« Bad Boys » : et s’il était temps pour Will Smith de raccrocher les gants et le marcel ? – Bobine

7 min
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« Bad Boys » : et s’il était temps pour Will Smith de raccrocher les gants et le marcel ? – Bobine

7 min
Publié le : 12 juin 2022Mis à jour le : 12 juin 2022

En 1995, Will Smith et Martin Lawrence cassent la baraque avec « Bad Boys ». 25 ans et deux films plus tard, les deux flics de Miami envisagent désormais la retraite. Et le style dans tout ça ? Du look streetwear au costume mauve qui brille, les deux hommes hésitent encore à faire le deuil de leur vestiaire de jeunesse. Mais le marcel continue de faire de la résistance...

(Crédit photo de couverture : Martin Lawrence et Will Smith dans « Bad Boys », 1995 - IMAGO / AllStar)

LE PITCH : DEUX FLICS À MIAMI, LE RETOUR (MAIS EN VERSION STREETWEAR)

Mike Lowrey et Marcus Burnett travaillent dans la police. Ils vivent à Miami. Le premier est du genre séducteur, aventurier, vêtements et voiture de luxe - il roule en Porsche. Le second est plus modeste. C'est un père de famille, avec une vie plus rangée.

Les deux sont inséparables. Ils traquent inlassablement le crime en ville, entraînant dans leur sillage toutes sortes de bagarres, fusillades et explosions. Petite particularité : leur credo tient en une chanson.

Les duos de policiers au cinéma ou à la télévision ne sont pas nouveaux. Pensez par exemple au tandem Mel Gibson / Danny Glover dans « L’Arme Fatale ». Mais « Bad Boys » est un cas particulier.

D’une certaine manière, c’est même une surprise. Et une première ! Deux acteurs noirs en tête d’affiche, qui cartonnent ainsi dans le monde entier, les studios hollywoodiens n’y croyaient en effet pas une seconde.

« Bad Boys » est le tout premier film de Michael Bay. C'est un réalisateur que certains surnomment plus ou moins affectueusement l’artificier. De fait, il prend généralement un malin plaisir à détruire absolument tout ce qu’il peut dans ses films - et ça fait mal à la tête, aux yeux et aux oreilles.

Mise en scène frénétique,couleurs criardes, débauche d’explosions et de feux d’artifice en tout genre. C’est un style en soi. Il trouve sa pleine mesuredans « BadBoys 2 ». C'estune suite encore plus explosive et un rien inclassable, qui ne ressemble globalement à rien, dans tous les sens du terme.

Unique en son genre, « Bad Boys 2 » célèbre entre autres le culte du corps, l'amitié virile, les blagues très lourdes et l’action débridée. Certains y voient le summum du sexisme, de la connerie et du mauvais goût, d’autres le miroir tordu d'une certaine partie de notre société contemporaine.

17 ans plus tard, « Bad Boys for Life » réactive le duo de flics à Miami le plus célèbre de ces dernières années. Confié à deux réalisateurs belges quasi inconnus, ce troisième volet contraste avec les excès des précédents. Nos deux héros ont vieilli et se posent désormais pas mal de questions existentielles. La sagesse viendrait-elle avec l’âge ?

Au casting : Will Smith, Martin Lawrence ou bien encore Joe Pantoliano, remarqué entre autres pour son passage dans la série « Les Soprano ». Bien d’autres complètent le casting de la franchise, comme par exemple Tchéky Karyo, le ténébreux vilain du premier opus, tout de noir vêtu.

CE QU'IL FAUT VOIR CÔTÉ STYLE…

Que viennent donc faire les « Bad Boys » de Michael Bay chez BonneGueule ? La question est légitime tant cet univers nous paraît lointain. Sans même parler de cinéma, la franchise évoque un monde peu compatible avec l’égalité homme femme, l'inclusivité, l'économie raisonnée, l’éthique et l'écologie, l’élégance vestimentaire ou les savoir-faire textiles.

Mais « Bad Boys » a ses fans. À commencer par Benoit, qui résume l’affaire de manière aussi laconique qu’extraordinaire : « parce que c’est un film à la fois culte et très beauf, ce qui me correspond bien en termes de goûts ».

La saga « Bad Boys » est-elle réellement une histoire de beaufs ? Si l’on occulte les dialogues et les situations des personnages pour se concentrer uniquement sur leur vestiaire, on découvre juste un tout autre univers de style. Il est friand de streetwear, d’inspirations hip-hop et de mode flashy à la Versace. Notez d'ailleurs que l'histoire de cette marque est bien plus complexe qu'on ne l'imagine :

Chaque film a ses costumiers et ses costumières. Mais ce que l'on peut souligner, c'est que les tenues des personnages sont à l’image du cinéma de Michael Bay : elles s’assoient sur les règles du style et de la bienséance.

Si les deux premiers conservent une cohérence vestimentaire certaine, le troisième et dernier film en date s’aventure ici et là dans un registre moins ouvertement streetwear. Comme souligné plus haut, nos deux héros ont vieilli. Avec l'arrivée des cheveux blancs, leur style évolue, parfois même jusqu'au pantalon blanc et au polo orange. Alors, que retenir de l’histoire de la saga « Bad Boys » avec le vêtement ?

1. LE MARCEL, UN MARQUEUR DE STYLE À L'OUEST COMME À L'EST

S’il ne fallait retenir qu’un vêtement de la saga, ce serait probablement le débardeur, ou le marcel comme on l'appelle parfois?Ce petit nom vient tout simplement de la bonneterie Marcel, l'entreprise qui a lancé la pièce à grande échelle. Son propriétaire s'appelait Marcel Eisenberg..

C'est simple : le débardeur est LE basique du vestiaire de Will Smith et de Martin Lawrence. Il est synonyme d'action. Dans « Bad Boys For Life », Martin Lawrence demande d'ailleurs à son partenaire s'il tient vraiment à garder l'image du flingueur en marcel. Comme nous le verrons plus tard, les personnages aspirent pour certains à une autre vie, voire à un autre style.

Qu'il soit blanc ou noir, vous retrouverez le débardeur à la base ou à la conclusion de la plupart de leurs tenues. Car ce n'est pas seulement un sous-vêtement ici : le marcel est une pièce symbolique, bien souvent portée telle quelle, comme un tee-shirt.

La fonction du marcel est à la fois pratique et esthétique. On n'hésite pas en effet à montrer ses muscles dans « Bad Boys ». Ce sous-vêtement est par ailleurs très prisé des cultures urbaines et du hip-hop américain. Or c'est un univers codifié assez largement intégré et diffusé par les personnages de Will Smith et de Martin Lawrence.

À l'autre bout du monde, par exemple dans les films de Wong Kar-Wai, le débardeur a parfois une tout autre fonction. Il est moins là pour souligner l'architecture du corps que pour éveiller une sensualité discrète. De fait, le débardeur fait souvent partie intégrante d'un style un poil plus sobre et élaboré dans le cinéma asiatique. Si jamais la question du débardeur se pose pour vous, quelques conseils ici :

2. UNE AUTRE VISION DE L'ÉLÉGANCE

Chacun envisage l'élégance vestimentaire selon son histoire et sa culture. À y regarder d'un peu plus près, le personnage de Will Smith est certainement le plus attentif au style dans la saga. Dans « Bad Boys 2 », vous verrez par exemple que son partenaire lui demande s'il est flic ou bien mannequin. Et Will Smith de répondre « De quoi tu parles ? J'ai mis un truc simple, j'aime bien me saper ».

C'est son élégance à lui, que l'on partagera ou pas selon les affinités. Il porte le costume de manière streetwear, ample, avec tee-shirt ou chemise, agrémenté d'accessoires bien visibles - montres, bagues, chaînes, lunettes stylisées Sama.

Bien sûr, sa vision du style est relativement différente de celle que vous croisez régulièrement dans nos colonnes. Vous êtes fans de hip-hop ? Les tenues ici présentées tiennent plutôt du gangsta bling bling que du minimalisme conscient d’un Orelsan.

Vous adorez les costumes ? Les ensembles de Will Smith sont plutôt oversize, brillants, avec des ceintures grossières et des couleurs parfois douteuses qui affoleront nos costumes Breno. En revanche, les ensembles street et militaires avec pantalons amples et gilets matelassés ont quelque chose d'intrigant. Bref, c'est un autre monde de la mode, avec ses propres codes et légendes.

Au final, peu importent les traditions : le vêtement est ici entièrement au service du corps en action. Il est pensé pour assurer lors des cascades et montrer que nos deux héros sont des hommes de terrain.

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© IMAGO / AllStar

Martin Lawrence et Will Smith dans « Bad Boys », 1995.

Au passage, on redécouvre si besoin que Michael Jordan n’était pas seulement un sportif de haut niveau mais bel et bien un influenceur de mode. Pour autant, vous croiserez dans « Bad Boys » toutes sortes de marques très éloignées de nos standards habituels en termes d’éthique et de qualité : NikeAdidasReebok, Champion ou Versace, justement.

Alors, qu'en est-il réellement de l'élégance de Will Smith ? Est-ce seulement une question de regard, de style et de vêtements ? Vous habilleriez-vous demain comme Will Smith et Martin Lawrence ? Pour aller plus loin, une petite réflexion ici :

3. LE STYLE, UNE HISTOIRE D'APPRENTISSAGE ET DE TEMPS QUI PASSE

En 2020, le troisième volet « Bad Boys For Life » laisse apparaître quelques failles dans l'assurance stylistique : les deux flics de Miami sont désormais en proie au doute. Ils s'interrogent sur leur avenir. Ils constatent aussi les marques du temps sur leurs corps et leurs performances. La crise de la quarantaine ?

Ils courent moins vite. Ils ont pris du poids, perdu des cheveux ou teint leurs boucs. Leurs tenues aussi sont différentes, parfois même moins connotés streetwear. Que s'est-il passé pour nos deux flics à Miami ?

17 ans ont passé. Croyez-le ou non : le temps leur a visiblement permis d'ouvrir leur style vestimentaire à d'autres mondes - le denim, le workwear, les varsity jackets, etc. C'est LE point positif que tout le monde oublie, même eux.

Si le troisième « Bad Boys » possède le vestiaire le plus diversifié, c'est aussi celui qui démontre qu'on n'en finit jamais d'apprendre. On peut même bonifier son style avec le temps. Le « Bad Boys 4 » annoncé par les producteurs ira-t-il plus loin en ce sens ? Rien n'est moins sûr.

À la fin de « Bad Boys For Life », Will Smith et Martin Lawrence semblent en tout cas prêts à laisser les gants au placard. La relève est en route. Mais abandonneront-ils pour autant le port du marcel ? La question reste entière.

Si certains parmi vous s'interrogent sur la suite passée la quarantaine, quelques pistes dans cet article si besoin :

… POUR EN ÉLABORER DES TENUES INSPIRANTES

En termes de style et d'inspirations, la saga « Bad Boys » questionne inévitablement la place du vêtement dans le film d'action américain contemporain. Est-il condamné à être de plus en plus fonctionnel, technique, voire technologique comme on peut le voir chez les super-héros ?

Les amoureux des carrières eighties de Sylvester Stallone, d'Arnold Schwarzenegger ou de Chuck Norris le savent : même lorsqu'elles sont à la limite du nanar, leurs productions n'ont jamais tout à fait manqué d'humour et de charme vestimentaire. On peut d'ailleurs encore aujourd'hui y piocher bien des trouvailles.

Regardez par exemple cette petite association ci-dessus, très simple mais très sympathique, entre un henley à manches longues et une chemise en chambray. C'est du Chuck Norris millésime 1988, et c'est tiré du film « Héros » de William Tannen.

Quant au registre hip-hop et streetwear, je vous invite de mon côté à vous replonger dans le passionnant vestiaire de la série « The Wire » de David Simon - la gestion des volumes, en particulier. Ou, pour rester dans le cinéma, de jeter un œil sur le classique « Boyz n The Hood » de John Singleton en 1991 :

Possible que vous y trouviez quelques inspirations susceptibles de vous intéresser, notamment chez Ice Cube en photographie ci-dessus. Et vous, quels seraient vos « bad boys » les plus stylés du cinéma ?

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