Amour, style et metal : 10 looks à découvrir - Pochette
Et si on tournait le volume des amplis à 11, pour voir ? Du noir, du cuir et pas mal de bruit: c'est peut-être l'image que certains parmi vous ont du très vaste univers musical metal. Il est en effet composé de plein de genres et sous genres différents, du heavy metal au doom. À l'heure où quelques anciennes gloires se remettent en piste, je vous propose un petit tour d'horizon stylistique du genre. Et une fois n'est pas coutume, ce n'est pas ma playlist que vous allez découvrir ici, mais celle de Daniel, un de nos fidèles lecteurs, grand passionné de vêtement et de musique. Un grand merci à lui pour ces (re)découvertes. Est-ce une déclaration d'amour au black metal ? Oui, entre autres ! Et figurez-vous qu'il y a bien des histoires de vêtements qui vont avec.
(Crédit photo de couverture : Metallica à Tokyo, novembre 1986 - photo : Koh Hasebe/Shinko Music/Getty Images)
LE STYLE, BONNEGUEULE & LE BLACK METAL
« Je m'appelle Daniel Yeang, je vais sur mes 40 ans et je suis passionné de beaux vêtements depuis 2012. Sans en adopter les codes vestimentaires (sauf l'été qui me permet de ressortir les tee-shirts de mes groupes préférés), les gens m'associent souvent au metal même si j'apprécie entre autres la country ou le hip-hop.
Je m'occupe également de "J'écoute une K7 de la vedette", groupe Facebook où j'évoque toutes les sorties de disques sans distinction de style et je suis également un spécialiste des éphémérides musicales et cinématographiques.
Ma passion pour le metal m'est venue à l'âge de dix ans grâce à la découverte de Metallica, même si par la suite j'ai passé mon adolescence à écouter du hip-hop — on était alors en plein âge d'or de ce genre. Je suis revenu vers la musique du malin juste avant l'âge adulte grâce à ce qui se faisait de plus subversif à l'époque : le black metal.
J'avoue avoir été honoré et surpris que l'on me contacte pour cet article. Honoré, car je suis un lecteur assidu de Bonnegueule depuis des années, site qui m'a grandement aidé dans ma progression stylistique et donné tant d'obsessions vestimentaires comme par exemple les volumes, les pantalons taille haute ou les coupes droites, m'affirmant beaucoup plus en portant des vêtements que je n'aurais jamais osés auparavant, se dire que telle ou telle pièce me va alors que je pensais le contraire sans même avoir essayé.
Surpris, car les metalleux sont autant moqués pour leur musique que pour leurs accoutrements et il va sans dire que leurs vêtements ne sont pas les premières choses auxquelles je pense lorsque j'en écoute.
J'aurai pu tricher et mettre par exemple dans cette liste Anthony W. Madsen, alias Toneloki, actuel chanteur de Turbonegro pour ses tenues impeccables déjà évoquées auparavant sur le site.
Mais nous sommes ici plus proches du hard rock que du metal. Cependant à y regarder de plus près, rien n'est jamais le fruit du hasard et certains looks sont souvent indissociables de l'identité du groupe.
Voici donc un panel de dix noms que j'apprécie (ou presque) aussi bien pour la musique que pour le style. »
LA PLAYLIST : DIX LOOKS ET CHANSONSPour écouter la sélection musicale de Daniel, vous pouvez cliquer sur chacun des noms de groupe et artistes de la playlist À (RE)DÉCOUVRIR
1. ROB HALFORD - JUDAS PRIEST
« C'est à l'orée des années 70 que se forme Judas Priest, mais ce n'est qu'en 1974 que son chanteur au vibrato unique Rob Halford rejoindra le groupe. Les Birminghamiens auront rapidement durci leur son, passant ainsi du hard rock au heavy metal avec pour point d'orgue l'album " Painkiller " sorti en 1990, référence ultime du genre.
Afin d'accompagner ces changements, le groupe souhaitait des tenues en adéquation avec leur musique et a donc opté pour un style cuir biker/SM qui fut rapidement récupéré par leurs pairs : de la NWOBHMla New Wave Of British Heavy Metal en passant par le black metal, vêtements et accessoires en cuir sont devenus des basiques du vestiaire pour tout metalleux qui se respecte et il se dit même que ce fut une inspiration pour Freddie Mercury qui arborera ce look un peu plus tard.
En 1998, celui qu'on surnomme le "Metal God" fera son coming out et malgré cet univers si "viril" qu'est le metal, son aura n'a jamais faibli. Lui-même déclarera un brin amusé : "A straight man can’t do my job'Un homme normal ne pourrait pas faire mon boulot'".
L’OMNIPRÉSENCE DU CUIR (NOIR, DE PRÉFÉRENCE)

(Judas Priest en 1980. Au centre : Rob Halford tout de cuir vêtu - Photo by Fin Costello/Redferns/Getty Images)
C’est une des récurrences stylistiques du genre metal : les vêtements en cuir noir. Rob Halford en est assurément l’un des plus fameux ambassadeurs et si vous pensez à Mad Max, au biker Marlon Brando dans « L'Equipée sauvage » ou plus encore à celui du film « Scorpio Rising » de Kenneth Anger, ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard.
Chez Judas Priest, le Perfecto a bien évidemment une place de choix. Pour la petite histoire : Rob Halford est aussi célèbre pour ses entrées en scène en Harley Davidson. Si son style s’inspire de l’univers de la moto, il l’agrémente d’une foule d’accessoires métalliques : des ceintures, des bracelets, des chaînettes, etc.
Il y a chez lui une évidente forme de dandysme, que vous retrouverez par exemple dans le clip de « Breaking The Law » ou plus simplement sur la photographie ci-dessus : l’esthétisme early eighties des tenues du groupe n’a ici pas pris une ride. Beaucoup de cuir noir donc, et ce jusque dans les cravates, mais aussi des sneakers blanches pour certains. Le metal est une terre de contrastes.
Jérôme
Pour d'autres inspirations avec blousons Perfecto, vous pouvez toujours les looks de l'équipe BonneGueule ici ou vous replonger dans ce sujet dédié :
« Formé en 1975 par le bassiste Steve Harris, Iron Maiden est le plus gros nom du heavy metal britannique, voire mondial, notamment connu pour leur mascotte Eddie The Head.
Il y a un certain malentendu à leur sujet, car aux yeux du grand public la "Vierge de Fer" réunit à peu près tous les clichés inhérents du metal or il s'agit d'un groupe beaucoup plus intéressant et profond que cela avec énormément de références littéraires dans chacun de leurs disques.
Après deux premiers albums impeccables avec Paul Di'AnnoBeaucoup de puristes vous diront que ce sont les meilleurs, ce qui se défend, c'est en 1982 que Bruce Dickinson rejoint le groupe et lorsqu'il ne pousse pas des vocalises, il est également à ses heures perdues entrepreneur, escrimeur, instructeur aéronautique et pilote de ligne confirmé.
Dès son arrivée, il se fit remarquer par le port de Spandex lors des concerts, des leggings ultra moulantsqui lui auront valu bon nombre de quolibets, mais au final il est plutôt logique qu'il en mette, car c'est un frontman qui bouge beaucoup sur scène, à l'énergie débordante et communicative. Il lui fallait donc un bas qui allie à la fois l'utile et l'agréable. »
LE DENIM, TOUJOURS UNE VALEUR SÛRE

(Iron Maiden backstage à Chicago, sur la tournée Beast on the Road en 1982 - Photo Paul Natkin/Getty Images)
Vous ne rêvez pas : les jeunes gens qui figurent sur la photographie ci-dessus officient bien sous le nom d’Iron Maiden et ils ne portent (presque) pas de noir. En revanche, vous noterez qu’ils conjuguent pour la plupart leur blue jeans bien bien ajustés avec des chaussures blanches, associés avec tee-shirts, chemises d’inspiration plus ou moins militaire ou vestes en denim.
En 1982, le look imprimé par Iron Maiden peut faire penser à une version rustique de celui des Ramones : des cheveux longs, beaucoup de blousons Perfecto, des jeans en pas trop mauvais état, des tee-shirts souvent imprimés et même des Nike blanches. Regardez plutôt :
Mais Iron Maiden, c'est aussi des choses nettement plus colorées et étonnantes, très connotées années 80, qui rappelleront peut-être à certains les grandes heures de Veronique & Davina : bracelets éponge, leggings moulants multicolores, tee-shirts rayés, motifs léopard, et toujours une multitude d'accessoires plus ou moins à clous comme par exemple ici :
C'est difficilement portable pour nous autres mortels, mais avouez tout de même que c'est rigolo... et franchement osé ! Évidemment, la question du confort dans le vêtement joue ici un rôle particulier : la musique et les performances scéniques sont plutôt physiques.
Il n’en reste pas moins que le groupe démontre que le noir n’est pas une fatalité en musique et que le denim a toute sa place dans cet univers.
Jérôme
3. METALLICA
« La tenue type de n'importe quel metalleux dans les années 80, qui comme le punk rock à son époque brisait toutes les barrières :le musicien pouvait ressembler à un fan et vice-versa. Il s'agit notamment du look du Big Four du thrash metal américain : Metallica, Slayer, Anthrax et Megadeth.
Ce style se caractérise par le port d'un t-shirt (souvent d'un autre groupe) avec ou sans manches, d'une veste en denim ou d'un perfecto avec badges et patches, d'un jean déchiré taille skinny et de sneakers blanches montantes. Et dire que l'on trouve les t-shirts des groupes susnommés dans n'importe quelle enseigne de fast fashion à présent... »
L’AUTRE VISAGE DES ANNÉES 80

(Metallica en 1985 : tee-shirt sans manches, veste en denim et blouson en cuir ! Photo Ross Marino/Getty Images)
Se replonger dans les tenues eighties de Metallica a quelque chose d’assez fascinant : si vous aviez plutôt en tête la fantaisie, les couleurs pimpantes et le tout synthétique des années 80, penchez-vous sur le style assez irrésistible du batteur de Metallica Lars Ulrich dans ses plus jeunes années.
Vous verrez qu’on y aime les choses simples, brutes, et tout ce qui est sans manches. C’est une invitation à peine second degré. Car il est probable que le style s'écrit alors chez lui comme chez ses camarades avec les marques en vue de l'époque : Schott, Nike ou Levi's pour ne citer que celles-ci. D'où peut-être un effet « Madeleine de Proust » pour celles et ceux qui ont, comme moi, grandi avec.
C'est peut-être aussi la coupe de cheveux - merveilleuse« Party at the back, business at the front ». Ou juste l'attitude, le sens de l'humour. Notez qu'il lui arrive désormais de porter le smoking quand l'occasion se présente :
Dans tous les cas, pour celles et ceux qui en douteraient, les grandes stars du métal ont elles aussi leurs conseils de style à partager. Jetez par exemple un œil sur cette publication InstagramLe conseil est à chercher dans la légende ! :
Ce qui nous amène peut-être à une vraie question de style : êtes-vous pour ou contre le jean déchiré et la chemise exagérément ouverte ?
Jérôme
« J'ai un rapport affectif avec l'album homonyme de Rage Against The Machine sorti en 1992, qui est un peu le "brûlot punk" de ma génération : il s'agit du tout premier disque que j'ai acheté avec mon propre argent.
J'ai été immédiatement soufflé par cette déflagration, de cette formule chant rap plus guitare électrique et je me rends compte avec du recul à quel point ce disque est groovy et funky à souhait.
C'est aussi cet album qui m'a ouvert le champ des possibles et permis d'écouter plein de styles de musique au fil du temps sans jamais en renier une seule par la suite.
Ni réellement rappeurs, ni vraiment rockeurs, ce n'est pas vraiment leurs looks que l'on retient (et porter un t-shirt du Che n'est pas une chose que je recommande), mais à dix ou onze ans on est facilement impressionnable par ces gars qui font une musique aussi cool et qui ressemblent à vous ou moi. »
LE RETOUR DE L’AMPLEUR.

(Rage Against The Machine à Bruxelles, 1993 - Photo Gie Knaeps/Getty Images)
Voilà un groupe qui rappelle une certaine manière de s'habiller dans les années 90, à mi-chemin entre les influences vestimentaires du rock, du streetwear et un certain imaginaire issu du skate. On parlait alors de metal alternatif.
Pas de vêtements ajustés ici mais du hoodie confortable, des casquettes et de l'ampleur un peu partout : dans la coupe des tee-shirts, des chemises, des pantalons ou des shorts/bermudas. Si le sujet de l'ampleur vous parle, Jordan vous en dit plus ici.
En attendant, vous vous souvenez peut-être des jeans baggy ? Ou de la mode du tee-shirt large glissé par-dessus un sweat ? Vous retrouverez un peu de tout de cela chez Rage Against The Machine, et aussi les fameux tee-shirts évoqués par Daniel – c’est moche, on est bien d’accord.
Alors oui, Rage Against The Machine n’est certainement pas le groupe le plus stylé du monde, mais avouez qu’un peu d’espace dans les vêtements n’est pas une moins mauvaise idée que les leggings moulants et autres jeans slims pour courir et transpirer en scène.
Jérôme
« Direction cette fois-ci la Norvège du début des années 90 où le pays était en pleine ébullition. En effet, un groupuscule de jeunes scandinaves de bonne famille influencés par les formations de la première vague du black metal européen décida contrairement à leurs aînés de joindre l'acte à la parole et fit régner la terreur en commettant meurtres, profanations de tombes ou en incendiant des églises.
Mené par Øysten Aarseth, alias Euronymous, leader du groupe Mayhem et de ce Black Metal Inner CircleNDLR : Mouvement apparu au début des années 90 en Norvège, très conversé et parfois apparenté à une secte composé notamment du tristement célèbre Varg Vikernes (dit Burzum) qui assassinera plus tard Euronymous.
Il y avait dans ce cercle restreint le suédois Per Yngve Ohlin, vocaliste de Mayhem de 1988 à 1991. Il existe peu d'enregistrements du groupe avec lui à part une démo "Out of the Dark" et le "Live in Leipzig" légendaire pour sa performance habitée.
Il y avait dans ce cercle restreint le suédois Per Yngve Ohlin, vocaliste de Mayhem de 1988 à 1991. Il existe peu d'enregistrements du groupe avec lui à part une démo "Out of the Dark" et le "Live in Leipzig" légendaire pour sa performance habitée.
Celui qui se faisait surnommer Dead était un être taciturne, introverti et étrange qui aura souffert de dépression durant une majeure partie de son existence.
Il avait ce côté punk, qu'il avait insufflé dans Mayhem, que cela soit dans son attitudecomme se privant par exemple de nourriture pendant plusieurs jours afin d'avoir des crampes d'estomac prétextant que cela lui donnait un meilleur chant ou en humant avant chaque concert le cadavre d'un corbeau qu'il avait trouvé et gardé dans un sac, car il avait besoin de 'sentir la mort' ou dans son look, se maquillant ainsi de corpse paintNDLR : Maquillage blanc pour le visage, maquillage noir sur les lèvres et autour des yeux.. Pas pour le côté théâtral comme le feraient un Kiss ou un Alice Cooper, mais plutôt dans le but de ressembler à un cadavre.
Il avait également pour habitude d'enterrer ses vêtements dans un cimetière plusieurs semaines avant un concert pour les déterrer le jour venu afin d'obtenir ce qu'il appelait "l'essence de la mort". La mort, il se la donnera le soir du 8 avril 1991, je vous épargnerai cependant les détails de la découverte du corps par Euronymous que vous trouverez assez facilement. »
LE VÊTEMENT ET L’AU-DELÀ.
Tragique, effrayant aussi, forcément. Dans certains cas, la vie est malheureusement trop courte pour porter du noir. Les fondations du controversé groupe Mayhem s’effondrent ainsi entre 1991 et 1993 et le parcours de son leader Øysten Aarseth est au moins aussi sordide et hallucinant que celui de Per Yngve Ohlin conté par Daniel.
Sur certaines photographies, vous le verrez aligner perfectos noirs et cols roulés clairs. Tout n’est pas que vêtements sombres et teint cadavérique dans cet univers. On peut trouver chez lui un charisme assez évident, comme par exemple ici, dans une tenue des plus simples et très loin des impressions macabres du groupe sur scène :
Quant à Per Yngve Ohlin, c’est un mystère doublé d’une triste légende. Vous verrez que la plupart des images qui circulent sur la toile sont fantomatiques, floues et souvent de piètre qualité. Ne pas imprimer la pellicule est au moins aussi étrange que d’enterrer ses vêtements. Laisser une mauvaise blague en guise de mot d’adieu aussi.
Sur certains clichés à peu près viables, on découvre un jeune homme aux longs cheveux blonds certes amateur de maquillage mais aussi de jeans plus ou moins défoncés, de blousons en cuirs, de baskets montantes, ou de vestes en denim sans manches customisées. Comme Metallica avant lui.
Bien sûr, il y a toujours du cuir et du noir quelque part chez Mayhem, quelques clous aussi qui traînent sur une ceinture ou un bracelet et d’autres choses un brin plus occultes. Si tout cela rappelle parfois le punk, difficile ne pas penser également au gore, au film d’horreur.
Trente ans plus tard, vêtements sous terre ou pas, revoir ces quelques images et écouter cette musique restent une véritable expérience.
Jérôme
6. ULVER
« On reste en Norvège avec Ulver, groupe qui sans être membre du Black Metal Inner Circle en était proche, car ils fréquentaient le magasin d'Euronymous. Menée par le charismatique Kristoffer "Garm" Rygg, la formation est l'auteure d'une trilogie d'albums qui fait toujours autorité de nos jours présentant le black metal sous trois facettes différentes ("Bergtatt", "Kveldssanger" et "Nattens Madrigal").
Après cela, le groupe ayant déclaré qu'ils n'avaient plus rien à prouver dans le genre lui tourna définitivement le dos avec notamment des déclarations grinçantes sur le profil type de leurs auditeurs.
En 1998 sortait le double album "Themes From William Blake's The Marriage Of Heaven and Hell", première référence de Jester Records, label de Garm, créé après des divergences avec Century Media dû à l'orientation musicale du groupe et même si le disque a toujours quelques réminiscences rock, on y entend également des sonorités électroniquesl'influence de formations telles que Coil ou The Future Sound of London n'y est pas étrangère.
Afin de casser cette image de metalleux, le groupe se présentait en costume cravate (noir tout de même) et coupé sport. À vrai dire, la formation n'a pas vraiment de look défini, Ulver est une entité protéiforme, en mouvement perpétuel et aucun disque ne ressemble à un autre, changeant ainsi autant de directions musicales que d'apparence. »
QUID DES BONNETS ET AUTRES TATOUAGES ?
Chaque genre musical a ses gimmicks et clichés de style. Tout ce qui tourne autour du metal est parfois perçu comme bourrin, premier degré, blindé de piercing, barbes et moutaches, tatouages et gros bonnets.
Il faut savoir passer outre les caricatures, même si effectivement vous trouverez chez le leader d’Ulver Kristoffer Rygg des tatouages, une grosse barbe et un bonnet costaud. Il est ici au centre, et comme vous pouvez le voir, on ne dit pas non à une chemise bleue type oxford dans son entourage :
Le vêtement noir est un basique du style dans la musique, en particulier dès qu'il est question de guitares électriques. Toutes les familles du metal sont évidemment concernées et les Norvégiens D'Ulver ne dérogent pas à cette règle.
Pour autant, le vêtement chez eux est tel un arrangement musical : il accompagne et évolue au gré des saisons et des albums. Vous y trouverez donc une certaine forme de variété au fil des années.
Jérôme
7. SUNN O )))
« Duo formé de Stephen O'Malley et Greg Anderson, le nom du groupe est tiré de la marque d'amplificateurs pour guitares SunnDont vous avez certainement vu le logo dans le générique de fin de certains épisodes de South Park.
Très influencé à leurs débuts par le groupe Earth, Sunn O))) sont des chantres du drone metal, musique à la structure minimaliste et au tempo lent, composée de riffs lourds et monolithiques même si avec le temps il incorporeront des éléments du black metal, du dark ambient, de la musique concrète voire même du jazz.
Assez apprécié auprès d'un public mainstream, le groupe est connu également pour ses tenues de scènes avec leurs inquiétantes toges à capuches. Rien de bien extraordinaire présenté de cette manière et Sunn O))) n'est certainement pas les premiers à en porterSouvenez-vous du morceau 'Stonehenge' dans le mockumentaire Spinal Tap ! mais ces deux dernières décennies l'influence de ce vêtement aura été assez prégnante, car à l'ère du 2.0, il y a de moins en moins de mystères ou de secrets bien gardés.
C'est pour cela que certaines formations, notamment dans le milieu du metal extrême, ont décidé de l'adopter. À noter qu'il en existe une variante un peu plus "sportswear" où à la place des toges, des groupes portent des hoodies à capuchesce qui a le don d'irriter certains puristes. »
LE FOLKLORE SATANISTE ET AUTRES LÉGENDES MYSTIQUES
Certains s’en amusent, d’autres y croient dur comme fer. Dans les sphères les plus extrêmes du rock, il n’est pas rare de croiser des costumes de messes noires, du drapé druidique, du trip viking et toutes sortes de bijoux et accessoires mystiques.
Dans le cas de Sunn O))), on penchera pour l’option « style et sens de la mise en scène ». Car une fois sortis de scène, les membres du groupe s’habillent globalement comme vous et moi, à ceci près qu’il y a sans doute beaucoup plus de noir dans leurs tenues et parfois même des lunettes comme en portait Miles Davis, comme ici sur la photographie ci-dessus.
Du doom au jazz, il n'y a parfois qu’un pas : jetez par exemple une oreille sur la musique des Allemands de Bohren & Der Club Of Gore.
Jérôme
« Héritiers lointains d'un Black Sabbath, les Finlandais de Reverend Bizarre sont la référence absolue du Doom Metal traditionnel. Ce genre autant influencé par le rock psychédélique que le blues rock se caractérise par ses riffs monolithiques et pachydermiquesBeaucoup de titres du groupe dépassent allègrement les dix minutes.
Il y a un certain décalage entre la musique de Reverend Bizarre semblant solennelle au premier abord avec cette voix grave du chanteur/bassiste Albert Witchfinder et l'attitude du groupe qui fait preuve d'un humour pince-sans-rire rappelant les Monty Python. Preuve en est les notes d'album de "II : Crush The Insects" ou certaines photos promos.
Alors oui, on a droit aux sempiternels clichés de mecs sapés en noir, tirant une gueule de six pieds de long et portant des crucifix autour du coumême si je pense qu'on est plus dans la parodie, mais également des tenues plus extravagantes comme un magnifique crop top rose porté par Albert Witchfinder.
En douze ans d'existence, Reverend Bizarre n'aura publié que trois albums et quelques EPs. Lors de la sortie de "III : So Long Suckers" marquant leurs adieux, le groupe avait apposé un sticker "Doom Metal Is Dead" sur le boîtier du CD. On ne peut que leur donner raison. »
L’ART DU DÉCALAGE
Sur le papier, les trois hommes de Reverend Bizarre sont probablement les derniers que vous inviteriez à une fête : tenues austères et tendances croque-morts, crucifix, ceintures à cartouches et autres longs manteaux noirs. Pas de quoi sauter de joie, question beaux vêtements.
Mais certains indices peuvent brouiller les pistes : peut-on réellement se prendre au sérieux avec un crop top rose au milieu d’un arsenal de noir et de quincaillerie cloutée ?
C’est la magie du décalage par le vêtement, une astuce que vous a déjà partagée Jordan bien des fois dans Panache : pour dynamiter une tenue, créer la surprise, pensez à une couleur inattendue. Notez que ce sera d’autant plus remarqué si vous êtes adepte du tout en noir ou fan de black metal.
Jérôme
9. AKERCOCKE
« Originaire de Londres, Akercocke n'est pas, contrairement aux autres noms cités, un cador dans sa catégorie. Mélangeant à la fois des éléments du black metal, du death metal et du metal progressif, les membres du groupe se distinguent dès leurs débuts par leur apparence avec ces costumes cravate/nœud papillon noirs qui détonnent dans le milieu.
Le chanteur Jason Mendonca déclarera d'ailleurs : "Être surnommé satanistes en costume signifie qu'on a donc capté votre attention". Effectivement, on parle aussi bien de leur musique que de leurs looks, mais autant le metalleux que j'étais à vingt ans trouvait que cela avait un côté subversif, autant le moi à quarante ans avec désormais un œil avisé d'amateur de beaux vêtements trouve que leurs pièces semblent être de piètre qualité, beaucoup trop amples avec la plupart du temps des boutonnages à trois boutons.
Les membres du groupe semblent avoir récupéré leurs tenues auprès de leurs parents même si au fil du temps, mais sans que cela soit faramineux, ils mettront des vestes en tweed.
Après un hiatus de dix ans, le groupe est revenu en 2017 avec l'album "Renaissance in Extremis" et ont décidé de troquer leurs costumes contre un look plus classique de metalleux, même si certains membres ne se refusent pas de temps à autre de porter une veste. Signe de maturité ? »
COSTUME VS METAL : LA FAUSSE BONNE IDÉE ?
Une coupe aléatoire ou une matière tristounette, ça ne pardonne généralement pas sur un costume. Les tenues des membres d’Akercocke sont le parfait exemple de la fausse bonne idée pour se démarquer.
Car s'il y a bien UNE pièce du dressing masculin ou la formule style + coupe + matière est indivisible, c’est bien celle-ci. Il semble qu’Akercocke en soit heureusement revenu depuis, délaissant les costumes de vampires cheap pour des tenues plus passe-partout.
Pour le reste, rien ne vaut quelques conseils pour s’y essayer au préalable et vous pouvez au besoin vous aider dans vos recherches de notre guide dédié ici.
Jérôme
10. MYRKUR
« Je ferais une exception pour le dernier nom avec Amalie Bruun, qui n'est pas spécialement une artiste que j'aime. Enfin disons que je trouve cela plutôt acceptable, contrairement à beaucoup de puristes qui ne l'apprécient guère.
En effet, avant de faire de la musique sous le nom de Myrkur, la Danoise s'était illustrée par quelques projets indie pop que cela soit sous son vrai nom, furtivement chez Minks ou dans le groupe Ex Cops et a été également mannequinNotamment dans une pub pour Chanel réalisée en 2010 par Martin Scorsese, avec le regretté Gaspard Ulliel. N'en jetez plus !
Toutes ces choses aux antipodes du black metal, si on ajoute à cela de la maladresse et un manque de sincérité dans la communicationchose malheureusement récurrente dans le metal extrême de nos jours, plus le fait d'être une femme — l'affront ultime — vous comprenez pourquoi Myrkur est honnie auprès des élitistes.
Ce que j'apprécie le plus chez elle n'est donc pas sa musique mais son image. On voit bien que son passé de modèle l'aide à se façonner des looks élaborés ou harmonieusement bien choisis et aussi bien en civil ou en tenues de scène, je n'ai pas vu une seule faute de goût de sa part.
Elle a ce côté évanescent qui lui permet de se fondre parfaitement dans le décor, mais pas trop pour qu'on la remarque assez et ce n'est pas donné à tout le monde. »
UN VENT DE FRAÎCHEUR, POUR CONCLURE
Un bel exemple de touche féminine dans un univers habituellement classifié viril. Ce n’est pas le seul. Chez Myrkur, vous trouverez des robes plus ou moins dark inspirées du folklore nordique, mais aussi, dans le privé, des tenues beaucoup moins connotées, facilement portables dans la vie de tous les jours. Un exemple sur la photo ci-dessus, ou bien encore ici, avec jean, tee-shirt et pull d’inspiration nordique :
Bref : méfiez-vous des stéréotypes, on ne s’habille pas toujours en fonction de ce que l’on écoute. En revanche, comme toujours avec le vêtement ou la musique, on gagne à aller voir un peu ce qui se passe dans le dressing ou la discothèque des autres. C’est ainsi que se font les échanges et les découvertes.
Jérôme
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