Conseils : Ces dogmes dont il faut s’affranchir et ces mauvaises habitudes à perdre… #2
Seconde partie de notre article sur les questions et mauvaises habitudes qui reviennent le plus souvent. C'est parti !
Les questions à propos du style
Est-ce que cette pièce est polyvalente ?
Il est particulièrement tentant de chercher à acquérir des pièces "polyvalentes", faciles à associer. En règle générale, cela suppose de trouver un vêtement relativement neutre. Avec le risque, justement, de totalement la neutraliser.
Il est important de posséder ces fameux "basiques" dont on vous parle souvent, mais parfois, il vaut mieux privilégier la "beauté" / qualité d'une pièce à sa polyvalence ! Prenons deux exemples.
Le motif prince de Galles est de plus en plus répandu, et est particulièrement élégant. Dans le cas d'un pantalon en laine, il demeure assez fort et tolère mal la décontraction, les autres imprimés, et ne s'accorde qu'avec certaines couleurs. Mais cela en fait une pièce encore plus intéressante lorsqu'elle est bien accordée.
Autre cas, celui de ce perfecto en cuir : ça n'ira pas avec tous vos pantalons ni tous vos hauts, car la teinte est nuancée et un peu bâtarde. Pour autant, c'est une pièce superbe, qui affirmera un style racé et très personnel. Banco, en somme.
Cette pièce me fait envie mais ce n'est pas mon style / je n'ai pas l'habitude
Nous avons pu remarquer que certains lecteurs vont adorer des pièces que nous présentons dans les articles, mais vont tout de suite affirmer que ce n'est pas leur style... Alors qu'il serait vraiment dommage de passer à côté d'une belle pièce juste parce qu'il est plus facile de rester dans sa zone de confort !
S'il est toujours plus pertinent d'acheter une pièce que l'on pourra intégrer facilement dans sa garde-robe, n'hésitez surtout pas à essayer des pièces pas forcément polyvalentes, mais qui pourrait vraiment vous permettre d'apporter un peu de fraîcheur à votre style !
Les questions concernant la fabrication et la composition
Est-ce normal qu'un fil dépasse ?
L'exigence en matière de prêt-à-porter est essentielle. Néanmoins, il faut savoir adapter ses attentes au prix sur l'étiquette. Le fil qui dépasse n'est pas nécessairement synonyme de qualité médiocre : il peut s'agir d'une fin de bobine ou, effectivement, de finitions pas irréprochables.
Mais ce n'est pas rédhibitoire ! En revanche, face à une chemise à 700 € (vu chez Hermès), n'hésitez pas à signaler "poliment mais sûrement" la moindre petite imperfection : dans cette gamme de prix, ne laissez rien passer. En dessous, mettez quand même un peu d'eau dans votre vin.
S'il y a du synthétique, ce n'est pas de la bonne qualité, non ?
Il n'est pas abusif de parler de "vérité générale" pour qualifier l'affirmation selon laquelle les matières naturelles demeurent les plus nobles et, souvent, les plus qualitatives.
Cela signifie-t-il, pour autant, que les matières synthétiques sont à bannir ? Non, tout dépend de l'usage.
Pour tout ce qui est contact direct avec votre peau (pulls, chemises, T-shirts, pantalons...), la priorité de matières telles que le coton, les laines (vierge, mérinos, cachemire..) ou même la soie demeure. Quelques petits pour-cent d'élasthanne à la rigueur, mais il sera toujours plus agréable de porter du "100 % naturel".
Je ne vous ferai pas l'affront de rappeler les propriétés hydrofuges, régulatrices et anti-bactériennes de ces matières.
Pour les manteaux, cela se complique. Par définition, un manteau en laine qui contient majoritairement du polyester ou de la viscose n'est plus un manteau en laine, et va faire "étuve" bien comme il faut.
En revanche, de nombreux créateurs privilégient maintenant les matières synthétiques et techniques pour leurs propriétés imperméables, respirantes, ou tout simplement pour leur aspect / texture. C'est une démarche intéressante, qui s'assume complètement : à vous de juger !
Enfin, petite digression concernant les vêtements de sport. Les progrès de la science ont permis de créer des matières révolutionnaires, ultras respirantes. Il faut l'avouer, certains tee-shirts à séchage ultra rapide sont vraiment géniaux : la transpiration, et donc l'humidité, engendrent une perte de chaleur importante, et vous fait consommer de l'énergie.
Sur un entraînement, cela n'aura pas trop d'incidence, mais sur une journée de compétition par exemple, cela peut vraiment jouer sur votre état. Et si en plus, votre tee-shirt de sport a reçu un traitement antibactérien, c'est encore mieux, car la transpiration peut générer tout un tas d'odeurs pas très glamour (surtout sur les fibres synthétiques) à cause des bactéries.
Qualité = robustesse ?
Pour de nombreux produits, comme le jean par exemple, qualité rime avec robustesse : on cherche à acquérir une pièce faite pour durer, sans pour autant nécessiter d'attentions particulières. Mais ce n'est pas vrai pour tout.
En effet, il serait triste que le choix des matières se réduise à la popeline ou au jersey. Il existe de nombreuses méthodes, parfois extrêmement complexes, pour fabriquer de superbes tissus et passementeries : dentelles, broderies, cuirs ciselés, mais aussi très fines soies tissées ou cuirs précieux, peuvent être d'excellente qualité, ils n'en resteront pas moins délicats et fragiles.
Il est vrai qu'ils sont encore rares dans les vestiaires masculins, ce que l'on pourrait presque regretter vu la virtuosité de certains d'entre eux...
Petites explications sur ce que vous voyez (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir) chez les Italiens qui sont, incontestablement, les meilleurs au grand jeu des matières. Gucci utilise régulièrement des satins ou sergés de soie à motif : le rendu "riviera" est très sympa, mais le moindre petit accroc sera fatal.
Roberto Cavalli a proposé l'année dernière la plus belle pièce de cuir que j'ai pu voir : la peau a été ciselée au laser avec une finesse inimaginable, créant un effet sculpté qui dépasse l'entendement. Mais attention, car les frottements peuvent fragiliser les plus fines découpes.
Enfin, Versace interpelle avec un look provoc, mais extrêmement riche, composé d'une chemise en dentelle visiblement réalisée au crochet pour un résultat aérien, et un jean blanc paré de broderies anglaises et de broderies perlées. Des dizaines d'heures de travail manuel pour chacun, mais une fragilité évidente.
Les questions concernant le prix
Plus c'est cher, mieux c'est ?
Les prix très élevés ont toujours existé, basés sur leur désirabilité. Matières nobles, innovation et fabrication exceptionnelle ont longtemps justifié la haute valeur affichée sur l'étiquette.
Aujourd'hui, des financiers qui ne connaissent / comprennent rien à l'artisanat, prennent la tête de beaucoup de maisons, bâtissent de gros groupes, et bazardent ateliers et artisans au profit de productions de masse (délocalisées pour certaines), et de matières cheap.
Un certain sac monogrammé donc seule la poignée est en cuir, ça vous fait penser à quelque chose ?
Entre la volonté d'usurper le client, les ventes privées permanentes, mais aussi les jeunes créateurs proposant un bon rapport qualité / prix, difficile de s'y retrouver.
Si dire que toutes les marques de luxe ou haut de gamme fonctionnent ainsi serait la pire des inepties, ce phénomène illustre cependant un "problème" grave pour le consommateur : il ne peut plus se fier qu'à ses connaissances pour analyser le produit et le confronter à son prix. Donc non, un produit cher n'est plus forcément un produit de bonne qualité.
Donc ça ne sert à rien de mettre beaucoup dans ses vêtements, finalement ?
Il y a certaines pièces pour lesquels un prix "conséquent" demeure presque indispensable. Prenons le cas du cuir : si vous souhaitez une belle pièce, et surtout une peau de première qualité, il n'y a pas de miracle.
Par exemple, pour avoir des peaux plongées (les plus belles, les plus fragiles aussi), il faut élever un agneau dans les meilleures conditions possibles pour éviter toute marque de combat, barbelés, malnutrition... sur le cuir.
Ensuite, un tannage végétal, long et coûteux, permettra d'obtenir de superbes teintes durables. Le montage, enfin, doit être rigoureux : les empiècements de peaux sont généralement grands pour valoriser la matière en évitant les coutures, ce qui suppose un patronage et des finitions impeccables. Tout cela est cher, et ce n'est juste pas possible de proposer un tel travail sous les 500 € (approximativement).
Pour une chemise en popeline, on trouvera de nombreuses qualités équivalentes entre un article d'une jeune marque à 120 € et celui d'une grande maison à 500 €. En revanche pour certains produits, fuyez les prix anormalement bas !
J'espère avoir soulevé quelques questions que vous vous posez régulièrement. N'hésitez pas à nous poser vos questions en commentaire, nous nous ferons un plaisir d'y répondre.
Vous pouvez enfin terminer ces deux articles par notre ancien article sur l'overthink (qui arrive plus vite qu'on ne le pense !).
Et vous inscrire à la newsletter pour plus de conseils (on vient de la relancer, elle vous plaît ?) :
Laissez nous un commentaire
Questions de styles, points de vue perso, bons plans à partager ? Nous validons ton commentaire et te répondons en quelques heures