Ce fil sauve vos boutons de la chute depuis cinquante ans

Je me souviens de la fois où j’ai perdu un bouton de mon caban dans les couloirs de la ligne 3 parisienne… Je ne l’ai jamais retrouvé, j'en fais encore des cauchemars...

Plutôt que de se lancer dans une énième guerre des boutons, si je vous disais qu’il existait une machine et un fil qui empêchaient ce genre de désagrément, et ainsi vous éviter de recoudre un bouton ?

Dans les années 70, un ingénieur-chimiste suisse s'est intéressé à ce problème qui nous touche tous, et a carrément créé un marché de niche dans la manufacture. Et même si c'est un "petit" problème, il faut admettre qu'il nous a bien rendu service, encore aujourd'hui.

Il s'est lancé corps et âme à la recherche d'un moyen de répondre de manière simple à cette problématique de l'industrie de la mode. C'est après plusieurs années de développement qu'il trouva LA solution.

Chez BonneGueule, nous utilisons cette solution quasi systématiquement sur nos produits. C'est un gage de notre attention sur les finitions et surtout, ça vous permet d'éviter la même déconvenue que sur mon caban.

Vous le savez, le diable se cache dans les détails. Ici le diable, c’est la qualité et la durabilité. Permettez-moi de vous introduire le système Ascolite®, un système de sécurisation de boutons.

Avant l’Ascolite®, une sécurisation qui ne tenait qu’à un fil

À l’époque de la génération pre-millenials (la génération X, et même encore avant), les boutons étaient principalement attachés ou cousus à nos vêtements à la main ou à la machine à coudre traditionnelle. Un peu comme si les couturiers tentaient de les convaincre de rester finalement.

Même si ces experts de l'aiguille et du dé à coudre prenaient grand soin de leurs créations, il semblerait que les boutons aient parfois eu une âme vagabonde et partaient en quête de nouvelles aventures.

Je vous ai déjà parlé de la perte tragique de mon bouton de caban dans les couloirs du métro ?

Ce que l'Ascolite® est venu apporter

Derrière ce nom un peu énigmatique se cache en fait un système ingénieux.

C’est une machine offrant un système de sécurisation des boutons pour renforcer leur tenue sur le vêtement. Il existe plusieurs gammes de machines Ascolite®, certaines automatiques et d’autres semi-automatiques, mais le principe reste le même à chaque fois.

Elle s’utilise sur les boutons montés sur queue pour peu qu’ils aient 2,3 ou 4 trous. Il faut aussi un espace de quelques millimètres entre le bouton et le tissu pour que le fil Ascolite® puisse bien s’enrouler autour.
Si jamais ça vous intéresse, comptez entre 10 et 15 000€ (frais de ports Colissimo non inclus) selon le modèle neuf pour acquérir une bête comme celle-là. Bien sûr, le prix varie selon si le modèle est automatique ou semi-automatique. C'est un investissement, oui.

Sinon, vous pouvez vous rabattre sur une bobine, qui coûte une quinzaine d'euros environs.

Le fil "standard" utilisé se nomme le TF-Yarn, pour “Thermo-Fusible Yarn”. Il possède des propriétés élastomères, lui conférant une grande flexibilité et la possibilité de sceller (ou devrai-je dire souder) à chaud. Son petit frère, le SF-Yarn (pour "Super-Flex Yarn") se veut encore plus élastique et fin, donc plus discret.
Notons également que le TF-Yarn est certifié OEKO-TEX, sans substances chimiques, et existe en 64 couleurs ! Contre 17 pour le second.

Peu importe le fil qui sera utilisé sur votre bouton, vous pouvez être sûr que celui-ci ne bougera jamais, même après plusieurs années.

Cette méthode de scellage est aujourd’hui un standard dans la mode, qui s’applique à toutes les gammes de vêtements qui se veulent qualitatives.

Autrement dit, c’est un gage de qualité puisque la finalité est d'améliorer la durabilité des boutons sur les vêtements, en offrant une solution de fixation plus robuste et fiable. Ça prouve qu’on s’est attardé à ce genre de détails au moment de la conception et de la confection du vêtement !

Ce qui rend cette finition unique, c'est qu'elle permet de préserver nos chers boutons en nacre, bois, corne... qui embellissent nos vêtements. Les solutions alternatives comme les agrafes, boutons-pressions, les fermetures éclair (ou "zip" pour ceux qui n'ont pas le temps) ou encore les boutons cousus à même le tissu auraient donné une autre esthétique, mais sont utilisés pour des cas spécifiques.

Un ingénieur passionné de mode qui en avait assez

C’est en 1972 que le chimiste-ingénieur suisse André Schaerer, passionné par l’industrie, la mode et la couture, observa une problématique qui le tourmentait ainsi que toute l’industrie de la mode et des consommateurs… provoquant inéluctablement leur frustration.

Comme tout bon ingénieur qui cherche à nous simplifier la vie, c’est avec ces passions qu’il s’est mis en tête de trouver une solution à toutes ces tragédies liées à la perte des boutons.

Guidé par ses connaissances en chimie et ingénierie, il travailla sur le développement d’un nouveau type de matériau qui soit résistant au feu et à la chaleur. Et c’est durant ses recherches qu’il découvrit que ce même matériau pouvait aussi être utilisé pour créer un lien durable sur les boutons cousus.

Il développa alors une solution visant à renforcer la fixation des boutons sur les vêtements en les enrobant et les soudant par la chaleur, limitant ainsi les risques de pertes “boutonnesques”. Cette méthode se voulait plus résistante (et rapide) que les méthodes traditionnelles de coutures, tout en gardant du jeu entre le bouton et le tissu. Parce que oui, le but est quand même de se servir des boutons pour ouvrir ou fermer nos vêtements.

In fine, après plusieurs années de recherche et développement, il donne naissance à la première machine Ascolite® en 1974, et son fil élastique caractéristique.

Il en profita pour fonder son entreprise Ascolite AG à Zumikon, pour commercialiser son produit.

Ce système est basé sur l'utilisation d'une aiguille et d'un fil pour créer un point de suture circulaire autour du bouton.

Grâce à cette invention, les boutons sur les vêtements étaient désormais sécurisés de manière inébranlable, éliminant les risques de boutons mal cousus ou de boutons errants.

Tel un programme de relance de l'économie française durant la crise sanitaire, voilà comment Ascolite® présente son système : un bouton, une solution.

Avec le fil Ascolite®, le rendu est propre et net. Le fil du bouton ne pourra plus du tout se défaire de lui-même.

Une solution qui a révolutionné la mode

À mesure des années et des machines, le système Ascolite® est devenu réputé pour sa qualité et sa performance. Elle est considérée comme la solution la plus efficace pour sécuriser les boutons des vêtements. Elle apporte :

• De la durabilité : le système de fixation de l'Ascolite® empêche le bouton de se détacher et est durable dans le temps.
• De la facilité d'utilisation : La machine est simple d’utilisation et peut être utilisée par n’importe qui.
• Des économies : L'Ascolite® permet d'économiser du temps et de l'argent, car il n'est plus nécessaire de coudre ou de recoudre directement sur le tissu.

50 ans se sont écoulés depuis l'invention de la première machine, et depuis l'entreprise n'a cessé de développer et d'automatiser le processus, qui à terme a permis de sceller les boutons à chaud en moins d'une seconde.

Depuis sa commercialisation en 1978, la machine a fait son petit bonhomme de chemin, devenant un équipement incontournable dans de nombreuses usines de confection à travers le monde. Ses machines sont utilisées par les plus grandes maisons du monde entier, comme Céline ou Dior.
Ascolite AG jouit d'une position leader incontesté dans la conception et fabrication de machines pour la sécurisation des boutons et par extension dans les finitions de qualité. La marque se considère elle-même comme leader de son marché, mais on pourrait presque parler de monopole.

Elle fait partie de ce groupe d'entreprises de renom offrant des prestations similaires dans leur domaine de spécialité comme YKK avec les fermetures éclair (entre autres) ou Prym Fashion GMBH qui commercialise des rivets et boutons pour les jeans de haute qualité. En clair, des entreprises qui s'attardent sur les détails des finitions de vêtements, et qui sont douées pour ça.

Finalement, comment cette machine fonctionne ?

Reste maintenant à savoir comment elle opère. Si par hasard, vous étiez amené sécuriser vos boutons, voilà comment faire :

Étape 1 : On choisit tout d’abord le bouton que l’on veut sécuriser, puis la couleur du fil élastique qui viendra s’enrouler autour.

Étape 2 : On installe le bouton sur la machine en l’insérant dans la cavité, et en veillant à ce que la face avant du bouton soit tournée vers le haut.

Étape 3 : Le mécanisme s’active une fois que le bouton a été détecté. Il va venir enrouler plusieurs fois le fil choisi autour de la queue du bouton pour le stabiliser. Le nombre de tours d’enroulement est à votre choix : ça peut aller de 11 à 99. Le bouton sera bien sécurisé, mais bon courage pour le fermer derrière !

Le scellage se fait automatiquement avec certaines machines, et manuellement sur les semi-automatiques, comme ici :

Étape 4 : Dans le cas de la machine semi-automatique d’ailleurs, il faut retirer le bouton, couper le fil et soude à chaud le fil. Sinon, la machine effectue cette étape automatiquement !

Et voilà un bouton uni à jamais par les liens du fil à votre tissu.

Quid de BonneGueule dans tout ça ?

Peu de marques communiquent explicitement sur la présence ou non de cette finition. On peut néanmoins noter que les marques The Nines ou Loom indiquent utiliser la finition Ascolite® sur leurs chemises, pour argumenter sur la solidité de leurs pièces.

L’usage de la finition Ascolite® sur nos pièces qui ont des boutons est - quasiment - systématique ! Les ateliers de confection avec lesquels on collabore sont tous équipés d’une machine Ascolite®, même si quelques loupés peuvent survenir. Mais ça reste rare ! Si ça vous intéresse, vous pourrez sortir vos (sur)chemises ou vestes BonneGueule pour observer la finition. Et si ça ne ressort pas beaucoup, c’est normal ! La couleur du fil élastique choisi est souvent ton sur ton avec celui utilisé pour coudre le bouton.

Elle se retrouve sur plusieurs catégories de nos produits : chemises, surchemises, manteaux et vestes, pantalons… Il est même primordial sur les produits outerwear (notamment les tissus épais) et sportswear.

Pourquoi ? Parce qu’il faut du jeu entre le bouton et le tissu pour pouvoir attacher celui-ci. On laisse généralement 5mm de hauteur de queue de bouton pour ensuite mettre la finition Ascolite®.

C’est par exemple le cas sur notre surchemise Milo, de notre chino Princeton, le manteau Scalpay ou encore les vestes Soncino, Bergame et Ravello.

In fine, la qualité d'un vêtement se révèle dans les moindres détails, même les moins visibles. Ces détails, tels que la solidité des boutons, la qualité des coutures ou les finitions discrètes, reflètent l'engagement d'une marque envers la durabilité et l'artisanat.

Ces éléments peuvent avoir un impact significatif sur la longévité et le confort de nos vêtements.

Et vous, vous aviez déjà fait attention à ce genre de détail ?

Si vous avez des questions ou remarques à faire, n’hésitez pas à laisser un commentaire !