Interview : Laurent Picciotto, pionnier de la folie horlogère

13 min

Interview : Laurent Picciotto, pionnier de la folie horlogère

13 min
Publié le : 1 juillet 2014Mis à jour le : 29 février 2016

Même si l'image en tête d'article vous évoque la marque des cowboys Wrangler (que nous avons déjà testé ici : Test Wrangler : le jean qui respire le Far West) nous allons bien parler d'horlogerie. Et plus précisément, de haute horlogerie.

Depuis tout petit, Laurent Picciotto (le cowboy de la photo juste au-dessus) visite les manufactures et assiste aux cocktails des plus grandes marques horlogères grâce à son père, collectionneur averti. En 1988, il décide d’ouvrir une petite boutique, rue Saint Honoré, qui propose une sélection pointue de montres en misant sur des designers peu connus.

Les débuts sont difficiles, les montres quartz (= montres qui fonctionnent avec des piles) sont encore ancrées dans les esprits. Cependant, en 1995, on assiste à un véritable boom du mouvement mécanique. Depuis, Laurent Picciotto étoffe ses sélections avec toujours beaucoup de clairvoyance pour le plus grand plaisir des collectionneurs. Nous avons eu la chance de le rencontrer dans son bureau haut en couleurs.

Avant de regarder la vidéo, oubliez les règles dont on vous a déjà parlé (épaisseur de la montre, stylisme raffiné et discret...). On parle ici d'objets d'exception, vecteurs d'émotions. L'intérêt de ces montres ne réside pas dans leur design (parfois tape à l'oeil,  je vous l'accorde) mais dans les mouvements qui sont de véritables prouesses techniques. Leurs acquéreurs ont un rapport différents à cet objet. Nous achetons des montres élégantes et discrètes qui s'intègrent naturellement dans nos tenues quotidiennes. Eux achètent des "monstres de technologies".

Je voulais véritablement vous offrir un témoignage du plus grand passionné français de haute horlogerie (un peu Le Charlie et la Chocolaterie de la montre). Vous allez me dire : « Oui mais nous ne pourrons jamais nous offrir ce type de pièces ». Certes, la plupart de ces montres sont à des prix inaccessibles, que seuls très peu de collectionneurs peuvent s'offrir. Mais l'intérêt de cette interview n'est pas de vous conseiller des marques de montres mais plutôt de vous faire découvrir un univers passionnant.

Le but ici est que vous compreniez ce qu’est la haute horlogerie et pourquoi des collectionneurs sont prêts à dépenser parfois des centaines de milliers d’euros pour un gardien du temps.

montre HYT H1

L'impressionante HYT H1, qui indique les heures grâce à un liquide chargé de  fluorescéine. 

Dans cette interview, Laurent Picciotto nous explique:

  • Pourquoi les montres sont de plus en plus volumineuses ?
  • Pourquoi des pièces valent aussi chères ?
  • Ce que valent vraiment les marques horlogères rachetées par les grands groupes de luxe ?
  • Quelle est la différence entre une montre à quartz et une montre automatique (pour les débutants) ?
  • Ce qu’est un tourbillon et son utilité ?
  • Comment choisir une montre ?

Transcription de l'interview de Laurent Picciotto :

"Je m’appelle Laurent Picciotto. J’ai ouvert Chronopassion il y a maintenant 25 ans sur la base à une époque où ça ne se faisait pas : ouvrir une boutique uniquement avec des montres. Et sans avoir de critères à cette époque de… je dirais que le commercial était presque secondaire c’est-à-dire faire le choix de ce que je considère être comme une excellence, donc très subjectif, mais en disant : je fais la boutique de montre dont j’aurai rêvé dans l’absolu.

Qu’est-ce qui a changé depuis l’ouverture de Chronopassion ?

Ce qui a changé, c’est le marché d’abord puisqu’à l’époque où j’ai ouvert, en 88, le marché n’existait pas ou peu. Il y avait un petit noyau dur de personnes qui s’intéressaient à ce sujet. Il y avait bien entendu beaucoup moins de marques que l’explosion à laquelle on a assisté par la suite. Donc, c’était un marché relatif qui était tenu d’ailleurs en tout cas pour le retail par les horlogers bijoutiers ou horlogers joailliers, mais qui pour la plupart avaient la vocation de vendre des pierres et qui faisaient, parce que c’était dans les usages, également des montres mais pour, je dirais, 15 ou 20% de leur activité, sans avoir forcément une véritable vocation.

C’est assez amusant d’ailleurs parce qu’aujourd’hui, ces mêmes acteurs sont devenus 90 à 100% horlogers, avec parfois quelques difficultés d’adaptation parce que c’est un peu comme c’est dommage d’aller vendre des bijoux. C’est quand même un autre métier malgré tout.

Donc ce qui a changé, c’est le marché puisqu’à la moitié des années 90, on peut considérer que la finance est rentrée sur le sujet. On s’est dit : Mais qu’est-ce que c’est que ces horlogers qui, dans leur montagne, fabriquent des montres à des prix stratosphériques ? Ça a intéressé évidemment des acteurs au premier plan qui étaient déjà dans le métier, donc des groupes horlogers, et qui ont racheté la plupart des maisons avec des histoires anciennes, de la tradition, un outil de production. Et on a assisté donc à un redéploiement après la crise du quartz qui avait eu lieu dans les années 70, un redéploiement qu’on n’a jamais vu en fait auparavant. Donc, ça a été pendant toutes ses années une course aussi de motivation entre les maisons pour faire plus technique, plus compliqué. Trouver les meilleurs horlogers, avoir les meilleures qualités de fabrication à inventer, toujours dans une source commune à tous ces acteurs c’est-à-dire étonner l’amateur, confirmer ou pas sur un sujet qui est effectivement fascinant.

Donc, il y a eu un sacré remue-ménage dans ce métier, plutôt positif avec des excès comme toujours dans tous les sens. Mais ça a fait émerger finalement une compétition plutôt bénéfique pour les amateurs, les collectionneurs qui ne savent plus trop où donner de la tête pendant toutes ses années, tellement la surenchère est radicale. Alors, il y a aussi quand même eu des excès d’opportunistes qui se sont corrigés, je dirais, depuis les années 2008 maintenant puisque tout le monde voulait faire des montres. Donc, il y avait aussi à boire, à manger. Un peu compliqué d’ailleurs dans la confusion globale pour quelqu’un qui s’intéresse à ce sujet et qui va essayer d’y comprendre quelque chose de s’y retrouver.

On croise de plus en plus de montres volumineuses, pourquoi ?

D’abord, la taille des montres, elle a augmenté. Il faut savoir que grosso modo jusque dans les années 60, une montre classique, elle fait 37, 38mm de diamètres. Aujourd’hui, il n’est pas rare d’avoir du 44, du 47, du 48mm, voire plus.

A mon sens, une des raisons qui a été dans cette direction, c’est principalement qu’il y a eu dans les années 2000 un vrai bouillonnement sur ce qu’on appelle génériquement les pièces compliquées.

Une pièce compliquée, c’est que… une pièce, on parle bien entendu principalement de mouvement mécanique manuel ou mécanique automatique. On met de côté les pièces à quartz. Cet environnement de pièces compliquées nécessite plus de place tout simplement pour obtenir une multitude de fonctions complexes. Une pièce traditionnelle qui indique l’heure et les minutes, quelle que soit sa facture, va nécessiter on va dire en moyenne entre 110 et 140 composants. Il y a des pièces compliquées qui peuvent nécessiter 300, 400, 600, 800 pièces dans le mouvement. Donc de fait, à un moment, j’ai besoin d’espace et de place design. En tout cas, une évolution dans les dessins certainement. On est sorti, je dirais, du côté classique exacerbé pour aller jusqu’à éventuellement un certain moment pas tout à fait loin d’être dans, ou en tout cas à la périphérie de l’art contemporain.

Que valent les marques horlogères rachetées par les grands groupes ?

Des acteurs qui n’étaient pas horlogers il y a quelques années, d’une certaine façon, le sont devenus. C’est-à-dire on sait, que ce soit des gens comme Vuitton, que ce soit des gens comme Chanel, que quand ils abordent un sujet, ils le font très sérieusement. Même Hermès est devenu aujourd’hui un horloger de grande compétence et avec des idées, avec son style corporate sans chercher à être opportuniste. Donc bien entendu, la connotation horlogère qu’on peut avoir par rapport à des maisons où je vais comparer… Si je compare Breguet à une montre Vuitton, c’est un peu compliqué, je suis bien d’accord avec vous. Mais je crois, en tout cas mon conseil, c’est plutôt d’être conscient des différents segments. J’ai fait un papier que je vous invite à lire sur notre site qui justement essaie de débrouiller les pas de quelqu’un dans cet univers, et comment percer à jour la confusion horlogère.

Mais je crois qu’il faut surtout au départ se laisser guider, et ça, c’est un peu ma façon de voir les choses en règle générale. Se laisser guider par rapport à sa façon d’être. C’est-à-dire que les diktats qui consistent à dire « Ok, il ne faut pas acheter ça ou il faut acheter ça », j’ai envie de dire que c’est plus intéressant de faire son propre parcours initiatique soi-même. Parce que untel va avoir telle position, je vais avoir une autre. Si on met un grand nombre d’acteurs de l’industrie horlogère, que ce soit des collectionneurs, des fabricants, des revendeurs, des designers, etc. dans une pièce, on ne les mettra pas d’accord. On a des collectionneurs de haut vol, des collectionneurs qui peuvent avoir les quinze cents pièces les plus furieuses qu’on ait pu voir sur le marché ces dernières années, qui n’auront peut-être pas une des marques dont on parle, mais qui considèrent – et encore, c’est pas sûr – mais qui considèrent que ces marques-là sont devenues des horlogers à part entière. Ils ont fait des pièces compliquées. Ils ont surtout trouvé leurs styles, que ce soit sur un segment ou sur un autre. On a vu, d’ailleurs, ça faisait sourire les Suisses à l’époque. Mais aujourd’hui, les Suisses ne rigolent plus du tout quand on parle de Chanel parce que les parts de marché qu’ils ont pris sur le marché de la mode de femmes, ils sont indiscutables. Ils ont été même si IWC avait travaillé un moment sur le sujet, ils ont été un des acteurs sur la céramique. Ils ont une responsabilité presque dans toute la corporation par rapport à ça.

Le mouvement à quartz, des avantages ?

Donc, je crois qu’il faut se laisser guider par ses choix. Et comme dans toute passion, que ce soit les guitares électriques, les motos, les chaussures, etc., on fait son parcours initial. On est revenu au mouvement traditionnel avec ses imperfections de précision par rapport au quartz, mais avec des vraies valeurs. Et je pense que c’est un des rares sujets. Il y en a peut-être d’autres. Mais c’est un des rares sujets. On est revenu à ça pour des histoires de presque de philosophie.

Quand à un moment donné, j’ai le même module qui équipe mon four, ma télé ou ma montre au poignet, ce n’est quand même pas tout à fait la même chose que quand même le plus rudimentaire des mouvements mécaniques va nécessiter une intervention d’un artisan au niveau de capacité de faire cette montre, et que j’entends effectivement le tic tac de ma montre parce que l’échappement va faire ce bruit. Ce n’est pas tout à fait la même chose, même si on n’est pas dans un module totalement électronique puisque sur une montre à quartz, il y a bien souvent des rouages aussi en dehors de la source d’énergie et la fréquence qui donne ce pas de précision. Mais ce n’est pas la même chose.

Donc le quartz, ses avantages, c’est la précision. Si je reviens à la notion non pas d’investissement mais de conserver une part non négligeable de la valeur de l’objet qu’on achète, le quartz n’a pas une valeur intrinsèque réelle sur le marché de la seconde main ou des montres anciennes, sauf cas bien particuliers pour le design de telles ou telles années. Donc, je n’ai pas remonté ma montre et j’ai une montre précise.

Les mouvements mécaniques manuels et automatiques ?

Côté, j’ai une montre mécanique manuelle c’est-à-dire je la remonte tous les jours, ou tous les deux jours, ou tous les trois jours. Après, ça dépend de la réserve de marche comme on l’appelle de tel ou tel mouvement. Et je vais remonter le ressort de barillet qui va donner l’énergie pour 24 heures, 36 heures, 48 heures, voire certaines pièces qui peuvent faire X semaines d’autonomie.

Donc là, je la remonte. C’est-à-dire je suis dans la montre de tradition qu’on a connue effectivement entre les années 20 jusqu’aux années 50 de façon classique, ou 60 avant que le quartz arrive.

La montre automatique est toujours en mouvement totalement mécanique si ce n’est que j’ai en règle générale un rotor, une masse qui circule et qui remonte elle-même. Donc, il profite de chacun de mes mouvements puisque toute la journée, je vais bouger en règle générale et je vais remonter simplement par mes mouvements le ressort de barillet de mon mouvement. Ce qui veut dire que d’un côté, je la remonte manuellement parce que je n’ai pas d’autres choix. Et de l’autre côté, la montre automatique finalement, m’absoudre de la remonter parce que ce sont mes mouvements qui remplacent le geste de remontage manuel.

Quelles sont les choses à ne pas faire avec sa montre ?

Je ne vais pas jouer au golf avec ma montre, je ne vais pas jouer au tennis avec ma montre, même si Nadal joue avec une Richard Mille, mais il joue avec le bras qui ne tient pas la raquette, et déjà c’est violent. Mais bon, là, c’est de la performance.

Donc oui, avec une Nadal, je peux m’amuser à faire ça. Mais ce que je veux dire, c’est que, on y vient de rappeler tout à l’heure. Mais en tout cas, un mouvement d’horlogerie, ça reste une pièce délicate. Il y a des pièces qui sont plus sportives que d’autres. Globalement dans la vie normale, on peut tout faire. Mais il y a quelques warnings à avoir. Je ne fais pas un hammam avec ma montre, même si elle est étanche. Je ne joue pas au tennis, je ne casse pas des cailloux avec une masse. Enfin, des choses, mais qui semblent tellement logiques ou élémentaires que bon. Mais parfois, il faut le souligner.

Quel mouvement la montre de Nadal a de particulier ?

C’est un échappement de tourbillon. Pour les novices, le tourbillon c’est une pièce compliquée en termes de moteur, on va dire, pour faire simple. Le tourbillon a été inventé par Breguet il y a bien longtemps, à une époque où la course sur la précision était majeure parce que là, on parle de l’époque où notamment la marine en avait besoin pour faire des calculs de caps, d’avoir des horloges de référence.

L’idée du tourbillon, donc, c’est d’avoir en fait… Sur une montre classique, on a dans l’échappement un balancier qui a des alternances qui peuvent être de différentes fréquences. Et grosso modo, comme ma montre tout au long de la journée va être dans des positions différentes et que l’attraction terrestre existe, si j’ai une oscillation de plus ou de moins toutes les heures, je vais avoir un écart de marche. L’échappement de tourbillon, c’est que ce balancier qui a ses oscillations, il va également tourner sur lui-même parce qu’il va être emprisonné dans une cage le plus souvent qu’il va tourner en une minute, et qui donc va réduire ces problèmes de gravité. Donc, on va avoir quelque chose de plus précis.

C’était majeur il y a 100 ans. Aujourd’hui, c’est pour la beauté du geste. Alors, là où ça devient complexe, c’est que aujourd’hui, bien des maisons proposent des tourbillons alors qu’il y a encore 20 ans, il y en avait un tout petit nombre. Mais parce que la mode de cette collectionnite ou en tout cas, la communication sur ces pièces-là a été pléthorique. Commercialement, beaucoup de gens ont dit : Nous aussi, on est capable de faire un tourbillon. Mais là encore, on va trouver des tourbillons à quelques milliers d’euros fabriqués en Chine. On va en trouver fabriqué en Suisse à quelques dizaines de milliers. Et puis, on va trouver l’ultime qui va être souvent à plus de 100 000, voire à plus de 300 000.

Mais là encore, le parcours initiatique de chacun nous fait comprendre à un moment donné qu’au même titre que des voitures de course, la voiture de course c’est une voiture de course. Il y a des tourbillons qui vont effectivement jusqu’à remplir le rôle de leur configuration. Et d’autres, pas toujours.

Comment choisir sa montre ?

On est tous bombardé. Je veux dire, une marque, c’est une vision. Et on a chacun des visions différentes des maisons. Donc ce qui va être pour un tel la marque la plus ultime, parce que j’ai vécu toute ma vie en ayant un autre type de message, va être la pire des marques pour quelqu’un d’autre. Donc, je pense qu’il ne faut pas raisonner marque. Je pense qu’il faut raisonner esthétique d’abord, parce qu’une montre, ça s’essaie. Il faut voir. Et la montre, ce n’est pas tout à fait un jean. C’est-à-dire qu’à un moment donné, elle représente ma personnalité. Mais aujourd’hui, le marché est suffisamment vaste pour trouver à tous les prix des montres intéressantes. Et les dernières expériences qu’on a vues avec Seven Friday, par exemple, sont intéressantes, même si ce sont des mouvements japonais. Mais quelque part, avoir une montre d’un design fort pour 1 000 Francs Suisse, super, formidable. Ça icône une marque ultime.

Et il y a les collectionneurs de Seiko. Ma première montre, c’était une Seiko évidemment. Que le gars soit étudiant, ou qu’il soit un jeune cadre dynamique, ou qu’il soit le super grand manitou de la plus grosse boîte du monde, il faut d’abord que ça l’intéresse. Si ça l’intéresse, il va fouiller. Il va chercher, il va comprendre, il va faire les différences, il va faire sa propre analyse au même titre que quand il achète une voiture. Quand il achète une voiture, il ne se pose pas la question de : Moi, jeune cadre, qu’est-ce que je dois acheter comme voiture ? Il va vers les choses qui l’intéressent pour la performance, mais aussi pour le look, et aussi pour ce que ça véhicule. Donc, on va avoir la même chose.

On a des cadres qui sont branchés monomaniaque de telle marque, que d’autres vont trouver épouvantable en disant : Cette marque, c’est vraiment la vulgarité à son sommet, c’est du luxe industriel, du luxe de masse, voire du luxe populaire parce que je vais partager parfois comme idée. Et puis, d’autres ont dit : Ah non, mais moi, je préfère acheter le truc justement d’un fabricant qui n’est pas connu parce qu’on est des insiders. Nous, on connaît cette mouvance. Et c’est intéressant, etc… Les deux sont respectables. Après, on sera toujours le blaireau de quelqu’un jusqu’à un certain point. Mais je pense qu’il faut aller dans ses choix profonds de dire : quitte à se perdre, quitte à se tromper, ce n’est pas grave. Maintenant qu’il vienne nous voir le jeune cadre, l’étudiant aussi d’ailleurs. On ne lui donnera pas la vérité puisqu’on ne la détient pas, mais on lui donnera notre sentiment sur le sujet. Qu’est-ce qui nous semble à nous, alors là de façon peut-être plus factuelle, qu’est-ce qui est intéressant et pourquoi ?

Mais je pense qu’il faut quand même faire ses expériences, voir ses errances pour un moment donné et se dire : Ah ouais, tiens, j’ai découvert que si je mets la tête un peu plus loin, il y a d’autres amplitudes, il y a d’autres choses. Et ça, c’est vrai dans tous les sujets.

Je veux dire, moi, j’ai des clients qui portent, alors après, c’est des histoires de code. Vous avez écrit « L’homme stylé même mal rasé ». On n’imagine pas il y a 30 ans le mec qui vient avec une barbe de trois jours dans un cabinet d’avocat. Aujourd’hui, les choses sont ouvertes. Si le gars, il a envie de mettre une Panerai avec son costume, il y a zéro problème entre nous.

Si je suis dans une image d’épinal des codes, bien sûr, je vais privilégier une Breguet, une H Moser. Pourquoi pas, il y a beaucoup de gens qui portent des Richard, enfin beaucoup. Il y a au moins 3000 personnes par an qui achètent des Richard Mille. Il y en a beaucoup qui les portent avec un costume. Il n’y a pas de souci même si c’est une montre plutôt dite sport. Mais qu’est-ce que ça veut dire sport ?

Pouvez-vous nous présenter quelques modèles ?

Je pense d’un côté à Breguet qui est le classicisme séculaire, le cadran en argent guilloché, la boite cannelé, les aiguilles pommes, etc. qui sont des codes très forts qui existent depuis le tout début de l’histoire Breguet et qui sont vraiment perpétués parce que l’histoire est d’une part très importante chez Breguet. Mais on le ressent au travers de ses pièces, et qui ont fait une pièce malgré tout très contemporaine. Donc ça, c’est dans les pièces classiques.

H Moser qui est une vieille maison et qui ne renaît que depuis une petite dizaine d’années est capable de faire aussi des pièces classiques avec ce côté un peu second degré dont on parlait, mais on s’amuse beaucoup avec eux à faire des pièces uniques avec des cadrans particuliers puisque ce sont des gens qui fabriquent des cadrans dits fumés. Donc, on n’est pas sur une seule tonalité. C’est une tonalité nuagée. Ça sent les pièces qui se prêtent bien effectivement à avoir un certain éclat tout en étant discret, en restant des pièces traditionnelles mais très contemporaines aussi. Donc, ce sont des pièces qui sont… pour rebondir sur la question précédente sur le costume, les situations, etc. qui vont bien dans cet univers-là.

Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter ?

Que les fabricants qui n’arrêtent pas de nous étonner continuent. Mais je suis assez confiant parce que c’est vraiment leurs quêtes. Et que ça amuse toujours les amateurs. Mais là aussi, je ne vois pas pourquoi ils se calmeraient d’un coup.

"

J'écrirai très prochainement un article sur les montres, plus orienté « stylisme », pour venir compléter ce témoignage. En attendant, vous pouvez jeter un œil sur notre guide des montres.

Vous pouvez aussi faire un tour à la fameuse boutique parisienne, au 271 rue Saint Honoré. Sinon, retrouvez toutes les informations sur le site de la boutique : www.chronopassion.com

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