc une de nos teintes vert sauge au tisserand pour faire développer un coloris exclusif.

Un second prototype arrive.

Celui-ci tire un peu trop sur le jaune. L'équipe demande donc un nouvel essai en orientant un peu plus le tisserand sur la nuance à proposer.

Celui-ci marche plutôt bien. La couleur se démarque des kakis qu’on a l’habitude de voir et s’inscrit dans la continuité des verts sauge qu’on a proposés cette année. Dernière case du cahier des charges : check !

La chemisette Portimao en tissu éponge rayé

Parmi les autres matières candidates pour cette collection, nous avons :

1 - Un tissu italien à motifs à partir duquel l'équipe monte un prototype de chemisette.

2 - Un second tissu éponge de chez Brito & Miranda, à rayures cette fois-ci, qui a un très bon potentiel et à partir duquel l'équipe monte un t-shirt.

L’exploration du tissu éponge continue donc, mais on n’y est pas encore.

L’équipe édite donc un second prototype. Cette fois-ci, c'est une chemisette dont les rayures sont orientées à la verticale.

Ce n'est pas encore ça. L'équipe trouve que les rayures sombres contrastent beaucoup et rendent le motif imposant. Or, nous cherchions quelque chose de plus simple à associer.

On passe au troisième essai, avec des rayures beiges cette fois-ci. Elles se fondent ainsi plus joliment dans la trame écrue.

Le short Carvoeiro en tricot nid d'abeille

Parfois, les choses vont de soi et le développement d’un vêtement se fait plus simplement qu'on ne s'y attend.

Étape 1 : on a un coup de cœur pour une matière

Pendant ses recherches dans les gammes de Brito & Miranda, l’équipe tombe sur cette matière gaufrée qui l'interpelle.

Une texture qu’on ne vous a pas déjà fait découvrir, dans un vert singulier qui va très bien avec nos autres nouveautés de l’année.

Ces reliefs atypiques viennent d’un tricotage en nid d’abeille, durant lequel plusieurs fils de chaîne sont superposés (on parle de technique du “piqué gaufré”) pour dessiner ces petites alvéoles rappelant ceux d’une ruche.

Étant tricotée et non tissée, cette matière est agréable à porter et naturellement extensible, comme le jersey d’un jogging. Ses reliefs lui donnent un gonflant naturel qu’on aime bien prendre en main et qui le rendent particulièrement absorbant. Ce qui est, là encore, très bien pour les journées chaudes au bord de l’eau. D’ailleurs, vous reconnaîtrez souvent ce type de tricot sur des serviettes de bain.

Étape 2 : on lance un prototype

Dans cette collection, il faut aussi proposer des bas et cette matière ferait justement un short très confortable. Nous en proposons déjà, mais certainement pas comme celui-là.

L’équipe fait donc monter un prototype dans la coupe de nos shorts habituels, avec une taille élastiquée et un cordon. On vous l’a dit, le confort est une priorité.

Étape 3 : on admire

L’équipe reçoit le prototype et le trouve vraiment bien. On peut lancer la production !

Il y a des développements comme celui-ci qui marchent comme sur des roulettes, et d’autres pour lesquels c’est tout l’inverse.

Le jogpants Belinho en tissu italien léger

Le cahier des charges de ce jogpants était pourtant simple : répondre à votre demande.

Nous lançons donc un prototype :

• en seersucker très léger (139g/m2) du tisserand italien Sondrio, pour les jours chauds,
• avec une coupe carotte pour laisser l’air circuler au niveau des cuisses tout en dessinant un volume intéressant,
• avec 2% d’élasthanne pour garantir cette liberté de mouvements,
• et une ceinture élastiquée et un cordon pour que vous soyez bien au niveau de la taille.

Quand il arrive au bureau, il convainc toute l’équipe et la production est donc lancée dans l’un de nos ateliers habituels au Portugal.

Mi-mai 2023, Hélène, responsable de production, reçoit un exemplaire témoin pour valider cette production de jogpants. Avec une sacrée surprise.

Les reliefs du seersucker ont disparu. Après le montage, l’atelier a fait une erreur pendant la teinture des jogpants, ce qui a égalisé la tension entre les fils.

Cela pose deux questions.

Question 1 : doit-on quand même proposer ce jogpants ?

La réponse est oui. Nous avions des hésitations à sa réception mais aujourd’hui, nous sommes convaincus que c’est une évidence de vous le proposer quand même car :

• Ça reste un jogpants très bien pour les journées caniculaires grâce à sa légèreté et à sa coupe ample aux cuisses, avec une étoffe italienne qui prend joliment la lumière, se porte avec plein de couleurs et de motifs. Finalement, vous n'en demandiez pas plus.
• Dans le contexte de crise de l’industrie textile actuel, notre atelier responsable de l’erreur n’aurait financièrement pas supporté un refus de toute la production. Ce ne sont pas nos valeurs. Hélène a donc plutôt convenu d'un effort mutuel sur le prix pour vous proposer ce jogpants à 130€ au lieu de 150.
• Ces jogpants ont été produits. Ils ont demandé des ressources, le savoir-faire d’un tisserand italien et méritent donc une longue vie à vos côtés.

Question #2 : que dire à nos clients quand on va présenter ce jogpants ?

Ce qu’on vient de dire : la vérité, tout simplement.

La question de ne pas mentionner le seersucker s’est posée. C’est normal, nous sommes une marque de vêtements en difficulté comme les autres. Forcément, on a peur que certains clients interprètent cette histoire comme une dévalorisation. Mais vous mentir, ce serait aller à l’encontre de tout ce qu’on essaie de faire depuis le début : vous montrer les coulisses et les réalités du monde textile, puis laisser votre bon sens décider.

Et ce jogpants n’a pas fini de vous surprendre !

Voici à gauche, la matière quand vous recevrez votre jogpants et à droite, la matière après votre premier lavage :

Les casquettes Junco en tissu japonais

Pour finir les tenues de cette collection en beauté, nous souhaitons proposer de nouvelles casquettes avec un large choix de coloris pour offrir plusieurs possibilités d’association.

Et pour ce faire, quoi de plus cohérent dans notre collection que d’utiliser des matières que vous adorez déjà chez nous ?

Ces quatre casquettes reprennent l’étoffe de nos bermudas Juno, qu’on aime toujours autant pour ces petites stries irrégulières qui lui donnent un charme bien à elle. Un très bon exemple de la créativité du tisserand japonais Shibaya.

Et pour que ces casquettes aient cette belle texture mate, nous avons utilisé l'envers du tissu qui était un satin de coton.